Œuvres de Voltaire Tome XIX: Siècle de Louis XIV.—Tome I - 11

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Saint-Évremond[291]: c’est un artifice du libraire, un abus du métier
d’éditeur. C’est par de tels artifices qu’on a trouvé le secret de
multiplier les livres à l’infini, sans multiplier les connaissances.
On connaît son exil, sa philosophie, et ses ouvrages. Quand on lui
demanda, à sa mort, s’il voulait se _réconcilier_, il répondit: «Je
voudrais me réconcilier avec l’appétit.» Il est enterré à Westminster,
avec les rois et les hommes illustres d’Angleterre. Mort en 1703.
SAINT-PAVIN (Denys Sanguin de). Il était au nombre des hommes de
mérite que Despréaux confondit dans ses satires avec les mauvais
écrivains[292]. Le peu qu’on a de lui passe pour être d’un goût
délicat. On peut connaître son mérite personnel par cette épitaphe, que
fit pour lui Fieubet[293], le maître des requêtes, l’un des esprits
les plus polis de ce siècle:
Sous ce tombeau gît Saint-Pavin;
Donne des larmes à sa fin.
Tu fus de ses amis peut-être?
Pleure sur ton sort et le sien:
Tu n’en fus pas? pleure le tien,
Passant, d’avoir manqué d’en être.
Mort en 1670.
SAINT-PIERRE (Charles-Irénée Castel, abbé de), né en 1658, gentilhomme
de Normandie[294], n’ayant qu’une fortune médiocre, la partagea
quelque temps avec les célèbres Varignon et Fontenelle. Il écrivit
beaucoup sur la politique. La meilleure définition qu’on ait faite
en général de ses ouvrages, est ce qu’en disait le cardinal Dubois,
que c’étaient les rêves d’un bon citoyen. Il avait la simplicité de
rebattre, dans ses livres, les vérités les plus triviales de la morale,
et par une autre simplicité, il proposait presque toujours des choses
impossibles comme praticables. Il ne cessa d’insister sur le projet
d’une paix perpétuelle, et d’une espèce de parlement de l’Europe, qu’il
appelle _la diète europaine_. On avait imputé une partie de ce projet
chimérique au roi Henri IV, et l’abbé de Saint-Pierre, pour appuyer ses
idées, prétendait que cette _diète europaine_ avait été approuvée et
rédigée par le dauphin, duc de Bourgogne, et qu’on en avait trouvé le
plan dans les papiers de ce prince. Il se permettait cette fiction pour
mieux faire goûter son projet. Il rapporte, avec bonne foi, la lettre
par laquelle le cardinal de Fleury répondit à ses propositions: «Vous
avez oublié, monsieur, pour article préliminaire, de commencer par
envoyer une troupe de missionnaires pour disposer le cœur et l’esprit
des princes.» Cependant l’abbé de Saint-Pierre ne laissa pas enfin
d’être très utile. Il travailla beaucoup pour délivrer la France de
la tyrannie de la taille arbitraire; il écrivit et il agit en homme
d’état sur cette seule matière. Il fut unanimement exclu de l’académie
française, pour avoir, sous la régence du duc d’Orléans, préféré un
peu durement, dans sa _Polisynodie_, l’établissement des conseils, à
la manière de gouverner de Louis XIV, protecteur de l’académie[295].
Ce fut le cardinal de Polignac qui fit une brigue pour l’exclure, et
qui en vint à bout. Ce qu’il y a d’étrange, c’est que, dans ce temps-là
même, le cardinal de Polignac conspirait contre le régent, et que ce
prince, qui donnait un logement au Palais-Royal à Saint-Pierre, et
qui avait toute sa famille à son service, souffrit cette exclusion.
L’abbé de Saint-Pierre ne se plaignit point. Il continua de vivre en
philosophe avec ceux mêmes qui l’avaient exclu. Boyer, ancien évêque
de Mirepoix, son confrère, empêcha qu’à sa mort on ne prononçât son
éloge à l’académie, selon la coutume. Ces vaines fleurs qu’on jette
sur le tombeau d’un académicien n’ajoutent rien ni à sa réputation ni
à son mérite; mais le refus fut un outrage; et les services que l’abbé
de Saint-Pierre avait rendus, sa probité, et sa douceur, méritaient un
autre traitement. Il mourut en 1743, âgé de quatre-vingt-six ans. Je
lui demandai, quelques jours avant sa mort, comment il regardait ce
passage; il me répondit: «Comme un voyage à la campagne.»
Le traité le plus singulier qu’on trouve dans ses ouvrages est
l’anéantissement futur du mahométisme. Il assure qu’un temps viendra
où la raison l’emportera chez les hommes sur la superstition. Les
hommes comprendront, dit-il, qu’il suffit de la patience, de la
politesse, et de la bienfesance, pour plaire à Dieu. Il est impossible,
dit-il encore, qu’un livre où l’on trouve des propositions fausses
données comme vraies, des choses absurdes opposées au sens commun,
des louanges données à des actions injustes, ait été révélé par un
être parfait. Il prétend que dans cinq cents ans tous les esprits,
jusqu’aux plus grossiers, seront éclairés sur ce livre: que le grand
muphti même et les cadis verront qu’il est de leur intérêt de détromper
la multitude, et de se rendre plus nécessaires et plus respectés en
rendant la religion plus simple. Ce traité est curieux[296]. Dans
ses _Annales_ de Louis XIV, il dit que l’état devrait bâtir des
loges aux Petites-Maisons pour les théologiens intolérants, et qu’il
serait à propos de jouer ces espèces de fous sur le théâtre. [297]
C’est ici l’occasion d’observer que l’auteur du _Siècle de Louis XIV_
n’a donné cette liste des écrivains et des artistes qui ont fleuri
sous Louis XIV, qu’après avoir vu leurs ouvrages, et souvent connu
leurs personnes, recherchant tous les moyens de s’instruire sur ce
siècle célèbre, depuis qu’il fut nommé historiographe de France. Il
ne pouvait, dans cette liste, parler des _Annales politiques_[298]
de l’abbé de Saint-Pierre sous Louis XIV, puisque le _Siècle_ fut
imprimé en 1752 pour la première fois, et que les _Annales_ de l’abbé
de Saint-Pierre ne parurent qu’en 1758, ayant été imprimées en 1757.
Ces _Annales_, il le faut avouer, sont une satire continuelle du
gouvernement de ce monarque qui méritait plus d’estime; et cette satire
n’est pas assez bien écrite pour faire pardonner son injustice. La
famille de l’abbé, sentant quel dangereux effet cet ouvrage pouvait
produire, engagea son auteur à le dérober au public: il ne fut imprimé
qu’après sa mort. Comment donc l’abbé Sabatier, natif de Castres, qui
a donné depuis la liste des écrivains de _Trois siècles_[299], a-t-il
pu dire «que l’auteur du _Siècle de Louis XIV_ en a puisé l’idée mal
remplie dans ces _Annales politiques_ qui offrent un tableau frappant
des progrès de l’esprit chez notre nation?»
Premièrement, il est impossible que l’auteur du _Siècle_ ait pu rien
prendre des _Annales_ de l’abbé de Saint-Pierre, qu’il ne pouvait
connaître[300], et desquelles il a vengé la mémoire de Louis XIV,
dès qu’il les a connues. Secondement, il est très faux que l’abbé de
Saint-Pierre se soit étendu dans son livre sur les progrès de l’esprit
humain chez notre nation. A peine en dit-il quelques mots; et quand il
parle des beaux-arts, c’est pour les avilir.
Voici comme il s’explique, page 155: «La peinture, la sculpture, la
musique, la poésie, la comédie, l’architecture, prouvent le nombre des
fainéants, leur goût pour la fainéantise, qui suffit à nourrir et à
entretenir d’autres espèces de fainéants, gens qui se piquent d’esprit
agréable, mais non pas d’esprit utile, etc.»
Il est rare, sans doute, d’entendre un académicien dire que des arts
qui exigent le travail le plus assidu sont des occupations de fainéants.
Quant à la personne de Louis XIV, il veut l’avilir aussi bien que
les arts dont ce roi fut le protecteur. On ne peut rapporter qu’avec
indignation ce qu’il en dit, page 265: «Louis se gouvernait à l’égard
de ses voisins et de ses sujets comme s’il eût adopté la maxime
d’un célèbre tyran»; qu’ils me haïssent, pourvu qu’ils me craignent.
«Il sacrifiait tout au plaisir de se venger, et de montrer au public
qu’il était redoutable; c’est le goût des ames médiocres, de tous les
enfants, et de tous les hommes du commun.»
Il traite enfin Louis XIV, en vingt endroits, de grand enfant. Et lui,
qui était sans contredit un vieil enfant, finit son livre par cette
formule, _Paradis aux bienfesants_; mais il n’ose pas dire, _Paradis
aux médisants_.
A l’égard de l’abbé Sabatier, natif de Castres, qui est venu à Paris
faire le métier de calomniateur pour quelque argent, il est difficile
d’espérer pour lui le paradis. C’est même un grand effort que de le lui
souhaiter[301].
SAINT-RÉAL (César Vichard de), né à Chambéri, mais élevé en France. Son
_Histoire de la conjuration de Venise_ est un chef-d’œuvre. Sa _Vie de
Jésus-Christ_ est bien différente. Mort en 1692.
SALLO (Denys de), né en 1626, conseiller au parlement de Paris,
inventeur des journaux[302]. Bayle perfectionna ce genre, déshonoré
ensuite par quelques journaux que publièrent à l’envi des libraires
avides, et que des écrivains obscurs remplirent d’extraits infidèles,
d’inepties, et de mensonges. Enfin on est parvenu jusqu’à faire un
trafic public d’éloges et de censures, surtout dans des feuilles
périodiques; et la littérature a éprouvé le plus grand avilissement par
ces infames manéges. Mort en 1669.
SANDRAS, _voyez_ COURTILZ.
SANLECQUE (Louis), né à Paris en 1650[303], chanoine régulier, poëte
qui a fait quelques jolis vers. C’est un des effets du siècle de Louis
XIV que le nombre prodigieux de poëtes médiocres dans lesquels on
trouve des vers heureux. La plupart de ces vers appartiennent au temps,
et non au génie. Mort en 1714.
SANSON (Nicolas), né à Abbeville en 1600; le père de la géographie,
avant Guillaume Delisle. Mort en 1667. Ses deux fils[304] héritèrent de
son mérite.
SANTEUL (Jean-Baptiste), né à Paris en 1630. Il passe pour excellent
poëte latin, si on peut l’être, et ne pouvait faire des vers français.
Ses hymnes sont chantées dans l’Église. Comme je n’ai point vécu chez
Mécène entre Horace et Virgile, j’ignore si ces hymnes sont aussi
bonnes qu’on le dit; si, par exemple, _Orbis redemptor, nunc redemptus_
n’est pas un jeu de mots puéril. Je me défie beaucoup des vers modernes
latins. Mort en 1697.
SARASIN (Jean-François), né près de Caen[305] en 1603, a écrit
agréablement en prose et en vers: mort en 1654.
SAUMAISE (Claude), né en Bourgogne en 1588, retiré à Leyde pour être
libre, homme d’une érudition immense. On prétend que le cardinal de
Richelieu lui offrit une pension de douze mille francs pour revenir
en France, à condition qu’il écrirait à la gloire de ce ministre, et
même qu’il écrirait sa vie; mais Saumaise aimait trop la liberté, et
haïssait trop celui qu’il regardait comme le plus grand ennemi de cette
même liberté, pour accepter ses offres. Le roi d’Angleterre, Charles
II, l’engagea à composer _le Cri du sang royal_ contre les parricides
de Charles Iᵉʳ. Le livre[306] ne répondit pas à la réputation de
l’auteur: Milton, auteur d’un poëme barbare, quelquefois sublime, sur
la pomme d’Adam, et le modèle de tous les poëmes barbares tirés de
l’ancien Testament, réfuta Saumaise; mais le réfuta comme une bête
féroce combat un sauvage. Ces deux ouvrages, d’un pédantisme dégoûtant,
sont tombés dans l’oubli[307]. Les noms des auteurs n’ont pas péri.
Mort en 1653.
SAURIN (Jacques), né à Nîmes en 1677. Il passa pour le meilleur
prédicateur des églises réformées. Cependant on lui reproche, comme
à tous ses confrères, ce qu’on appelle le style réfugié. «Il est
difficile, dit-il, que ceux qui ont sacrifié leur patrie à leur
religion parlent leur langue avec pureté, etc.» De son temps,
cependant, le français ne s’était pas corrompu en Hollande comme il
l’est aujourd’hui. Bayle n’avait point le style réfugié; il ne péchait
que par une familiarité qui approche quelquefois de la bassesse. Les
défauts du langage des pasteurs calvinistes venaient de ce qu’ils
copiaient les phrases incorrectes des premiers réformateurs; de plus,
presque tous ayant été élevés à Saumur, en Poitou, en Dauphiné ou en
Languedoc, ils conservaient les manières de parler vicieuses de la
province. On créa pour Saurin une place de ministre de la noblesse à La
Haye. Il était savant, et homme de plaisir. Mort en 1730.
SAURIN (Joseph), né près d’Orange en 1659, de l’académie des sciences.
C’était un génie propre à tout; mais on n’a de lui que des extraits
du _Journal des savants_, quelques Mémoires de mathématiques, et son
fameux _Factum_ contre Rousseau. Ce procès, si malheureusement célèbre,
fit rechercher toute sa vie, et servit à susciter contre lui les plus
infames accusations. Rousseau, réfugié en Suisse, et sachant que son
ennemi avait été pasteur de l’église réformée à Bercher, dans le
bailliage d’Yverdun, remua tout pour avoir des témoignages contre lui.
Il faut savoir que Joseph Saurin, dégoûté de son ministère, livré à la
philosophie et aux mathématiques, avait préféré la France sa patrie, la
ville de Paris, et l’académie des sciences, au village de Bercher. Pour
remplir ce dessein, il avait fallu rentrer dans le sein de l’Église
romaine, et il y rentra dès l’année 1690. L’évêque de Meaux, Bossuet,
crut avoir converti un ministre, et il ne fit que servir à la petite
fortune d’un philosophe. Saurin retourna en Suisse plusieurs années
après, pour y recueillir quelques biens de sa femme, qu’il avait
persuadée de quitter aussi la religion réformée. Les magistrats le
décrétèrent de prise de corps, comme un pasteur apostat qui avait fait
apostasier sa femme. Cela se passait en 1712, après le fameux procès de
Rousseau; et Rousseau était à Soleure précisément dans ce temps-là. Ce
fut alors que les accusations les plus flétrissantes éclatèrent contre
Saurin. On lui imputa d’anciens délits qui auraient mérité la corde;
on produisit ensuite contre lui une ancienne lettre, dans laquelle
il avait fait lui-même, disait-on, la confession de ses crimes à un
pasteur de ses amis. Enfin, pour comble d’indignité, on eut la bassesse
cruelle d’imprimer ces accusations et cette lettre dans plusieurs
journaux, dans le supplément de Bayle[308], dans celui de Moréri;
nouveau moyen malheureusement inventé pour flétrir un homme dans
l’Europe. C’est étrangement avilir la littérature que de faire d’un
dictionnaire un greffe criminel, et de souiller d’opprobres scandaleux
des ouvrages qui ne doivent être que le dépôt des sciences; ce n’était
pas, sans doute, l’intention des premiers auteurs de ces archives de
la littérature, qu’on a depuis infectées de tant d’additions aussi
erronées qu’odieuses. L’art d’écrire est devenu souvent un vil métier,
dans lequel des libraires qui ne savent pas lire paient des mensonges
et des futilités, à tant la feuille, à des écrivains mercenaires qui
ont fait de la littérature la plus lâche des professions. Il n’est
pas permis au moins de consigner dans un dictionnaire des accusations
criminelles, et de s’ériger en délateur sans avoir des preuves
juridiques. J’ai été à portée d’examiner ces accusations contre
Joseph Saurin; j’ai parlé au seigneur de la terre de Bercher, dans
laquelle Saurin avait été pasteur; je me suis adressé à toute la
famille du seigneur de cette terre: lui et tous ses parents m’ont dit
unanimement qu’ils n’avaient jamais vu l’original de la lettre imputée
à Saurin: ils m’ont tous marqué la plus vive indignation contre l’abus
scandaleux dont on a chargé les suppléments aux dictionnaires de Bayle
et de Moréri; et cette juste indignation qu’ils m’ont témoignée doit
passer dans le cœur de tous les honnêtes gens[309]. J’ai en main les
attestations de trois pasteurs, qui avouent «qu’ils n’ont jamais vu
l’original de cette prétendue lettre de Saurin, ni connu personne qui
l’eût vue, ni ouï dire qu’elle eût été adressée à aucun pasteur du pays
de Vaud, et qu’ils ne peuvent qu’improuver l’usage qu’on a fait de
cette pièce[310].»
Joseph Saurin mourut en 1737[311], en philosophe intrépide qui
connaissait le néant de toutes les choses de ce monde, et plein du plus
profond mépris pour tous ces vains préjugés, pour toutes ces disputes,
pour ces opinions erronées qui surchargent d’un nouveau poids les
malheurs innombrables de la vie humaine[312].
Joseph Saurin a laissé un fils d’un vrai mérite, auteur d’une tragédie
de _Spartacus_[313], dans laquelle il y a des traits comparables à ceux
de la plus grande force de Corneille.
SAUVEUR (Joseph), né à La Flèche en 1663. Il apprit sans maître les
éléments de la géométrie. Il est un des premiers qui aient calculé
les avantages et les désavantages des jeux de hasard. Il disait que
tout ce que peut un homme en mathématique, un autre le peut aussi.
Cela s’entend pour ceux qui se bornent à apprendre, mais non pour les
inventeurs. Il avait été muet jusqu’à l’âge de sept ans. Mort en 1716.
SAVARI (Jacques), né en 1622, le premier qui ait écrit sur le
commerce. Il avait été long-temps négociant. Le conseil le consulta
sur l’ordonnance de 1673, dans tout ce qui regarde le négoce, et il
en rédigea presque tous les articles. Le _Dictionnaire de commerce_,
qui est de lui[314] et de Philémon, son frère, chanoine de Saint-Maur,
fut une entreprise aussi utile que nouvelle; mais il faut regarder ces
livres à peu près comme les intérêts des princes, qui changent en moins
de cinquante ans. Les objets et les canaux du commerce, les gains,
les finesses, ne sont plus aujourd’hui ce qu’ils étaient du temps de
Savari. Mort en 1690.
SCARRON (Paul), fils d’un conseiller de la grand’chambre, né en 1610.
Ses comédies sont plus burlesques que comiques. Son _Virgile travesti_
n’est pardonnable qu’à un bouffon. Son _Roman comique_ est presque le
seul de ses ouvrages que les gens de goût aiment encore; mais ils ne
l’aiment que comme un ouvrage gai, amusant, et médiocre. C’est ce que
Boileau avait prédit. Louis XIV épousa sa veuve en 1685. Mort en 1660.
SCUDÉRI (Georges de), né au Havre-de-Grace en 1601. Favorisé du
cardinal de Richelieu, il balança quelque temps la réputation de
Corneille. Son nom est plus connu que ses ouvrages. Mort en 1667.
SCUDÉRI (Magdeleine), sœur de Georges, née au Havre en 1607, plus
connue aujourd’hui par quelques vers agréables qui restent d’elle, que
par les énormes romans de la _Clélie_ et du _Cyrus_. Louis XIV lui
donna une pension, et l’accueillit avec distinction. Ce fut elle qui
remporta le premier prix d’éloquence fondé par l’académie. Morte en
1701.
SEGRAIS (Jean Regnault de), né à Caen en 1625. Mademoiselle l’appelle
_une manière de bel esprit_: mais c’était en effet un très bel esprit
et un véritable homme de lettres. Il fut obligé de quitter le service
de cette princesse, pour s’être opposé à son mariage avec le comte de
Lauzun. Ses églogues et sa traduction de _Virgile_ furent estimées;
mais aujourd’hui on ne les lit plus. Il est remarquable qu’on a retenu
des vers de la _Pharsale_ de Brébeuf, et aucun de _l’Énéide_ de
Segrais. Cependant Boileau loue Segrais et dénigre Brébeuf. Mort en
1701.
SENAULT (Jean-François), né en 1601, général de l’Oratoire. Prédicateur
qui fut à l’égard du P. Bourdaloue ce que Rotrou est pour Corneille,
son prédécesseur et rarement son égal. Il est compté parmi les premiers
restaurateurs de l’éloquence, plutôt que dans le petit nombre des
hommes véritablement éloquents. Mort en 1672[315].
SÉNECÉ (Antoine Bauderon de), né en 1643, premier valet de chambre
de Marie-Thérèse; poëte d’une imagination singulière. Son conte du
_Kaïmac_, à quelques endroits près, est un ouvrage distingué. C’est un
exemple qui apprend qu’on peut très bien conter d’une autre manière que
La Fontaine. On peut observer que cette pièce, la meilleure qu’il ait
faite, est la seule qui ne se trouve pas dans son recueil. Il y a aussi
dans ses _Travaux d’Apollon_ des beautés singulières et neuves. Mort en
1737.
SÉVIGNÉ (Marie de Rabutin-Chantal, marquise de), femme du marquis de
Sévigné, née en 1626[316]. Ses lettres, remplies d’anecdotes, écrites
avec liberté, et d’un style qui peint et anime tout, sont la meilleure
critique des lettres étudiées où l’on cherche l’esprit, et encore
plus de ces lettres supposées dans lesquelles on veut imiter le style
épistolaire, en étalant de faux sentiments et de fausses aventures
à des correspondants imaginaires[317]. C’est dommage qu’elle manque
absolument de goût, qu’elle ne sache pas rendre justice à Racine,
qu’elle égale l’Oraison funèbre de Turenne, prononcée par Mascaron, au
grand chef-d’œuvre de Fléchier[318]. Morte en 1696.
SILVA (Jean-Baptiste), né à Bordeaux, très célèbre médecin à Paris, a
fait un livre estimé sur la saignée; il était fort au-dessus de son
livre. C’était un de ces médecins que Molière n’eût pu ni osé rendre
ridicules. Né en 1684. Mort vers l’an 1746[319].
SIMON (Richard), né en 1638, de l’Oratoire; excellent critique. Son
_Histoire de l’origine et du progrès des revenus ecclésiastiques_, son
_Histoire critique du vieux Testament_, etc. sont lues de tous les
savants. Mort à Dieppe, en 1712.
SIRMOND (Jacques), jésuite, né vers l’an 1559. L’un des plus savants
et des plus aimables hommes de son temps. On sait à peine qu’il fut
confesseur de Louis XIII, parcequ’il fit à peine parler de lui dans ce
poste délicat. Il fut préféré par le pape à tous les savants d’Italie
pour faire la Préface de la collection des conciles. Ses nombreux
ouvrages furent très estimés, et sont très peu lus. Mort en 1651.
SIRMOND (Jean), neveu du précédent. Historiographe de France, avec
le brevet de conseiller d’état, qui était d’ordinaire attaché à la
charge d’historiographe. L’un de ses principaux ouvrages est la Vie
du cardinal d’Amboise, qu’il ne composa que pour mettre ce ministre
au-dessous du cardinal de Richelieu, son protecteur. Il fut un des
premiers académiciens. Mort en 1649.
SORBIÈRE (Samuel), né en Dauphiné, en 1615. L’un de ceux qui ont porté
le titre d’historiographe de France. Ami du pape Clément IX, avant son
exaltation; ne recevant que de faibles marques de la générosité de
ce pontife, il lui écrivit: «Saint père, vous envoyez des manchettes
à celui qui n’a point de chemise.» Il effleura beaucoup de genres de
science. Mort en 1670.
SUZE (Henriette de Coligni[320], comtesse de La), célèbre dans son
temps par son esprit et par ses élégies. C’est elle qui se fit
catholique parceque son mari était huguenot, et qui s’en sépara, afin,
disait la reine Christine, de ne voir son mari dans ce monde-ci ni dans
l’autre. Née à Paris, en 1618. Morte dans la même ville, en 1673.
TALLEMANT (François), né à La Rochelle, en 1620: second traducteur[321]
de _Plutarque_. Mort en 1693.
TALLEMANT (Paul), né à Paris, en 1642. Quoiqu’il fût petit-fils du
riche Montauron[322], et fils d’un maître des requêtes qui avait eu
deux cent mille livres de rente de notre monnaie d’aujourd’hui, il se
trouva presque sans fortune. Colbert lui fit du bien comme aux autres
gens de lettres. Il a eu la principale part à l’Histoire du roi par
médailles. Mort en 1712.
TALON (Omer), avocat-général du parlement de Paris, a laissé des
Mémoires utiles, dignes d’un bon magistrat et d’un bon citoyen; mais
son éloquence n’est pas encore celle du bon temps. Mort en 1652.
TARTERON (Jérôme), jésuite. Il a traduit les satires d’Horace, de
Perse, et de Juvénal, et a supprimé les obscénités grossières dont
il est étrange que Juvénal, et surtout Horace, aient souillé leurs
ouvrages. Il a ménagé en cela la jeunesse, pour laquelle il croyait
travailler; mais sa traduction n’est pas assez littérale pour elle; le
sens est rendu, mais non pas la valeur des mots. Mort en 1720.
TERRASSON (l’abbé Jean), né en 1669[323], philosophe pendant sa vie
et à sa mort. Il y a de beaux morceaux dans son _Séthos_[324]. Sa
traduction de _Diodore_ est utile: son examen d’Homère passe pour être
sans goût. Mort en 1750.
THIERS (Jean-Baptiste), né à Chartres, en 1641[325]. On a de lui
beaucoup de dissertations. C’est lui qui écrivit contre l’inscription
du couvent des cordeliers de Reims: _A Dieu et à saint François, tous
deux crucifiés_. Mort en 1703.
THOMASSIN (Louis), de l’Oratoire, né en Provence, en 1619, homme d’une
érudition profonde. Il fit le premier des conférences sur les pères,
sur les conciles, et sur l’histoire. Il oublia sur la fin de sa vie
tout ce qu’il avait su, et ne se souvint plus d’avoir écrit. Mort en
1695.
THOYNARD (Nicolas), né à Orléans, en 1629. On prétend qu’il a eu grande
part au traité du cardinal Noris sur les _Époques syriennes_. Sa
_Concordance des quatre évangélistes_, en grec, passe pour un ouvrage
curieux. Il n’était que savant, mais il l’était profondément. Mort en
1706.
TORCI (Jean-Baptiste Colbert de). _Voyez_ COLBERT.
TOURNEFORD (Joseph Pitton de), né en Provence, en 1656, le plus grand
botaniste de son temps. Il fut envoyé par Louis XIV en Espagne, en
Angleterre, en Hollande, en Grèce, et en Asie, pour perfectionner
l’histoire naturelle. Il rapporta treize cent trente-six nouvelles
espèces de plantes, et il nous apprit à connaître les nôtres. Mort en
1708.
TOURREIL (Jacques de), né à Toulouse, en 1656, célèbre par sa
traduction de _Démosthène_. Mort en 1715[326].
TRISTAN (François), surnommé _l’Ermite_, gentilhomme de Gaston
d’Orléans, frère de Louis XIII. Le prodigieux et long succès qu’eut
sa tragédie de _Mariamne_ fut le fruit de l’ignorance où l’on était
alors. On n’avait pas mieux; et quand la réputation de cette pièce
fut établie, il fallut plus d’une tragédie de Corneille pour la faire
oublier. Il y a encore des nations chez qui des ouvrages très médiocres
passent pour des chefs-d’œuvre, parcequ’il ne s’est pas trouvé de génie
qui les ait surpassés. On ignore communément que Tristan ait mis en
vers l’office de la Vierge, et il n’est pas étrange qu’on l’ignore.
Mort en 1655. Voici son épitaphe, qu’il composa:
Je fis le chien couchant auprès d’un grand seigneur;
Je me vis toujours pauvre, et tâchai de paraître:
Je vécus dans la peine, espérant le bonheur,
Et mourus sur un coffre, en attendant mon maître.
TURENNE. Ce grand homme nous a laissé aussi des Mémoires qu’on trouve
dans sa vie écrite par Ramsay[327]. Nous avons beaucoup de Mémoires de
nos généraux; mais ils n’ont pas écrit comme Xénophon et César.
VAILLANT (Jean-Foy), né à Beauvais, en 1632. Le public lui doit la
science des médailles; et le roi, la moitié de son cabinet. Le ministre
Colbert le fit voyager en Italie, en Grèce, en Égypte, en Turquie, en
Perse. Des corsaires d’Alger le prirent en 1674, avec l’architecte
Desgodets. Le roi les racheta tous deux. Jamais savant n’essuya plus de
dangers. Mort en 1706.
VAILLANT (Jean-François-Foy), né à Rome, en 1665, pendant les voyages
de son père: antiquaire comme lui. Mort en 1708.
VALINCOURT (Jean-Baptiste-Henri du Trousset de), né en 1653. Une
épître[328] que Despréaux lui a adressée fait sa plus grande
réputation. On a de lui quelques petits ouvrages: il était bon
littérateur. Il fit une assez grande fortune, qu’il n’eût pas faite
s’il n’eût été qu’homme de lettres. Les lettres seules, dénuées de
cette sagacité laborieuse qui rend un homme utile, ne procurent presque
jamais qu’une vie malheureuse et méprisée. Un des meilleurs discours
qu’on ait jamais prononcés à l’académie, est celui dans lequel M. de
Valincourt tâche de guérir l’erreur de ce nombre prodigieux de jeunes
gens qui, prenant leur fureur d’écrire pour du talent, vont présenter
de mauvais vers à des princes, inondent le public de leurs brochures,
et qui accusent l’ingratitude du siècle, parcequ’ils sont inutiles au
monde et à eux-mêmes. Il les avertit que les professions qu’on croit
les plus basses sont fort supérieures à celle qu’ils ont embrassée.
Mort en 1730.
VALOIS (Adrien de), né à Paris, en 1607, historiographe de France. Ses
meilleurs ouvrages sont sa _Notice des Gaules_, et son Histoire de la
première race[329]. Mort en 1692.
VALOIS (Henri de), frère du précédent, né en 1603. Ses ouvrages sont
moins utiles à des Français que ceux de son frère. Mort en 1676.
VARIGNON (Pierre), né à Caen, en 1654: mathématicien célèbre. Mort en
1722.
VARILLAS (Antoine), né dans la Marche, en 1624, historien plus agréable
qu’exact. Mort en 1696.
VAVASSEUR (François), né dans le Charolais, en 1605, jésuite, grand
littérateur. Il fit voir le premier que les Grecs et les Romains n’ont
jamais connu le style burlesque, qui n’est qu’un reste de barbarie.
Mort en 1681.
VAUBAN (Sébastien Le Prestre, maréchal de), né en 1633. La
_Dîme royale_ qu’on lui a imputée n’est pas de lui, mais de
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