Œuvres de Voltaire Tome XIX: Siècle de Louis XIV.—Tome I - 04

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de France et de conseiller d’état, qu’il appelait de magnifiques
bagatelles. La langue française lui a une très grande obligation. Il
donna le premier du nombre et de l’harmonie à la prose. Il eut de son
vivant tant de réputation, qu’un nommé Goulu, général des feuillants,
écrivit contre lui deux volumes d’injures. Mort en 1654[74].
BARATIER, le plus singulier peut-être de tous les enfants célèbres.
Il doit être compté parmi les Français, quoique né en Allemagne[75].
Son père était un prédicant réfugié. Il sut le grec à six ans, et
l’hébreu à neuf. C’est à lui que nous devons la traduction des voyages
du Juif _Benjamin de Tudèle_ avec des dissertations curieuses. Le
jeune Baratier était déjà savant en histoire, en philosophie, en
mathématique. Il étonna tous ceux qui le connurent pendant sa vie, et
en fut regretté à sa mort; il n’avait que dix-neuf ans lorsqu’il fut
ravi au monde; il est vrai que son père travailla beaucoup aux ouvrages
de cet enfant.
BARBEYRAC (Jean), né à Béziers, en 1674; calviniste, professeur
en droit et en histoire à Lausanne, traducteur et commentateur de
_Puffendorf_ et de _Grotius_. Il semble que ces _Traités du droit
des gens, de la guerre, et de la paix_, qui n’ont jamais servi ni à
aucun traité de paix, ni à aucune déclaration de guerre, ni à assurer
le droit d’aucun homme, soient une consolation pour les peuples des
maux qu’ont faits la politique et la force. Ils donnent l’idée de la
justice, comme on a les portraits des personnes célèbres qu’on ne peut
voir. Sa préface de _Puffendorf_ mérite d’être lue: il y prouve que la
morale des Pères est fort inférieure à celle des philosophes modernes.
Mort en 1729.
BARBIER D’AUCOUR (Jean), connu chez les jésuites sous le nom de
l’_Avocat Sacrus_, et dans le monde par sa _Critique des entretiens
du P. Bouhours_, et par l’excellent plaidoyer pour un homme innocent
appliqué à la question et mort dans ce supplice; il fut long-temps
protégé par Colbert, qui le fit contrôleur des bâtiments du roi; mais
ayant perdu son protecteur, il mourut dans la misère, en 1694.
BARBIER (Mademoiselle) a fait quelques tragédies[76].
BARON (Michel). On ne croit pas que les pièces qu’il donna sous son nom
soient de lui[77]. Son mérite plus reconnu était dans la perfection de
l’art du comédien, perfection très rare, et qui n’appartint qu’à lui.
Cet art demande tous les dons de la nature, une grande intelligence,
un travail assidu, une mémoire imperturbable, et surtout cet art si
rare de se transformer en la personne qu’on représente. Voilà pourtant
ce qu’on s’obstine à mépriser. Les prédicateurs venaient souvent à la
comédie dans une loge grillée étudier Baron, et de là ils allaient
déclamer contre la comédie. C’est la coutume que les confesseurs
exigent des comédiens mourants qu’ils renoncent à leur profession.
Baron avait quitté le théâtre en 1691, par dégoût. Il y avait remonté
en 1720, à l’âge de 68 ans: et il y fut encore admiré, jusqu’en l’année
1729. Il était alors âgé de près de soixante et dix-huit ans: il se
retira encore et mourut la même année, en protestant qu’il n’avait
jamais eu le moindre scrupule d’avoir déclamé devant le public les
chefs-d’œuvre de génie et de morale des grands auteurs de la nation; et
que rien n’est plus impertinent que d’attacher de la honte à réciter ce
qu’il est glorieux de composer.
BASNAGE (Jacques), né à Rouen en 1653. Calviniste, pasteur à La Haye,
plus propre à être ministre d’état que d’une paroisse. De tous ses
livres, son _Histoire des Juifs_, celles _des Provinces-Unies_ et
_de l’Église_, sont les plus estimés. Les livres sur les affaires du
temps meurent avec les affaires; les ouvrages d’une utilité générale
subsistent. Mort en 1723.
BASNAGE DE BEAUVAL (Henri), de Rouen, frère du précédent, avocat en
Hollande, mais encore plus philosophe, qui a écrit _De la tolérance des
Religions_. Il était laborieux, et nous avons de lui le _Dictionnaire
de Furetière_ augmenté. Mort en 1710.
BASSOMPIERRE (François, maréchal de). Quoique ses _Mémoires_[78]
appartiennent au siècle précédent, on peut le compter dans cette liste,
étant mort en 1646.
_Baudrand_ (Michel-Antoine), né à Paris en 1633, géographe, moins
estimé que Sanson. Mort en 1700.
_Bayle_[79] (Pierre), né au Carlat dans le comté de Foix, en 1647,
retiré en Hollande plutôt comme philosophe que comme calviniste,
persécuté pendant sa vie par Jurieu, et après sa mort par les ennemis
de la philosophie. Ce savant, que Louis Racine appelle un _homme
affreux_[80], donnait aux pauvres son superflu: et quand Jurieu lui eut
fait retrancher sa pension, il refusa une augmentation de l’honoraire
que lui donnait Reiniers Leers, son imprimeur. S’il avait prévu
combien son Dictionnaire serait recherché, il l’aurait rendu encore
plus utile, en retranchant les noms obscurs, et en y ajoutant plus de
noms illustres. C’est par son excellente manière de raisonner qu’il
est surtout recommandable, non par sa manière d’écrire, trop souvent
diffuse, lâche, incorrecte, et d’une familiarité qui tombe quelquefois
dans la bassesse. Dialecticien admirable, plus que profond philosophe,
il ne savait presque rien en physique. Il ignorait les découvertes du
grand Newton. Presque tous ses articles philosophiques supposent ou
combattent un cartésianisme qui ne subsiste plus. Il ne connaissait
d’autre définition de la matière que l’étendue: ses autres propriétés
reconnues ou soupçonnées ont fait naître enfin la vraie philosophie.
On a eu des démonstrations nouvelles, et des doutes nouveaux: de sorte
qu’en plus d’un endroit le sceptique Bayle n’est pas encore assez
sceptique. Il a vécu et il est mort en sage. Des-Maizeaux a écrit sa
vie en un gros volume[81]; elle ne devait pas contenir six pages: la
vie d’un écrivain sédentaire est dans ses écrits. Mort en 1706.
Il ne faut jamais oublier la persécution que le fanatique Jurieu
suscita dans un pays libre à ce philosophe. Il arma contre lui
le consistoire calviniste sous plusieurs prétextes, et surtout à
l’occasion du fameux article de David. Bayle avait fortement relevé
les excès, les trahisons, et les barbaries, que ce prince juif avait
commises dans les temps où la grâce de Dieu l’abandonnait. Il n’eût
pas été indécent à ce consistoire d’engager Bayle à célébrer ce
prince juif qui fit une si belle pénitence, et qui obtint de Dieu que
soixante et dix mille de ses sujets mourussent de la peste, pour expier
le crime de leur roi qui avait osé faire le dénombrement du peuple.
Mais ce qui doit être soigneusement observé, c’est que ces pasteurs,
dans leur censure, le reprennent d’avoir quelquefois donné des éloges
à des papes gens de bien, et lui enjoignent de ne jamais justifier
aucun pape, parceque, disent-ils expressément, ils ne sont pas de leur
Église. Ce trait est un de ceux qui caractérisent le mieux l’esprit de
parti. Au reste, on a voulu continuer son Dictionnaire; mais on n’a
pu l’imiter[82]. Les continuateurs ont cru qu’il ne s’agissait que de
compiler. Il fallait avoir le génie et la dialectique de Bayle pour
oser travailler dans le même genre.
BEAUMONT DE PÉRÉFIXE (Hardouin), précepteur de Louis XIV, archevêque de
Paris. Son _Histoire de Henri IV_, qui n’est qu’un abrégé, fait aimer
ce grand prince, et est propre à former un bon roi. Il la composa
pour son élève. On crut que Mézerai y avait eu part; en effet, il
s’y trouve beaucoup de ses manières de parler; mais Mézerai n’avait
pas ce style touchant et digne, en plusieurs endroits, du prince
dont Péréfixe écrivait la vie, et de celui à qui il l’adressait. Les
excellents conseils qui s’y trouvent pour gouverner par soi-même ne
furent insérés que dans la seconde édition, après la mort du cardinal
Mazarin. On apprend d’ailleurs à connaître Henri IV beaucoup plus dans
cette histoire que dans celle de Daniel, écrite un peu sèchement, et
où il est trop parlé du P. Coton, et trop peu des grandes qualités de
Henri IV, et des particularités de la vie de ce bon roi. Péréfixe émeut
tout cœur né sensible, et fait adorer la mémoire de ce prince, dont les
faiblesses n’étaient que celles d’un homme aimable, et dont les vertus
étaient celles d’un grand homme. Mort en 1670.
BEAUSOBRE (Isaac de), né à Niort, en 1659, d’une maison distinguée
dans la profession des armes, l’un de ceux qui ont fait honneur à
leur patrie qu’ils ont été forcés d’abandonner. Son _Histoire du
manichéisme_ est un des livres les plus profonds, les plus curieux, et
les mieux faits. On y développe cette religion philosophique de Manès,
qui était la suite des dogmes de l’ancien Zoroastre et de l’ancien
Hermès; religion qui séduisit long-temps saint Augustin. Cette histoire
est enrichie de connaissances de l’antiquité; mais enfin ce n’est
(comme tant d’autres livres moins bons) qu’un recueil des erreurs
humaines. Mort à Berlin, en 1738.
BENSERADE (Isaac de), né en Normandie, en 1612. Sa petite maison
de Gentilli, où il se retira sur la fin de sa vie, était remplie
d’inscriptions en vers, qui valaient bien ses autres ouvrages; c’est
dommage qu’on ne les ait pas recueillies. Mort en 1691.
BERGIER (Nicolas) a eu le titre d’historiographe de France; mais il est
plus connu par sa curieuse _Histoire des grands chemins de l’empire
romain_, surpassés aujourd’hui par les nôtres en beauté, mais non pas
en solidité. Son fils mit la dernière main à cet ouvrage utile, et le
fit imprimer sous Louis XIV[83]. Mort en 1623.
BERNARD[84] (mademoiselle), auteur de quelques pièces de théâtre,
conjointement avec le célèbre _Bernard_ de Fontenelle, qui a fait
presque tout le _Brutus_. Il est bon d’observer que la _Fable
allégorique de l’imagination et du bonheur_, qu’on a imprimée sous son
nom, est de l’évêque de Nîmes, La Parisière, successeur de Fléchier.
BERNARD (Jacques), du Dauphiné, né en 1658, savant littérateur. Ses
journaux ont été estimés. Mort en Hollande, en 1718.
BERNIER (François), surnommé _le Mogol_; né à Angers, vers l’an 1625.
Il fut huit ans médecin de l’empereur des Indes. Ses Voyages sont
curieux. Il voulut, avec Gassendi, renouveler en partie le système des
atomes d’Épicure; en quoi certes il avait très grande raison, les
espèces ne pouvant être toujours reproduites les mêmes, si les premiers
principes ne sont invariables: mais alors les romans de Descartes
prévalaient. Mort en vrai philosophe, en 1688.
BIGNON (Jérôme), né en 1589. Il a laissé un plus grand nom que de
grands ouvrages. Il n’était pas encore du bon temps de la littérature.
Le parlement, dont il fut avocat général, chérit avec raison sa
mémoire. Mort en 1656.
BILLAUT (Adam), connu sous le nom de _Maître Adam_, menuisier à
Nevers. Il ne faut pas oublier cet homme singulier qui, sans aucune
littérature, devint poëte dans sa boutique. On ne peut s’empêcher de
citer de lui ce rondeau, qui vaut mieux que beaucoup de rondeaux de
Benserade:
Pour te guérir de cette sciatique
Qui te retient comme un paralytique
Dedans ton lit sans aucun mouvement,
Prends-moi deux brocs d’un fin jus de sarment,
Puis lis comment on le met en pratique.
Prends-en deux doigts, et bien chauds les applique
Dessus l’externe où la douleur te pique;
Et tu boiras le reste promptement
Pour te guérir.
Sur cet avis ne sois point hérétique;
Car je te fais un serment authentique
Que si tu crains ce doux médicament,
Ton médecin, pour ton soulagement,
Fera l’essai de ce qu’il communique
Pour te guérir.
Il eut des pensions du cardinal de Richelieu, et de Gaston frère de
Louis XIII. Mort en 1662.
BOCHART (Samuel), né à Rouen, en 1599, calviniste, un des plus
savants hommes de l’Europe dans les langues et dans l’histoire, mais
systématique, comme tous les savants. Il fut un de ceux qui allèrent
en Suède instruire et admirer la reine Christine. Mort en 1667. [85]
BOILEAU DESPRÉAUX (Nicolas), de l’académie, né au village de Crône
auprès de Paris, en 1636. Il essaya du barreau, et ensuite de la
Sorbonne. Dégoûté de ces deux chicanes, il ne se livra qu’à son talent,
et devint l’honneur de la France. On a tant commenté ses ouvrages, on a
chargé ces commentaires de tant de minuties, que tout ce qu’on pourrait
dire ici serait superflu.
On fera seulement une remarque qui paraît essentielle; c’est qu’il
faut distinguer soigneusement dans ses vers ce qui est devenu proverbe
d’avec ce qui mérite de devenir maxime. Les maximes sont nobles, sages,
et utiles. Elles sont faites pour les hommes d’esprit et de goût, pour
la bonne compagnie. Les proverbes ne sont que pour le vulgaire, et l’on
sait que le vulgaire est de tous les états.
Pour paraître honnête homme, en un mot il faut l’être.
On me verra dormir au branle de sa roue[86].
Chaque âge a ses plaisirs, son esprit, et ses mœurs.
L’esprit n’est point ému de ce qu’il ne croit pas.
Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable.
Voilà ce qu’on doit appeler des maximes dignes des honnêtes gens. Mais
pour des vers tels que ceux-ci,
J’appelle un chat un chat, et Rolet un fripon.
S’en va chercher son pain de cuisine en cuisine.
Quand je veux dire blanc, la quinteuse dit noir.
Aimez-vous la muscade? on en a mis partout.
La raison dit Virgile, et la rime Quinault.
ce sont là plutôt des proverbes du peuple que des vers dignes d’être
retenus par les connaisseurs. Mort en 1711.
BOILEAU (Gilles), né à Paris, en 1631, frère aîné du fameux Boileau. Il
a fait quelques traductions qui valent mieux que ses vers: mort en 1669.
BOILEAU (Jacques), autre aîné de Despréaux, docteur de Sorbonne:
esprit bizarre, qui a fait des livres bizarres, écrits dans un latin
extraordinaire, comme l’_Histoire des flagellants_, _les Attouchements
impudiques_, _les Habits des prêtres_, etc. On lui demandait pourquoi
il écrivait toujours en latin: C’est, dit-il, de peur que les évêques
ne me lisent; ils me persécuteraient. Mort en 1716.
BOINDIN (Nicolas), trésorier de France et procureur du roi de sa
compagnie, de l’académie des belles-lettres, connu par d’excellentes
recherches sur les théâtres anciens, et sur les tribus romaines,
par la jolie comédie du _Port de mer_. C’était un critique dur; le
Dictionnaire historique et janséniste[87] le traite d’athée. Il n’a
jamais rien écrit sur la religion. Pourquoi insulter ainsi à la mémoire
d’un magistrat que les auteurs de ce Dictionnaire n’ont point connu?
Quelle insolence punissable! Comme il était mort sans sacrements, les
prêtres de sa paroisse voulaient lui refuser la sépulture, espèce
de juridiction qu’ils prétendent avoir droit d’exercer; mais le
gouvernement et les magistrats, qui veillent au maintien des lois, de
la décence, et des mœurs, répriment avec soin ces actes de superstition
et de barbarie. Cependant on craignit que ces prêtres n’ameutassent le
petit peuple contre le convoi de Boindin, ainsi qu’ils l’avaient ameuté
contre celui de Molière; et Boindin fut enterré sans cérémonie: mort en
1751.
BOISROBERT (François LE METEL de), plus célèbre par sa faveur auprès
du cardinal de Richelieu, et par sa fortune, que par son mérite. Il
composa dix-huit pièces de théâtre qui ne réussirent guère qu’auprès de
son patron. Mort en 1662.
BOIVIN (Jean), né en Normandie, en 1663, frère de Louis Boivin, et
utile comme lui pour l’intelligence des beautés des auteurs grecs: mort
en 1726.
BOSSUET (Jacques-Bénigne), de Dijon, né en 1627, évêque de Condom, et
ensuite de Meaux. On a de lui cinquante-un[88] ouvrages; mais ce sont
ses _Oraisons funèbres_ et son _Discours sur l’Histoire universelle_
qui l’ont conduit à l’immortalité. On a imprimé plusieurs fois que
cet évêque a vécu marié; et Saint-Hyacinthe[89], connu par la part
qu’il eut à la plaisanterie de Mathanasius, a passé pour son fils;
mais c’est une fausseté reconnue. La famille des Secousses, considérée
dans Paris, et qui a produit des personnes de mérite, assure qu’il y
eut un contrat de mariage secret entre Bossuet, encore très jeune, et
mademoiselle Desvieux[90]; que cette demoiselle fit le sacrifice de sa
passion et de son état à la fortune que l’éloquence de son amant devait
lui procurer dans l’Église; qu’elle consentit à ne jamais se prévaloir
de ce contrat, qui ne fut point suivi de la célébration; que Bossuet,
cessant ainsi d’être son mari, entra dans les ordres; et qu’après la
mort du prélat, ce fut cette même famille qui régla les reprises et
les conventions matrimoniales. Jamais cette demoiselle n’abusa, dit
cette famille, du secret dangereux qu’elle avait entre les mains. Elle
vécut toujours l’amie de l’évêque de Meaux, dans une union sévère et
respectée. Il lui donna de quoi acheter la petite terre de Mauléon,
à cinq lieues de Paris. Elle prit alors le nom de Mauléon, et a vécu
près de cent années. On raconte qu’ayant dit au jésuite La Chaise,
confesseur de Louis XIV: «On sait que je ne suis pas janséniste,» La
Chaise répondit: «On sait que vous n’êtes que mauléoniste.» Au reste,
on a prétendu que ce grand homme avait des sentiments philosophiques
différents de sa théologie, à peu près comme un savant magistrat qui,
jugeant selon la lettre de la loi, s’élèverait quelquefois en secret
au-dessus d’elle par la force de son génie. Mort en 1704.
BOUDIER (Réné), de La Jousselinière[91], auteur de quelques vers
naturels. Il fit en mourant, à quatre-vingt-dix ans, son épitaphe:
J’étais poëte, historien;
Et maintenant je ne suis rien.
BOUHIER (Jean), président du parlement de Dijon, né en 1673. Son
érudition l’a rendu célèbre. Il a traduit en vers français quelques
morceaux d’anciens poëtes latins. Il pensait qu’on ne doit pas
les traduire autrement; mais ses vers font voir combien c’est une
entreprise difficile. Mort en 1746[92].
BOUHOURS (Dominique), jésuite, né à Paris, en 1628. La langue et le bon
goût lui ont beaucoup d’obligations. Il a fait quelques bons ouvrages
dont on a fait de bonnes critiques: _Ex privatis odiis respublica
crescit_.
La vie de saint _Ignace_ de Loyola, qu’il composa, n’a réussi ni chez
les gens du monde, ni chez les savants, ni chez les philosophes. Celle
de Xavier a été plus mal reçue. Ses _Remarques sur la langue_, et
surtout sa _Manière de bien penser sur les ouvrages d’esprit_, seront
toujours utiles aux jeunes gens qui voudront se former le goût: il leur
enseigne à éviter l’enflure, l’obscurité, le recherché, et le faux:
s’il juge trop sévèrement en quelques endroits le Tasse et d’autres
auteurs italiens, il les condamne souvent avec raison. Son style est
pur et agréable. Ce petit livre de _la Manière de bien penser_ blessa
les Italiens, et devint une querelle de nation; on sentait que les
opinions de Bouhours, appuyées de celles de Boileau, pouvaient tenir
lieu de lois. Le marquis Orsi et quelques autres composèrent deux gros
volumes pour justifier quelques vers du Tasse.
Remarquons que le P. Bouhours ne serait guère en droit de reprocher des
pensées fausses aux Italiens, lui qui compare Ignace de Loyola à César,
et François Xavier à Alexandre, s’il n’était tombé rarement dans ces
fautes. Mort en 1702.
BOUILLAUD[93] (Ismaël), de Loudun, né en 1605, savant dans l’histoire
et dans les mathématiques. Comme tous les astronomes de ce siècle,
il se mêla d’astrologie, ainsi qu’on le voit dans les lettres que
lui écrivait Desnoyers, ambassadeur en Pologne, et depuis secrétaire
d’état; c’était alors un moyen de faire la cour aux gens puissants.
_Confugiendum ad astrologiam, astronomiæ altricem_, disait Kepler. Mort
en 1694.
BOULAINVILLIERS (Henri, comte de), de la maison de Crouï, le plus
savant gentilhomme du royaume dans l’histoire, et le plus capable
d’écrire celle de France, s’il n’avait pas été trop systématique. Il
appelle notre gouvernement féodal _le chef-d’œuvre de l’esprit humain_.
Le système féodal pourrait mériter le nom de chef-d’œuvre en Allemagne;
mais en France il ne fut qu’un chef-d’œuvre d’anarchie. Il regrette les
temps où les peuples, esclaves de petits tyrans ignorants et barbares,
n’avaient ni industrie, ni commerce, ni propriété; et il croit qu’une
centaine de seigneurs, oppresseurs de la terre et ennemis du roi,
composaient le plus parfait des gouvernements. Malgré ce système, il
était excellent citoyen, comme, malgré son faible pour l’astrologie
judiciaire, il était philosophe de cette philosophie qui compte la vie
pour peu de chose, et qui méprise la mort. Ses écrits, qu’il faut lire
avec précaution, sont profonds et utiles. On a imprimé, à la fin de ses
ouvrages, un gros Mémoire _pour rendre le roi de France plus riche que
tous les autres monarques ensemble_[94]. Il est évident que cet ouvrage
n’est pas du comte de Boulainvilliers; cependant tous ces petits
écrivains politiques, qui gouvernent l’état dans leur grenier, citent
cette rapsodie. Mort vers l’an 1720[95].
BOURCHENU (Jean-Pierre Moret de), marquis de Valbonais, né à Grenoble,
en 1651. Il voyagea dans sa jeunesse, et se trouva sur la flotte
d’Angleterre à la bataille de Solbaye. Il fut depuis premier président
de la chambre des comptes du Dauphiné. Sa mémoire est chère à Grenoble
pour le bien qu’il fit, et aux gens de lettres pour ses grandes
recherches. Ses _Mémoires sur le Dauphiné_[96] furent composés dans le
temps qu’il était aveugle, et sur les lectures qu’on lui fesait. Mort
en 1730.
BOURDALOUE (Louis), né à Bourges, en 1632, jésuite; le premier modèle
des bons prédicateurs en Europe: mort en 1704.
BOURSAULT (Edme), né en Bourgogne, en 1638. Ses _Lettres à Babet_,
estimées de son temps, sont devenues, comme toutes les lettres dans ce
goût, l’amusement des jeunes provinciaux. On joue encore sa comédie
d’_Ésope_[97]. Mort en 1701.
BOURSIER (Laurent-François), de la société de Sorbonne, né en 1679,
auteur du fameux livre de l’_action de Dieu sur les créatures_,
ou de la _prémotion physique_. C’est un ouvrage profond par les
raisonnements, fortifié par beaucoup d’érudition, et orné quelquefois
d’une grande éloquence; mais l’attachement à certains dogmes peut ravir
à ce célèbre écrit beaucoup de sa solidité et de sa force. L’auteur
ressemble à un homme d’état qui, en voulant établir des lois générales,
les corrompt par des intérêts de famille. Il est trop difficile
d’allier les systèmes sur la grace avec le grand système de l’action
éternelle et immuable de Dieu sur tout ce qui existe. Il faut avouer
qu’il n’y a que deux manières philosophiques d’expliquer la machine
du monde: ou Dieu a ordonné une fois, et la nature obéit toujours; ou
Dieu donne continuellement à tout l’être et toutes les modifications de
l’être: un troisième parti est inexplicable.
Il est dit dans le nouveau Dictionnaire historique[98], littéraire,
critique, et janséniste, que «Boursier, semblable à l’aigle, s’élève
en haut, et trempe sa plume dans le sein de Dieu.» On ne voit pas trop
comment Dieu peut servir de cornet à M. Boursier. Voilà la première
fois qu’on ait comparé Dieu à la bouteille à l’encre. Mort en 1749.
BOURZEIS (Amable de), né en Auvergne en 1606, auteur de plusieurs
ouvrages de politique et de controverse. Silhon[99] et lui sont
soupçonnés d’avoir composé le _Testament politique_ attribué au
cardinal de Richelieu[100]. Mort en 1672.
BRÉBEUF (Guillaume de), né en Normandie en 1618. Il est connu par sa
_traduction de la Pharsale_; mais on ignore communément qu’il a fait le
_Lucain travesti_[101]. Mort en 1661.
BRETEUIL (Gabrielle-Émilie Le Tonnelier de), marquise du Châtelet, née
en 1706. Elle a éclairci Leibnitz, traduit et commenté Newton, mérite
fort inutile à la cour, mais révéré chez toutes les nations qui se
piquent de savoir, et qui ont admiré la profondeur de son génie et de
son éloquence. De toutes les femmes qui ont illustré la France, c’est
celle qui a eu le plus de véritable esprit, et qui a moins affecté le
bel esprit[102]. Morte en 1749.
BRIENNE (Henri-Auguste de Loménie de), secrétaire d’état. Il a laissé
des Mémoires. Il serait utile que les ministres en écrivissent, mais
non tels[103] que ceux qui sont rédigés depuis peu[104] sous le nom du
duc de Sulli. Mort en 1666.
BRUEYS (l’abbé de), né en Languedoc en 1639[105]. Dix volumes de
controverse qu’il a faits auraient laissé son nom dans l’oubli; mais
la petite comédie du _Grondeur_, supérieure à toutes les farces de
Molière, et celle de l’_Avocat Patelin_, ancien monument de la naïveté
gauloise qu’il rajeunit, le feront connaître tant qu’il y aura en
France un théâtre. Palaprat l’aida dans ces deux jolies pièces. Ce sont
les seuls ouvrages de génie que deux auteurs aient composés ensemble.
Mort en 1723.
On croit devoir relever ici un fait très singulier qui se trouve dans
un _recueil d’Anecdotes littéraires_[106], 1750, chez Durand, tome II,
page 369. Voici les paroles de l’auteur: «Les amours de Louis XIV
ayant été jouées en Angleterre, Louis XIV voulut faire jouer aussi
celles du roi Guillaume. L’abbé Brueys fut chargé par M. de Torci de
faire la pièce; mais, quoique applaudie, elle ne fut pas jouée.»
Remarquez que ce _recueil d’Anecdotes_, qui est rempli de pareils
contes, est imprimé avec approbation et privilége; jamais on ne joua
les amours de Louis XIV sur aucun théâtre de Londres, et on sait que
le roi Guillaume n’eut jamais de maîtresse. Quand il en aurait eu,
Louis XIV était trop attaché aux bienséances pour ordonner qu’on fît
une comédie des amours de Guillaume; M. de Torci n’était pas homme
à proposer une chose si impertinente; enfin l’abbé Brueys ne songea
jamais à composer ce ridicule ouvrage qu’on lui attribue. On ne peut
trop répéter que la plupart de ces recueils d’anecdotes, de ces _ana_,
de ces mémoires secrets, dont le public est inondé, ne sont que des
compilations faites au hasard par des écrivains mercenaires.
BRUMOY (Pierre), jésuite, né à Rouen en 1688. Son _Théâtre des Grecs_
passe pour le meilleur ouvrage qu’on ait en ce genre, malgré ses fautes
et l’infidélité de la traduction. Il a prouvé par ses poésies qu’il
est bien plus aisé de traduire et de louer les anciens, que d’égaler
par ses propres productions les grands modernes. On peut d’ailleurs
lui reprocher de n’avoir pas assez senti la supériorité du théâtre
français sur le grec, et la prodigieuse différence qui se trouve entre
le _Misanthrope_ et les _Grenouilles_. Mort en 1742[107].
BUFFIER (Claude), jésuite. Sa _Mémoire artificielle_ est d’un grand
secours pour ceux qui veulent avoir les principaux faits de l’histoire
toujours présents à l’esprit. Il a fait servir les vers (je ne dis pas
la poésie) à leur premier usage, qui était d’imprimer dans la mémoire
des hommes les événements dont on voulait garder le souvenir. Il y
a dans ses traités de métaphysique des morceaux que Locke n’aurait
pas désavoués; et c’est le seul jésuite qui ait mis une philosophie
raisonnable dans ses ouvrages. Mort en 1737.
BUSSI RABUTIN (Roger de Rabutin, comte de), né dans le Nivernois, en
1618. Il écrivit avec pureté. On connaît ses malheurs et ses ouvrages.
Ses _Amours des Gaules_ passent pour un ouvrage médiocre dans lequel
il n’imita Pétrone que de fort loin. La manie des Français a été
long-temps de croire que toute l’Europe devait s’occuper de leurs
intrigues galantes. Vingt courtisans ont écrit l’histoire de leurs
amours, à peine lue des femmes de chambre de leurs maîtresses. Mort à
Autun, en 1693.
CAILLI (Le chevalier de), qui n’est connu que sous le nom _d’Aceilli_,
était attaché au ministre Colbert. On ignore le temps de sa naissance
et de sa mort[108]. Il y a de lui un recueil de quelques centaines
d’épigrammes, parmi lesquelles il y en a beaucoup de mauvaises, et
quelques unes de jolies. Il écrit naturellement, mais sans aucune
imagination dans l’expression.
CALMET (Augustin), bénédictin, né en 1672. Rien n’est plus utile que la
compilation de ses recherches sur la Bible. Les faits y sont exacts,
les citations fidèles. Il ne pense point, mais en mettant tout dans un
grand jour, il donne beaucoup à penser. Mort en 1757.
CALPRENÈDE (Gautier-Coste de La), né à Cahors[109] vers l’an 1612,
gentilhomme ordinaire du roi. Ce fut lui qui mit les longs romans à
la mode. Le mérite de ces romans consistait dans des aventures dont
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