Molière - Œuvres complètes, Tome 4 - 20
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Madame, je vous demande pardon. Je pensois faire bien de vous venir
dire que le ciel vient de vous donner Sostrate pour époux; mais,
puisque cela vous incommode, je rengaîne ma nouvelle, et m'en retourne
droit comme je suis venu.
ÉRIPHILE.
Clitidas! holà! Clitidas!
CLITIDAS.
Je vous laisse, madame, dans votre sombre mélancolie.
ÉRIPHILE.
Arrête, te dis-je; approche! Que viens-tu me dire?
CLITIDAS.
Rien, madame. On a parfois des empressemens de venir dire aux grands
de certaines choses dont ils ne se soucient pas, et je vous prie de
m'excuser.
ÉRIPHILE.
Que tu es cruel!
CLITIDAS.
Une autre fois j'aurai la discrétion de ne vous pas venir interrompre.
ÉRIPHILE.
Ne me tiens point dans l'inquiétude. Qu'est-ce que tu viens m'annoncer?
CLITIDAS.
C'est une bagatelle de Sostrate, madame, que je vous dirai une autre
fois, quand vous ne serez point embarrassée.
ÉRIPHILE.
Ne me fais point languir davantage, te dis-je, et m'apprends cette
nouvelle.
CLITIDAS.
Vous la voulez savoir, madame?
ÉRIPHILE.
Oui; dépêche. Qu'as-tu à me dire de Sostrate?
CLITIDAS.
Une aventure merveilleuse, où personne ne s'attendoit.
ÉRIPHILE.
Dis-moi vite ce que c'est.
CLITIDAS.
Cela ne troublera-t-il point, madame, votre sombre mélancolie?
ÉRIPHILE.
Ah! parle promptement.
CLITIDAS.
J'ai donc à vous dire, madame, que la princesse votre mère passoit
presque seule dans la forêt, par ces petites routes qui sont si
agréables, lorsqu'un sanglier hideux (ces vilains sangliers-là font
toujours du désordre, et l'on devroit les bannir des forêts bien
policées), lors, dis-je, qu'un sanglier hideux, poussé, je crois, par
des chasseurs, est venu traverser la route où nous étions. Je devrois
vous faire peut-être, pour orner mon récit, une description étendue du
sanglier dont je parle; mais vous vous en passerez, s'il vous plaît,
et je me contenterai de vous dire que c'étoit un fort vilain animal.
Il passoit son chemin, et il étoit bon de ne lui rien dire, de ne
point chercher de noise avec lui; mais la princesse a voulu égayer sa
dextérité, et de son dard, qu'elle lui a lancé un peu mal à propos, ne
lui en déplaise, lui a fait au-dessus de l'oreille une assez petite
blessure. Le sanglier, mal morigéné, s'est impertinemment détourné
contre nous: nous étions là deux ou trois misérables qui avons pâli
de frayeur; chacun gagnoit son arbre, et la princesse, sans défense,
demeuroit exposée à la furie de la bête, lorsque Sostrate a paru,
comme si les dieux l'eussent envoyé.
ÉRIPHILE.
Eh bien, Clitidas?
CLITIDAS.
Si mon récit vous ennuie, madame, je remettrai le reste à une autre
fois.
ÉRIPHILE.
Achève promptement.
CLITIDAS.
Ma foi, c'est promptement de vrai que j'achèverai; car un peu de
poltronnerie m'a empêché de voir tout le détail de ce combat; et tout
ce que je puis vous dire, c'est que, retournant sur la place, nous
avons vu le sanglier mort, tout vautré dans son sang, et la princesse
pleine de joie, nommant Sostrate son libérateur, et l'époux digne et
fortuné que les dieux lui marquoient pour vous. A ces paroles, j'ai
cru que j'en avois assez entendu; et je me suis hâté de vous en venir,
avant tous, apporter la nouvelle.
ÉRIPHILE.
Ah! Clitidas, pouvois-tu m'en donner une qui me pût être plus agréable?
CLITIDAS.
Voilà qu'on vient vous trouver.
SCÈNE II.--ARISTIONE, SOSTRATE, ÉRIPHILE, CLITIDAS.
ARISTIONE.
Je vois, ma fille, que vous savez déjà tout ce que nous pourrions vous
dire. Vous voyez que les dieux se sont expliqués bien plus tôt que
nous n'eussions pensé: mon péril n'a guère tardé à nous marquer leurs
volontés, et l'on connoît assez que ce sont eux qui se sont mêlés de
ce choix, puisque le mérite tout seul brille dans cette préférence.
Aurez-vous quelque répugnance à récompenser de votre cœur celui à qui
je dois la vie? et refuserez-vous Sostrate pour époux?
ÉRIPHILE.
Et de la main des dieux et de la vôtre, madame, je ne puis rien
recevoir qui ne me soit fort agréable...
SOSTRATE.
Ciel! n'est-ce point ici quelque songe tout plein de gloire dont
les dieux me veuillent flatter? et quelque réveil malheureux ne me
replongera-t-il point dans la bassesse de ma fortune?
SCÈNE III.--ARISTIONE, ÉRIPHILE, SOSTRATE, CLÉONICE.
CLÉONICE.
Madame, je viens vous dire qu'Anaxarque a jusqu'ici abusé l'un et
l'autre prince, par l'espérance de ce choix qu'ils poursuivent depuis
longtemps, et qu'au bruit qui s'est répandu de votre aventure, ils ont
fait éclater tous deux leur ressentiment contre lui, jusque-là que,
de paroles en paroles, les choses se sont échauffées, et il en a reçu
quelques blessures dont on ne sait pas bien ce qui arrivera. Mais les
voici.
SCÈNE IV.--ARISTIONE, ÉRIPHILE, IPHICRATE, TIMOCLÈS, SOSTRATE,
CLÉONICE, CLITIDAS.
ARISTIONE.
Princes, vous agissez tous deux avec une violence bien grande! et
si Anaxarque a pu vous offenser, j'étois pour vous en faire justice
moi-même.
IPHICRATE.
Et quelle justice, madame, auriez-vous pu nous faire de lui, si vous la
faites si peu à notre rang dans le choix que vous embrassez?
ARISTIONE.
Ne vous êtes-vous pas soumis l'un et l'autre à ce que pourroient
décider, ou les ordres du ciel, ou l'inclination de ma fille?
TIMOCLÈS.
Oui, madame, nous nous sommes soumis à ce qu'ils pourroient décider
entre le prince Iphicrate et moi, mais non pas à nous voir rebutés tous
deux.
ARISTIONE.
Et si chacun de vous a bien pu se résoudre à souffrir une préférence,
que vous arrive-t-il à tous deux où vous ne soyez préparés? et que
peuvent importer à l'un et à l'autre les intérêts de son rival?
IPHICRATE.
Oui, madame, il importe. C'est quelque consolation de se voir préférer
un homme qui vous est égal; et votre aveuglement est une chose
épouvantable.
ARISTIONE.
Prince, je ne veux pas me brouiller avec une personne qui m'a fait
tant de grâce que de me dire des douceurs; et je vous prie, avec toute
l'honnêteté qui m'est possible, de donner à votre chagrin un fondement
plus raisonnable; de vous souvenir, s'il vous plaît, que Sostrate est
revêtu d'un mérite qui s'est fait connoître à toute la Grèce, et que le
rang où le ciel l'élève aujourd'hui va remplir toute la distance qui
étoit entre lui et vous.
IPHICRATE.
Oui, oui, madame, nous nous en souviendrons. Mais peut-être aussi vous
souviendrez-vous que deux princes outragés ne sont pas deux ennemis peu
redoutables.
TIMOCLÈS.
Peut-être, madame, qu'on ne goûtera pas longtemps la joie du mépris que
l'on fait de nous.
ARISTIONE.
Je pardonne toutes ces menaces aux chagrins d'un amour qui se croit
offensé; et nous n'en verrons pas avec moins de tranquillité la fête
des jeux Pythiens. Allons-y de ce pas, et couronnons par ce pompeux
spectacle cette merveilleuse journée.
SIXIÈME INTERMÈDE
QUI EST LA SOLENNITÉ DES JEUX PYTHIENS.
Le théâtre est une grande salle, en manière d'amphithéâtre ouvert
d'une grande arcade dans le fond, au-dessus de laquelle est une
tribune fermée d'un rideau, et dans l'éloignement paraît un autel
pour le sacrifice. Six hommes, habillés comme s'ils étoient
presque nus, portant chacun une hache sur l'épaule, comme ministres
du sacrifice, entrent par le portique, au son des violons, et
sont suivis de deux sacrificateurs musiciens, d'une prêtresse
musicienne, et leur suite.
LA PRÊTRESSE.
Chantez, peuples, chantez, en mille et mille lieux,
Du dieu que nous servons les brillantes merveilles;
Parcourez la terre et les cieux:
Vous ne sauriez chanter rien de plus précieux.
Rien de plus doux pour les oreilles.
UNE GRECQUE.
A ce dieu plein de force, à ce dieu plein d'appas,
Il n'est rien qui résiste.
AUTRE GRECQUE.
Il n'est rien ici-bas
Qui par ses bienfaits ne subsiste.
AUTRE GRECQUE.
Toute la terre est triste
Quand on ne le voit pas.
LE CHŒUR.
Poussons à sa mémoire
Des concerts si touchans,
Que, du haut de sa gloire,
Il écoute nos chants.
PREMIÈRE ENTRÉE DE BALLET.
Les six hommes portant les haches font entre eux une danse ornée
de toutes les attitudes que peuvent exprimer les gens qui étudient
leurs forces: puis ils se retirent aux deux côtés du théâtre, pour
faire place à six voltigeurs.
DEUXIÈME ENTRÉE DE BALLET.
Six voltigeurs font paroître, en cadence, leur adresse sur des
chevaux de bois, qui sont apportés par des esclaves.
TROISIÈME ENTRÉE DE BALLET.
Quatre conducteurs d'esclaves amènent, en cadence, douze esclaves
qui dansent en marquant la joie qu'ils ont d'avoir recouvré leur
liberté.
QUATRIÈME ENTRÉE DE BALLET.
Quatre hommes et quatre femmes, armés à la grecque, font ensemble
une manière de jeu pour les armes.
La tribune s'ouvre. Un héraut, six trompettes et un timbalier, se
mêlant à tous les instrumens, annoncent, avec un grand bruit la
venue d'Apollon.
LE CHŒUR.
Ouvrons tous nos yeux
A l'éclat suprême
Qui brille en ces lieux.
Quelle grâce extrême!
Quel port glorieux!
Où voit-on des dieux
Qui soient faits de même?
Apollon, au bruit des trompettes et des violons, entre par le
portique, précédé de six jeunes gens qui portent des lauriers
entrelacés autour d'un bâton, et un soleil d'or au-dessus, avec la
devise royale, en manière de trophée. Les six jeunes gens, pour
danser avec Apollon, donnent leur trophée à tenir aux six hommes
qui portent les haches, et commencent, avec Apollon, une danse
héroïque, à laquelle se joignent, en diverses manières, les six
hommes portant les trophées, les quatre femmes armées avec leurs
timbres, et les quatre hommes armés avec leurs tambours, tandis que
les six trompettes, le timbalier, les sacrificateurs, la prêtresse
et le chœur de musique accompagnent tout cela, en se mêlant à
diverses reprises; ce qui finit la fête des jeux Pythiens et tout
le divertissement.
CINQUIÈME ET DERNIÈRE ENTRÉE DE BALLET.
APOLLON ET SIX JEUNES GENS DE LA SUITE, CHŒUR DE MUSIQUE.
Pour le ROI, représentant le Soleil.
Je suis la source des clartés;
Et les astres les plus vantés
Dont le beau cercle m'environne
Ne sont brillans et respectés
Que par l'éclat que je leur donne.
Du char où je me puis asseoir,
Je vois le désir de me voir
Posséder la nature entière;
Et le monde n'a son espoir
Qu'aux seuls bienfaits de ma lumière.
Bienheureuses de toutes parts,
Et pleines d'exquises richesses,
Les terres où de mes regards
J'arrête les douces caresses!
Pour monsieur LE GRAND, suivant d'Apollon.
Bien qu'auprès du soleil tout autre éclat s'efface,
S'en éloigner pourtant n'est pas ce que l'on veut;
Et vous voyez bien, quoi qu'il fasse,
Que l'on s'en tient toujours le plus près que l'on peut.
Pour le marquis DE VILLEROY, suivant d'Apollon.
De notre maître incomparable
Vous me voyez inséparable;
Et le zèle puissant qui m'attache à ses vœux
Le suit parmi les eaux, le suit parmi les feux.
Pour le marquis DE RASSAN, suivant d'Apollon.
Je ne serai pas vain, quand je ne croirai pas,
Qu'un autre, mieux que moi, suive partout ses pas.
FIN DES AMANS MAGNIFIQUES.
NOMS DES PERSONNES
QUI ONT CHANTÉ ET DANSÉ DANS LES INTERMÈDES DES AMANS MAGNIFIQUES.
DANS LE PREMIER INTERMÈDE.
ÉOLE, le sieur ESTIVAL.
TRITONS chantans, les sieurs LEGROS, HÉDOIN, DON, GINGAN l'aîné,
GINGAN le cadet, FERNON le cadet, REBEL, LANGEAIS, DESCHAMPS, MOREL
et deux PAGES de la musique de la chapelle.
FLEUVES chantans, les sieurs BEAUMONT, FERNON l'aîné, NOBLET,
SÉRIGNAN, DAVID, AURAT, PEVELLOIS, GILLET.
AMOURS chantans, quatre PAGES de la musique de la chambre.
PÊCHEURS DE CORAIL dansans, les sieurs JOUAN, CHICANNEAU, PESAN
l'aîné, MAGNY, JOUBERT, MAYEU, LA MONTAGNE, LESTANG.
NEPTUNE, le ROI.
DIEUX MARINS, M. LE GRAND, le marquis DE VILLEROY, le marquis DE
RASSAN, les sieurs BEAUCHAMP, FAVIER et LA PIERRE.
DANS LE SECOND INTERMÈDE.
PANTOMIMES dansans, les sieurs BEAUCHAMP, SAINT-ANDRÉ et FAVIER.
DANS LE TROISIÈME INTERMÈDE.
LA NYMPHE de la vallée de Tempé, mademoiselle DES FRONTEAUX.
TYRCIS, le sieur GAYE.
CALISTE, mademoiselle HILAIRE.
LYCASTE, le sieur LANGEAIS.
MÉNANDRE, le sieur FERNON le cadet.
DEUX SATYRES, les sieurs ESTIVAL et MOREL.
DRYADES dansantes, les sieurs ARNALD, NOBLET, LESTANG, FAVIER le
cadet, FOIGNARD l'aîné et ISAAC.
FAUNES dansans, les sieurs BEAUCHAMP, SAINT-ANDRÉ, MAGNY, JOUBERT,
FAVIER l'aîné et MAYEU.
PHILINTE, le sieur BLONDEL.
CLIMÈNE, mademoiselle DE SAINT-CHRISTOPHLE.
PETITES DRYADES dansantes, les sieurs BOUILLAND, VAIGNARD et THIBAULT.
PETITS FAUNES dansans, les sieurs LA MONTAGNE, DALUZEAU et FOIGNARD.
DANS LE QUATRIÈME INTERMÈDE.
STATUES dansantes, les sieurs DOLIVET, LE CHANTRE, SAINT-ANDRÉ,
MAGNY, LESTANG, FOIGNARD l'aîné, DOLIVET fils et FOIGNARD le cadet.
DANS LE CINQUIÈME INTERMÈDE.
PANTOMIMES dansans, les sieurs DOLIVET, LE CHANTRE, SAINT-ANDRÉ et
MAGNY.
DANS LE SIXIÈME INTERMÈDE.
FÊTE DES JEUX PYTHIENS.
LA PRÊTRESSE, mademoiselle HILAIRE.
PREMIER SACRIFICATEUR, le sieur GAYE.
SECOND SACRIFICATEUR, le sieur LANGEAIS.
MINISTRES DU SACRIFICE, portant des haches, dansans, les sieurs
DOLIVET, LE CHANTRE, SAINT-ANDRÉ, FOIGNARD l'aîné et FOIGNARD le
cadet.
VOLTIGEURS, les sieurs JOLY, DOYAT, DE LAUNOY, BEAUMONT, DU GARD
l'aîné et DU GARD le cadet.
CONDUCTEURS D'ESCLAVES dansans, les sieurs LE PRÊTRE, JOUAN, PESAN
l'aîné et JOUBERT.
ESCLAVES dansans, les sieurs PAYSAN, LA VALLÉE, PESAN le cadet.
FAVRE, VIGNARD, DOLIVET fils, GIRARD et CHARPENTIER.
HOMMES ARMÉS A LA GRECQUE dansans, les sieurs NOBLET, CHICANNEAU,
MAYEU et DESGRANGES.
FEMMES ARMÉES A LA GRECQUE dansantes, les sieurs LA MONTAGNE,
LESTANG, FAVIER le cadet et ARNALD.
UN HÉRAUT, le sieur REBEL.
TROMPETTES, les sieurs LA PLAINE, LORANGE, DU CLOS, BEAUMONT,
CARDONNET et FERRIER.
TIMBALIER, le sieur DIACRE.
APOLLON, le ROI.
SUIVANS D'APOLLON dansans, M. LE GRAND, le marquis DE VILLEROI, le
marquis DE RASSAN, les sieurs BEAUCHAMP, RAYNAL et FAVIER.
CHŒURS DE PEUPLES chantans, les sieurs...
TABLE
CINQUIÈME ÉPOQUE (1668-1669).
XXIII. 1668. Amphitryon, comédie. 1
XXIV. 1668. Georges Dandin, ou le Mari confondu, comédie. 80
XXV. 1668. L'Avare, comédie. 136
XXVI. 1669. Monsieur de Pourceaugnac, comédie-ballet. 234
SIXIÈME ÉPOQUE (1670-1673).
XXVII. 1670. Les Amans magnifiques, comédie-ballet. 302
FIN DE LA TABLE DU QUATRIÈME VOLUME.
dire que le ciel vient de vous donner Sostrate pour époux; mais,
puisque cela vous incommode, je rengaîne ma nouvelle, et m'en retourne
droit comme je suis venu.
ÉRIPHILE.
Clitidas! holà! Clitidas!
CLITIDAS.
Je vous laisse, madame, dans votre sombre mélancolie.
ÉRIPHILE.
Arrête, te dis-je; approche! Que viens-tu me dire?
CLITIDAS.
Rien, madame. On a parfois des empressemens de venir dire aux grands
de certaines choses dont ils ne se soucient pas, et je vous prie de
m'excuser.
ÉRIPHILE.
Que tu es cruel!
CLITIDAS.
Une autre fois j'aurai la discrétion de ne vous pas venir interrompre.
ÉRIPHILE.
Ne me tiens point dans l'inquiétude. Qu'est-ce que tu viens m'annoncer?
CLITIDAS.
C'est une bagatelle de Sostrate, madame, que je vous dirai une autre
fois, quand vous ne serez point embarrassée.
ÉRIPHILE.
Ne me fais point languir davantage, te dis-je, et m'apprends cette
nouvelle.
CLITIDAS.
Vous la voulez savoir, madame?
ÉRIPHILE.
Oui; dépêche. Qu'as-tu à me dire de Sostrate?
CLITIDAS.
Une aventure merveilleuse, où personne ne s'attendoit.
ÉRIPHILE.
Dis-moi vite ce que c'est.
CLITIDAS.
Cela ne troublera-t-il point, madame, votre sombre mélancolie?
ÉRIPHILE.
Ah! parle promptement.
CLITIDAS.
J'ai donc à vous dire, madame, que la princesse votre mère passoit
presque seule dans la forêt, par ces petites routes qui sont si
agréables, lorsqu'un sanglier hideux (ces vilains sangliers-là font
toujours du désordre, et l'on devroit les bannir des forêts bien
policées), lors, dis-je, qu'un sanglier hideux, poussé, je crois, par
des chasseurs, est venu traverser la route où nous étions. Je devrois
vous faire peut-être, pour orner mon récit, une description étendue du
sanglier dont je parle; mais vous vous en passerez, s'il vous plaît,
et je me contenterai de vous dire que c'étoit un fort vilain animal.
Il passoit son chemin, et il étoit bon de ne lui rien dire, de ne
point chercher de noise avec lui; mais la princesse a voulu égayer sa
dextérité, et de son dard, qu'elle lui a lancé un peu mal à propos, ne
lui en déplaise, lui a fait au-dessus de l'oreille une assez petite
blessure. Le sanglier, mal morigéné, s'est impertinemment détourné
contre nous: nous étions là deux ou trois misérables qui avons pâli
de frayeur; chacun gagnoit son arbre, et la princesse, sans défense,
demeuroit exposée à la furie de la bête, lorsque Sostrate a paru,
comme si les dieux l'eussent envoyé.
ÉRIPHILE.
Eh bien, Clitidas?
CLITIDAS.
Si mon récit vous ennuie, madame, je remettrai le reste à une autre
fois.
ÉRIPHILE.
Achève promptement.
CLITIDAS.
Ma foi, c'est promptement de vrai que j'achèverai; car un peu de
poltronnerie m'a empêché de voir tout le détail de ce combat; et tout
ce que je puis vous dire, c'est que, retournant sur la place, nous
avons vu le sanglier mort, tout vautré dans son sang, et la princesse
pleine de joie, nommant Sostrate son libérateur, et l'époux digne et
fortuné que les dieux lui marquoient pour vous. A ces paroles, j'ai
cru que j'en avois assez entendu; et je me suis hâté de vous en venir,
avant tous, apporter la nouvelle.
ÉRIPHILE.
Ah! Clitidas, pouvois-tu m'en donner une qui me pût être plus agréable?
CLITIDAS.
Voilà qu'on vient vous trouver.
SCÈNE II.--ARISTIONE, SOSTRATE, ÉRIPHILE, CLITIDAS.
ARISTIONE.
Je vois, ma fille, que vous savez déjà tout ce que nous pourrions vous
dire. Vous voyez que les dieux se sont expliqués bien plus tôt que
nous n'eussions pensé: mon péril n'a guère tardé à nous marquer leurs
volontés, et l'on connoît assez que ce sont eux qui se sont mêlés de
ce choix, puisque le mérite tout seul brille dans cette préférence.
Aurez-vous quelque répugnance à récompenser de votre cœur celui à qui
je dois la vie? et refuserez-vous Sostrate pour époux?
ÉRIPHILE.
Et de la main des dieux et de la vôtre, madame, je ne puis rien
recevoir qui ne me soit fort agréable...
SOSTRATE.
Ciel! n'est-ce point ici quelque songe tout plein de gloire dont
les dieux me veuillent flatter? et quelque réveil malheureux ne me
replongera-t-il point dans la bassesse de ma fortune?
SCÈNE III.--ARISTIONE, ÉRIPHILE, SOSTRATE, CLÉONICE.
CLÉONICE.
Madame, je viens vous dire qu'Anaxarque a jusqu'ici abusé l'un et
l'autre prince, par l'espérance de ce choix qu'ils poursuivent depuis
longtemps, et qu'au bruit qui s'est répandu de votre aventure, ils ont
fait éclater tous deux leur ressentiment contre lui, jusque-là que,
de paroles en paroles, les choses se sont échauffées, et il en a reçu
quelques blessures dont on ne sait pas bien ce qui arrivera. Mais les
voici.
SCÈNE IV.--ARISTIONE, ÉRIPHILE, IPHICRATE, TIMOCLÈS, SOSTRATE,
CLÉONICE, CLITIDAS.
ARISTIONE.
Princes, vous agissez tous deux avec une violence bien grande! et
si Anaxarque a pu vous offenser, j'étois pour vous en faire justice
moi-même.
IPHICRATE.
Et quelle justice, madame, auriez-vous pu nous faire de lui, si vous la
faites si peu à notre rang dans le choix que vous embrassez?
ARISTIONE.
Ne vous êtes-vous pas soumis l'un et l'autre à ce que pourroient
décider, ou les ordres du ciel, ou l'inclination de ma fille?
TIMOCLÈS.
Oui, madame, nous nous sommes soumis à ce qu'ils pourroient décider
entre le prince Iphicrate et moi, mais non pas à nous voir rebutés tous
deux.
ARISTIONE.
Et si chacun de vous a bien pu se résoudre à souffrir une préférence,
que vous arrive-t-il à tous deux où vous ne soyez préparés? et que
peuvent importer à l'un et à l'autre les intérêts de son rival?
IPHICRATE.
Oui, madame, il importe. C'est quelque consolation de se voir préférer
un homme qui vous est égal; et votre aveuglement est une chose
épouvantable.
ARISTIONE.
Prince, je ne veux pas me brouiller avec une personne qui m'a fait
tant de grâce que de me dire des douceurs; et je vous prie, avec toute
l'honnêteté qui m'est possible, de donner à votre chagrin un fondement
plus raisonnable; de vous souvenir, s'il vous plaît, que Sostrate est
revêtu d'un mérite qui s'est fait connoître à toute la Grèce, et que le
rang où le ciel l'élève aujourd'hui va remplir toute la distance qui
étoit entre lui et vous.
IPHICRATE.
Oui, oui, madame, nous nous en souviendrons. Mais peut-être aussi vous
souviendrez-vous que deux princes outragés ne sont pas deux ennemis peu
redoutables.
TIMOCLÈS.
Peut-être, madame, qu'on ne goûtera pas longtemps la joie du mépris que
l'on fait de nous.
ARISTIONE.
Je pardonne toutes ces menaces aux chagrins d'un amour qui se croit
offensé; et nous n'en verrons pas avec moins de tranquillité la fête
des jeux Pythiens. Allons-y de ce pas, et couronnons par ce pompeux
spectacle cette merveilleuse journée.
SIXIÈME INTERMÈDE
QUI EST LA SOLENNITÉ DES JEUX PYTHIENS.
Le théâtre est une grande salle, en manière d'amphithéâtre ouvert
d'une grande arcade dans le fond, au-dessus de laquelle est une
tribune fermée d'un rideau, et dans l'éloignement paraît un autel
pour le sacrifice. Six hommes, habillés comme s'ils étoient
presque nus, portant chacun une hache sur l'épaule, comme ministres
du sacrifice, entrent par le portique, au son des violons, et
sont suivis de deux sacrificateurs musiciens, d'une prêtresse
musicienne, et leur suite.
LA PRÊTRESSE.
Chantez, peuples, chantez, en mille et mille lieux,
Du dieu que nous servons les brillantes merveilles;
Parcourez la terre et les cieux:
Vous ne sauriez chanter rien de plus précieux.
Rien de plus doux pour les oreilles.
UNE GRECQUE.
A ce dieu plein de force, à ce dieu plein d'appas,
Il n'est rien qui résiste.
AUTRE GRECQUE.
Il n'est rien ici-bas
Qui par ses bienfaits ne subsiste.
AUTRE GRECQUE.
Toute la terre est triste
Quand on ne le voit pas.
LE CHŒUR.
Poussons à sa mémoire
Des concerts si touchans,
Que, du haut de sa gloire,
Il écoute nos chants.
PREMIÈRE ENTRÉE DE BALLET.
Les six hommes portant les haches font entre eux une danse ornée
de toutes les attitudes que peuvent exprimer les gens qui étudient
leurs forces: puis ils se retirent aux deux côtés du théâtre, pour
faire place à six voltigeurs.
DEUXIÈME ENTRÉE DE BALLET.
Six voltigeurs font paroître, en cadence, leur adresse sur des
chevaux de bois, qui sont apportés par des esclaves.
TROISIÈME ENTRÉE DE BALLET.
Quatre conducteurs d'esclaves amènent, en cadence, douze esclaves
qui dansent en marquant la joie qu'ils ont d'avoir recouvré leur
liberté.
QUATRIÈME ENTRÉE DE BALLET.
Quatre hommes et quatre femmes, armés à la grecque, font ensemble
une manière de jeu pour les armes.
La tribune s'ouvre. Un héraut, six trompettes et un timbalier, se
mêlant à tous les instrumens, annoncent, avec un grand bruit la
venue d'Apollon.
LE CHŒUR.
Ouvrons tous nos yeux
A l'éclat suprême
Qui brille en ces lieux.
Quelle grâce extrême!
Quel port glorieux!
Où voit-on des dieux
Qui soient faits de même?
Apollon, au bruit des trompettes et des violons, entre par le
portique, précédé de six jeunes gens qui portent des lauriers
entrelacés autour d'un bâton, et un soleil d'or au-dessus, avec la
devise royale, en manière de trophée. Les six jeunes gens, pour
danser avec Apollon, donnent leur trophée à tenir aux six hommes
qui portent les haches, et commencent, avec Apollon, une danse
héroïque, à laquelle se joignent, en diverses manières, les six
hommes portant les trophées, les quatre femmes armées avec leurs
timbres, et les quatre hommes armés avec leurs tambours, tandis que
les six trompettes, le timbalier, les sacrificateurs, la prêtresse
et le chœur de musique accompagnent tout cela, en se mêlant à
diverses reprises; ce qui finit la fête des jeux Pythiens et tout
le divertissement.
CINQUIÈME ET DERNIÈRE ENTRÉE DE BALLET.
APOLLON ET SIX JEUNES GENS DE LA SUITE, CHŒUR DE MUSIQUE.
Pour le ROI, représentant le Soleil.
Je suis la source des clartés;
Et les astres les plus vantés
Dont le beau cercle m'environne
Ne sont brillans et respectés
Que par l'éclat que je leur donne.
Du char où je me puis asseoir,
Je vois le désir de me voir
Posséder la nature entière;
Et le monde n'a son espoir
Qu'aux seuls bienfaits de ma lumière.
Bienheureuses de toutes parts,
Et pleines d'exquises richesses,
Les terres où de mes regards
J'arrête les douces caresses!
Pour monsieur LE GRAND, suivant d'Apollon.
Bien qu'auprès du soleil tout autre éclat s'efface,
S'en éloigner pourtant n'est pas ce que l'on veut;
Et vous voyez bien, quoi qu'il fasse,
Que l'on s'en tient toujours le plus près que l'on peut.
Pour le marquis DE VILLEROY, suivant d'Apollon.
De notre maître incomparable
Vous me voyez inséparable;
Et le zèle puissant qui m'attache à ses vœux
Le suit parmi les eaux, le suit parmi les feux.
Pour le marquis DE RASSAN, suivant d'Apollon.
Je ne serai pas vain, quand je ne croirai pas,
Qu'un autre, mieux que moi, suive partout ses pas.
FIN DES AMANS MAGNIFIQUES.
NOMS DES PERSONNES
QUI ONT CHANTÉ ET DANSÉ DANS LES INTERMÈDES DES AMANS MAGNIFIQUES.
DANS LE PREMIER INTERMÈDE.
ÉOLE, le sieur ESTIVAL.
TRITONS chantans, les sieurs LEGROS, HÉDOIN, DON, GINGAN l'aîné,
GINGAN le cadet, FERNON le cadet, REBEL, LANGEAIS, DESCHAMPS, MOREL
et deux PAGES de la musique de la chapelle.
FLEUVES chantans, les sieurs BEAUMONT, FERNON l'aîné, NOBLET,
SÉRIGNAN, DAVID, AURAT, PEVELLOIS, GILLET.
AMOURS chantans, quatre PAGES de la musique de la chambre.
PÊCHEURS DE CORAIL dansans, les sieurs JOUAN, CHICANNEAU, PESAN
l'aîné, MAGNY, JOUBERT, MAYEU, LA MONTAGNE, LESTANG.
NEPTUNE, le ROI.
DIEUX MARINS, M. LE GRAND, le marquis DE VILLEROY, le marquis DE
RASSAN, les sieurs BEAUCHAMP, FAVIER et LA PIERRE.
DANS LE SECOND INTERMÈDE.
PANTOMIMES dansans, les sieurs BEAUCHAMP, SAINT-ANDRÉ et FAVIER.
DANS LE TROISIÈME INTERMÈDE.
LA NYMPHE de la vallée de Tempé, mademoiselle DES FRONTEAUX.
TYRCIS, le sieur GAYE.
CALISTE, mademoiselle HILAIRE.
LYCASTE, le sieur LANGEAIS.
MÉNANDRE, le sieur FERNON le cadet.
DEUX SATYRES, les sieurs ESTIVAL et MOREL.
DRYADES dansantes, les sieurs ARNALD, NOBLET, LESTANG, FAVIER le
cadet, FOIGNARD l'aîné et ISAAC.
FAUNES dansans, les sieurs BEAUCHAMP, SAINT-ANDRÉ, MAGNY, JOUBERT,
FAVIER l'aîné et MAYEU.
PHILINTE, le sieur BLONDEL.
CLIMÈNE, mademoiselle DE SAINT-CHRISTOPHLE.
PETITES DRYADES dansantes, les sieurs BOUILLAND, VAIGNARD et THIBAULT.
PETITS FAUNES dansans, les sieurs LA MONTAGNE, DALUZEAU et FOIGNARD.
DANS LE QUATRIÈME INTERMÈDE.
STATUES dansantes, les sieurs DOLIVET, LE CHANTRE, SAINT-ANDRÉ,
MAGNY, LESTANG, FOIGNARD l'aîné, DOLIVET fils et FOIGNARD le cadet.
DANS LE CINQUIÈME INTERMÈDE.
PANTOMIMES dansans, les sieurs DOLIVET, LE CHANTRE, SAINT-ANDRÉ et
MAGNY.
DANS LE SIXIÈME INTERMÈDE.
FÊTE DES JEUX PYTHIENS.
LA PRÊTRESSE, mademoiselle HILAIRE.
PREMIER SACRIFICATEUR, le sieur GAYE.
SECOND SACRIFICATEUR, le sieur LANGEAIS.
MINISTRES DU SACRIFICE, portant des haches, dansans, les sieurs
DOLIVET, LE CHANTRE, SAINT-ANDRÉ, FOIGNARD l'aîné et FOIGNARD le
cadet.
VOLTIGEURS, les sieurs JOLY, DOYAT, DE LAUNOY, BEAUMONT, DU GARD
l'aîné et DU GARD le cadet.
CONDUCTEURS D'ESCLAVES dansans, les sieurs LE PRÊTRE, JOUAN, PESAN
l'aîné et JOUBERT.
ESCLAVES dansans, les sieurs PAYSAN, LA VALLÉE, PESAN le cadet.
FAVRE, VIGNARD, DOLIVET fils, GIRARD et CHARPENTIER.
HOMMES ARMÉS A LA GRECQUE dansans, les sieurs NOBLET, CHICANNEAU,
MAYEU et DESGRANGES.
FEMMES ARMÉES A LA GRECQUE dansantes, les sieurs LA MONTAGNE,
LESTANG, FAVIER le cadet et ARNALD.
UN HÉRAUT, le sieur REBEL.
TROMPETTES, les sieurs LA PLAINE, LORANGE, DU CLOS, BEAUMONT,
CARDONNET et FERRIER.
TIMBALIER, le sieur DIACRE.
APOLLON, le ROI.
SUIVANS D'APOLLON dansans, M. LE GRAND, le marquis DE VILLEROI, le
marquis DE RASSAN, les sieurs BEAUCHAMP, RAYNAL et FAVIER.
CHŒURS DE PEUPLES chantans, les sieurs...
TABLE
CINQUIÈME ÉPOQUE (1668-1669).
XXIII. 1668. Amphitryon, comédie. 1
XXIV. 1668. Georges Dandin, ou le Mari confondu, comédie. 80
XXV. 1668. L'Avare, comédie. 136
XXVI. 1669. Monsieur de Pourceaugnac, comédie-ballet. 234
SIXIÈME ÉPOQUE (1670-1673).
XXVII. 1670. Les Amans magnifiques, comédie-ballet. 302
FIN DE LA TABLE DU QUATRIÈME VOLUME.
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