Œuvres de Voltaire Tome XIX: Siècle de Louis XIV.—Tome I - 06

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autres peuples, depuis le cinquième siècle de l’ère vulgaire jusqu’au
quinzième, n’est qu’un chaos d’aventures barbares, sous des noms
barbares.
D’ARGONNE (Noël), né à Paris, en 1634, chartreux à Gaillon. C’est le
seul chartreux qui ait cultivé la littérature. Ses _Mélanges_, sous le
nom de _Vigneul de Marville_, sont remplis d’anecdotes curieuses et
hasardées. Mort en 1704.
DELISLE (Guillaume), né à Paris, en 1675, a réformé la géographie, qui
aura long-temps besoin d’être perfectionnée. C’est lui qui a changé
toute la position de notre hémisphère en longitude. Il a enseigné
à Louis XV la géographie, et n’a point fait de meilleur élève. Ce
monarque a composé[141], après la mort de son maître, un _Traité du
cours de tous les fleuves_. Guillaume Delisle est le premier qui ait eu
le titre de premier géographe du roi. Mort en 1726.
DESCARTES (René), né en Touraine, en 1596, fils d’un conseiller au
parlement de Bretagne, le plus grand mathématicien de son temps, mais
le philosophe qui connut moins la nature, si on le compare à ceux
qui l’ont suivi. Il passa presque toute sa vie hors de France, pour
philosopher en liberté, à l’exemple de Saumaise qui avait pris ce
parti. On a remarqué qu’il avait un frère aîné, conseiller au parlement
de Bretagne, qui le méprisait beaucoup, et qui disait qu’il était
indigne du frère d’un conseiller de s’abaisser à être mathématicien.
Ayant cherché le repos dans des solitudes en Hollande, il ne l’y
trouva pas. Un nommé Voët, et un nommé Shockius, deux professeurs du
galimatias scolastique qu’on enseignait encore, intentèrent contre
lui cette ridicule accusation d’athéisme dont les écrivains méprisés
ont toujours chargé les philosophes. En vain Descartes avait épuisé
son génie à rassembler les preuves de la Divinité, et à en chercher
de nouvelles; ses infâmes ennemis le comparèrent à Vanini dans un
écrit public: ce n’est pas que Vanini eût été athée, le contraire est
démontré[142]; mais il avait été brûlé comme tel, et on ne pouvait
faire une comparaison plus odieuse. Descartes eut beaucoup de peine
à obtenir une très légère satisfaction par sentence de l’Académie
de Groningue. Ses _Méditations_, son _Discours sur la méthode_, sont
encore estimés; toute sa physique est tombée, parcequ’elle n’est
fondée ni sur la géométrie, ni sur l’expérience. Ses _Recherches sur
la dioptrique_, où l’on trouve la loi fondamentale de cette science
soupçonnée par Snellius, et des applications de cette loi, qui ne
pouvaient être que l’ouvrage d’un très grand géomètre; ses travaux sur
les lois du choc des corps, objet dont il a eu le premier l’idée de
s’occuper, seront toujours, malgré les erreurs qui lui sont échappées,
des monuments d’un génie extraordinaire; et le petit livre connu sous
le nom de _Géométrie_ de Descartes, lui assure la supériorité sur tous
les mathématiciens de son temps. Il a eu long-temps une si prodigieuse
réputation, que La Fontaine, ignorant à la vérité, mais écho de la voix
publique, a dit de lui:
Descartes, ce mortel dont on eût fait un dieu
Dans les siècles passés, et qui tient le milieu
Entre l’homme et l’esprit, comme entre l’huître et l’homme
Le tient tel de nos gens, franche bête de somme.
L’abbé Genest, dans le siècle présent, s’est donné la malheureuse peine
de mettre en vers français la physique de Descartes[143].
Ce n’est guère que depuis l’année 1730 qu’on a commencé à revenir en
France de toutes les erreurs de cette philosophie chimérique, quand
la géométrie et la physique expérimentale ont été plus cultivées. Le
sort de Descartes en physique a été celui de Ronsard en poésie. Mort à
Stockholm, en 1650.
DES BARREAUX (Jacques de La Vallée, seigneur) est connu des gens de
lettres et de goût par plusieurs petites pièces de vers agréables dans
le goût de Sarasin et de Chapelle. Il était conseiller au parlement.
On sait qu’ennuyé d’un procès dont il était rapporteur, il paya de son
argent ce que le demandeur exigeait, jeta le procès au feu, et se démit
de sa charge. Ses petites pièces de poésie sont encore entre les mains
des curieux; elles sont toutes assez hardies. La voix publique lui
attribua un sonnet aussi médiocre que fameux, qui finit par ces vers:
Tonne, frappe, il est temps, rends-moi guerre pour guerre:
J’adore en périssant la raison qui t’aigrit;
Mais dessus quel endroit tombera ton tonnerre,
Qui ne soit tout couvert du sang de Jésus-Christ?
Il est très faux que ce sonnet soit de Des Barreaux[144], il était très
fâché qu’on le lui imputât. Il est de l’abbé de Lavau, qui était alors
jeune et inconsidéré; j’en ai vu la preuve dans une lettre de Lavau à
l’abbé Servien. Des Barreaux est mort en 1673.
DES COUTURES (Le baron) traduisit en prose et commenta _Lucrèce_, vers
le milieu du règne de Louis XIV. Il pensait comme ce philosophe sur la
plupart des premiers principes des choses[145]; il croyait la matière
éternelle, à l’exemple de tous les anciens. La religion chrétienne a
seule combattu cette opinion.
DESHOULIÈRES (Antoinette du Ligier de La Garde). De toutes les dames
françaises qui ont cultivé la poésie, c’est celle qui a le plus réussi,
puisque c’est celle dont on a retenu le plus de vers. C’est dommage
qu’elle soit l’auteur du mauvais sonnet contre l’admirable _Phèdre_
de Racine. Ce sonnet ne fut bien reçu du public que parcequ’il était
satirique. N’est-ce pas assez que les femmes soient jalouses en
amour? faut-il encore qu’elles le soient en belles-lettres? Une femme
satirique ressemble à Méduse et à Scylla, deux beautés changées en
monstres. Morte en 1694.
DESLYONS (Jean), né à Pontoise, en 1616, docteur de Sorbonne, homme
singulier, auteur de plusieurs ouvrages polémiques. Il voulut prouver
que les réjouissances à la fête des rois sont des profanations, et que
le monde allait bientôt finir. Mort en 1700.
DESMARETS DE SAINT-SORLIN (Jean), né à Paris, en 1595. Il travailla
beaucoup à la tragédie de _Mirame_ du cardinal de Richelieu. Sa
comédie des _Visionnaires_ passa pour un chef-d’œuvre, mais c’est
que Molière n’avait pas encore paru. Il fut contrôleur-général de
l’extraordinaire des guerres et secrétaire de la marine du Levant. Sur
la fin de sa vie, il fut plus connu par son fanatisme[146] que par ses
ouvrages. Mort en 1676.
DESTOUCHES (Philippe Néricault), né à Tours, en 1680, avait été
comédien dans sa jeunesse. Après avoir fait plusieurs comédies, il
fut chargé long-temps des affaires de France en Angleterre; et ayant
rempli ce ministère avec succès, il se remit à faire des comédies.
On ne trouve pas dans ses pièces la force et la gaîté de Regnard,
encore moins ces peintures du cœur humain, ce naturel, cette vraie
plaisanterie, cet excellent comique, qui fait le mérite de l’inimitable
Molière; mais il n’a pas laissé de se faire de la réputation après eux.
On a de lui quelques pièces qui ont eu du succès, quoique le comique en
soit un peu forcé. Il a du moins évité le genre de la comédie qui n’est
que langoureuse, de cette espèce de tragédie bourgeoise, qui n’est ni
tragique, ni comique, monstre né de l’impuissance des auteurs et de la
satiété du public après les beaux jours du siècle de Louis XIV[147]. Sa
comédie du _Glorieux_ est son meilleur ouvrage[148], et probablement
restera au théâtre, quoique le personnage du _Glorieux_ soit, dit-on,
manqué; mais les autres caractères paraissent traités supérieurement.
Mort en 1754.
D’HOSIER (Pierre), né à Marseille, en 1592, fils d’un avocat. Il fut
le premier qui débrouilla les généalogies, et qui en fit une science.
Louis XIII le fit gentilhomme servant, maître d’hôtel, et gentilhomme
ordinaire de sa chambre. Louis XIV lui donna un brevet de conseiller
d’état. De véritablement grands hommes ont été bien moins récompensés;
leurs travaux n’étaient pas si nécessaires à la vanité humaine[149].
Mort en 1660.
D’OLIVET (Joseph Thoulier), abbé, conseiller d’honneur de la chambre
des comptes de Dôle, de l’académie française, né à Salins, en 1682;
célèbre dans la littérature par son _Histoire de l’Académie_, lorsqu’on
désespérait d’en avoir jamais une qui égalât celle de Pellisson. Nous
lui devons les traductions les plus élégantes et les plus fidèles des
ouvrages philosophiques de Cicéron, enrichies de remarques judicieuses.
Toutes les œuvres de Cicéron, imprimées par ses soins et ornées de ses
remarques, sont un beau monument qui prouve que la lecture des anciens
n’est point abandonnée dans ce siècle. Il a parlé sa langue avec la
même pureté que Cicéron parlait la sienne, et il a rendu service à la
grammaire française par les observations les plus fines et les plus
exactes. On lui doit aussi l’édition du livre de _la Faiblesse de
l’Esprit humain_, composé par l’évêque d’Avranches, Huet, lorsqu’une
longue expérience l’eut fait enfin revenir des absurdes futilités
de l’école, et du fatras des recherches des siècles barbares. Les
jésuites, auteurs du _Journal de Trévoux_[150], se déchaînèrent contre
l’abbé d’Olivet, et soutinrent que l’ouvrage n’était pas de l’évêque
Huet, sur le seul prétexte qu’il ne convenait pas à un ancien prélat de
Normandie d’avouer que la scolastique est ridicule, et que les légendes
ressemblent aux quatre fils Aimon, comme s’il était nécessaire, pour
l’édification publique, qu’un évêque normand fût imbécile. C’est ainsi
à peu près qu’ils avaient soutenu que les Mémoires du cardinal de Retz
n’étaient pas de ce cardinal. L’abbé d’Olivet leur répondit, et sa
meilleure réponse fut de montrer à l’académie l’ouvrage de l’ancien
évêque d’Avranches, écrit de la main de l’auteur. Son âge et son mérite
sont notre excuse de l’avoir placé, ainsi que le président Hénault,
dans une liste où nous nous étions fait une loi de ne parler que des
morts[151].
DOMAT (Jean), célèbre jurisconsulte. Son livre des _Lois civiles_ a eu
beaucoup d’approbation. Mort en 1696.
DORLÉANS (Pierre-Joseph), jésuite, le premier qui ait choisi dans
l’histoire les révolutions pour son seul objet. Celles d’Angleterre
qu’il écrivit sont d’un style éloquent; mais depuis le règne de Henri
VIII il est plus disert que fidèle. Mort en 1698.
DOUJAT (Jean), né à Toulouse, en 1609, jurisconsulte et homme de
lettres. Il fesait tous les ans un enfant à sa femme, et un livre.
On en dit autant de Tiraqueau. Le _Journal des Savants_ l’appelle
_grand homme_; il ne faut pas prodiguer ce titre. Mort en 1688, à
soixante-dix-neuf ans.
DUBOIS (Gérard), né à Orléans, en 1629, de l’Oratoire. Il a fait
l’_Histoire de l’Église de Paris_. Mort en 1696.
DUBOS (L’abbé). Son _Histoire de la ligue de Cambrai_ est profonde,
politique, intéressante; elle fait connaître les usages et les mœurs
du temps, et est un modèle en ce genre. Tous les artistes lisent avec
fruit ses _Réflexions sur la poésie, la peinture et la musique_. C’est
le livre le plus utile qu’on ait jamais écrit sur ces matières chez
aucune des nations de l’Europe. Ce qui fait la bonté de cet ouvrage,
c’est qu’il n’y a que peu d’erreurs et beaucoup de réflexions vraies,
nouvelles et profondes. Ce n’est pas un livre méthodique; mais l’auteur
pense, et fait penser. Il ne savait pourtant pas la musique; il n’avait
jamais pu faire de vers, et n’avait pas un tableau; mais il avait
beaucoup lu, vu, entendu et réfléchi[152]. Il publia, pendant la guerre
de la succession, un ouvrage intitulé _les Intérêts de l’Angleterre
mal entendus dans la guerre présente_[153]. Il y prédit la séparation
des colonies anglaises, comme la suite nécessaire de la destruction
de la puissance française dans l’Amérique septentrionale, du besoin
qu’aurait l’Angleterre d’imposer des taxes sur ses colonies, et du
refus qu’elles feraient de se soumettre à ces taxes. Mort en 1712.
DUCANGE (Charles Dufresne), né à Amiens, en 1610. On sait combien ses
deux _Glossaires_ sont utiles pour l’intelligence de tous les usages du
Bas-Empire et des siècles suivants. On est effrayé de l’immensité de
ses connaissances et de ses travaux. De pareils hommes méritent notre
éternelle reconnaissance, après ceux qui ont fait servir leur génie à
nos plaisirs. Il fut un de ceux que Louis XIV récompensa. Mort en 1688.
DUCERCEAU (Jean-Antoine), né en 1670, jésuite. On trouve dans ses
poésies françaises, qui sont du genre médiocre, quelques vers naïfs
et heureux. Il a mêlé à la langue épurée de son siècle le langage
marotique, qui énerve la poésie par sa malheureuse facilité, et qui
gâte la langue de nos jours par des mots et des tours surannés. Mort en
1730.
DU CHATELET (madame). Voyez BRETEUIL.
DUCHÉ DE VANCI (Joseph-François), valet de chambre de Louis XIV, fit
pour la cour quelques tragédies tirées de l’_Écriture_, à l’exemple
de Racine, non avec le même succès. L’opéra d’_Iphigénie en Tauride_
est son meilleur ouvrage. Il est dans le grand goût; et, quoique ce ne
soit qu’un opéra, il retrace une grande idée de ce que les tragédies
grecques avaient de meilleur. Ce goût n’a pas subsisté long-temps; même
bientôt après on s’est réduit aux simples ballets, composés d’actes
détachés, faits uniquement pour amener des danses; ainsi l’opéra même
a dégénéré dans le temps que presque tout le reste tombait dans la
décadence.
Madame de Maintenon fit la fortune de cet auteur: elle le recommanda si
fortement à M. de Pontchartrain, secrétaire d’état, que ce ministre,
prenant Duché pour un homme considérable, alla lui rendre visite.
Duché, homme alors très obscur, voyant entrer chez lui un secrétaire
d’état, crut qu’on allait le conduire à la Bastille. Mort en 1704.
DUCHESNE (André), né en Touraine, en 1584; historiographe du roi,
auteur de beaucoup d’histoires et de recherches généalogiques. On
l’appelait _le Père de l’Histoire de France_. Mort en 1640.
DUFRESNOI (Charles-Alfonse), né à Paris en 1611, peintre et poëte.
Son poëme _de la Peinture_ a réussi auprès de ceux qui peuvent lire
d’autres vers latins que ceux du siècle d’Auguste. Mort en 1665.
DUFRESNY (Charles Rivière), né à Paris en 1648. Il passait pour
petit-fils de Henri IV, et lui ressemblait. Son père avait été valet de
garde-robe de Louis XIII, et le fils l’était de Louis XIV, qui lui fit
toujours du bien, malgré son dérangement, mais qui ne put l’empêcher de
mourir pauvre. Avec beaucoup d’esprit et plus d’un talent, il ne put
jamais rien faire de régulier. On a de lui beaucoup de comédies, et il
n’y en a guère où l’on ne trouve des scènes jolies et singulières. Mort
en 1724.
DU GUAI-TROUIN (René), né à Saint-Malo en 1673, d’armateur devenu
lieutenant-général des armées navales, l’un des plus grands hommes en
son genre, a donné des _Mémoires_[154] écrits du style d’un soldat, et
propres à exciter l’émulation chez ses compatriotes. Mort en 1736.
DUGUET (Jacques-Joseph), né en Forez en 1649; l’une des meilleures
plumes du parti janséniste. Son livre de l’_Éducation d’un roi_ n’a
point été fait pour le roi de Sardaigne, comme on l’a dit, et il a
été achevé par une autre main[155]. Le style de Duguet est formé sur
celui des bons écrivains de Port-Royal. Il aurait pu comme eux rendre
de grands services aux lettres; trois volumes sur vingt-cinq chapitres
d’_Isaïe_ prouvent qu’il n’était avare ni de son temps ni de sa plume.
Mort en 1733.
DUHALDE (Jean-Baptiste), jésuite, quoiqu’il ne soit point sorti de
Paris, et qu’il n’ait point su le chinois, a donné sur les Mémoires de
ses confrères la plus ample et la meilleure description de l’empire de
la Chine[156] qu’on ait dans le monde. Mort en 1743.
L’insatiable curiosité que nous avons de connaître à fond la religion,
les lois, les mœurs des Chinois, n’est point encore satisfaite: un
bourgmestre de Middelbourg, nommé _Hudde_[157], homme très riche,
guidé par cette seule curiosité, alla à la Chine vers l’an 1700.
Il employa une grande partie de son bien à s’instruire de tout. Il
apprit si parfaitement la langue, qu’on le prenait pour un Chinois.
Heureusement pour lui la forme de son visage ne le trahissait pas.
Enfin il sut parvenir au grade de mandarin; il parcourut toutes les
provinces en cette qualité, et revint ensuite en Europe avec un
recueil de trente années d’observations; elles ont été perdues dans
un naufrage: c’est peut-être la plus grande perte qu’ait faite la
république des lettres.
DUHAMEL (Jean-Baptiste), de Normandie, né en 1624, secrétaire de
l’académie des sciences. Quoique philosophe, il était théologien. La
philosophie, qui s’est perfectionnée depuis lui, a nui à ses ouvrages,
mais son nom a subsisté. Mort en 1706.
DUMARSAIS (César Chesneau), né à Marseille en 1676. Personne n’a
connu mieux que lui la métaphysique de la grammaire; personne n’a
plus approfondi les principes des langues. Son livre des _Tropes_ est
devenu insensiblement nécessaire, et tout ce qu’il a écrit sur la
grammaire mérite d’être étudié. Il y a dans le grand _Dictionnaire
encyclopédique_ beaucoup d’articles de lui, qui sont d’une grande
utilité. Il était du nombre de ces philosophes obscurs dont Paris est
plein, qui jugent sainement de tout, qui vivent entre eux dans la paix
et dans la communication de la raison, ignorés des grands, et très
redoutés de ces charlatans en tout genre qui veulent dominer sur les
esprits. La foule de ces hommes sages est une suite de l’esprit du
siècle. Mort en 1756.
DUPIN (Louis Ellies), né en 1657, docteur de Sorbonne. Sa _Bibliothèque
des auteurs ecclésiastiques_ lui a fait beaucoup de réputation et
quelques ennemis. Mort en 1719.
DUPLEIX (Scipion), de Condom, quoique né en 1569, peut être compté
dans le siècle de Louis XIV, ayant encore vécu sous son règne. Il est
le premier historien qui ait cité en marge ses autorités, précaution
absolument nécessaire quand on n’écrit pas l’histoire de son temps,
à moins qu’on ne s’en tienne aux faits connus. On ne lit plus son
_Histoire de France_, parceque depuis lui on a mieux fait et mieux
écrit. Mort en 1661.
DUPUY (Pierre), fils de Claude Dupuy, conseiller au parlement, très
savant homme, naquit en 1583. La science de Pierre Dupuy fut utile à
l’état. Il travailla plus que personne à l’inventaire des chartes, et
aux recherches des droits du roi sur plusieurs états. Il débrouilla,
autant qu’on le peut, la _loi Salique_, et défendit les libertés de
l’Église gallicane, en prouvant qu’elles ne sont qu’une partie des
anciens droits des anciennes Églises. Il résulte de son _Histoire des
Templiers_ qu’il y avait quelques coupables dans cet ordre, mais que
la condamnation de l’ordre entier et le supplice de tant de chevaliers
furent une des plus horribles injustices qu’on ait jamais commises.
Mort en 1651.
DURYER (André), gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, long-temps
employé à Constantinople et en Égypte. Nous avons de lui la traduction
de _l’Alcoran_ et de l’_Histoire de Perse_[158].
DURYER (Pierre), né à Paris en 1605, secrétaire du roi, historiographe
de France, pauvre malgré ses charges. Il fit dix-neuf pièces de
théâtre, et treize traductions, qui furent toutes bien reçues de son
temps: mort en 1658.
ESPRIT (Jacques), né à Béziers en 1611, auteur du livre _de la Fausseté
des vertus humaines_, qui n’est qu’un commentaire du duc de La
Rochefoucauld. Le chancelier Séguier, qui goûta sa littérature, lui fit
avoir un brevet de conseiller d’état. Mort en 1678.
ESTRADES (Godefroi, maréchal d’). Ses _Lettres_[159] sont aussi
estimées que celles du cardinal d’Ossat; et c’est une chose
particulière aux Français, que de simples dépêches aient été souvent
d’excellents ouvrages. Mort en 1686.
FÉLIBIEN (André), né à Chartres en 1619. Il est le premier qui, dans
les inscriptions de l’hôtel-de-ville, ait donné à Louis XIV le nom de
_Grand_. Ses _Entretiens sur la vie des peintres_ sont l’ouvrage qui
lui a fait le plus d’honneur. Il est élégant, profond, et il respire
le goût: mais il dit trop peu de choses en trop de paroles, et est
absolument sans méthode. Mort en 1695.
FÉNÉLON (François de Salignac de La Mothe), archevêque de Cambrai, né
en Périgord en 1651. On a de lui cinquante-cinq ouvrages différents.
Tous partent d’un cœur plein de vertu, mais son _Télémaque_ l’inspire.
Il a été vainement blâmé par Gueudeville, et par l’abbé Faydit[160].
Mort à Cambrai en 1715.
Après la mort de Fénélon, Louis XIV brûla lui-même tous les manuscrits
que le duc de Bourgogne avait conservés de son précepteur. Ramsay,
élève de ce célèbre archevêque, m’a écrit ces mots: «S’il était né
en Angleterre, il aurait développé son génie, et donné l’essor sans
crainte à ses principes, que personne n’a connus.»
FERRAND (Antoine), conseiller de la cour des aides. On a de lui de très
jolis vers. Il joutait avec Rousseau dans l’épigramme et le madrigal.
Voici dans quel goût Ferrand écrivait:
D’amour et de mélancolie
Célemnus enfin consumé,
En fontaine fut transformé;
Et qui boit de ses eaux oublie
Jusqu’au nom de l’objet aimé.
Pour mieux oublier Égérie,
J’y courus hier vainement;
A force de changer d’amant,
L’infidèle l’avait tarie.
On voit que Ferrand mettait plus de naturel, de grâce, et de
délicatesse, dans ses sujets galants, et Rousseau plus de force et de
recherche dans des sujets de débauche. Mort en 1719.
FEUQUIÈRES (Antoine de Pas, marquis de), né à Paris en 1648. Officier
consommé dans l’art de la guerre, et excellent guide s’il est critique
trop sévère. Mort en 1711.
FLÉCHIER (Esprit), du comtat d’Avignon, né en 1632, évêque de Lavaur et
puis de Nîmes; poëte français et latin, historien, prédicateur, mais
connu surtout par ses belles oraisons funèbres[161]. Son _Histoire
de Théodose_ a été faite pour l’éducation de Monseigneur. Le duc de
Montausier avait engagé les meilleurs esprits de France à travailler,
par de bons ouvrages, à cette éducation. Mort en 1710.
FLEURY (Claude), né en 1640, sous-précepteur du duc de Bourgogne, et
confesseur de Louis XV son fils, vécut à la cour dans la solitude et
dans le travail. Son _Histoire de l’Église_ est la meilleure qu’on ait
jamais faite, et les discours préliminaires sont fort au-dessus de
l’histoire. Ils sont presque d’un philosophe, mais l’histoire n’en est
pas. Mort en 1723.
FONTAINE (Jean de La). _Voyez_ LA FONTAINE.
FONTENELLE (Bernard Le Bovier[162] de), né à Rouen le 11 février 1657.
On peut le regarder comme l’esprit le plus universel que le siècle
de Louis XIV ait produit. Il a ressemblé à ces terres heureusement
situées qui portent toutes les espèces de fruits. Il n’avait pas
vingt ans lorsqu’il fit une grande partie de la tragédie-opéra de
_Bellérophon_, et depuis il donna l’opéra de _Thétis et Pélée_, dans
lequel il imita beaucoup Quinault, et qui eut un grand succès. Celui
d’_Énée et Lavinie_ en eut moins. Il essaya ses forces au théâtre
tragique; il aida mademoiselle Bernard dans quelques pièces. Il en
composa deux, dont une fut jouée en 1680, et jamais imprimée[163].
Elle lui attira trop long-temps de très injustes reproches: car il
avait eu le mérite de reconnaître que, bien que son esprit s’étendît à
tout, il n’avait pas le talent de Pierre Corneille, son oncle, pour la
tragédie[164].
En 1686, il fit l’allégorie de _Méro_ et d’_Énégu_[165]; c’est Rome
et Genève. Cette plaisanterie si connue, jointe à l’_Histoire des
oracles_, excita depuis contre lui une persécution. Il en essuya une
moins dangereuse, et qui n’était que littéraire, pour avoir soutenu
qu’à plusieurs égards les modernes valaient bien les anciens. Racine
et Boileau, qui avaient pourtant intérêt que Fontenelle eût raison,
affectèrent de le mépriser, et lui fermèrent long-temps les portes de
l’académie. Ils firent contre lui des épigrammes; il en fit contre eux,
et ils furent toujours ses ennemis. Il fit beaucoup d’ouvrages légers,
dans lesquels on remarquait déjà cette finesse et cette profondeur qui
décèlent un homme supérieur à ses ouvrages mêmes. On remarqua dans ses
vers et dans ses _Dialogues des morts_ l’esprit de Voiture, mais plus
étendu et plus philosophique. Sa _Pluralité des mondes_ fut un ouvrage
unique en son genre[166]. Il sut faire, des _Oracles_ de Van-Dale,
un livre agréable. Les matières délicates auxquelles on touche dans
ce livre lui attirèrent des ennemis violents, auxquels il eut le
bonheur d’échapper. Il vit combien il est dangereux d’avoir raison
dans des choses où des hommes accrédités ont tort. Il se tourna vers
la géométrie et vers la physique avec autant de facilité qu’il avait
cultivé les arts d’agrément. Nommé secrétaire perpétuel de l’académie
des sciences, il exerça cet emploi pendant plus de quarante ans avec
un applaudissement universel. Son _Histoire de l’académie_ jette très
souvent une clarté lumineuse sur les mémoires les plus obscurs. Il fut
le premier qui porta cette élégance dans les sciences. Si quelquefois
il y répandit trop d’ornement, c’était de ces moissons abondantes dans
lesquelles les fleurs croissent naturellement avec les épis.
Cette _Histoire de l’académie des sciences_ serait aussi utile
qu’elle est bien faite, s’il n’avait eu à rendre compte que de vérités
découvertes: mais il fallait souvent qu’il expliquât des opinions
combattues les unes par les autres, et dont la plupart sont détruites.
Les éloges[167] qu’il prononça des académiciens morts ont le mérite
singulier de rendre les sciences respectables, et ont rendu tel leur
auteur. En vain l’abbé Desfontaines et d’autres gens de cette espèce
ont voulu obscurcir sa réputation; c’est le propre des grands hommes
d’avoir de méprisables ennemis. S’il fit imprimer depuis des comédies
froides, peu théâtrales, et une apologie des tourbillons de Descartes,
on a pardonné ces comédies en faveur de sa vieillesse, et son
cartésianisme, en faveur des anciennes opinions qui, dans sa jeunesse,
avaient été celles de l’Europe.
Enfin, on l’a regardé comme le premier des hommes dans l’art nouveau
de répandre de la lumière et des graces sur les sciences abstraites,
et il a eu du mérite dans tous les autres genres qu’il a traités. Tant
de talents ont été soutenus par la connaissance des langues et de
l’histoire; et il a été, sans contredit, au-dessus de tous les savants
qui n’ont pas eu le don de l’invention.
Son _Histoire des Oracles_, qui n’est qu’un abrégé très sage et
très modéré de la grande histoire de Van-Dale, lui fit une querelle
assez violente avec quelques jésuites compilateurs de la _Vie des
saints_[168], qui avaient précisément l’esprit des compilateurs. Ils
écrivirent à leur manière contre le sentiment raisonnable de Van-Dale
et de Fontenelle. Le philosophe de Paris ne répondit point[169]; mais
son ami, le savant Basnage, philosophe de Hollande, répondit, et le
livre des compilateurs ne fut pas lu. Plusieurs années après, le
jésuite Le Tellier, confesseur de Louis XIV, ce malheureux auteur de
toutes les querelles qui ont produit tant de mal et tant de ridicule
en France, déféra Fontenelle à Louis XIV, comme un athée, et rappela
l’allégorie de _Méro_ et d’_Énégu_. _Marc-René_ de Paulmi, marquis
d’Argenson, alors lieutenant de police, et depuis garde des sceaux,
écarta la persécution qui allait éclater contre Fontenelle, et ce
philosophe le fait assez entendre dans l’éloge du garde des sceaux
d’Argenson, prononcé dans l’académie des sciences. Cette anecdote est
plus curieuse que tout ce qu’a dit l’abbé Trublet de Fontenelle. Mort
le 9 janvier 1757, âgé de cent ans moins un mois et deux jours[170].
FORBIN (Claude, chevalier de), chef d’escadre en France, grand-amiral
du roi de Siam. Il a laissé des Mémoires curieux qu’on a rédigés, et
l’on peut juger entre lui et du Guai-Trouin. Mort en 1733.
FRAGUIER (Claude), né à Paris, en 1666, bon littérateur et plein de
goût. Il a mis la philosophie de Platon en bons vers latins. Il eût
mieux valu faire de bons vers français. On a de lui d’excellentes
dissertations dans le recueil utile de l’académie des belles-lettres.
Mort en 1728.
FURETIÈRE (Antoine), né en 1620, fameux par son Dictionnaire et par sa
querelle: mort en 1688.
GACON (François), né à Lyon, en 1667, mis par le P. Nicéron dans le
catalogue des hommes illustres, et qui n’a été fameux que par de
grossières plaisanteries, qu’on appelle _brevets de la calotte_. Ces
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