Adriani - 13

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qu'Adriani, stupéfait, pût comprendre ce qu'elle faisait, elle prit ses
deux mains et lui dit:
--Vous vous êtes offert à moi tout entier et pour toujours. Je ne vous
ai point accepté, je ne veux pas vous accepter encore, je n'en ai pas le
droit. Je ne vous ai pas assez prouvé que je vous méritais. Il ne faut
donc pas que la question soit posée comme cela. Si vous voulez que je
sois tranquille et confiante, il faut que ce soit vous qui m'acceptiez
telle que je suis, par bonté, par générosité, par compassion, par
amitié! Comme vous me demandiez de vous souffrir auprès de moi, je vous
demande de me souffrir auprès de vous. Mes droits sont moindres, je le
sais, car vous m'offriez une passion sublime et toutes les joies du ciel
dans les trésors de votre coeur. Je n'ose rien vous dire de moi. Il y a
si peu de temps que j'existe (je suis née le jour où je vous ai vu pour
la première fois), que je ne me connais pas encore. Mais je crois que je
deviendrai digne de vous, si je vis auprès de vous. Laissez-moi donc
apprendre à vous aimer, et, quand vous serez content de mon coeur,
prenez ma main et chargez-vous de ma destinée.
Adriani fut si éperdu, qu'il regardait Laure à ses pieds et l'écoutait
lui dire ces choses délirantes, sans songer à la relever et à lui
répondre. Il tomba suffoqué sur une chaise et pleura comme un enfant.
Puis il se coucha à ses pieds et les baisa avec idolâtrie. Laure était à
lui tout entière par la volonté, et cette possession divine, la seule
qui établisse la possession vraie, suffisait à des effusions de bonheur,
à des ivresses de l'âme qui devaient rendre intarissables les félicités
de l'avenir.


CONCLUSION

Trois ans après, M. et madame Adriani, car ils ne prenaient le nom de
d'Argères que sur les actes, suivaient, en se tenant par le bras et par
les mains, le sentier des vignes pour aller revoir le Temple.
Non-seulement Adriani, soutenu et encouragé par sa compagne dévouée,
avait gagné en France et en Angleterre la somme qui le rendait
propriétaire de Mauzères, mais encore il avait pu faire embellir cette
demeure, rajeunir le mobilier classique du baron, se créer là une
retraite commode et charmante. Enfin, il était arrivé à l'aisance, à la
liberté, et il devait ces biens à son travail. Loin d'amoindrir son
talent et d'épuiser son âme, le théâtre avait développé en lui des
facultés nouvelles. Il avait acquis la connaissance des effets
véritables, l'entente des masses musicales. Il _savait_ le théâtre, en
un mot, non pas seulement comme virtuose, mais comme compositeur, dans
une sphère plus étendue que celle où il s'était renfermé seul
auparavant. Il n'avait pas, comme le baron de West, ébauché le plan d'un
opéra. Il apportait des opéras plein son coeur et plein sa tête, de quoi
travailler à loisir et créer avec délices tout le reste de sa vie. Il
n'entrait donc pas dans l'oisiveté du riche en venant prendre possession
de son petit manoir.
Trois ans plus tôt, il n'eût sans doute pas oublié l'art, mais il se fût
arrêté dans son essor; et qui sait si Laure ne l'eût pas entravé dans
ses progrès, en lui persuadant et en se persuadant à elle-même qu'il
n'en avait point à faire? L'artiste meurt quand il divorce avec le
public d'une manière absolue. Il lui est aussi nuisible de se reprendre
entièrement que de se donner avec excès. Il s'épuise à demeurer toujours
sur la brèche. La lutte ardente et passionnée arrive, à la longue, à
troubler sa vue et à n'exciter plus que ses nerfs. Il a besoin de
rentrer souvent en lui-même, et de se poser face à face, comme Adriani
l'avait dit, avec l'humanité abstraite. Mais une abstraction ne lui
suffit pas continuellement: elle arrive à le troubler aussi, et tout
excès de parti pris conduit aux mêmes vertiges.
Adriani avait souffert, musicalement parlant, pendant ces trois années
d'épreuves. Il avait été forcé de chanter de mauvaises choses, il les
avait entendu applaudir avec frénésie. Il s'était reproché d'y
contribuer par son talent. Il avait maintes fois maudit intérieurement
le mauvais goût triomphant des oeuvres du génie. Mais il avait lutté
pour le génie, et quelquefois il avait fait remporter à Mozart, à
Rossini, à Weber, des victoires éclatantes. Il avait été trahi,
persécuté, irrité, comme le sont tous les artistes redoutables; mais,
soutenu dans ces épreuves par le caractère tranquille, généreux et ferme
de sa femme, récompensé par un amour sans bornes, par une sorte de culte
dont les témoignages avaient une suavité d'abandon inconnue à la plupart
des êtres, il s'était trouvé si heureux, qu'il avait à peine senti
passer les souffrances attachées à sa condition. Un mot, un regard de
Laure, effaçaient sur son front le léger pli des soucis extérieurs. Un
baiser d'elle sur ce front si beau y faisait rentrer, comme par
enchantement, la sérénité de l'idéal ou l'enthousiasme de la croyance.
Installés définitivement à Mauzères, comme dans le nid où chaque essor
de leurs ailes devait les ramener pour se reposer et se retremper dans
la sainte possession l'un de l'autre, ils venaient faire un pèlerinage à
cette triste maison qui était comme le paradis de leurs souvenirs. Elle
était aussi bien entretenue que possible par le vieux Ladouze et par la
fidèle et rieuse Mariotte. Ils y retrouvèrent donc cet air de fête
qu'Adriani y avait apporté en un jour d'espérance, et Toinette, qui
avait pris les devants, avec le _trésor_ dans ses bras, leur en fit les
honneurs.
Le _trésor_ avait un an. Il s'appelait Adrienne. Cela parlait déjà un
peu et roulait sur le gazon, sous prétexte de savoir un peu marcher.
C'était le plus ravissant petit être que l'Amour, qui s'y entend bien,
eût offert aux bénédictions de la Providence et aux baisers d'une
famille. Adriani, contrairement aux instincts et aux préjugés de la
plupart des pères, était enchanté que ce fût une fille. La perfection,
selon lui, était femme, puisque Laure était femme.
L'enfant entendait ou sentait déjà la musique, et, quand son père et sa
mère unissaient leurs âmes et leurs voix dans une chanson de berceuse
faite à son usage, ses yeux s'agrandissaient dans ses joues rebondies,
et son regard fixe semblait contempler les merveilles de ce monde divin,
dont les marmots ont peut-être encore le souvenir.
--Explique-moi donc, dit Adriani à sa femme en l'attirant doucement
contre son coeur (l'enfant était enlacée à son cou), comment il se fait
que tu m'aimes! Je t'avoue que je n'y crois pas encore, tant je
comprends avec peine qu'un ange soit descendu à mes côtés et m'ait suivi
dans les étranges et rudes chemins où je t'ai fait marcher!
Et il se plut à lui rappeler, ce que, depuis trois ans, elle avait
supporté en souriant pour l'amour de lui: les malédictions de sa
famille, l'abandon de son ancien entourage, l'étonnement du monde, la
vie si peu aisée dans les commencements, si retirée d'habitude; car
Laure n'avait voulu se procurer aucun bien-être, tant que son amant se
l'était refusé à lui-même. Leur intérieur avait été si modeste, que,
relativement à ses jeunes années et au séjour de Larnac, le séjour de
Paris et de Londres avait été pour elle presque rigide d'austérité.
Comme elle avait changé aussi toutes ses idées pour arriver à
s'intéresser à la destinée d'un artiste vendu et livré à la foule!
Comme, du jour au lendemain, elle avait abjuré toutes ses notions sur la
dignité de l'art et sur le mystère du bonheur, pour venir, du fond de ce
désert, saluer, en plein théâtre, le triomphe d'un débutant!
--Dis-moi donc, redis-moi donc toujours, s'écria-t-il, ce qui s'est
passé en toi, ici, le jour où tu as connu ma résolution et reçu mes
adieux!
--Tu le sais, répondit-elle, quoique je n'aie jamais pu te le bien
expliquer; j'ai senti que j'allais mourir, voilà tout. Je ne comprenais
rien, sinon que tu renonçais à moi; et, pardonne-le-moi, j'ai cru que tu
ne m'aimais plus, puisque tu me disais de t'oublier. Tes belles raisons
me paraissaient si niaises devant mon amour!...
--Tu m'aimais donc déjà à ce point?
--Certainement, mais je ne le savais pas. Je ne l'ai su qu'au moment où
je me suis dit:
«--Je ne le reverrai donc plus!
»Alors j'ai eu un dernier accès de délire. Je me suis jetée sur mon lit,
enveloppée d'un drap comme d'un linceul, et j'ai dit à Toinette, qui me
tourmentait:
»--Laisse-moi, couvre-moi la figure, ne me regarde plus, va faire
creuser dans un coin du jardin, et rappelle-toi la place, pour la lui
montrer, s'il revient jamais ici.
»Toinette m'a répondu, me parlant comme quand j'étais enfant:
»--Écoute, ma Laure, il t'attend là-bas! Il s'impatiente, il se désole,
il croit que tu ne veux plus de lui parce qu'il est malheureux. Lève-toi
et viens le trouver.
»Je me suis levée, j'ai demandé où était la voiture, et puis j'ai
pleuré, j'ai ri, je me suis calmée. J'ai vu clair alors dans l'avenir,
j'ai relu ta lettre, je l'ai comprise; j'ai mis ordre à mes affaires
avec la plus grande liberté d'esprit. J'ai été à Larnac, je n'ai rien
dit à ma belle-mère, sinon que je partais pour longtemps; je lui ai
renouvelé tous ses pouvoirs au gouvernement de Larnac et à la
disposition de mes revenus, au cas où elle consentirait à se relâcher du
scrupule qu'elle met à me les faire passer sans en rien retenir pour
elle-même. J'ai bien vu qu'elle était fort contrariée de me voir si
raisonnable dans toutes ces choses positives, au moment où elle me
faisait passer pour aliénée auprès de la famille. J'ai compris que, pour
la soulager d'une grande anxiété, je devais m'enfermer dans ma chambre,
ne voir personne et passer pour maniaque. Pendant six mois ensuite, elle
a réussi à faire croire ou au moins à faire dire que j'étais à Paris
dans une maison de santé. Quand la vérité a éclaté comme la foudre,
quand les âmes charitables ont refusé de croire que le mariage eût
sanctionné notre amour, préférant l'idée d'un caprice de galanterie de
ma part à la certitude d'une mésalliance, tu sais quelle sèche
malédiction m'a été lancée. Eh bien, pas plus dans l'attente de cet
anathème que dans son accomplissement, je n'ai pensé te faire un
sacrifice. J'obéissais à mon égoïsme, bien avéré pour moi-même; je ne
pouvais vivre sans toi; je cherchais la vie, voilà tout!
--Et, depuis, cette aversion que tu avais ressentie auparavant pour
l'état que j'ai embrassé n'est jamais revenue troubler ton bonheur?
--Je ne m'en suis jamais souvenue. Je m'étais donc bien cruellement
prononcée là-dessus?
--Mais oui, autant que moi-même!
--Eh bien, c'est à cause de cela! Tu ne voulais pas être comédien, je
haïssais l'état de comédien. Tu t'es fait comédien, j'ai reconnu que
c'était le plus bel état du monde.
--Pas pour toujours?
--C'eût été pour toujours si tu en avais jugé ainsi. Voyons, n'ai-je pas
été, pendant ces trois années, l'être le plus heureux de la terre? Outre
ton amour, qui eût suffi, et au delà, à tous mes désirs, ne m'as-tu pas
entourée d'amis excellents, d'artistes exquis, de jouissances élevées?
Comment aurais-je pu, dans ce milieu si charmant et si affectueux,
regretter les grands-oncles et les petits-cousins de Vaucluse? En
vérité, tu as l'air de te moquer de moi, quand tu me rappelles mon
isolement et mon obscurité. Est-ce que, dans le cas où j'aurais aimé
l'éclat, je n'avais pas ta gloire? C'est bien plutôt moi qui devrais
m'étonner qu'un homme tel que toi ait pu apercevoir et ramasser, dans ce
coin perdu, la pauvre désolée, à moitié idiote! Oui, oui, je
m'étonnerais, si je ne savais que les grandes âmes sont seules capables
de grands amours.
--Non, dit Adriani, mêlant sous ses baisers les cheveux blonds de sa
fille aux noirs cheveux de sa femme, il n'est pas nécessaire d'être un
homme supérieur pour savoir aimer! C'est aussi une erreur monstrueuse de
croire que les grandes passions soient la fatalité des âmes faibles.
L'amour n'est ni une infirmité ni une faculté surnaturelle...
--Tu as raison, dit Laure en l'interrompant, l'amour, c'est le vrai! Il
suffit de n'avoir ni le coeur souillé, ni l'esprit faussé, pour savoir
que c'est la loi la plus humaine, parce que c'est la plus divine.
Ils rentrèrent de bonne heure à Mauzères pour y recevoir le baron, dont
ils attendaient la visite. Le baron n'avait pas réalisé ses rêves de
gloire et de fortune à l'Opéra; mais il avait reçu une mission
archéologique pour explorer l'Asie Mineure et une partie de l'Égypte, et
il venait de la remplir d'une manière assez brillante. Il était donc
tout rajeuni et tout radieux, et il passa l'automne avec ses deux amis
avant d'entreprendre de nouvelles conquêtes sur l'antiquité.
Laure tenta, par tous les moyens, de ramener à elle sa belle-mère. La
marquise fut implacable et prédit à l'heureuse compagne d'Adriani une
vie d'abandon, de désordre et de honte. Un comédien ne pouvait être
honnête et fidèle. Il ruinerait sa femme et déshonorerait ses enfants.
Je ne sais pas si elle ne fit pas un peu entrevoir l'échafaud en
perspective. Cependant elle fit une grave maladie et envoya son pardon.
Elle se rétablit rapidement et le révoqua. Les infirmités l'adouciront
peut-être.
Toinette, considérée, en Provence, comme une infâme entremetteuse, passa
avec raison, en Languedoc, pour une excellente femme. Elle est traitée
par les deux époux comme une inséparable amie.
Comtois continue à être fort sujet aux maux de dents; mais l'admission
de sa famille dans la maison de son maître l'a réconcilié avec l'air vif
du Vivarais. Il continue à tenir son journal et l'enrichit de réflexions
intéressantes sur la musique, sujet où il est devenu si compétent, que
personne n'ose ouvrir la bouche devant lui, pas même Adriani, qui
redoute beaucoup ses dissertations en tout genre, mais qui l'a rendu
fort heureux en lui donnant de la copie à faire.
Comtois n'avait jamais perdu l'habitude d'enregistrer, à son point de
vue, les moindres actions de son maître. Pendant trois ans, il l'avait
désigné sous le titre amical de _mon artiste_. Mais, du jour où Adriani
rentra comme châtelain dans son domaine de Mauzères, Comtois se remit à
écrire respectueusement: _Monsieur_.

FIN.
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