Œuvres de Voltaire Tome XIX: Siècle de Louis XIV.—Tome I - 09

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que Descartes, un grand homme, avec lequel on apprend bien peu de
chose; et il n’était pas un grand géomètre comme Descartes. Mort en
1715.
MALEZIEU (Nicolas), né à Paris en 1650. Les _Éléments de géométrie du
duc de Bourgogne_ sont les leçons qu’il donna à ce prince. Il se fit
une réputation par sa profonde littérature. Madame la duchesse du Maine
fit sa fortune. Mort en 1727.
MALLEVILLE (Claude de), l’un des premiers académiciens. Le seul sonnet
de la _Belle matineuse_ en fit un homme célèbre. On ne parlerait pas
aujourd’hui d’un tel ouvrage; mais le bon en tout genre était alors
aussi rare qu’il est devenu commun depuis. Mort en 1647.
MARCA (Pierre de), né en 1594. Étant veuf et ayant plusieurs enfants,
il entra dans l’Église, et fut nommé à l’archevêché de Paris. Son livre
de _la Concorde de l’empire et du sacerdoce_ est estimé. Mort en 1662.
MAROLLES (Michel de), né en Touraine en 1600, fils du célèbre Claude de
Marolles, capitaine des cent suisses, connu par son combat singulier, à
la tête de l’armée de Henri IV, contre Marivault[223]. Michel, abbé de
Villeloin, composa soixante-neuf ouvrages[224], dont plusieurs étaient
des traductions très utiles dans leur temps. Mort en 1681.
MARSOLLIER (Jacques), né à Paris en 1647, chanoine régulier de
Sainte-Geneviève, connu par plusieurs histoires bien écrites. Mort en
1724.
MARTIGNAC (Étienne Algai de), né en 1628, le premier qui donna une
traduction supportable en prose de Virgile, d’Horace, etc. Je doute
qu’on les traduise jamais heureusement en vers. Ce ne serait pas assez
d’avoir leur génie: la différence des langues est un obstacle presque
invincible. Mort en 1698.
MASCARON (Jules), de Marseille, né en 1634, évêque de Tulles, et puis
d’Agen. Ses Oraisons funèbres balancèrent d’abord celles de Bossuet;
mais aujourd’hui elles ne servent qu’à faire voir combien Bossuet était
un grand homme. Mort en 1703.
MASSILLON (Jean-Baptiste), né à Hières, en Provence, en 1633, de
l’Oratoire, évêque de Clermont. Le prédicateur qui a le mieux connu le
monde; plus fleuri que Bourdaloue, plus agréable, et dont l’éloquence
sent l’homme de cour, l’académicien, et l’homme d’esprit; de plus,
philosophe modéré et tolérant. Mort en 1742.
MAUCROIX (François de), né à Noyon en 1619, historien, poëte, et
littérateur. On a retenu quelques uns de ses vers, tels que ceux-ci,
qu’il fit à l’âge de plus de quatre-vingts ans:
Chaque jour est un bien que du ciel je reçoi;
Jouissons aujourd’hui de celui qu’il nous donne.
Il n’appartient pas plus aux jeunes gens qu’à moi,
Et celui de demain n’appartient à personne.
Mort en 1708.
MAYNARD (François), président d’Aurillac, né à Toulouse vers 1582. On
peut le compter parmi ceux qui ont annoncé le siècle de Louis XIV. Il
reste de lui un assez grand nombre de vers heureux purement écrits.
C’est un des auteurs qui s’est plaint le plus de la mauvaise fortune
attachée aux talents. Il ignorait que le succès d’un bon ouvrage est
la seule récompense digne d’un artiste; que, si les princes et les
ministres veulent se faire honneur en récompensant cette espèce de
mérite, il y a plus d’honneur encore d’attendre ces faveurs sans les
demander; et que, si un bon écrivain ambitionne la fortune, il doit la
faire soi-même.
Rien n’est plus connu que son beau sonnet[225] pour le cardinal de
Richelieu; et cette réponse dure du ministre, ce mot cruel, _rien_. Le
président Maynard, retiré enfin à Aurillac, fit ces vers[226], qui
méritent autant d’être connus que son sonnet:
Par votre humeur le monde est gouverné;
Vos volontés font le calme et l’orage;
Vous vous riez de me voir confiné
Loin de la cour dans mon petit ménage:
Mais n’est-ce rien que d’être tout à soi,
De n’avoir point le fardeau d’un emploi,
D’avoir dompté la crainte et l’espérance?
Ah! si le ciel, qui me traite si bien,
Avait pitié de vous et de la France,
Votre bonheur serait égal au mien.
Depuis la mort du cardinal, il dit dans d’autres vers que le tyran est
mort, et qu’il n’en est pas plus heureux. Si le cardinal lui avait fait
du bien, ce ministre eût été un dieu pour lui: il n’est un tyran que
parcequ’il ne lui donna rien. C’est trop ressembler à ces mendiants
qui appellent les passants monseigneur, et qui les maudissent s’ils
n’en reçoivent point d’aumône. Les vers de Maynard étaient fort beaux.
Il eût été plus beau de passer sa vie sans demander et sans murmurer.
L’épitaphe qu’il fit pour lui-même est dans la bouche de tout le monde:
Las d’espérer et de me plaindre
Des muses, des grands, et du sort,
C’est ici que j’attends la mort,
Sans la desirer ni la craindre.
Les deux derniers vers sont la traduction de cet ancien vers latin:
«Summum nec metuas diem, nec optes.»
MART., lib. X, ep. 47.
La plupart des beaux vers de morale sont des traductions. Il est
bien commun de ne pas desirer la mort; il est bien rare de ne pas la
craindre, et il eût été grand de ne pas seulement songer s’il y a des
grands au monde. Mort en 1646.
MÉNAGE (Gilles), d’Angers, né en 1613. Il a prouvé qu’il est plus
aisé de faire des vers en italien qu’en français. Ses vers italiens
sont estimés, même en Italie; et notre langue doit beaucoup à ses
recherches. Il était savant en plus d’un genre. Sa _Requête des
dictionnaires_ l’empêcha d’entrer à l’académie. Il adressa au cardinal
Mazarin, sur son retour en France, une pièce latine, où l’on trouve ce
vers:
«Et puto tam viles despicis ipse togas[227].»
Le parlement, qui, après avoir mis à prix la tête du cardinal, l’avait
complimenté, se crut désigné par ce vers, et voulait sévir contre
l’auteur; mais Ménage prouva au parlement que _toga_ signifiait un
habit de cour. Mort en 1692. La Monnoye a augmenté et rectifié le
_Menagiana_.
MÉNESTRIER (Claude-François), né en 1631, a beaucoup servi à la science
du blason, des emblèmes, et des devises. Mort en 1705.
MÉRY (Jean), né en Berri, en 1645, l’un de ceux qui ont le plus
illustré la chirurgie. Il a laissé des observations utiles. Mort en
1722.
MÉZERAI (François-Eudes de), né à Argentan[228], en Normandie, en
1610. Son _Histoire de France_ est très connue; ses autres écrits le
sont moins. Il perdit ses pensions, pour avoir dit ce qu’il croyait la
vérité. D’ailleurs plus hardi qu’exact, et inégal dans son style. Son
nom de famille était Eudes; il était frère du P. Eudes, fondateur de
la congrégation très répandue et très peu connue des eudistes. Mort en
1683.
MIMEURE[229] (Le marquis de), menin de Monseigneur, fils de Louis XIV.
On a de lui quelques morceaux de poésies qui ne sont pas inférieures à
celles de Racan et de Maynard: mais comme ils parurent dans un temps
où le bon était très rare, et le marquis de Mimeure dans un temps où
l’art était perfectionné, ils eurent beaucoup de réputation, et à peine
fut-il connu. Son _Ode à Vénus_, imitée d’Horace, n’est pas indigne de
l’original[230].
MOLIÈRE (Jean-Baptiste Poquelin de), né à Paris[231], en 1620, le
meilleur des poëtes comiques de toutes les nations. Cet article a
engagé à relire les poëtes comiques de l’antiquité. Il faut avouer
que si l’on compare l’art et la régularité de notre théâtre avec ces
scènes décousues des anciens, ces intrigues faibles, cet usage grossier
de faire annoncer par des acteurs, dans des monologues froids et sans
vraisemblance, ce qu’ils ont fait, et ce qu’ils veulent faire; il faut
avouer, dis-je, que Molière a tiré la comédie du chaos, ainsi que
Corneille en a tiré la tragédie; et que les Français ont été supérieurs
en ce point à tous les peuples de la terre. Molière avait d’ailleurs
une autre sorte de mérite, que ni Corneille, ni Racine, ni Boileau, ni
La Fontaine, n’avaient pas. Il était philosophe, et il l’était dans la
théorie et dans la pratique. C’est à ce philosophe que l’archevêque de
Paris, Harlai, si décrié pour ses mœurs[232], refusa les vains honneurs
de la sépulture: il fallut que le roi engageât ce prélat à souffrir que
Molière fût enterré secrètement dans le cimetière de la petite chapelle
de Saint-Joseph, rue Montmartre. Mort en 1673.
On s’est piqué à l’envi dans quelques dictionnaires nouveaux de
décrier les vers de Molière, en faveur de sa prose, sur la parole
de l’archevêque de Cambrai, Fénélon, qui semble en effet donner la
préférence à la prose de ce grand comique, et qui avait ses raisons
pour n’aimer que la prose poétique; mais Boileau ne pensait pas ainsi.
Il faut convenir qu’à quelques négligences près, négligences que la
comédie tolère, Molière est plein de vers admirables, qui s’impriment
facilement dans la mémoire. _Le Misanthrope_, _les Femmes savantes_,
_le Tartufe_, sont écrits comme les satires de Boileau. L’_Amphitryon_
est un recueil d’épigrammes et de madrigaux, faits avec un art qu’on
n’a point imité depuis. La bonne poésie est à la bonne prose ce que
la danse est à une simple démarche noble, ce que la musique est au
récit ordinaire, ce que les couleurs d’un tableau sont à des dessins
au crayon. De là vient que les Grecs et les Romains n’ont jamais eu de
comédie en prose.
MONGAULT[233] (L’abbé de). La meilleure traduction qu’on ait faite des
Lettres de Cicéron est de lui. Elle est enrichie de notes judicieuses
et utiles. Il avait été précepteur du fils du duc d’Orléans, régent du
royaume, et mourut, dit-on, de chagrin de n’avoir pu faire auprès de
son élève la même fortune que l’abbé Dubois. Il ignorait apparemment
que c’est par le caractère, et non par l’esprit, que l’on fait fortune.
MONTESQUIEU (Charles de Secondat, baron de La Brède et de), président
au parlement de Bordeaux, né en 1689, donna à l’âge de trente-deux ans
les _Lettres persanes_, ouvrage de plaisanterie, plein de traits qui
annoncent un esprit plus solide que son livre. C’est une imitation du
_Siamois_ de Dufresni et de _l’Espion Turc_[234]; mais imitation qui
fait voir comment ces originaux devaient être écrits. Ces ouvrages
d’ordinaire ne réussissent qu’à la faveur de l’air étranger; on met
avec succès dans la bouche d’un Asiatique la satire de notre pays,
qui serait bien moins accueillie dans la bouche d’un compatriote: ce
qui est commun par soi-même devient alors singulier. Le génie qui
règne dans les _Lettres persanes_ ouvrit au président de Montesquieu
les portes de l’académie française, quoique l’académie fût maltraitée
dans son livre; mais en même temps la liberté avec laquelle il parle
du gouvernement, et des abus de la religion, lui attira une exclusion
de la part du cardinal de Fleury. Il prit un tour très adroit pour
mettre le ministre dans ses intérêts; il fit faire en peu de jours
une nouvelle édition de son livre[235], dans laquelle on retrancha ou
on adoucit tout ce qui pouvait être condamné par un cardinal et par
un ministre. M. de Montesquieu porta lui-même l’ouvrage au cardinal,
qui ne lisait guère, et qui en lut une partie. Cet air de confiance,
soutenu par l’empressement de quelques personnes de crédit, ramena le
cardinal, et Montesquieu entra dans l’académie.
Il donna ensuite le traité _sur la Grandeur et la Décadence des
Romains_, matière usée, qu’il rendit neuve par des réflexions très
fines et des peintures très fortes: c’est une histoire politique de
l’empire romain. Enfin on vit son _Esprit des lois_. On a trouvé dans
ce livre beaucoup plus de génie que dans Grotius et dans Puffendorf.
On se fait quelque violence pour lire ces auteurs; on lit l’_Esprit
des lois_ autant pour son plaisir que pour son instruction. Ce livre
est écrit avec autant de liberté que les _Lettres persanes_; et cette
liberté n’a pas peu servi au succès: elle lui attira des ennemis qui
augmentèrent sa réputation, par la haine qu’ils inspiraient contre eux:
ce sont ces hommes nourris dans les factions obscures des querelles
ecclésiastiques, qui regardent leurs opinions comme sacrées, et ceux
qui les méprisent comme sacriléges. Ils écrivirent violemment contre
le président de Montesquieu; ils engagèrent la Sorbonne à examiner son
livre, mais le mépris dont ils furent couverts arrêta la Sorbonne. Le
principal mérite de l’_Esprit des lois_[236] est l’amour des lois qui
règne dans cet ouvrage; et cet amour des lois est fondé sur l’amour du
genre humain. Ce qu’il y a de plus singulier, c’est que l’éloge qu’il
fait du gouvernement anglais est ce qui a plu davantage en France. La
vive et piquante ironie qu’on y trouve contre l’inquisition a charmé
tout le monde, hors les inquisiteurs. Ses réflexions, presque toujours
profondes, sont appuyées d’exemples tirés de l’histoire de toutes les
nations. Il est vrai qu’on lui a reproché de prendre trop souvent des
exemples dans de petites nations sauvages et presque inconnues, sur
les relations trop suspectes des voyageurs. Il ne cite pas toujours
avec beaucoup d’exactitude; il fait dire, par exemple, à l’auteur du
_Testament politique_ attribué au cardinal de Richelieu, «que s’il se
trouve dans le peuple quelque malheureux honnête homme, il ne faut
pas s’en servir.» Le _Testament politique_ dit seulement, à l’endroit
cité, qu’il vaut mieux se servir des hommes riches et bien élevés,
parcequ’ils sont moins corruptibles. Montesquieu s’est trompé dans
d’autres citations, jusqu’à dire que François Iᵉʳ (qui n’était pas
né lorsque Christophe Colomb découvrit l’Amérique) avait refusé les
offres de Christophe Colomb[237]. Le défaut continuel de méthode dans
cet ouvrage, la singulière affectation de ne mettre souvent que trois
ou quatre lignes dans un chapitre, et encore de ne faire de ces quatre
lignes qu’une plaisanterie, ont indisposé beaucoup de lecteurs; on
s’est plaint de trouver trop souvent des saillies où l’on attendait
des raisonnements; on a reproché à l’auteur d’avoir trop donné d’idées
douteuses pour des idées certaines: mais, s’il n’instruit pas toujours
son lecteur, il le fait toujours penser; et c’est là un très grand
mérite. Ses expressions vives et ingénieuses, dans lesquelles on trouve
l’imagination de Montaigne, son compatriote, ont contribué surtout à
la grande réputation de l’_Esprit des lois_; les mêmes choses dites
par un homme savant, et même plus savant que lui, n’auraient pas été
lues. Enfin, il n’y a guère d’ouvrages où il y ait plus d’esprit, plus
d’idées profondes, plus de choses hardies, et où l’on trouve plus à
s’instruire, soit en approuvant ses opinions, soit en les combattant.
On doit le mettre au rang des livres originaux qui ont illustré le
siècle de Louis XIV[238], et qui n’ont aucun modèle dans l’antiquité.
Il est mort en 1755, en philosophe[239], comme il avait vécu.
MONTFAUCON (Bernard de), né en 1655, bénédictin, l’un des plus savants
antiquaires de l’Europe. Mort en 1741.
MONTFAUCON DE VILLARS (l’abbé), né en 1635, célèbre par le _Comte
de Gabalis_. C’est une partie de l’ancienne mythologie des Perses.
L’auteur fut tué, en 1675, d’un coup de pistolet. On dit que les
sylphes l’avaient assassiné pour avoir révélé leurs mystères.
MONTPENSIER (Anne-Marie-Louise d’Orléans), connue sous le nom de
_Mademoiselle_, fille de Gaston d’Orléans, née à Paris, en 1627. Ses
Mémoires sont plus d’une femme occupée d’elle, que d’une princesse
témoin de grands événements; mais il s’y trouve des choses très
curieuses; on a aussi quelques petits romans d’elle, qu’on ne lit
guère. Les princes, dans leurs écrits, sont au rang des autres hommes.
Si Alexandre et Sémiramis avaient fait des ouvrages ennuyeux, ils
seraient négligés. On trouve plus aisément des courtisans que des
lecteurs. Morte en 1693.
MONTREUIL (Matthieu de), né à Paris, en 1621, l’un de ces écrivains
agréables et faciles dont le siècle de Louis XIV a produit un grand
nombre, et qui n’ont pas laissé de réussir dans le genre médiocre. Il y
a peu de vrais génies; mais l’esprit du temps et l’imitation ont fait
beaucoup d’auteurs agréables. Mort à Aix, en 1692[240].
MORÉRI (Louis), né en Provence, en 1643. On ne s’attendait pas que
l’auteur du _Pays d’amour_, et le traducteur de _Rodriguez_, entreprît
dans sa jeunesse le premier dictionnaire de faits qu’on eût encore
vu[241]. Ce grand travail lui coûta la vie. L’ouvrage réformé et très
augmenté porte encore son nom, et n’est plus de lui. C’est une ville
nouvelle bâtie sur le plan ancien. Trop de généalogies suspectes ont
fait tort surtout à cet ouvrage si utile. Mort en 1680. On a fait des
suppléments remplis d’erreurs.
MORIN (Michel-Jean-Baptiste), né en Beaujolais, en 1583, médecin,
mathématicien, et, par les préjugés du temps, astrologue. Il tira
l’horoscope de Louis XIV. Malgré cette charlatanerie, il était savant.
Il proposa d’employer les observations de la lune à la détermination
des longitudes en mer; mais cette méthode exigeait dans les tables
des mouvements de cette planète ce degré d’exactitude que les travaux
réunis des premiers géomètres de ce siècle ont pu à peine leur donner.
_Voyez_ l’article CASSINI. Mort en 1656.
MORIN (Jean), né à Blois, en 1591, très savant dans les langues
orientales et dans la critique. Mort à l’Oratoire, en 1659.
MORIN (Simon), né en Normandie, en 1623. On ne parle ici de lui que
pour déplorer sa fatale folie et celle de Desmarets Saint-Sorlin, son
accusateur[242]. Saint-Sorlin fut un fanatique qui en dénonça un autre.
Morin, qui ne méritait que les Petites-Maisons, fut brûlé vif en 1663,
avant que la philosophie eût fait assez de progrès pour empêcher les
savants de dogmatiser, et les juges d’être si cruels.
MOTTEVILLE (Françoise Bertaut[243] de), née en 1615, en Normandie.
Cette dame a écrit des Mémoires qui regardent particulièrement la reine
Anne, mère de Louis XIV. On y trouve beaucoup de petits faits, avec un
grand air de sincérité. Morte en 1689.
NAUDÉ (Gabriel), né à Paris, en 1600; médecin, et plus philosophe que
médecin. Attaché d’abord au cardinal Barberin, à Rome, puis au cardinal
de Richelieu, au cardinal Mazarin, et ensuite à la reine Christine,
dont il alla quelque temps grossir la cour savante; retiré enfin à
Abbeville, où il mourut dès qu’il fut libre. De tous ses livres, son
_Apologie des grands hommes accusés de magie_ est presque le seul qui
soit demeuré. On ferait un plus gros livre des grands hommes accusés
d’impiété depuis Socrate.
«...... _Populus nam_ solos credit habendos
Esse Deos quos ipse colit.»
JUV., sat. XV, v. 37.
Mort en 1653.
NEMOURS (Marie de Longueville, duchesse de), née en 1625. On a
d’elle des Mémoires où l’on trouve quelques particularités des temps
malheureux de la fronde. Morte en 1707.
NEVERS (Philippe-Julien Mazarin Mancini, duc de). On a de lui des
pièces de poésie d’un goût très singulier. Il ne faut pas s’en
rapporter au sonnet parodié par Racine et Despréaux:
Dans un palais doré, Nevers jaloux et blême
Fait des vers où jamais personne n’entend rien.
Il en fesait qu’on entendait très aisément et avec grand plaisir, comme
ceux-ci contre Rancé, le fameux réformateur de la Trappe, qui avait
écrit contre l’archevêque Fénélon:
Cet abbé qu’on croyait pétri de sainteté,
Vieilli dans la retraite et dans l’humilité,
Orgueilleux de ses croix, bouffi de sa souffrance,
Rompt ses sacrés statuts en rompant le silence;
Et, contre un saint prélat s’animant aujourd’hui,
Du fond de ses déserts déclame contre lui;
Et moins humble de cœur que fier de sa doctrine,
Il ose décider ce que Rome examine.
Son esprit et ses talents se sont perfectionnés dans son
petit-fils[244]. Mort en 1707.
NICÉRON (Jean-Pierre), barnabite, né à Paris, en 1685, auteur des
_Mémoires sur les hommes illustres dans les lettres_. Tous ne sont pas
illustres, mais il parle de chacun convenablement; il n’appelle point
un orfèvre grand homme. Il mérite d’avoir place parmi les savants
utiles. Mort en 1738.
NICOLE (Pierre), né à Chartres, en 1625, un des meilleurs écrivains
de Port-Royal. Ce qu’il a écrit contre les jésuites n’est guère lu
aujourd’hui; et ses _Essais de morale_, qui sont utiles au genre
humain, ne périront pas. Le chapitre, surtout, des moyens de conserver
la paix dans la société, est un chef-d’œuvre auquel on ne trouve rien
d’égal en ce genre dans l’antiquité; mais cette paix est peut-être
aussi difficile à établir que celle de l’abbé de Saint-Pierre. Mort en
1695.
NIVELLE DE LA CHAUSSÉE (Pierre-Claude). Il a fait quelques comédies
dans un genre nouveau et attendrissant, qui ont eu du succès. Il est
vrai que pour faire des comédies il lui manquait le génie comique.
Beaucoup de personnes de goût ne peuvent souffrir des comédies où l’on
ne trouve pas un trait de bonne plaisanterie; mais il y a du mérite à
savoir toucher, à bien traiter la morale, à faire des vers bien tournés
et purement écrits: c’est le mérite de cet auteur. Il était né sous
Louis XIV[245]. On lui a reproché que ce qui approche du tragique dans
ses pièces n’est pas toujours assez intéressant, et que ce qui est du
ton de la comédie n’est pas plaisant. L’alliage de ces deux métaux est
difficile à trouver. On croit que La Chaussée est un des premiers
après ceux qui ont eu du génie. Il est mort vers l’année 1750[246].
NODOT, n’est connu que par ses fragments de Pétrone, qu’il dit avoir
trouvés à Belgrade, en 1688. Les lacunes qu’il a en effet remplies
ne me paraissent pas d’un aussi mauvais latin que ses adversaires
le disent. Il y a des expressions, à la vérité, dont ni Cicéron, ni
Virgile, ni Horace, ne se servent; mais le vrai Pétrone est plein
d’expressions pareilles, que de nouvelles mœurs et de nouveaux usages
avaient mises à la mode. Au reste, je ne fais cet article touchant
Nodot que pour faire voir que la satire de Pétrone n’est point du
tout celle que le consul Pétrone envoya, dit-on, à Néron, avant de se
faire ouvrir les veines: «Flagitia principis sub nominibus exoletorum
feminarumque, et novitate cujusque stupri perscripsit, atque obsignata
misit Neroni[247].»
On a prétendu que le professeur Agamemnon est Sénèque; mais le style
de Sénèque est précisément le contraire de celui d’Agamemnon, _turgida
oratio_; Agamemnon est un plat déclamateur de collége.
On ose dire que Trimalcion est Néron. Comment un jeune empereur, qui
après tout avait de l’esprit et des talents, peut-il être représenté
par un vieux financier ridicule, qui donne à dîner à des parasites plus
ridicules encore, et qui parle avec autant d’ignorance et de sottise
que le Bourgeois gentilhomme de Molière?
Comment la crasseuse et idiote Fortunata, qui est fort au-dessous de
madame Jourdain, pourrait-elle être la femme ou la maîtresse de Néron?
quel rapport des polissons de collége, qui vivent de petits larcins
dans des lieux de débauche obscurs, peuvent-ils avoir avec la cour
magnifique et voluptueuse d’un empereur? Quel homme sensé, en lisant
cet ouvrage licencieux, ne jugera pas qu’il est d’un homme effréné,
qui a de l’esprit, mais dont le goût n’est pas encore formé; qui fait
tantôt des vers très agréables, et tantôt de très mauvais; qui mêle les
plus basses plaisanteries aux plus délicates, et qui est lui-même un
exemple de la décadence du goût dont il se plaint?
La clef qu’on a donnée de Pétrone ressemble à celle des _Caractères de
La Bruyère_; elle est faite au hasard.
OZANAM (Jacques), Juif d’origine, né près de Dombes, en 1642. Il
apprit la géométrie sans maître, dès l’âge de quinze ans. Il est le
premier qui ait fait un dictionnaire de mathématiques. Ses _Récréations
mathématiques et physiques_ ont toujours un grand débit; mais ce n’est
plus l’ouvrage d’Ozanam, comme les dernières éditions de Moréri ne sont
plus son ouvrage. Mort en 1717.
PAGI (Antoine), Provençal, né en 1624, franciscain. Il a corrigé
Baronius, et a eu pension du clergé pour cet ouvrage. Mort en 1699.
PAPIN (Isaac), né à Blois en 1657, calviniste. Ayant quitté sa
religion, il écrivit contre elle. Mort en 1709.
PARDIES (Ignace-Gaston), jésuite, né à Pau, en 1636, connu par ses
_Éléments de géométrie_, et par son livre _sur l’Ame des bêtes_[248].
Prétendre avec Descartes que les animaux sont de pures machines privées
du sentiment dont ils ont les organes, c’est démentir l’expérience et
insulter la nature. Avancer qu’un esprit pur les anime, c’est dire
ce qu’on ne peut prouver. Reconnaître que les animaux sont doués de
sensations et de mémoire, sans savoir comment cela s’opère, ce serait
parler en sage qui sait que l’ignorance vaut mieux que l’erreur:
car quel est l’ouvrage de la nature dont on connaisse les premiers
principes? Mort en 1673.
PARENT (Antoine), né à Paris, en 1666, bon mathématicien. Il est encore
un de ceux qui apprirent la géométrie sans maître. Ce qu’il y a de
plus singulier de lui, c’est qu’il vécut long-temps à Paris, libre et
heureux, avec moins de deux cents livres de rente. Mort en 1716.
PASCAL (Blaise), fils du premier intendant qu’il y eut à Rouen, né en
1623, génie prématuré. Il voulut se servir de la supériorité de ce
génie comme les rois de leur puissance; il crut tout soumettre et tout
abaisser par la force. Ce qui a le plus révolté certains lecteurs dans
ses _Pensées_[249], c’est l’air despotique et méprisant dont il débute.
Il ne fallait commencer que par avoir raison. Au reste, la langue et
l’éloquence lui doivent beaucoup. Les ennemis de Pascal et d’Arnauld
firent supprimer leurs éloges dans le livre des _Hommes illustres_
de Perrault. Sur quoi on cita ce passage de Tacite (Ann. III, 76),
«Præfulgebant Cassius atque Brutus eo ipso quod effigies eorum non
visebantur.» Mort en 1662.
PATIN (Gui), né à Houdan, en 1601, médecin, plus fameux par ses
Lettres médisantes que par sa médecine. Son recueil de Lettres a
été lu avec avidité, parcequ’elles contiennent des nouvelles et des
anecdotes que tout le monde aime, et des satires qu’on aime davantage.
Il sert à faire voir combien les auteurs contemporains qui écrivent
précipitamment les nouvelles du jour, sont des guides infidèles pour
l’histoire. Ces nouvelles se trouvent souvent fausses ou défigurées par
la malignité; d’ailleurs, cette multitude de petits faits n’est guère
précieuse qu’aux petits esprits. Mort en 1672.
PATIN (Charles), né à Paris, en 1633, fils de _Gui_ Patin. Ses ouvrages
sont lus des savants, et les Lettres de son père le sont des gens
oisifs. _Charles_ Patin, très savant antiquaire, quitta la France, et
mourut professeur en médecine à Padoue, en 1693.
PATRU (Olivier), né à Paris en 1604, le premier qui ait introduit la
pureté de la langue dans le barreau. Il reçut dans sa dernière maladie
une gratification de Louis XIV, à qui l’on dit qu’il n’était pas riche.
Mort en 1681.
PAVILLON (Étienne), né à Paris, en 1632, avocat général au parlement de
Metz, connu par quelques poésies écrites naturellement. Mort en 1705.
PELLISSON-FONTANIER (Paul), né calviniste à Béziers, en 1624; poëte
médiocre, à la vérité, mais homme très savant et très éloquent; premier
commis et confident du surintendant Fouquet; mis à la Bastille en 1661.
Il y resta quatre ans et demi, pour avoir été fidèle à son maître. Il
passa le reste de sa vie à prodiguer des éloges au roi, qui lui avait
ôté sa liberté: c’est une chose qu’on ne voit que dans les monarchies.
Beaucoup plus courtisan que philosophe, il changea de religion, et fit
sa fortune. Maître des comptes, maître des requêtes, et abbé, il fut
chargé d’employer le revenu du tiers des économats à faire quitter
aux huguenots leur religion, qu’il avait quittée. Son _Histoire de
l’académie_ fut très applaudie. On a de lui beaucoup d’ouvrages, des
_Prières pendant la messe_, un _Recueil de pièces galantes_, un _Traité
sur l’Eucharistie_, beaucoup de vers amoureux à Olympe. Cette Olympe
était mademoiselle Desvieux, qu’on prétend avoir épousé le célèbre
Bossuet avant qu’il entrât dans l’Église[250]. Mais ce qui a fait
le plus d’honneur à Pellisson, ce sont ses excellents discours pour
M. Fouquet, et son _Histoire de la conquête de la Franche-Comté_.
Les protestants ont prétendu qu’il était mort avec indifférence; les
catholiques ont soutenu le contraire, et tous sont convenus qu’il
mourut sans sacrements. Mort en 1693.
PERRAULT (Claude), né à Paris en 1613[251]. Il fut médecin, mais
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