Œuvres de Voltaire Tome XIX: Siècle de Louis XIV.—Tome I - 05

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l’intrigue n’était pas sans art et qui n’étaient pas impossibles,
quoiqu’elles fussent presque incroyables. Le Boiardo, l’Arioste,
le Tasse, au contraire, avaient chargé leurs romans poétiques de
fictions qui sont entièrement hors de la nature: mais les charmes de
leur poésie, les beautés innombrables de détail, leurs allégories
admirables, surtout celles de l’Arioste, tout cela rend ces poëmes
immortels, et les ouvrages de La Calprenède, ainsi que les autres
grands romans, sont tombés. Ce qui a contribué à leur chute, c’est la
perfection du théâtre. On a vu dans les bonnes tragédies et dans les
opéras beaucoup plus de sentiments qu’on n’en trouve dans ces énormes
volumes: ces sentiments y sont bien mieux exprimés, et la connaissance
du cœur humain beaucoup plus approfondie. Ainsi Racine et Quinault,
qui ont un peu imité le style de ces romans, les ont fait oublier en
parlant au cœur un langage plus vrai, plus tendre, et plus harmonieux.
Mort en 1663.
CAMPISTRON (Jean-Galbert de), né à Toulouse en 1656, élève et imitateur
de Racine. Le duc de Vendôme, dont il fut secrétaire, fit sa fortune,
et le comédien Baron une partie de sa réputation. Il y a des choses
touchantes dans ses pièces; elles sont faiblement écrites, mais au
moins le langage est assez pur: après lui on a tellement négligé la
langue dans les pièces de théâtre, qu’on a fini par écrire d’un style
entièrement barbare. C’est ce que Boileau déplorait en mourant[110].
Mort en 1723.
CASSANDRE (François), a rendu, aussi bien que Dacier, plus de services
à la réputation d’Aristote que tous les prétendus philosophes ensemble.
Il traduisit la _Rhétorique_, comme Dacier a traduit la _Poétique_
de ce fameux Grec. On ne peut s’empêcher d’admirer Aristote et le
siècle d’Alexandre, quand on voit que le précepteur de ce grand homme,
tant décrié sur la physique, a connu à fond tous les principes de
l’éloquence et de la poésie. Où est le physicien de nos jours chez qui
on puisse apprendre à composer un discours et une tragédie? Cassandre
vécut et mourut dans la plus grande pauvreté. Ce fut la faute non
pas de ses talents, mais de son caractère intraitable, farouche, et
solitaire. Ceux qui se plaignent de la fortune n’ont souvent à se
plaindre que d’eux-mêmes. Mort en 1695.
CASSINI (Jean-Dominique), né dans le comté de Nice en 1625, appelé
par Colbert en 1666. Il a été le premier des astronomes de son temps,
du moins suivant les Italiens et les Français; mais il commença comme
les autres par l’astrologie. Puisqu’il fut naturalisé en France,
qu’il s’y maria, qu’il y eut des enfants, et qu’il est mort à Paris,
on doit le compter au nombre des Français. Il a immortalisé son nom
par sa _Méridienne de Saint-Pétrone_ à Bologne; elle servit à faire
voir les variations de la vitesse du mouvement de la terre autour du
soleil. On lui doit les premières tables des satellites de Jupiter, la
connaissance de la rotation de Jupiter et de Mars, ou de la durée de
leurs jours, la découverte de quatre des satellites de Saturne. Huygens
n’en avait aperçu qu’un; et cette découverte de Cassini fut célébrée
par une médaille dans l’histoire métallique de Louis XIV. Il a le
premier observé et fait connaître la lumière zodiacale. Il a donné une
méthode pour déterminer la parallaxe d’un astre par des observations
faites dans un même lieu, et s’en servir pour déterminer la distance
des astres à la terre, avec plus de précision qu’on ne l’avait encore
fait; mais la première idée de cette méthode est due à Morin[111].
Le fils[112], le petit-fils de Cassini[113], ont été de l’académie des
sciences, et son arrière-petit-fils[114] y est entré en 1772: cette
espèce d’illustration est plus réelle et sera plus durable que celle
dont la famille de Cassini avait joui en Italie, quelques siècles
auparavant, et que les révolutions de ce pays lui avaient fait perdre.
Mort en 1712.
CATROU (François), né en 1659, jésuite. Il a fait avec le P. Rouillé
vingt tomes de l’_Histoire romaine_. Ils ont cherché l’éloquence, et
n’ont pas trouvé la précision. Mort en 1737.
CERISI (Germain Habert de) était du temps de l’aurore du bon goût et de
l’établissement de l’académie française. Sa _Métamorphose des yeux de
Philis en astres_ fut vantée comme un chef-d’œuvre, et a cessé de le
paraître dès que les bons auteurs sont venus. Mort en 1655[115].
CHANTEREAU LE FÈVRE (Louis), né en 1588. Très savant homme, l’un des
premiers qui ont débrouillé l’histoire de France; mais il a accrédité
une grande erreur, c’est que les fiefs héréditaires n’ont commencé
qu’après _Hugues_ Capet. Quand il n’y aurait que l’exemple de la
Normandie, donnée ou plutôt extorquée à titre de fief héréditaire
en 912, cela suffirait pour détruire l’opinion de Chantereau, que
plusieurs historiens ont adoptée. Il est d’ailleurs certain que
Charlemagne institua en France des fiefs avec propriété, et que cette
forme de gouvernement était connue avant lui dans la Lombardie et dans
la Germanie. Mort en 1658.
CHAPELAIN (Jean), né en 1595. Sans _la Pucelle_ il aurait eu de la
réputation parmi les gens de lettres. Ce mauvais poëme lui valut
beaucoup plus que _l’Iliade_ à Homère. Chapelain fut pourtant utile
par sa littérature. Ce fut lui qui corrigea les premiers vers de
Racine. Il commença par être l’oracle des auteurs, et finit par en être
l’opprobre. Mort en 1674.
CHAPELLE (Jean de LA). _Voyez_ LA CHAPELLE.
CHAPELLE[116] (Claude-Emmanuel Luillier), fils naturel de François
Luillier, maître des comptes. Il n’est pas vrai qu’il fut le premier
qui se servit des rimes redoublées; Dassouci[117] s’en servait avant
lui, et même avec quelque succès.
Pourquoi donc, sexe au teint de rose,
Quand la charité vous impose
La loi d’aimer votre prochain,
Pouvez-vous me haïr sans cause,
Moi qui ne vous fis jamais rien?
Ah! pour mon honneur je vois bien
Qu’il faut vous faire quelque chose, etc.
On trouve beaucoup de rimes redoublées dans Voiture. Chapelle
réussit mieux que les autres dans ce genre qui a de l’harmonie et de
la grace, mais dans lequel il a préféré quelquefois une abondance
stérile de rimes à la pensée et au tour. Sa vie voluptueuse et son
peu de prétention contribuèrent encore à la célébrité de ces petits
ouvrages. On sait qu’il y a dans son _Voyage de Montpellier_ beaucoup
de traits de Bachaumont[118], fils du président Le Coigneux, l’un des
plus aimables hommes de son temps. Chapelle était d’ailleurs un des
meilleurs élèves de Gassendi. Au reste, il faut bien distinguer les
éloges que tant de gens de lettres ont donnés à Chapelle et à des
esprits de cette trempe, d’avec les éloges dus aux grands maîtres. Le
caractère de Chapelle, de Bachaumont, du Broussin[119], et de toute
cette société du Marais, était la facilité, la gaîté, la liberté. On
peut juger de Chapelle par cet impromptu, que je n’ai point vu encore
imprimé. Il le fit à table, après que Boileau eut récité une épigramme.
Qu’avec plaisir de ton haut style
Je te vois descendre au quatrain;
Et que je t’épargnai de bile
Et d’injures au genre humain,
Quand, renversant ta cruche à l’huile,
Je te mis le verre à la main!
Mort en 1686.
CHARAS (Moyse), de l’académie des sciences, le premier qui ait bien
écrit sur la pharmacie; tant il est vrai que sous Louis XIV tous les
arts élargirent leur sphère. Ce pharmacien, voyageant à Madrid, fut mis
dans les cachots de l’inquisition, parcequ’il était calviniste. Une
prompte abjuration et les sollicitations de l’ambassadeur de France lui
sauvèrent la vie et la liberté. Il s’occupa long-temps d’expériences
sur les vipères, et des moyens d’empêcher les effets souvent mortels
de leur morsure: mais il se trompa en soutenant contre Redi[120] que
le venin des vipères n’était pas contenu dans le suc jaune qui sort de
deux vésicules placées derrière les crochets de leurs mâchoires. Dans
le cours de ses expériences, il fut mordu plusieurs fois, sans qu’il en
résultât d’accidents très graves. Mort en 1698.
CHARDIN (Jean), né à Paris en 1643. Nul voyageur n’a laissé des
Mémoires plus curieux. Mort à Londres en 1713.
CHARLEVAL (Charles Faucon de Ris), l’un de ceux qui acquirent de la
célébrité par la délicatesse de leur esprit, sans se livrer trop au
public. La fameuse _Conversation du maréchal d’Hocquincourt et du
P. Canaye_, imprimée dans les _Œuvres de Saint-Évremond_, est de
Charleval, jusqu’à la petite Dissertation sur le jansénisme et sur le
molinisme que Saint-Évremond y a ajoutée. Le style de cette fin est
très différent de celui du commencement. Feu M. de Caumartin[121], le
conseiller d’état, avait l’écrit de Charleval, de la main de l’auteur.
On trouve dans le _Moréri_[122] que le président de Ris, neveu de
Charleval, ne voulut pas faire imprimer les ouvrages de son oncle, de
peur que _le nom d’auteur peut-être ne fût une tache dans sa famille_.
Il faut être d’un état et d’un esprit bien abject pour avancer une
telle idée dans le siècle où nous sommes; et c’eût été dans un homme
de robe un orgueil digne des temps militaires et barbares, où l’on
abandonnait l’étude purement à la robe, par mépris pour la robe et pour
l’étude. Mort en 1693[123].
CHARPENTIER (François), né à Paris en 1620, académicien utile. On a de
lui une traduction de _la Cyropédie_. Il soutint vivement l’opinion
que les inscriptions des monuments publics de France doivent être en
français. En effet, c’est dégrader une langue qu’on parle dans toute
l’Europe, que de ne pas oser s’en servir; c’est aller contre son but,
que de parler à tout le public dans une langue que les trois quarts
au moins de ce public n’entendent pas. Il y a une espèce de barbarie
à latiniser des noms français que la postérité méconnaîtrait, et les
noms de Rocroi et de Fontenoi font un plus grand effet que les noms de
_Rocrosium_ et _Fonteniacum_. Mort en 1702.
CHASTRE (Edme de La Chastre-Nançay, comte de LA), a laissé des
Mémoires. Mort en 1645.
CHAULIEU (Guillaume Anfrye de), né en Normandie en 1639, connu par
ses poésies négligées, et par les beautés hardies et voluptueuses qui
s’y trouvent. La plupart respirent la liberté, le plaisir, et une
philosophie au-dessus des préjugés; tel était son caractère. Il vécut
dans les délices, et mourut avec intrépidité en 1720.
Les vers qu’on cite le plus de lui sont la pièce intitulée _la Goutte_,
qui commence ainsi,
Le destructeur impitoyable
Et des marbres et de l’airain;
mais surtout l’Épître sur la Mort, au marquis de La Fare:
Plus j’approche du terme, et moins je le redoute;
Sur des principes sûrs mon esprit affermi,
Content, persuadé, ne connaît plus le doute;
Je ne suis libertin, ni dévot à demi.
Exempt des préjugés, j’affronte l’imposture
Des vaines superstitions,
Et me ris des préventions
De ces faibles esprits dont la triste censure
Fait un crime à la créature
De l’usage des biens que lui fit son auteur.
Une autre épître au même fit encore plus de bruit: elle commence ainsi:
J’ai vu de près le Styx, j’ai vu les Euménides;
Déjà venaient frapper mes oreilles timides
Les affreux cris du chien de l’empire des morts;
Et les noires vapeurs, et les brûlants transports
Allaient de ma raison offusquer la lumière:
C’est lors que j’ai senti mon ame tout entière,
Se ramenant en soi, faire un dernier effort
Pour braver les erreurs que l’on joint à la mort.
Ma raison m’a montré, tant qu’elle a pu paraître,
Que rien n’est en effet de ce qui ne peut être;
Que ces fantômes vains sont enfants de la peur
Qu’une faible nourrice imprime en notre cœur,
Lorsque de loups-garoux, qu’elle-même elle pense,
De démons et d’enfers elle endort notre enfance.
Ces pièces ne sont pas châtiées; ce sont des statues de Michel-Ange
ébauchées. Le stoïcisme de ces sentiments ne lui attira point de
persécution; car, quoique abbé, il était ignoré des théologiens, et
ne vivait qu’avec ses amis. Il n’aurait tenu qu’à lui de mettre la
dernière main à ses ouvrages, mais il ne savait pas corriger. On a
imprimé de lui trop de bagatelles insipides de société; c’est le
mauvais goût et l’avarice des éditeurs qui en est cause. Les préfaces
qui sont à la tête du recueil sont de ces gens obscurs qui croient être
de bonne compagnie en imprimant toutes les fadaises d’un homme de bonne
compagnie.
CHEMINAIS, jésuite. On l’appelait le _Racine_ des prédicateurs, et
Bourdaloue le _Corneille_. Mort en 1689.
CHERON (Élisabeth-Sophie), née à Paris en 1648, célèbre par la musique,
la peinture, et les vers, et plus connue sous son nom que sous celui de
son mari, le sieur Le Hay: morte en 1711.
CHEVREAU (Urbain), né à Loudun en 1613, savant et bel esprit qui eut
beaucoup de réputation: mort en 1701.
CHIFFLET (Jean-Jacques), né à Besançon en 1588. On a de lui plusieurs
recherches: mort en 1660. Il y a eu sept écrivains de ce nom.
CHOISI (François-Timoléon de), de l’Académie, né à Paris en 1644,
envoyé à Siam. On a sa relation. Il n’était que tonsuré à son départ;
mais à Siam il se fit ordonner prêtre en quatre jours. Il a composé
plusieurs histoires, une _Traduction de l’Imitation de Jésus-Christ_,
dédiée à madame de Maintenon, avec cette épigraphe, _Concupiscet rex
decorem tuum_[124]; et des _Mémoires de la comtesse des Barres_. Cette
comtesse des Barres, c’était lui-même. Il s’habilla et vécut en femme
plusieurs années. Il acheta, sous le nom de la comtesse des Barres, une
terre auprès de Tours. Ces _Mémoires_ racontent avec naïveté comment
il eut impunément des maîtresses sous ce déguisement. Mais quand le
roi fut devenu dévot, il écrivit l’histoire de l’Église. Dans ses
_Mémoires_[125] sur la cour on trouve des choses vraies, quelques unes
fausses, et beaucoup de hasardées; ils sont écrits dans un style trop
familier. Mort en 1724.
CLAUDE (Jean), né en Agénois en 1619, ministre de Charenton, et
l’oracle de son parti, émule digne des Bossuet, des Arnauld, et des
Nicole. Il a composé quinze ouvrages, qu’on lut avec avidité dans le
temps des disputes. Presque tous les livres polémiques n’ont qu’un
temps. Les fables de La Fontaine, l’Arioste, passeront à la dernière
postérité. Cinq ou six mille volumes de controverse sont déjà oubliés.
Mort à La Haye en 1687.
COLBERT (Jean-Baptiste), marquis de Torci, neveu du grand Colbert,
ministre d’état sous Louis XIV, a laissé des Mémoires depuis la paix
de Risvick jusqu’à celle d’Utrecht: ils ont été imprimés pendant qu’on
achevait l’édition de cet _Essai sur le siècle de Louis XIV_[126]. Ils
confirment tout ce qu’on y avance. Ces Mémoires renferment des détails
qui ne conviennent qu’à ceux qui veulent s’instruire à fond: ils sont
écrits plus purement que tous les Mémoires de ses prédécesseurs: on y
reconnaît le goût de la cour de Louis XIV. Mais leur plus grand prix
est dans la sincérité de l’auteur: c’est la vérité, c’est la modération
elle-même, qui ont conduit sa plume. Mort en 1746.
COLLET (Philibert), né à Châtillon-les-Dombes, en 1643, jurisconsulte
et homme libre. Excommunié par l’archevêque de Lyon pour une querelle
de paroisse, il écrivit contre l’excommunication, il combattit la
clôture des religieuses; et, dans son _Traité de l’usure_, il soutint
vivement l’usage autorisé en Bresse de stipuler les intérêts avec le
capital, usage approuvé dans plus de la moitié de l’Europe, et reçu
dans l’autre par tous les négociants, malgré les lois qu’on élude. Il
assura aussi que les dîmes qu’on paie aux ecclésiastiques ne sont pas
de droit divin. Mort en 1718.
COLOMIEZ (Paul). Le temps de sa naissance est inconnu[127]: la plupart
de ses ouvrages commencent à l’être; mais ils sont utiles à ceux qui
aiment les recherches littéraires. Mort à Londres, en 1692.
COMMIRE (Jean), jésuite. Il réussit parmi ceux qui croient qu’on peut
faire de bons vers latins, et qui pensent que des étrangers peuvent
ressusciter le siècle d’Auguste dans une langue qu’ils ne peuvent pas
même prononcer. Mort en 1702.
«In silvam non ligna feras.»
HOR., sat. X, lib. I.
CONTI (Armand de Bourbon, prince de), frère du grand Condé[128],
destiné d’abord pour l’état ecclésiastique, dans un temps où le préjugé
rendait encore la dignité de cardinal supérieure à celle d’un prince du
sang de France. Ce fut lui qui eut le malheur d’être généralissime de
la fronde contre la cour et même contre son frère. Il fut depuis dévot
et janséniste. Nous avons de lui _le Devoir des grands_. Il écrivit
sur la grace contre le jésuite De Champs, son ancien préfet[129]. Il
écrivit aussi contre la comédie; il eût peut-être mieux fait d’écrire
contre la guerre civile. _Cinna_ et _Polyeucte_ étaient aussi utiles
et aussi respectables que la guerre des portes cochères et des pots de
chambre était injuste et ridicule.
CORDEMOI (Géraud de), né à Paris. Il a le premier débrouillé le
chaos des deux premières races des rois de France; on doit cette
utile entreprise au duc de Montausier, qui chargea Cordemoi de faire
l’histoire de Charlemagne, pour l’éducation de Monseigneur. Il ne
trouva guère dans les anciens auteurs que des absurdités et des
contradictions. La difficulté l’encouragea, et il débrouilla les deux
premières races. Mort en 1684.
CORNEILLE (Pierre), né à Rouen, en 1606. Quoiqu’on ne représente plus
que six ou sept pièces de trente-trois qu’il a composées, il sera
toujours le père du théâtre. Il est le premier qui ait élevé le génie
de la nation, et cela demande grace pour environ vingt de ses pièces
qui sont, à quelques endroits près, ce que nous avons de plus mauvais
par le style, par la froideur de l’intrigue, par les amours déplacés
et insipides, et par un entassement de raisonnements alambiqués qui
sont l’opposé du tragique. Mais on ne juge d’un grand homme que par
ses chefs-d’œuvre, et non par ses fautes. On dit que sa traduction de
l’_Imitation de Jésus-Christ_ a été imprimée trente-deux fois: il est
aussi difficile de le croire que de la lire une seule. Il reçut une
gratification du roi dans sa dernière maladie. Mort en 1684.
On a imprimé dans plusieurs recueils d’anecdotes qu’il avait sa place
marquée toutes les fois qu’il allait au spectacle, qu’on se levait pour
lui, qu’on battait des mains. Malheureusement les hommes ne rendent
pas tant de justice. Le fait est que les comédiens du roi refusèrent
de jouer ses dernières pièces, et qu’il fut obligé de les donner à une
autre troupe[130].
CORNEILLE (Thomas), né à Rouen, en 1625, homme qui aurait eu une grande
réputation, s’il n’avait point eu de frère. On a de lui trente-quatre
pièces de théâtre. Mort pauvre, en 1709.
COURTILZ DE SANDRAS (Gatien de), né à Paris, en 1644. On ne place
ici son nom que pour avertir les Français, et surtout les étrangers,
combien ils doivent se défier de tous ces faux Mémoires imprimés en
Hollande. Courtilz fut un des plus coupables écrivains de ce genre. Il
inonda l’Europe de fictions sous le nom d’histoires. Il était bien
honteux qu’un capitaine du régiment de Champagne allât en Hollande
vendre des mensonges aux libraires. Lui et ses imitateurs qui ont écrit
tant de libelles contre leur propre patrie, contre de bons princes qui
dédaignent de se venger, et contre des citoyens qui ne le peuvent, ont
mérité l’exécration publique. Il a composé _la Conduite de la France
depuis la paix de Nimègue_, et _la Réponse_ au même livre; _l’État de
la France sous Louis XIII et sous Louis XIV_; _la Conduite de Mars dans
les guerres de Hollande_; _les Conquêtes amoureuses du grand Alcandre_;
_les Intrigues amoureuses de la France_; _la Vie de Turenne_; _celle
de l’amiral Coligni_; _les Mémoires de Rochefort_, _d’Artagnan_, _de
Montbrun_, _de Vordac_[131], _de la marquise de Fresne_; _le Testament
politique de Colbert_, et beaucoup d’autres ouvrages qui ont amusé et
trompé les ignorants. Il a été imité par les auteurs de ces misérables
brochures contre la France, _le Glaneur_[132], _l’Épilogueur_, et tant
d’autres bêtises périodiques que la faim a inspirées, que la sottise et
le mensonge ont dictées, à peine lues de la canaille. Mort à Paris, en
1712.
COUSIN (Louis), né à Paris, en 1627, président à la cour des monnaies.
Personne n’a plus ouvert que lui les sources de l’histoire. Ses
traductions de la collection Bysantine et d’Eusèbe de Césarée ont mis
tout le monde en état de juger du vrai et du faux, et de connaître
avec quels préjugés et quel esprit de parti l’histoire a été presque
toujours écrite. On lui doit beaucoup de traductions d’historiens
grecs, que lui seul a fait connaître. Mort en 1707.
CRÉBILLON (Prosper Jolyot de), né à Dijon, en 1674. Nous ignorons
si un procureur, nommée Prieur, le fit poëte, comme il est dit dans
le _Dictionnaire historique portatif_, en quatre volumes[133]. Nous
croyons que le génie y eut plus de part que le procureur. Nous ne
croyons pas que l’anecdote rapportée dans le même ouvrage contre son
fils soit vraie. On ne peut trop se défier de tous ces petits contes.
Il faut ranger Crébillon parmi les génies qui illustrèrent le siècle
de Louis XIV, puisque sa tragédie de _Rhadamiste_, la meilleure de ses
pièces, fut jouée en 1710[134]. Si Despréaux, qui se mourait alors,
trouva cette tragédie plus mauvaise que celle de Pradon[135], c’est
qu’il était dans un âge et dans un état où l’on n’est sensible qu’aux
défauts, et insensible aux beautés. Mort à quatre-vingt-huit ans, en
1762[136].
DACIER (André), né à Castres, en 1651, calviniste comme sa femme,
et devenu catholique comme elle, garde des livres du cabinet du roi
à Paris, charge qui ne subsiste plus. Homme plus savant qu’écrivain
élégant, mais à jamais utile par ses traductions et par quelques unes
de ses notes. Mort au Louvre, en 1722. Nous devons à madame Dacier la
traduction d’Homère la plus fidèle par le style, quoiqu’elle manque
de force, et la plus instructive par les notes, quoiqu’on y desire
la finesse du goût. On remarque surtout qu’elle n’a jamais senti que
ce qui devait plaire aux Grecs dans des temps grossiers, et ce qu’on
respectait déjà comme ancien dans des temps postérieurs plus éclairés,
aurait pu déplaire s’il avait été écrit du temps de Platon et de
Démosthène; mais enfin nulle femme n’a jamais rendu plus de services
aux lettres. Madame Dacier est un des prodiges du siècle de Louis XIV.
DACIER (Anne Lefèvre, madame), née calviniste à Saumur, en 1651,
illustre par sa science. Le duc de Montausier la fit travailler à l’un
de ces livres qu’on nomme _Dauphins_, pour l’éducation de Monseigneur.
Le _Florus_ avec des notes latines est d’elle. Ses traductions de
_Térence_ et d’_Homère_ lui font un honneur immortel. On ne pouvait lui
reprocher que trop d’admiration pour tout ce qu’elle avait traduit. La
Motte ne l’attaqua qu’avec de l’esprit, et elle ne combattit qu’avec de
l’érudition. Morte en 1720, au Louvre.
D’AGUESSEAU[137] (Henri-François), chancelier, le plus savant magistrat
que jamais la France ait eu, possédant la moitié des langues modernes
de l’Europe, outre le latin, le grec, et un peu d’hébreu; très
instruit dans l’histoire, profond dans la jurisprudence, et, ce qui
est plus rare, éloquent. Il fut le premier au barreau qui parla avec
force et pureté à-la-fois; avant lui on fesait des phrases. Il conçut
le projet de réformer les lois, mais il ne put faire que quatre ou cinq
ordonnances utiles. Un seul homme ne peut suffire à ce travail immense
que Louis XIV avait entrepris avec le secours d’un grand nombre de
magistrats. Mort en 1750.
DANCHET (Antoine), né à Riom, en 1671, a réussi à l’aide du musicien
dans quelques opéra, qui sont moins mauvais que ses tragédies. Son
prologue des Jeux séculaires au-devant d’_Hésione_ passe même pour un
très bon ouvrage, et peut être comparé à celui d’_Amadis_. On a retenu
ces beaux vers imités d’Horace:
Père des saisons et des jours,
Fais naître en ces climats un siècle mémorable.
Puisse à ses ennemis ce peuple redoutable
Être à jamais heureux, et triompher toujours!
Nous avons à nos lois asservi la victoire;
Aussi loin que tes feux nous portons notre gloire.
Fais dans tout l’univers craindre notre pouvoir.
Toi, qui vois tout ce qui respire,
Soleil, puisses-tu ne rien voir
De si puissant que cet empire!
C’est dans ce prologue qu’on trouve les ariettes qui servirent depuis
de canevas au poëte Rousseau pour composer les couplets effrénés
qui causèrent sa disgrace. Les couplets originaux de Danchet valent
peut-être mieux que les parodies de Rousseau. Voici surtout celui de
Danchet qu’on a le plus retenu:
Que l’amant qui devient heureux
En devienne encor plus fidèle!
Que toujours dans les mêmes nœuds
Il trouve une douceur nouvelle!
Que les soupirs et les langueurs
Puissent seuls fléchir les rigueurs
De la beauté la plus sévère!
Que l’amant comblé de faveurs
Sache les goûter et les taire!
Mort en 1748.
DANCOURT (Florent Carton), avocat, né à Fontainebleau, en 1661, aima
mieux se livrer au théâtre qu’au barreau. Ce que Regnard était à
l’égard de Molière dans la haute comédie, le comédien Dancourt l’était
dans la farce. Beaucoup de ses pièces attirent encore un assez grand
concours; elles sont gaies; le dialogue en est naïf. La quantité de
pièces qu’on a faites dans ce genre facile est immense; elles sont plus
du goût du peuple que des esprits délicats; mais l’amusement est un des
besoins de l’homme, et cette espèce de comédie, aisée à représenter,
plaît dans Paris et dans les provinces au grand nombre, qui n’est pas
susceptible de plaisirs plus relevés. Mort en 1726.
DANET (Pierre), l’un de ces hommes qui ont été plus utiles qu’ils
n’ont eu de réputation. Ses Dictionnaires de la langue latine et
des antiquités furent au nombre de ces livres mémorables faits pour
l’éducation du dauphin, Monseigneur, et qui, s’ils ne firent pas de ce
prince un savant homme, contribuèrent beaucoup à éclairer la France.
Mort en 1709.
DANGEAU (Louis de Courcillon, abbé de), né en 1643, excellent
académicien[138]. Mort en 1723.
DANIEL (Gabriel), jésuite, historiographe de France, né à Rouen, en
1649, a rectifié les fautes de Mézerai sur la première et seconde race.
On lui a reproché que sa diction n’est pas toujours pure, que son style
est trop faible, qu’il n’intéresse pas, qu’il n’est pas peintre, qu’il
n’a pas assez fait connaître les usages, les mœurs, les lois; que son
histoire est un long détail d’opérations de guerre dans lesquelles un
historien de son état se trompe presque toujours. Mort en 1728.
Le comte de Boulainvilliers dit, dans ses Mémoires sur le gouvernement
de France, qu’on peut reprocher à Daniel dix mille erreurs: c’est
beaucoup; mais heureusement la plupart de ces erreurs sont aussi
indifférentes que les vérités qu’il aurait mises à la place; car
qu’importe que ce soit l’aile gauche ou l’aile droite qui ait plié à
la bataille de Montlhéri? Qu’importe par quel endroit Louis-le-Gros
entra dans les masures du Puiset[139]? Un citoyen veut savoir par
quels degrés le gouvernement a changé de forme, quels ont été les
droits et les usurpations des différents corps, ce qu’ont fait les
états-généraux, quel a été l’esprit de la nation. Le grand défaut de
Daniel est de n’avoir pas été instruit des droits de la nation, ou
de les avoir dissimulés. Il a omis entièrement les célèbres états de
1355. Il n’a parlé des papes, et surtout du grand et bon roi Henri IV,
qu’en jésuite; nulle connaissance des finances, nulle de l’intérieur du
royaume ni des mœurs.
Il prétend dans sa préface, et[140] le président Hénault a dit
après lui, que les premiers temps de l’histoire de France sont plus
intéressants que ceux de Rome, parceque Clovis et Dagobert avaient
plus de terrain que Romulus et Tarquin. Il ne s’est pas aperçu que les
faibles commencements de tout ce qui est grand intéressent toujours les
hommes; on aime à voir la petite origine d’un peuple dont la France
n’était qu’une province, et qui étendit son empire jusqu’à l’Elbe,
l’Euphrate et le Niger. Il faut avouer que notre histoire et celle des
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