Œuvres de Voltaire Tome XIX: Siècle de Louis XIV.—Tome I - 10

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il n’exerça la médecine que pour ses amis. Il devint, sans aucun
maître, habile dans tous les arts qui ont rapport au dessin, et dans
les mécaniques. Bon physicien, grand architecte, il encouragea les
arts sous la protection de Colbert, et eut de la réputation malgré
Boileau. Il a publié plusieurs Mémoires sur l’anatomie comparée, dans
les recueils de l’académie des sciences, et une magnifique édition de
Vitruve. La traduction et les dessins qui l’embellissent sont également
ses ouvrages. Mort en 1688.
PERRAULT (Charles), né en 1633, frère de Claude. Contrôleur-général
des bâtiments sous Colbert, donna la forme aux académies de peinture,
de sculpture, et d’architecture. Utile aux gens de lettres, qui le
recherchèrent pendant la vie de son protecteur, et qui l’abandonnèrent
ensuite. Ou lui a reproché d’avoir trouvé trop de défauts dans
les anciens; mais sa grande faute est de les avoir critiqués
maladroitement, et de s’être fait des ennemis de ceux même qu’il
pouvait opposer aux anciens. Cette dispute a été et sera long-temps une
affaire de parti, comme elle l’était du temps d’Horace. Que de gens
encore en Italie qui, ne pouvant lire Homère qu’avec dégoût, et lisant
tous les jours l’Arioste et le Tasse avec transport, appellent encore
Homère incomparable! Mort en 1703.
_N. B._ Il est dit dans les _Anecdotes littéraires_, tome II, page 27,
qu’Addison ayant fait présent de ses ouvrages à Despréaux, celui-ci
lui répondit qu’il n’aurait jamais écrit contre Perrault, s’il eût
vu de si excellentes pièces d’un moderne. Comment peut-on imprimer
un tel mensonge? Boileau ne savait pas un mot d’anglais, aucun
Français n’étudiait alors cette langue. Ce n’est que vers l’an 1730
qu’on commença à se familiariser avec elle. Et d’ailleurs, quand même
Addison, qui s’est moqué de Boileau, aurait été connu de lui, pourquoi
Boileau n’aurait-il pas écrit contre Perrault, en faveur des anciens
dont Addison fait l’éloge dans tous ses ouvrages? Encore une fois[252],
défions-nous de tous ces _ana_, de toutes ces petites anecdotes. Un sûr
moyen de dire des sottises est de répéter au hasard ce qu’on a entendu
dire.
PERROT D’ABLANCOURT (Nicolas), d’une ancienne famille du parlement de
Paris, né à Vitri[253] en 1606, traducteur élégant, et dont on appela
chaque traduction _la belle infidèle_: mort pauvre en 1664.
PETAU (Denys), né à Orléans, en 1583, jésuite. Il a réformé la
chronologie. On a de lui soixante et dix ouvrages. Mort en 1652.
PETIS DE LA CROIX (François), l’un de ceux dont le grand ministre
Colbert encouragea et récompensa le mérite. Louis XIV l’envoya en
Turquie et en Perse, à l’âge de seize ans, pour apprendre les langues
orientales. Qui croirait qu’il a composé une partie de la vie de
Louis XIV en arabe, et que ce livre est estimé dans l’Orient? On a de
lui l’_Histoire de Gengis-Kan[254] et de Tamerlan, tirée des anciens
auteurs arabes_, et plusieurs livres utiles; mais sa traduction des
_Mille et un jours_ est ce qu’on lit le plus:
L’homme est de glace aux vérités,
Il est de feu pour les mensonges.
LA FONTAINE, IX, 6.
Mort en 1713.
PETIT (Pierre), né à Paris, en 1617, philosophe et savant. Il n’a écrit
qu’en latin. Mort en 1687.
PEZRON (Paul), de l’ordre de Citeaux, né en Bretagne, en 1639, grand
antiquaire, qui a travaillé sur l’origine de la langue des Celtes. Mort
en 1706.
POLIGNAC (Melchior de), cardinal, né au Puy, en Vélay, en 1661, aussi
bon poëte latin qu’on peut l’être dans une langue morte; très éloquent
dans la sienne; l’un de ceux qui ont prouvé qu’il est plus aisé de
faire des vers latins que des vers français. Malheureusement pour lui,
en combattant Lucrèce il combat Newton. Mort en 1741[255].
PONTIS (Louis de). Ses Mémoires ont été tellement en vogue, qu’il est
nécessaire de dire que cet homme, qui a fait tant de belles choses
pour le service du roi, est le seul qui en ait jamais parlé. Aussi
ses _Mémoires_ ne sont pas de lui; ils sont de Dufossé, écrivain de
Port-Royal. Il feint que son héros portait le nom de sa terre en
Dauphiné. Il n’y a point en Dauphiné de seigneurie de Pontis. Il
est même fort douteux que Pontis ait existé[256]. Le _Dictionnaire
historique portatif_[257], en quatre volumes, assure que ces Mémoires
sont vrais. Ils sont cependant remplis de fables, comme l’a démontré
le P. d’Avrigni, dans la préface de ses _Mémoires historiques_.
PORÉE (Charles), né en Normandie[258] en 1675, jésuite; du petit
nombre de professeurs qui ont eu de la célébrité chez les gens du
monde; éloquent dans le goût de Sénèque; poëte, et très bel esprit.
Son plus grand mérite fut de faire aimer les lettres et la vertu à ses
disciples. Mort en 1741.
PUYSÉGUR (Jacques de Chastenet, maréchal de). Il nous a laissé l’_Art
de la guerre_, comme Boileau a donné l’_Art poétique_[259].
QUESNEL (Pasquier), né en 1634, de l’Oratoire. Il a été malheureux,
en ce qu’il s’est vu le sujet d’une grande division parmi ses
compatriotes. D’ailleurs, il a vécu pauvre et dans l’exil. Ses mœurs
étaient sévères comme celles de tous ceux qui ne sont occupés que de
disputes. Trente pages changées et adoucies dans son livre auraient
épargné des querelles à sa patrie; mais il eût été moins célèbre. Mort
en 1719.
QUINAULT (Philippe), né à Paris en 1636, auditeur des comptes, célèbre
par ses belles poésies lyriques, et par la douceur qu’il opposa aux
satires très injustes de Boileau. Quinault était, dans son genre, très
supérieur à Lulli. On le lira toujours; et Lulli, à son récitatif près,
ne peut plus être chanté. Cependant on croyait, du temps de Quinault,
qu’il devait à Lulli sa réputation. Le temps apprécie tout. Il eut
part, comme les autres grands hommes, aux récompenses que donna Louis
XIV, mais une part médiocre; les grandes graces furent pour Lulli. Mort
en 1688.
_N. B._ Il est rapporté dans les _Anecdotes littéraires_[260] que
Boileau, étant à la salle de l’Opéra de Versailles, dit à l’officier
qui plaçait: _Monsieur, mettez-moi dans un endroit où je n’entende
point les paroles. J’estime fort la musique de Lulli, mais je méprise
souverainement les vers de Quinault._
Il n’y a nulle apparence que Boileau ait dit cette grossièreté. S’il
s’était borné à dire, mettez-moi dans un endroit où je n’entende que
la musique, cela n’eût été que plaisant, mais n’eût pas été moins
injuste. On a surpassé prodigieusement Lulli dans tout ce qui n’est pas
récitatif; mais personne n’a jamais égalé Quinault.
QUINCI (le marquis de), lieutenant-général d’artillerie, auteur de
l’_Histoire militaire de Louis XIV_. Il entre dans de grands détails,
utiles pour ceux qui veulent suivre dans leur lecture les opérations
d’une campagne. Ces détails pourraient fournir des exemples, s’il
y avait des cas pareils; mais il ne s’en trouve jamais, ni dans
les affaires, ni dans la guerre. Les ressemblances sont toujours
imparfaites, les différences toujours grandes. La conduite de la guerre
est comme les jeux d’adresse, qu’on n’apprend que par l’usage; et les
jours d’action sont quelquefois des jeux de hasard.
RACINE (Jean), né à la Ferté-Milon en 1639, élevé à Port-Royal. Il
portait encore l’habit ecclésiastique quand il fit la tragédie de
_Théagène_, qu’il présenta à Molière, et celle des _Frères ennemis_,
dont Molière lui donna le sujet. Il est intitulé prieur de l’Épinai
dans le privilége de l’_Andromaque_. Louis XIV fut sensible à son
extrême mérite. Il lui donna une charge de gentilhomme ordinaire, le
nomma quelquefois des voyages de Marli, le fit coucher dans sa chambre,
dans une de ses maladies, et le combla de gratifications. Cependant
Racine mourut de chagrin ou de crainte de lui avoir déplu. Il n’était
pas aussi philosophe que grand poëte. On lui a rendu justice fort
tard. «Nous avons été touchés, dit Saint-Évremond, de _Mariamne_, de
_Sophonisbe_, d’_Alcyonée_, d’_Andromaque_, et de _Britannicus_.»
C’est ainsi qu’on mettait non seulement la mauvaise _Sophonisbe_ de
Corneille, mais encore les impertinentes pièces d’_Alcyonée_ et de
_Mariamne_[261], à côté de ces chefs-d’œuvre immortels. L’or est
confondu avec la boue pendant la vie des artistes, et la mort les
sépare.
Il est à remarquer que Racine ayant consulté Corneille sur sa tragédie
d’_Alexandre_, Corneille lui conseilla de ne plus faire de tragédies,
et lui dit qu’il n’avait nul talent pour ce genre d’écrire[262].
N’oublions pas qu’il écrivit contre les jansénistes, et qu’il se fit
ensuite janséniste. Mort en 1699.
RACINE[263] (Louis), fils de l’immortel Jean Racine, a marché sur les
traces de son père, mais dans un sentier plus étroit et moins fait
pour les muses. Il entendait la mécanique des vers aussi bien que son
père, mais il n’en avait ni l’ame ni les graces. Il manquait d’ailleurs
d’invention et d’imagination. Janséniste comme son père, il ne fit des
vers que pour le jansénisme. On en trouve de très beaux dans le poëme
de _la Grace_, et dans celui de _la Religion_, ouvrage trop didactique
et trop monotone, copié des _Pensées de Pascal_, mais rempli de beaux
détails, tels que ces vers du chant second, dans lequel il traduit
Lucrèce pour le réfuter:
Cet esprit, ô mortels, qui vous rend si jaloux,
N’est qu’un feu qui s’allume et s’éteint avec nous.
Quand par d’affreux sillons l’implacable vieillesse
A sur un front hideux imprimé la tristesse;
Que, dans un corps courbé sous un amas de jours,
Le sang, comme à regret, semble achever son cours;
Lorsqu’en des yeux couverts d’un lugubre nuage
Il n’entre des objets qu’une infidèle image;
Qu’en débris chaque jour le corps tombe et périt:
En ruines _aussi_ je vois tomber l’esprit.
L’ame mourante alors, flambeau sans nourriture,
Jette par intervalle une lueur obscure.
Triste destin de l’homme! il arrive au tombeau
Plus faible, plus enfant qu’il ne l’est au berceau.
La mort d’un coup fatal frappe enfin l’édifice;
Dans un dernier soupir, achevant son supplice,
Lorsque, vide de sang, le cœur reste glacé,
Son ame s’évapore, et tout l’homme est passé.
Il s’élève quelquefois dans ce poëme contre le _tout est bien_ des
lords Shaftesbury et Bolingbroke, si bien mis en vers par Pope.
Sans doute qu’à ces mots, des bords de la Tamise,
Quelque abstrait raisonneur qui ne se plaint de rien,
Dans son flegme anglican répondra: Tout est bien.
Racine, en qualité de janséniste, croyait que presque tout est mal
depuis long-temps; il accuse Pope d’irréligion. Pope était fils d’un
papiste, c’est ainsi qu’on appelle en Angleterre les catholiques
romains. Pope, élevé dans cette religion qu’il tourne quelquefois en
ridicule dans ses épîtres, ne voulut cependant pas la quitter quoiqu’il
fût philosophe, où plutôt parcequ’il était assez philosophe pour
croire que ce n’était pas la peine de changer. Il fut très piqué des
accusations de Louis Racine. Ramsay entreprit de les concilier. C’était
un Écossais du clan des Ramsay, et qui en avait pris le nom, suivant
l’usage de ce pays. Il était venu en France après avoir essayé du
presbytérianisme, de l’église anglicane, et du quakerisme, et s’était
attaché à l’illustre Fénélon, dont il a depuis écrit la vie. C’est
lui qui est l’auteur des _Voyages de Cyrus_, très faible imitation du
_Télémaque_. Il imagina d’écrire à Louis Racine une lettre sous le nom
de Pope, dans laquelle celui-ci semble se justifier.
J’avais vécu une année entière avec Pope; je savais qu’il était
incapable d’écrire en français, qu’il ne parlait point du tout notre
langue, et qu’à peine il pouvait lire nos auteurs; c’était une chose
publique en Angleterre. J’avertis Louis Racine que cette lettre était
de Ramsay, et non de Pope. Je voulus lui faire sentir le ridicule de
cette supercherie: j’en instruisis même le public dans un chapitre sur
Pope[264], qui a été imprimé plusieurs fois du vivant de Pope même.
Cependant, après sa mort, l’abbé Ladvocat a imprimé cette lettre,
forgée par Ramsay, et l’a imputée à Pope, dans son _Dictionnaire
historique portatif_, où il copie plusieurs articles des premières
éditions de cette liste des écrivains du siècle de Louis XIV, mais où
il insère des anecdotes entièrement fausses. Il est juste de faire
connaître au public la vérité.
RANCÉ (Armand-Jean Le Bouthillier de), né en 1626, commença par
traduire _Anacréon_, et institua la réforme effrayante de la Trappe,
en 1664. Il se dispensa, comme législateur, de la loi qui force ceux
qui vivent dans ce tombeau, à ignorer ce qui se passe sur la terre. Il
écrivit avec éloquence. Quelle inconstance dans l’homme! Après avoir
fondé et gouverné son institut, il se démit de sa place, et voulut la
reprendre. Mort en 1700[265].
RAPIN (Réné), né à Tours, en 1621, jésuite, connu par le _Poëme des
jardins_ en latin, et par beaucoup d’ouvrages de littérature. Mort en
1687.
RAPIN DE THOIRAS (Paul), né à Castres en 1661, réfugié en Angleterre,
et long-temps officier. L’Angleterre lui fut long-temps redevable de la
seule bonne histoire complète qu’on eût faite de ce royaume, et de la
seule impartiale qu’on eût d’un pays où l’on n’écrivait que par esprit
de parti; c’était même la seule histoire qu’on pût citer en Europe
comme approchante de la perfection qu’on exige de ces ouvrages, jusqu’à
ce qu’enfin on ait vu paraître celle du célèbre Hume, qui a su écrire
l’histoire en philosophe. Mort à Vésel, en 1725.
RÉGIS (Pierre-Silvain), né en Agenois, en 1632. Ses livres de
philosophie n’ont plus de cours depuis les grandes découvertes qu’on a
faites. Mort en 1707.
REGNARD (Jean-François), né à Paris, en 1656[266]. Il eût été célèbre
par ses seuls voyages. C’est le premier Français qui alla jusqu’en
Laponie. Il grava sur un rocher ce vers:
«Hic tandem stetimus, nobis ubi defuit orbis.»
Pris sur la mer de Provence par des corsaires, esclave à Alger,
racheté, établi en France dans les charges de trésorier de France et de
lieutenant des eaux et forêts, il vécut en voluptueux et en philosophe.
Né avec un génie vif, gai, et vraiment comique, sa comédie du _Joueur_
est mise à côté de celles de Molière. Il faut se connaître peu aux
talents et au génie des auteurs pour penser qu’il ait dérobé cette
pièce à Dufresni. Il dédia la comédie des _Ménechmes_ à Despréaux, et
ensuite il écrivit contre lui[267], parceque Boileau ne lui rendit
pas assez de justice. Cet homme si gai mourut de chagrin[268] à
cinquante-quatre ans. On prétend même qu’il avança ses jours. Mort en
1710.
REGNIER DESMARETS (François-Séraphin), né à Paris, en 1632. Il a rendu
de grands services à la langue, et est auteur de quelques poésies
françaises et italiennes. Il fit passer une de ses pièces italiennes
pour être de _Pétrarque_. Il n’eût pas fait passer ses vers français
sous le nom d’un grand poëte. Mort en 1713.
RENAUDOT (Théophraste), médecin, très savant en plus d’un genre, le
premier auteur des gazettes en France[269]. Mort en 1658.
RENAUDOT (Eusèbe), né en 1646, très savant dans l’histoire, et dans
les langues de l’Orient. On peut lui reprocher d’avoir empêché que le
dictionnaire de Bayle ne fût imprimé en France. Mort en 1720.
RETZ. Voyez GONDI.
REYNAU (Charles-Réné), de l’Oratoire, de l’académie des sciences, né
en 1656, auteur de l’_Analyse démontrée_, publiée en 1708. On l’appela
l’Euclide de la haute géométrie. Mort en 1728.
RICHELET (César-Pierre), né en 1631, le premier qui ait donné un
dictionnaire presque tout satirique, exemple plus dangereux qu’utile.
Il est aussi le premier auteur des dictionnaires de rimes, tristes
ouvrages, qui font voir combien il est peu de rimes nobles et riches
dans notre poésie, et qui prouvent l’extrême difficulté de faire de
bons vers dans notre langue. Mort en 1698.
RICHELIEU[270] (Armand-Jean Duplessis, cardinal de), né à Paris, en
1585. Puisque Louis XIV naquit pendant son ministère, on doit mettre
parmi les écrivains de ce siècle illustre le fondateur de l’académie
française, auteur lui-même de plusieurs ouvrages. Il fit la _Méthode
des controverses_[271] dans son exil à Avignon, après l’assassinat
du maréchal d’Ancre, et de la Galigaï, ses protecteurs. _Les
principaux points de la Religion catholique défendus_, l’_Instruction
du Chrétien_, et la _Perfection du Chrétien_, sont à peu près de
ce temps-là. Il est bien sûr qu’il ne composait pas la _Perfection
du Chrétien_ du temps qu’il fesait condamner à mort le maréchal de
Marillac dans sa propre maison de Ruel, et qu’il était avec Marion
Delorme dans un appartement, lorsque les commissaires prononcèrent
l’arrêt de mort dicté par lui. On sait aussi qu’il y a beaucoup de vers
de sa façon dans la tragi-comédie allégorique intitulée _Europe_, et
dans la tragédie de _Mirame_. On sait qu’il donnait à cinq auteurs[272]
les sujets des pièces représentées au palais-cardinal, et qu’il eût
mieux fait de s’en tenir au seul Corneille, sans même lui fournir de
sujet. Le plus beau de ses ouvrages est la digue de La Rochelle.
L’abbé Ladvocat, bibliothécaire de Sorbonne, prétend, dans son
_Dictionnaire historique_, que le cardinal de Richelieu est l’auteur
de ce testament[273] qui a fait tant de bruit, et qui est supposé. Il
croit devoir ce respect à la mémoire du bienfaiteur de la Sorbonne;
mais c’est rendre un mauvais service à sa mémoire, que de l’accuser
d’avoir fait un livre où il n’y a que des erreurs et des fautes de
toute espèce. Si malheureusement un ministre d’état avait pu composer
un si mauvais ouvrage, tout ce qu’on en devrait conclure, c’est qu’on
pourrait être un grand ministre, ou plutôt un ministre heureux,
avec une grande ignorance des faits les plus communs, des erreurs
grossières, et des projets ridicules. C’est donc venger la mémoire du
cardinal de Richelieu, que de démontrer, comme on l’a fait, qu’il ne
peut être l’auteur de ce testament qui, sans son nom, aurait été ignoré
à jamais.
L’abbé Ladvocat, tout bibliothécaire qu’il était de la Sorbonne,
s’est trompé en disant qu’on avait retrouvé dans cette bibliothèque
un manuscrit de cet ouvrage apostillé de la main du cardinal. Le seul
manuscrit apostillé ainsi est au dépôt des affaires étrangères; il n’y
fut porté qu’en 1705. Ce n’est point le testament qui est apostillé,
c’est une narration succincte composée par l’abbé de Bourzeis, à
laquelle on avait, long-temps après, ajouté ce testament prétendu: et
les notes marginales même, écrites de la main du cardinal, prouvent
que cette narration succincte n’était pas de lui; elles indiquent les
omissions de l’abbé de Bourzeis, et ce qu’il devait résoudre. Voyez la
réponse à M. de Foncemagne[274].
On attribue encore au cardinal de Richelieu une _Histoire de la mère
et du fils_; c’est un récit assez infidèle des malheureux démêlés
de Louis XIII avec sa mère. Cette histoire faible et tronquée est
probablement de Mézerai: mais dans la multitude des livres dont nous
sommes accablés aujourd’hui, qu’importe de quelle main soit un ouvrage
médiocre[275]? Mort en 1642.
ROHAULT (Jacques), né à Amiens, en 1620. Il abrégea et il exposa avec
clarté et méthode la philosophie de Descartes: mais aujourd’hui cette
philosophie, erronée presque en tout, n’a d’autre mérite que celui
d’avoir été opposée aux erreurs anciennes. Mort en 1675.
ROLLIN (Charles), né à Paris, en 1661, recteur de l’université. Le
premier de ce corps qui a écrit en français avec pureté et noblesse.
Quoique les derniers tomes de son _Histoire ancienne_, faits trop à
la hâte, ne répondent pas aux premiers, c’est encore la meilleure
compilation qu’on ait en aucune langue, parceque les compilateurs
sont rarement éloquents, et que Rollin l’était. Son livre vaudrait
beaucoup mieux si l’auteur avait été philosophe. Il y a beaucoup
d’histoires anciennes; il n’y en a aucune dans laquelle on aperçoive
cet esprit philosophique qui distingue le faux du vrai, l’incroyable
du vraisemblable, et qui sacrifie l’inutile. Mort en 1740.
ROTROU (Jean), né en 1609, le fondateur du théâtre. La première scène
et une partie du quatrième acte de _Venceslas_ sont des chefs-d’œuvre.
Corneille l’appelait son père. On sait combien le père fut surpassé
par le fils. _Venceslas_ ne fut composé qu’après _le Cid_; il est tiré
entièrement, comme _le Cid_, d’une tragédie espagnole. Mort en 1650.
ROUSSEAU (Jean-Baptiste), né à Paris en 1669[276]. De beaux vers,
de grandes fautes et de longs malheurs le rendirent très fameux. Il
faut, ou lui imputer les couplets qui le firent bannir, couplets
semblables à plusieurs qu’il avait avoués, ou flétrir deux tribunaux
qui prononcèrent contre lui. Ce n’est pas que deux tribunaux, et même
des corps plus nombreux, ne puissent commettre unanimement de très
violentes injustices, quand l’esprit de parti domine. Il y avait un
parti furieux acharné contre Rousseau. Peu d’hommes ont autant excité
et senti la haine. Tout le public fut soulevé contre lui jusqu’à
son bannissement, et même encore quelques années après; mais enfin
les succès de La Motte, son rival, l’accueil qu’on lui fesait, sa
réputation qu’on croyait usurpée, l’art qu’il avait eu de s’établir une
espèce d’empire dans la littérature, révoltèrent contre lui tous les
gens de lettres, et les ramenèrent à Rousseau, qu’ils ne craignaient
plus. Ils lui rendirent presque tout le public. La Motte leur parut
trop heureux, parcequ’il était riche et accueilli. Ils oubliaient
que cet homme était aveugle et accablé de maladies. Ils voyaient dans
Rousseau un banni infortuné, sans songer qu’il est plus triste d’être
aveugle et malade que de vivre à Vienne et à Bruxelles. Tous deux
étaient en effet très malheureux; l’un par la nature, l’autre par
l’aventure funeste qui le fit condamner. Tous deux servent à faire
voir combien les hommes sont injustes, combien ils varient dans leurs
jugements, et qu’il y a de la folie à se tourmenter pour arracher leurs
suffrages. Mort à Bruxelles, en 1740[277].
Rousseau eut rarement dans ses ouvrages de l’aménité, des graces, du
sentiment, de l’invention; il savait très bien tourner une épigramme
licencieuse et une stance. Ses épîtres sont écrites avec une plume de
fer trempée dans le fiel le plus dégoûtant. Il appelle mesdemoiselles
Louvancourt, qui étaient trois sœurs très aimables, _trio de louves
acharnées_[278]: il appelle le conseiller d’état Rouillé _tabarin
mordant, caustique et rustre_, après lui avoir prodigué des louanges
dans une ode assez médiocre[279]. Les mots de _maroufles_, de
_bélîtres_, salissent ses épîtres. Il faut, sans doute, opposer une
noble fierté à ses ennemis; mais ces basses injures sans gaîté, sans
agréments, sont le contraire d’une ame noble.
Quant aux couplets qui le firent bannir, _voyez_ les articles LA MOTTE
et SAURIN.
On se contentera de remarquer ici que Rousseau ayant avoué qu’il avait
fait cinq de ces malheureux couplets, il était coupable de tous les
autres au tribunal de tous les juges et de tous les honnêtes gens. Sa
conduite après sa condamnation n’est nullement une preuve en sa faveur;
on a entre les mains des lettres du sieur Médine[280] de Bruxelles, du
7 mai 1737, conçues en ces termes: «Rousseau n’avait d’autre table que
la mienne, d’autre asile que chez moi; il m’avait baisé et embrassé
cent fois le jour qu’il força mes créanciers à me faire arrêter.»
Qu’on joigne à cela un pélerinage fait par Rousseau à Notre-Dame de
Hall, et qu’on juge s’il doit en être cru sur sa parole dans l’affaire
des couplets[281].
RUINART (Thierri), bénédictin, né en 1657, laborieux critique. Il
a soutenu contre Dodwell[282] l’opinion que l’_Église eut dans
les premiers temps une foule prodigieuse de martyrs_. Peut-être
n’a-t-il pas assez distingué les martyrs et les morts ordinaires; les
persécutions pour cause de religion, et les persécutions politiques.
Quoi qu’il en soit, il est au nombre des savants hommes du temps.
C’est principalement dans ce siècle que les bénédictins ont fait les
plus profondes recherches, comme Martène[283] sur les anciens rites
de l’Église. Thuillier[284] et tant d’autres ont achevé de tirer de
dessous terre les décombres du moyen âge. C’est encore un genre nouveau
qui n’appartient qu’au siècle de Louis XIV; et ce n’est qu’en France
que les bénédictins y ont excellé. Mort en 1709.
SABLIÈRE (Antoine Rambouillet de La). Ses madrigaux sont écrits avec
une finesse qui n’exclut pas le naturel. Mort en 1680.
SACI (Louis-Isaac Le Maistre de), né en 1613, l’un des bons écrivains
de Port-Royal. C’est de lui qu’est la _Bible de Royaumont_[285], et
une traduction des comédies de Térence. Mort en 1684. Son frère,
Antoine Le Maistre[286], se retira comme lui à Port-Royal. Il avait été
avocat; on le croyait un homme très éloquent, mais on ne le crut plus
dès qu’il eut cédé à la vanité de faire imprimer ses plaidoyers. Un
autre Saci[287], avocat, et de l’académie française, mais d’une autre
famille, a donné une traduction estimée des _Lettres de Pline_, en 1701.
SAINT-AULAIRE (François-Joseph de Beaupoil, marquis de). C’est une
chose très singulière que les plus jolis vers qu’on ait de lui aient
été faits lorsqu’il était plus que nonagénaire. Il ne cultiva guère
le talent de la poésie qu’à l’âge de plus de soixante ans, comme le
marquis de La Fare. Dans les premiers vers qu’on connut de lui, on
trouve ceux-ci qu’on attribua à La Fare:
O muse légère et facile,
Qui, sur le coteau d’Hélicon,
Vîntes offrir au vieil Anacréon
Cet art charmant, cet art utile
Qui sait rendre douce et tranquille
La plus incommode saison;
Vous qui de tant de fleurs sur le Parnasse écloses,
Orniez à ses côtés les Graces et les Ris,
Et qui cachiez ses cheveux gris
Sous tant de couronnes de roses, etc.
Ce fut sur cette pièce qu’il fut reçu à l’académie; et Boileau
alléguait cette même pièce pour lui refuser son suffrage. Il est mort
en 1742, à près de cent ans, d’autres disent à cent deux. Un jour, à
l’âge de plus de quatre-vingt-quinze ans, il soupait avec madame la
duchesse du Maine: elle l’appelait Apollon, et lui demandait je ne sais
quel secret; il lui répondit:
La divinité qui s’amuse
A me demander mon secret,
Si j’étais Apollon ne serait point ma muse,
Elle serait Thétis, et le jour finirait.
Anacréon moins vieux fit de bien moins jolies choses. Si les Grecs
avaient eu des écrivains tels que nos bons auteurs, ils auraient été
encore plus vains; nous leur applaudirions aujourd’hui avec encore plus
de raison.
SAINTE-MARTHE (Gaucher de). Cette famille a été pendant plus de cent
années féconde en savants. Le premier Gaucher de Sainte-Marthe fut
Charles, qui fut éloquent pour son temps. Mort en 1555.
Scévole, neveu de Charles, se distingua dans les lettres et dans les
affaires. Ce fut lui qui réduisit Poitiers sous l’obéissance de Henri
IV. Il mourut à Loudun, en 1623, et le fameux Urbain Grandier prononça
son oraison funèbre.
Abel de Sainte-Marthe, son fils, cultiva les lettres comme son père, et
mourut en 1652. Son fils, nommé Abel comme lui, marcha sur ses traces:
mort en 1706.
Scévole et Louis de Sainte-Marthe, frères jumeaux, fils du premier
Scévole, enterrés tous deux à Paris, dans le même tombeau, à
Saint-Severin, furent illustres par leur savoir. Ils composèrent
ensemble le _Gallia christiana_. Scévole, mort en 1650; Louis, mort en
1656.
Denys de Sainte-Marthe[288], leur cousin, acheva cet ouvrage[289]. Mort
à Paris, en 1725.
Pierre-Scévole de Sainte-Marthe, frère aîné[290] du dernier Scévole,
fut historiographe de France. Mort en 1690.
SAINT-ÉVREMOND (Charles de Saint-Denys, de), né en Normandie, en 1613.
Une morale voluptueuse, des lettres écrites à des gens de cour, dans
un temps où ce mot de cour était prononcé avec emphase par tout le
monde, des vers médiocres, qu’on appelle vers de _société_, faits dans
des sociétés illustres, tout cela avec beaucoup d’esprit contribua
à la réputation de ses ouvrages. Un nommé Des-Maizeaux les a fait
imprimer, avec une vie de l’auteur, qui contient seule un gros volume;
et dans ce gros volume il n’y a pas quatre pages intéressantes. Il
n’est grossi que des mêmes choses qu’on trouve dans les _Œuvres_ de
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