Œuvres de Voltaire Tome XIX: Siècle de Louis XIV.—Tome I - 07

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turpitudes ont pris leur source dans je ne sais quelle association
qu’on appelait _le régiment des fous et de la calotte_. Ce n’est pas
là assurément du bon goût. Les honnêtes gens ne voient qu’avec mépris
de tels ouvrages et leurs auteurs, qui ne peuvent être cités que pour
faire abhorrer leur exemple. Gacon n’écrivit presque que de mauvaises
satires en mauvais vers contre les auteurs les plus estimés de son
temps. Ceux qui n’en écrivent aujourd’hui qu’en mauvaise prose sont
encore plus méprisés que lui. On n’en parle ici que pour inspirer le
même mépris envers ceux qui pourraient l’imiter. Mort en 1725.
GALLAND (Antoine), né en Picardie, en 1646. Il apprit à Constantinople
les langues orientales, et traduisit une partie des _Contes arabes_,
qu’on connaît sous le titre de _Mille et une nuits_; il y mit beaucoup
du sien: c’est un des livres les plus connus en Europe; il est amusant
pour toutes les nations. Mort en 1715.
GALLOIS (L’abbé Jean), né à Paris, en 1632, savant universel, fut le
premier qui travailla au _Journal des savants_ avec le conseiller-clerc
Sallo, qui avait conçu l’idée de ce travail. Il enseigna depuis un peu
de latin au ministre d’état Colbert, qui, malgré ses occupations, crut
avoir assez de temps pour apprendre cette langue; il prenait surtout
ses leçons en carrosse dans ses voyages de Versailles à Paris. On
disait, avec vraisemblance, que c’était en vue d’être chancelier. On
peut observer que les deux hommes qui ont le plus protégé les lettres
ne savaient pas le latin, Louis XIV et M. Colbert. On prétend que
l’abbé Gallois disait: «M. Colbert veut quelquefois se familiariser
avec moi, mais je le repousse par le respect.» On attribue ce même mot
à Fontenelle à l’égard du régent: il est plus dans le caractère de
Fontenelle, et le régent avait dans le sien plus de familiarité que
Colbert. Mort en 1707.
GASSENDI (Pierre Gassend, plus connu sous le nom de), né en Provence,
en 1592, restaurateur d’une partie de la physique d’Épicure. Il sentit
la nécessité des atomes et du vide. Newton et d’autres ont démontré
depuis ce que Gassendi avait affirmé. Il eut moins de réputation que
Descartes, parcequ’il était plus raisonnable, et qu’il n’était pas
inventeur; mais on l’accusa, comme Descartes, d’athéisme. Quelques uns
crurent que celui qui admettait le vide, comme Épicure, niait un Dieu,
comme lui. C’est ainsi que raisonnent les calomniateurs. Gassendi en
Provence, où l’on n’était point jaloux de lui, était appelé le _saint
Prêtre_; à Paris, quelques envieux l’appelaient l’_athée_. Il est vrai
qu’il était sceptique, et que la philosophie lui avait appris à douter
de tout, mais non pas de l’existence d’un Être suprême[171]. Il avait
avancé long-temps avant Locke, dans une grande lettre à Descartes,
qu’on ne connaît point du tout l’ame, que Dieu peut accorder la pensée
à l’autre être inconnu qu’on nomme matière, et la lui conserver
éternellement. Mort en octobre 1655.
GÉDOIN (Nicolas), chanoine de la Sainte-Chapelle à Paris, auteur d’une
excellente traduction de Quintilien[172] et de Pausanias. Il était
entré chez les jésuites à l’âge de quinze ans, et en sortit dans un âge
mûr. Il était si passionné pour les bons auteurs de l’antiquité qu’il
aurait voulu qu’on eût pardonné à leur religion en faveur des beautés
de leurs ouvrages et de leur mythologie: il trouvait dans la fable une
philosophie naturelle, admirable, et des emblèmes frappants de toutes
les opérations de la Divinité. Il croyait que l’esprit de toutes les
nations s’était rétréci, et que la grande poésie et la grande éloquence
avaient disparu du monde avec la mythologie des Grecs. Le poëme de
Milton lui paraissait un poëme barbare et d’un fanatisme sombre et
dégoûtant, dans lequel le diable hurle sans cesse contre le Messie.
Il écrivit sur ce sujet quatre dissertations très curieuses: on croit
qu’elles seront bientôt imprimées[173]. Mort en 1744.
_N. B._ On a imprimé dans quelques dictionnaires que Ninon lui accorda
ses faveurs à quatre-vingts ans. En ce cas on aurait dû dire plutôt que
l’abbé Gédoin lui accorda les siennes; mais c’est un conte ridicule. Ce
fut à l’abbé de Châteauneuf que Ninon donna un rendez-vous pour le jour
auquel elle aurait soixante ans accomplis[174].
GENEST (Charles-Claude), né en 1635[175], aumônier de la duchesse
d’Orléans, philosophe et poëte. Sa tragédie de _Pénélope_ a encore du
succès sur le théâtre, et c’est la seule de ses pièces qui s’y soit
conservée. Elle est au rang de ces pièces écrites d’un style lâche et
prosaïque, que les situations font tolérer dans la représentation. Son
laborieux ouvrage _de la Philosophie de Descartes_, en rimes plutôt
qu’en vers, signala plus sa patience que son génie; et il n’eut guère
rien de commun avec Lucrèce que de versifier une philosophie erronée
presque en tout: il eut part aux bienfaits de Louis XIV. Mort en 1719.
GIRARD (l’abbé Gabriel), de l’académie. Son livre des _Synonymes_ est
très utile; il subsistera autant que la langue, et servira même à la
faire subsister. Mort fort vieux, en 1748.
GODEAU (Antoine), l’un de ceux qui servirent à l’établissement de
l’académie française, poëte, orateur, et historien. On sait que pour
faire un jeu de mots, le cardinal de Richelieu lui donna l’évêché de
Grasse pour le _Benedicite_ mis en vers. Son _Histoire ecclésiastique_
en prose fut plus estimée que son poëme sur les _Fastes de l’Église_.
Il se trompa en croyant égaler les Fastes d’Ovide: ni son sujet ni son
génie n’y pouvaient suffire. C’est une grande erreur de penser que les
sujets chrétiens puissent convenir à la poésie comme ceux du paganisme,
dont la mythologie aussi agréable que fausse animait toute la nature.
Mort en 1672.
GODEFROI (Théodore), fils de Denys Godefroi, Parisien; homme savant, né
à Genève, en 1580, historiographe de France sous Louis XIII et Louis
XIV. Il s’appliqua surtout aux titres et au cérémonial. Mort en 1648.
_N. B._ Son père, Denys, a rendu un service important à l’Europe par
son travail immense sur le _Corpus juris civilis_.
GODEFROI (Denys), son fils, né à Paris, en 1615, historiographe de
France, comme son père: mort en 1681. Toute cette famille a été
illustre dans la littérature.
GOMBAULD (Jean Ogier de), quoique né sous Charles IX[176], vécut
long-temps sous Louis XIV. Il y a de lui quelques bonnes épigrammes,
dont même on a retenu des vers. Mort en 1666.
GOMBERVILLE (Marin Le Roi de), né à Paris, en 1600, l’un des premiers
académiciens. Il écrivit de grands romans avant le temps du bon goût,
et sa réputation mourut avec lui. Mort en 1674.
GONDI (Jean-François-Paul de), cardinal de Retz[177], né en 1613, qui
vécut en Catilina dans sa jeunesse, et en Atticus dans sa vieillesse.
Plusieurs endroits de ses Mémoires sont dignes de Salluste; mais tout
n’est pas égal. Mort en 1679.
GOURVILLE, valet de chambre du duc de La Rochefoucauld, devenu son
ami et même celui du grand Condé; dans le même temps pendu à Paris en
effigie, et envoyé du roi en Allemagne; ensuite proposé pour succéder
au grand Colbert dans le ministère. Nous avons de lui des Mémoires de
sa vie, écrits avec naïveté, dans lesquels il parle de sa naissance
et de sa fortune avec indifférence. Il y a des anecdotes vraies et
curieuses. Né en 1625, mort en 1703.
GRÉCOURT, chanoine de Tours. Son poëme de _Philotanus_ eut un succès
prodigieux. Le mérite de ces sortes d’ouvrages n’est d’ordinaire que
dans le choix du sujet, et dans la malignité humaine. Ce n’est pas
qu’il n’y ait quelques vers bien faits dans ce poëme. Le commencement
en est très heureux; mais la suite n’y répond pas. Le diable n’y parle
pas aussi plaisamment qu’il est amené. Le style est bas, uniforme,
sans dialogue, sans graces, sans finesse, sans pureté de style, sans
imagination dans l’expression; et ce n’est enfin qu’une histoire
satirique de la bulle _Unigenitus_ en vers burlesques, parmi lesquels
il s’en trouve de très plaisants. Mort en 1743.
GUERET (Gabriel), né à Paris en 1641, connu dans son temps par son
_Parnasse réformé_, et par la _Guerre des auteurs_. Il avait du goût;
mais son discours, _Si l’empire de l’éloquence est plus grand que celui
de l’amour_, ne prouverait pas qu’il en eût. Il a fait le _Journal
du palais_, conjointement avec Blondeau: ce journal du palais est
un recueil des arrêts des parlements de France, jugements souvent
différents dans des causes semblables. Rien ne fait mieux voir combien
la jurisprudence a besoin d’être réformée, que cette nécessité où l’on
est de recueillir des arrêts. Mort en 1688.
HAMILTON (Antoine, comte d’), né à Caen[178]. On a de lui quelques
jolies poésies, et il est le premier qui ait fait des romans dans un
goût plaisant, qui n’est pas le burlesque de Scarron. Ses _Mémoires
du comte de Grammont_, son beau-frère, sont de tous les livres celui
où le fond le plus mince est paré du style le plus gai, le plus vif,
et le plus agréable. C’est le modèle d’une conversation enjouée, plus
que le modèle d’un livre. Son héros n’a guère d’autres rôles dans
ses mémoires que celui de friponner ses amis au jeu, d’être volé par
son valet de chambre, et de dire quelques prétendus bons mots sur les
aventures des autres.
HARDOUIN (Jean), jésuite, né à Quimper en 1646, profond dans l’histoire
et chimérique dans les sentiments. _Il faut s’enquérir_, dit Montaigne,
_non quel est le plus savant, mais le mieux savant_. Hardouin poussa la
bizarrerie jusqu’à prétendre que l’_Énéide_ et les Odes d’Horace ont
été composées par des moines du treizième siècle: il veut qu’Énée soit
Jésus-Christ, et Lalagé, la maîtresse d’Horace, la religion chrétienne.
Le même discernement qui fesait voir au père Hardouin le Messie dans
Énée, lui découvrait des athées dans les pères Thomassin, Quesnel,
Malebranche, dans Arnauld, dans Nicole, et Pascal[179]. Sa folie ôta à
sa calomnie toute son atrocité; mais tous ceux qui renouvellent cette
accusation d’athéisme contre des sages ne sont pas toujours reconnus
pour fous, et sont souvent très dangereux. On a vu des hommes abuser de
leur ministère, en employant ces armes contre lesquelles il n’y a point
de bouclier, pour perdre, sans ressource, des personnes respectables
auprès des princes trop peu instruits. Mort en 1729.
HECQUET (Philippe), médecin[180], mit au jour, en 1722, le système
raisonné de la _Trituration_, idée ingénieuse qui n’explique pas la
manière dont se fait la digestion. Les autres médecins y ont joint le
suc gastrique, et la chaleur des viscères; mais nul n’a pu découvrir le
secret de la nature, qui se cache dans toutes ses opérations.
HELVÉTIUS (Jean-Claude-Adrien), fameux médecin, qui a très bien écrit
sur l’économie animale et sur la fièvre. Mort en 1755. Il était père
d’un vrai philosophe qui renonça à la place de fermier-général pour
cultiver les lettres, et qui a eu le sort de plusieurs philosophes;
persécuté pour un livre et pour sa vertu[181].
HÉNAULT (Charles-Jean-François), président aux enquêtes du parlement,
surintendant de la maison de la reine, de l’académie française, né à
Paris le 8 février 1685. Nous avons déjà parlé de son livre utile de
l’Abrégé de l’Histoire de la France. Les recherches pénibles qu’une
telle étude doit avoir coûtées ne l’ont pas empêché de sacrifier aux
graces, et il a été du très petit nombre de savants qui ont joint
aux travaux utiles les agréments de la société qui ne s’acquièrent
point. Il a été dans l’histoire ce que Fontenelle a été dans la
philosophie. Il l’a rendue familière; aussi lui avons-nous rendu, comme
à Fontenelle, justice de son vivant[182]. Mort en 1770.
HESNAULT (Jean), connu par le sonnet de _l’Avorton_, par d’autres
pièces, et qui aurait une très grande réputation si les trois premiers
chants de sa traduction de _Lucrèce_, qui furent perdus, avaient paru
et avaient été écrits comme ce qui nous est resté du commencement de
cet ouvrage. Mort en 1682. Au reste, la postérité ne le confondra
pas avec un homme du même nom, et d’un mérite supérieur, à qui nous
devons la plus courte et la meilleure histoire de France, et peut-être
la seule manière dont il faudra désormais écrire toutes les grandes
histoires; car la multiplicité des faits et des écrits devient
si grande qu’il faudra bientôt tout réduire aux extraits et aux
dictionnaires: mais il sera difficile d’imiter l’auteur de l’_Abrégé
chronologique_, d’approfondir tant de choses, en paraissant les
effleurer.
HERBELOT (Barthélemi d’), né à Paris en 1625, le premier parmi les
Français qui connut bien les langues et les histoires orientales: peu
célèbre d’abord dans sa patrie; reçu par le grand-duc de Toscane,
Ferdinand II, avec une distinction qui apprit à la France à connaître
son mérite; rappelé ensuite et encouragé par Colbert qui encourageait
tout. Sa _Bibliothèque orientale_ est aussi curieuse que profonde. Mort
en 1695.
HERMANT (Godefroi), né à Beauvais en 1616. Il n’a fait que des ouvrages
polémiques qui s’anéantissent avec la dispute. Mort en 1690.
HERMANT (Jean), né à Caen en 1650, auteur de l’_Histoire des conciles,
des ordres religieux, des hérésies_. Cette _Histoire des hérésies_ ne
vaut pas celle de M. Pluquet[183]. Mort en 1725.
HUET (Pierre-Daniel), né à Caen en 1630, savant universel, et qui
conserva la même ardeur pour l’étude jusqu’à l’âge de quatre-vingt-onze
ans. Appelé auprès de la reine Christine, à Stockholm, il fut ensuite
un des hommes illustres qui contribuèrent à l’éducation du dauphin.
Jamais prince n’eut de pareils maîtres. Huet se fit prêtre à quarante
ans; il eut l’évêché d’Avranches, qu’il abdiqua ensuite pour se livrer
tout entier à l’étude dans la retraite. De tous ses livres, _le
Commerce et la Navigation des anciens_, et _l’Origine des Romans_,
sont le plus d’usage. Son _Traité sur la Faiblesse de l’esprit humain_
a fait beaucoup de bruit, et a paru démentir sa _Démonstration
évangélique_. Mort en 1721.
JACQUELOT (Isaac), né en Champagne en 1647, calviniste, pasteur à La
Haye, et ensuite à Berlin. Il a fait quelques ouvrages sur la religion.
Mort en 1708.
JOLI (Gui), conseiller au châtelet, secrétaire du cardinal de Retz, a
laissé des Mémoires qui sont à ceux du cardinal ce qu’est le domestique
au maître; mais il y a des particularités curieuses.
JOUVENCI (Joseph), jésuite, né à Paris en 1643. C’est encore un homme
qui a eu le mérite obscur d’écrire en latin aussi bien qu’on le puisse
de nos jours. Son livre _De ratione discendi et docendi_ est un des
meilleurs qu’on ait en ce genre, et des moins connus depuis Quintilien.
Il publia en 1710, à Rome, une partie de l’histoire de son ordre. Il
l’écrivit en jésuite, et en homme qui était à Rome[184]. Le parlement
de Paris, qui pense tout différemment de Rome et des jésuites, condamna
ce livre, dans lequel on justifiait le P. Guignard, condamné à être
pendu par ce même parlement, pour l’assassinat commis sur la personne
de Henri IV par l’écolier Châtel. Il est vrai que Guignard n’était
nullement complice, et qu’on le jugea à la rigueur: mais il n’est
pas moins vrai que cette rigueur était nécessaire dans ces temps
malheureux, où une partie de l’Europe, aveuglée par le plus horrible
fanatisme, regardait comme un acte de religion de poignarder le
meilleur des rois et le meilleur des hommes. Mort en 1719.
LABADIE, voyez ABADIE.
LABBE (Philippe), né à Bourges en 1607, jésuite. Il a rendu de grands
services à l’histoire. On a de lui soixante et seize ouvrages. Mort en
1667.
LA BRUYÈRE (Jean de), né à Dourdan en 1644. Il est certain qu’il
peignit dans ses _Caractères_ des personnes connues et considérables.
Son livre a fait beaucoup de mauvais imitateurs. Ce qu’il dit à la fin
contre les athées est estimé; mais quand il se mêle de théologie, il
est au-dessous même des théologiens. Mort en 1696.
LA CHAMBRE (Marin Cureau de), né au Mans en 1594. L’un des premiers
membres de l’académie française, et ensuite de celle des sciences: mort
en 1669. Lui, et son fils, curé de Saint-Barthélemi, et académicien,
ont eu de la réputation.
LA CHAPELLE (Jean de), receveur général des finances, auteur de
quelques tragédies qui eurent du succès en leur temps. Il était un de
ceux qui tâchaient d’imiter Racine; car Racine forma, sans le vouloir,
une école comme les grands peintres. Ce fut un Raphaël qui ne fit point
de Jules Romain: mais au moins ses premiers disciples écrivirent avec
quelque pureté de langage; et, dans la décadence qui a suivi, on a
vu de nos jours des tragédies entières où il n’y a pas douze vers de
suite dans lesquels il n’y ait des fautes grossières. Voilà d’où l’on
est tombé, et à quels excès on est parvenu après avoir eu de si grands
modèles. Mort en 1723.
LA CHAUSSÉE, voyez NIVELLE.
LA CROZE (Mathurin Veissière de), né à Nantes en 1661, bénédictin à
Paris. Sa liberté de penser, et un prieur contraire à cette liberté,
lui firent quitter son ordre et sa religion. C’était une bibliothèque
vivante, et sa mémoire était un prodige. Outre les choses utiles et
agréables qu’il savait, il en avait étudié d’autres qu’on ne peut
savoir, comme l’ancienne langue égyptienne. Il y a de lui un ouvrage
estimé, c’est _le Christianisme des Indes_. Ce qu’on y trouve de plus
curieux, c’est que les bramins croient l’unité d’un Dieu, en laissant
les idoles aux peuples. La fureur d’écrire est telle, qu’on a écrit la
vie de cet homme en un volume aussi gros que la _Vie d’Alexandre_. Ce
petit extrait, encore trop long, aurait suffi[185]. Mort à Berlin en
1739.
LA FARE (Charles-Auguste, marquis de), connu par ses Mémoires et par
quelques vers agréables. Son talent pour la poésie ne se développa qu’à
l’âge de près de soixante ans. Ce fut madame de Caylus[186], l’une des
plus aimables personnes de ce siècle par sa beauté et par son esprit,
pour laquelle il fit ses premiers vers, et peut-être les plus délicats
qu’on ait de lui:
M’abandonnant un jour à la tristesse,
Sans espérance et même sans désirs,
Je regrettais les sensibles plaisirs
Dont la douceur enchanta ma jeunesse.
Sont-ils perdus, disais-je, sans retour?
Et n’es-tu pas cruel, Amour!
Toi que je fis, dès mon enfance,
Le maître de mes plus beaux jours,
D’en laisser terminer le cours
A l’ennuyeuse indifférence?
Alors j’aperçus dans les airs
L’enfant maître de l’univers,
Qui, plein d’une joie inhumaine,
Me dit en souriant: Tircis, ne te plains plus,
Je vais mettre fin à ta peine,
Je te promets un regard de Caylus.
Né en 1644, mort le 22 mai 1712.
LA FAYETTE (Marie-Magdeleine Pioche de La Vergne, comtesse de). Sa
_Princesse de Clèves_ et sa _Zaïde_ furent les premiers romans où l’on
vit les mœurs des honnêtes gens, et des aventures naturelles décrites
avec grace. Avant elle on écrivait d’un style ampoulé des choses peu
vraisemblables. Morte en 1693.
LA FONTAINE (Jean), né à Château-Thierri en 1621; le plus simple des
hommes, mais admirable dans son genre, quoique négligé et inégal. Il
fut le seul des grands hommes de son temps qui n’eut point de part
aux bienfaits de Louis XIV. Il y avait droit par son mérite et par sa
pauvreté. Dans la plupart de ses fables, il est infiniment au-dessus
de tous ceux qui ont écrit avant et après lui, en quelque langue que
ce puisse être. Dans les contes qu’il a imités de l’Arioste, il n’a
pas son élégance et sa pureté; il n’est pas, à beaucoup près, si grand
peintre, et c’est ce que Boileau n’a pas aperçu dans sa Dissertation
sur _Joconde_, parceque Despréaux ne savait presque pas l’italien:
mais dans les contes puisés chez Boccace, La Fontaine lui est bien
supérieur, parcequ’il a beaucoup plus d’esprit, de graces, de finesse.
Boccace n’a d’autre mérite que la naïveté, la clarté et l’exactitude
dans le langage. Il a fixé sa langue, et La Fontaine a souvent corrompu
la sienne. Mort en 1695.
Il faut que les jeunes gens, et surtout ceux qui dirigent leurs
lectures, prennent bien garde à ne pas confondre avec son beau naturel,
le familier, le bas, le négligé, le trivial; défauts dans lesquels il
tombe trop souvent. Il commence par dire au Dauphin dans son prologue:
Et si de t’agréer je n’emporte le prix,
J’aurai du moins l’honneur de l’avoir entrepris.
On sent assez qu’il n’y aurait nul honneur à ne pas emporter le prix
d’agréer. La pensée est aussi fausse que l’expression est mauvaise.
Vous chantiez! j’en suis fort aise;
Hé bien! dansez maintenant.
Livre Iᵉʳ, fable 1ʳᵉ.
Comment une fourmi peut-elle dire ce proverbe du peuple à une cigale?
Sp j’apprenais l’hébreu, les sciences, l’histoire!
Tout cela c’est la mer à boire.
Livre VIII, 25.
Il faut avouer que Phèdre écrit avec une pureté qui n’a rien de cette
bassesse.
Le gibier du lion, ce ne sont pas moineaux,
Mais beaux et bons sangliers, daims et cerfs bons et beaux.
Livre II, 19.
Un jour, sur ses longs pieds, allait, je ne sais où,
Le héron au long bec emmanché d’un long cou;
Livre VII, 4.
Et le renard qui a _cent tours dans son sac_; et le chat qui _n’en a
qu’un dans son bissac_[187].
Distinguons bien ces négligences, ces puérilités, qui sont en très
grand nombre, des traits admirables de ce charmant auteur, qui sont en
plus grand nombre encore.
Quel est donc le pouvoir naturel des vers naturels, puisque, par ce
seul charme, La Fontaine, avec de grandes négligences, a une réputation
si universelle et si méritée, sans avoir jamais rien inventé! mais
aussi quel mérite dans les anciens Asiatiques, inventeurs de ces fables
connues dans toute la terre habitable!
LA FOSSE (Antoine de), né en 1653. _Manlius_ est sa meilleure pièce de
théâtre. Mort en 1708.
LA HIRE (Philippe de), né à Paris, en 1640, fils d’un bon peintre. Il
a été un savant mathématicien, et a beaucoup contribué à la fameuse
Méridienne de France. Mort en 1718.
LAINÉ ou LAINEZ (Alexandre), né dans le Hainaut, en 1650, poëte
singulier, dont on a recueilli un petit nombre de vers heureux. Un
homme[188] qui s’est donné la peine de faire élever à grands frais un
_Parnasse_ en bronze, couvert de figures en relief de tous les poëtes
et musiciens dont il s’est avisé, a mis ce Lainez au rang des plus
illustres. Les seuls vers délicats qu’on ait de lui sont ceux qu’il fit
pour madame Martel:
Le tendre Apelle un jour, dans ces jeux si vantés
Qu’Athènes sur ses bords consacrait à Neptune,
Vit au sortir de l’onde éclater cent beautés;
Et, prenant un trait de chacune,
Il fit de sa Vénus le portrait immortel.
Hélas! s’il avait vu l’adorable Martel,
Il n’en aurait employé qu’une.
On ne sait pas que ces vers sont une traduction un peu longue de ce
beau morceau de l’Arioste:
«Non avea da torre altra, che costei,
Che tutte le bellezze erano in lei.»
C. XI, Ott. LXXI.
Mort en 1710.
LAINET ou LENET (Pierre), conseiller d’état, natif de Dijon, attaché
au grand Condé, a laissé des Mémoires sur la guerre civile. Tous les
Mémoires de ce temps sont éclaircis et justifiés les uns par les
autres. Ils mettent la vérité de l’histoire dans le plus grand jour.
Ceux de Lenet[189] ont une anecdote très remarquable. Une dame de
qualité, de Franche-Comté, se trouvant à Paris, grosse de huit mois,
en 1664, son mari, absent depuis un an, arrive: elle craint qu’il ne
la tue; elle s’adresse à Lenet, sans le connaître. Celui-ci consulte
l’ambassadeur d’Espagne; tous deux imaginent de faire enfermer le mari,
par lettre de cachet, à la Bastille, jusqu’à ce que la femme soit
relevée de couche. Ils s’adressent à la reine. Le roi, en riant, fait
et signe la lettre de cachet lui-même; il sauve la vie de la femme
et de l’enfant; ensuite il demande pardon au mari, et lui fait un
présent[190].
LA LOUBÈRE (Simon de), né à Toulouse en 1642, et envoyé à Siam en 1687.
On a de lui des Mémoires de ce pays, meilleurs que ses sonnets et ses
odes. Mort en 1729.
Il y a un jésuite du même pays et du même nom[191], savant
mathématicien, mais qui n’est plus connu que pour avoir voulu partager
avec Pascal la gloire d’avoir résolu les problèmes sur la cicloïde.
LA MARE (Nicolas de), né à Paris, en 1641[192], commissaire au
châtelet. Il a fait un ouvrage qui était de son ressort, l’_Histoire
de la police_. Il n’est bon que pour les Parisiens, et meilleur à
consulter qu’à lire. Il eut pour récompense une part sur le produit de
la Comédie, dont il ne jouit jamais; il aurait autant valu assigner aux
comédiens une pension sur les gages du guet.
LAMBERT (Anne-Thérèse de Marguenat de Courcelles, marquise de), née
en 1647, dame de beaucoup d’esprit, a laissé quelques écrits d’une
morale utile et d’un style agréable. Son traité _De l’Amitié_ fait voir
qu’elle méritait d’avoir des amis. Le nombre des dames qui ont illustré
ce beau siècle est une des grandes preuves des progrès de l’esprit
humain:
«Le donne son venute in eccellenza
Di ciascun’arte ove hanno posto cura.»
_Orl. fur._, c. XX, ott. II.
Morte à Paris, en 1733.
LAMI (Bernard), né au Mans, en 1645, de l’Oratoire, savant dans plus
d’un genre. Il composa ses _Éléments de Mathématiques_ dans un voyage
qu’il fit à pied de Grenoble à Paris. Mort en 1715.
LA MONNOYE (Bernard de), né à Dijon, en 1641, excellent littérateur. Il
fut le premier qui remporta le prix de poésie à l’académie française;
et même son poëme du _Duel aboli_, qui remporta ce prix, est à peu
de chose près un des meilleurs ouvrages de poésie qu’on ait faits en
France. Mort en 1728. Je ne sais pourquoi le docteur de Sorbonne
Ladvocat, dans son Dictionnaire, dit que les _Noëls_ de La Monnoye,
en patois bourguignon, sont ce qu’il a fait de mieux: est-ce parceque
la Sorbonne, qui ne sait pas le patois bourguignon, a fait un décret
contre ce livre sans l’entendre?
LA MOTHE LE VAYER (François de), né à Paris[193], en 1588. Précepteur
de Monsieur, frère de Louis XIV, et qui enseigna le roi un an;
historiographe de France, conseiller d’état, grand pyrrhonien, et
connu pour tel. Son pyrrhonisme n’empêcha pas qu’on ne lui confiât une
éducation si précieuse. On trouve beaucoup de science et de raison dans
ses ouvrages trop diffus. Il combattit le premier avec succès cette
opinion qui nous sied si mal, que notre morale vaut mieux que celle de
l’antiquité.
Son traité de _la Vertu des païens_ est estimé des sages. Sa devise
était,
«De las cosas más seguras
«La más segura es dudar.»
comme celle de Montaigne était, _Que sais-je?_ Mort en 1672.
LA MOTTE-HOUDAR[194] (Antoine de), né à Paris, en 1672, célèbre par sa
tragédie d’_Inès de Castro_, l’une des plus intéressantes qui soient
restées au théâtre, par de très jolis opéra, et surtout par quelques
odes qui lui firent d’abord une grande réputation; il y a presque
autant de choses que de vers; il est philosophe et poëte. Sa prose est
encore très estimée. Il fit les Discours du marquis de Mimeure et du
cardinal Dubois, lorsqu’ils furent reçus à l’académie française; le
Manifeste de la guerre de 1718; le Discours que prononça le cardinal de
Tencin au petit concile d’Embrun. Ce fait est mémorable: un archevêque
condamne un évêque[195]; et c’est un auteur d’opéra et de comédies qui
fait le sermon de l’archevêque. Il avait beaucoup d’amis, c’est-à-dire
qu’il y avait beaucoup de gens qui se plaisaient dans sa société.
Je l’ai vu mourir, sans qu’il eût personne auprès de son lit, en
1731[196]. L’abbé Trublet dit qu’il y avait du monde; apparemment il y
vint à d’autres heures que moi[197]. [198] L’intérêt seul de la vérité
oblige à passer ici les bornes ordinaires de ces articles.
Cet homme de mœurs si douces, et de qui jamais personne n’eut à se
plaindre, a été accusé après sa mort, presque juridiquement, d’un crime
énorme, d’avoir composé les horribles couplets qui perdirent Rousseau
en 1710, et d’avoir conduit plusieurs années toute la manœuvre qui
fit condamner un innocent. Cette accusation a d’autant plus de poids
qu’elle est faite par un homme très instruit de cette affaire, et faite
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