Eureka - 4

Total number of words is 4359
Total number of unique words is 1221
32.8 of words are in the 2000 most common words
43.4 of words are in the 5000 most common words
48.0 of words are in the 8000 most common words
Each bar represents the percentage of words per 1000 most common words.
se rallient. Il n'est pas de _lieu,_ soit dans le concret, soit dans
l'abstrait, auquel je les suppose attachés. Rien de ce qui peut
s'appeler _localité_ ne doit être conçu comme étant leur origine. Leur
source est dans le principe Unité. C'est là le père qu'ils ont perdu.
C'est là ce _qu'ils cherchent_ toujours, immédiatement, dans toutes
les directions, partout où ils peuvent le trouver, même partiellement;
apaisant ainsi, dans une certaine mesure, leur indestructible tendance,
tout en faisant route vers leur absolue satisfaction finale.
Il suit de tout ceci que tout principe qui sera suffisant
pour expliquer en général la _loi,_ ou _modus operandi,_ de
la force attractive, devra aussi expliquer cette loi dans le
particulier;--c'est-à-dire que tout principe qui montrera pourquoi les
atomes doivent tendre vers leur _centre général d'irradiation,_ avec
des forces variant en proportion inverse des carrés des distances,
expliquera d'une manière satisfaisante la tendance, conforme à la même
loi, qui pousse l'atome vers l'atome;--_car_ la tendance vers le centre
_est_ simplement la tendance de chacun vers chacun, et non pas une
tendance vers un centre considéré _comme tel._
On voit en même temps que l'établissement de mes propositions
n'implique aucune nécessité de modifier les termes de la définition
newtonienne de la Gravitation, laquelle déclare que chaque atome
attire chaque autre atome, dans une infinie réciprocité, et ne déclare
que cela; mais (en supposant toutefois que ce que je propose sera
finalement admis) il me semble évident que, dans les futures opérations
de la Science, on pourrait éviter quelque erreur occasionnelle, si
l'on adoptait une phraséologie plus ample, telle que celle-ci:--Chaque
atome tend vers chaque autre atome, etc., avec une force, etc.; _le
résultat général étant une tendance de tous les atomes, avec une force
semblable, vers un centre général._
En reprenant notre route à l'inverse, nous sommes arrivés à un
résultat identique; mais, dans l'un des cas, _Y Intuition_ était le
point de départ, dans l'autre, elle était le but. En commençant mon
premier voyage, je pouvais dire seulement que je _sentais,_ par une
irrésistible intuition, que la Simplicité avait été la caractéristique
de l'action originelle de Dieu;--en finissant mon second voyage, je
puis seulement déclarer que je perçois, par une irrésistible intuition,
que l'Unité a été la source des phénomènes de la Gravitation
newtonienne observés jusqu'à présent. Ainsi, selon les écoles, je ne
_prouve_ rien. Soit. Je n'ai pas d'autre ambition que de suggérer,--et
de _convaincre_ par la suggestion. J'ai l'orgueilleuse conviction
qu'il existe des intelligences humaines profondes, douées d'un prudent
discernement, qui ne pourront pas _s'empêcher_ d'être largement
satisfaites de mes simples suggestions. Pour ces intelligences,--comme
pour la mienne,--il n'est pas de démonstration mathématique qui puisse
apporter la moindre _vraie preuve_ additionnelle à la grande _Vérité_
que j'ai avancée, à savoir que l'_Unité Originelle est la source, le
principe des Phénomènes Universels._ Pour ma part, je ne suis pas aussi
sûr que je parle et que je vois;--je ne suis pas aussi sûr que mon
cœur bat et que mon âme vit;--que le soleil se lèvera demain matin,
probabilité qui gît encore dans le Futur,--je ne prétends pas du tout
en être aussi sûr que je le suis de ce _Fait_ irréparablement passé,
que tous les Êtres et Toutes les Pensées des Êtres, avec toute leur
ineffable Multiplicité de Rapports, ont jailli à la fois à l'existence
de la primordiale et indépendante _Unité._
Relativement à la Gravitation newtonienne, le Docteur Nichol,
l'éloquent auteur de l'_Architecture des deux,_ dit: «En vérité, nous
n'avons aucune raison de supposer que cette grande Loi, telle qu'elle
nous est aujourd'hui connue, soit la formule suprême ou la plus
simple, conséquemment universelle et omnicompréhensible, d'une grande
Ordonnance. Le mode suivant lequel son intensité diminue avec l'élément
de la distance n'a pas l'aspect d'un _principe_ suprême, lequel
principe comporte toujours la simplicité de ces axiomes, évidents par
eux-mêmes, qui constituent la base de la Géométrie.»
Il est absolument vrai que les _principes suprêmes,_ selon le sens
usuel des termes, comportent toujours la simplicité des axiomes
géométriques (quant aux choses _évidentes par elles-mêmes,_ il n'en
existe pas);--mais ces principes ne sont pas clairement _suprêmes;_
en d'autres termes, les choses que nous avons l'habitude de qualifier
_principes_ ne sont pas, à proprement parler, des principes,--puisqu'il
ne peut exister qu'un principe, qui est la Volition Divine. Nous
n'avons donc aucun droit de supposer, d'après ce que nous observons
dans les règles qu'il nous plaît follement d'appeler _principes,_ quoi
que ce soit qui ressemble aux caractéristiques d'un principe proprement
dit. Les principes _suprêmes,_ dont le Docteur Nichol parle comme
comportant la simplicité géométrique, peuvent avoir et ont en effet
cet aspect géométrique, puisqu'ils sont une partie intégrante d'un
vaste système géométrique, c'est-à-dire d'un système de simplicité,
dans lequel toutefois le principe vraiment suprême est, _comme nous le
savons,_ le maximum du complexe, autrement dit, de l'inintelligible;
--car n'est-ce pas la Capacité Spirituelle de Dieu?
Cependant j'ai cité la remarque du Docteur Nichol, non pas tant pour
infirmer sa philosophie que pour attirer l'attention sur ce fait, que,
malgré que tous les hommes aient admis un _certain_ principe comme
existant au delà de la loi de la Gravitation, aucune tentative n'a été
faite pour définir ce qu'est particulièrement ce principe;--si nous
exceptons peut-être quelques visées fantastiques qui le transportent
dans le Magnétisme, dans le Mesmérisme, dans le Swedenborgianisme,
ou dans le Transcendantalisme, ou dans tout autre délicieux isme de
la même espèce, invariablement favorisé par une seule et même espèce
de gens. Le grand esprit de Newton, tout en saisissant hardiment la
Loi elle-même, a reculé devant le principe de la Loi. Plus active,
plus compréhensible au moins, sinon plus patiente et plus profonde,
la sagacité de Laplace n'eut pas le courage de s'y attaquer. Mais
l'hésitation de la part de ces astronomes n'est pas si difficile
à comprendre. Eux aussi, comme d'ailleurs tous les mathématiciens
de la première classe, ils étaient _purement_ mathématiciens; leur
intelligence du moins était marquée d'un caractère mathématico-physique
vigoureusement prononcé. Tout ce qui n'était pas distinctement situé
dans le domaine de la Physique ou des Mathématiques leur apparaissait
comme des Non-Entités ou des Ombres. Néanmoins, nous pouvons bien
nous étonner que Leibnitz, qui fut une exception remarquable à cette
règle générale, et dont le tempérament spirituel était un singulier
mélange du mathématique avec le physico-métaphysique, n'ait pas d'abord
recherché et défini le point en litige. Newton et Laplace, cherchant
un principe, et n'en découvrant aucun _physique,_ devaient humblement
et tranquillement s'arrêter à cette conclusion, qu'il n'en existait
absolument aucun; mais il est presque impossible de concevoir que
Leibnitz, ayant épuisé dans ses recherches les domaines de la physique,
n'ait pas marché droit, plein de hardiesse et de confiance, à travers
ce vieux labyrinthe du royaume de la Métaphysique qui lui était si
familier. Il est évident qu'il a dû s'aventurer à la recherche du
trésor;--s'il ne l'a pas trouvé, c'est peut-être, après tout, parce que
sa merveilleuse conductrice, son Imagination, n'était pas suffisamment
adulte ou assez bien éduquée pour le diriger dans la bonne route.
J'observais tout à l'heure qu'il avait été fait de vagues tentatives
pour attribuer la Gravitation à de certaines forces très-douteuses,
dont le nom affecte la désinence _isme._ Mais ces tentatives, quoique
considérées très-justement comme hardies, n'ont pas visé plus loin qu'à
la généralité, à la pure généralité de la Loi newtonienne.
Aucun effort d'explication, aucun effort heureux, à ma connaissance,
n'a été fait relativement à son _modus operandi._ C'est donc avec
une crainte bien légitime d'être pris pour un fou, dès le début, et
avant d'avoir pu porter mes propositions sous l'œil de ceux-là qui
seuls sont compétents pour décider sur leur valeur, que je déclare
ici que le _modus operandi_ de la Loi de la Gravitation est une chose
excessivement simple et parfaitement appréciable, à la condition que
nous nous approchions du problème selon une juste gradation et dans
la bonne route,--c'est-à-dire si nous le considérons du point de vue
convenable.

VII

Soit que nous arrivions à l'idée d'absolue _Unité,_ source présumée de
Tous les Êtres, par une considération de la Simplicité prise pour la
caractéristique la plus probable de l'action originelle de Dieu;--soit
que nous y parvenions par l'examen de l'universalité de rapports dans
les phénomènes de la gravitation;--ou soit enfin que nous aboutissions
à cette idée comme au résultat de la corroboration réciproque des
deux procédés,--toujours est-il que l'idée, une fois acceptée, est
inséparablement connexe d'une autre idée, celle de la condition de
l'Univers sidéral, tel que nous le voyons maintenant, c'est-à-dire
d'une incommensurable _diffusion_ à travers l'espace. Or, une connexion
entre ces idées,--unité et diffusion,--ne peut pas être admissible sans
une troisième idée, celle de _l'irradiation._ L'Unité Absolue étant
prise comme centre, l'Univers sidéral existant est le résultat d'une
_irradiation_ partant de ce centre.
Or, les lois de l'irradiation sont _connues._ Elles sont partie
intégrante de la _sphère._ Elles appartiennent à la classe des
_propriétés géométriques incontestables._ Nous disons d'elles: elles
sont vraies, elles sont évidentes. Demander _pourquoi_ elles sont
vraies, ce serait demander pourquoi sont vrais les axiomes sur lesquels
s'appuie la démonstration de ces lois. Il n'y a _rien_ de démontrable,
pour parler strictement; mais s'il y a quelque chose de démontrable,
les propriétés et les lois en question sont démontrées.
Mais ces lois, que déclarent-elles? Comment, par quels degrés
l'irradiation procède-t-elle du centre vers l'espace?
D'un centre lumineux la Lumière émane par irradiation, et les quantités
de lumière reçues par un plan quelconque, que nous supposerons
changeant de position, de manière à se trouver tantôt plus près,
tantôt plus loin du centre, diminueront dans la même proportion que
s'accroîtront les carrés des distances entre le plan et le corps
lumineux, et s'accroîtront dans la même proportion que diminueront les
carrés.
L'expression de la loi peut être ainsi généralisée:--Le nombre
de molécules lumineuses, ou, si l'on préfère d'autres termes, le
nombre d'impressions lumineuses, reçues par le plan mobile, sera en
proportion _inverse_ des carrés des distances où sera situé le plan.
Et pour généraliser encore, nous pouvons dire que la diffusion,
l'éparpillement, l'irradiation, en un mot, est en proportion _directe_
des carrés des distances.
Par exemple: à la distance B, du centre lumineux A, un certain nombre
de particules est éparpillé, de manière à occuper la surface B. Donc
à la distance double, c'est-à-dire à C, ces particules se trouveront
d'autant plus éparpillées qu'elles occuperont quatre surfaces
semblables; à la distance triple, ou à D, elles seront d'autant plus
séparées les unes des autres qu'elles occuperont neuf surfaces
semblables; à une distance quadruple, ou à E, elles seront tellement
diffuses qu'elles s'étendront sur seize surfaces semblables;--et ainsi
de suite à l'infini.
[Illustration]
Généralement, en disant que l'irradiation procède en raison
proportionnelle directe des carrés des distances, nous nous servons du
terme irradiation pour exprimer _le degré de diffusion_ à mesure que
nous nous éloignons du centre. Inversant la proposition, et employant
le mot _concentralisation_ pour exprimer _le degré d'attraction
générale_ à mesure que nous nous rapprochons du centre, nous pouvons
dire que la concentralisation procède en raison inverse des carrés
des distances. En d'autres termes, nous sommes arrivés à cette
conclusion, que, dans l'hypothèse que la matière ait été originellement
irradiée d'un centre, et soit maintenant en train d'y retourner, la
concentralisation, ou action de retour, procède _exactement comme nous
savons que procède la force de gravitation._
Or, s'il nous était permis de supposer que la concentralisation
représente exactement la _force de la tendance vers le centre,--_ que
l'une est en exacte proportion avec l'autre, et que les deux procèdent
simultanément, nous aurions démontré tout ce qui était à démontrer. La
seule difficulté ici consiste donc à établir une proportion directe
entre la concentralisation et la _force_ de concentralisation; et
nous pouvons considérer la chose comme faite si nous établissons une
proportion semblable entre l'irradiation et la _force_ d'irradiation.
Une rapide inspection des Cieux suffit pour nous montrer que les
étoiles sont distribuées avec une certaine uniformité générale et à une
certaine égalité de distance à travers la région de l'espace où elles
sont groupées, affectant dans leur ensemble une forme approximativement
sphérique;--cette espèce d'égalité, générale plutôt qu'absolue, ne
contredisant en rien ma déduction sur l'inégalité de distances, dans
de certaines limites, entre les atomes originellement irradiés, et
représentant un corollaire du système évident d'infinie complexité de
rapports tirée de l'unité absolue. Je suis parti, on se le rappelle, de
l'idée d'une distribution généralement uniforme, mais particulièrement
inégale, des atomes;--idée confirmée, je le répète, par une inspection
des étoiles, telles qu'elles existent actuellement.
Mais même dans l'égalité générale de distribution, en ce qui regarde
les atomes, apparaît une difficulté qui, sans aucun doute, s'est
déjà présentée à ceux de mes lecteurs qui croient que je suppose
cette égalité de distribution effectuée par l'_irradiation partant
d'un centre._ Au premier coup d'œil, l'idée de l'_irradiation_ nous
force à accepter cette autre idée, jusqu'à présent non séparée et en
apparence inséparable, d'une agglomération autour d'un centre, et d'une
dispersion à mesure qu'on s'en éloigne,--l'idée, en un mot, d'inégalité
de distribution relativement à la matière irradiée.
Or, j'ai fait observer ailleurs[1] que si la Raison, à la recherche du
Vrai, peut jamais trouver sa route, c'est par des difficultés telles
que celle actuellement en question, par une telle inégalité, par de
telles particularités, par de telles saillies sur le plan ordinaire des
choses. Grâce à la difficulté, à la _particularité_ qui se présente
ici, je bondis d'un seul coup vers le secret,--secret que je n'aurais
jamais pu atteindre sans la particularité et les inductions qu'elle me
fournit _par son pur caractère de particularité._
La marche de ma pensée, arrivée à ce point, peut être grossièrement
dessinée de la manière suivante:--Je me dis: «L'Unité, comme je l'ai
expliquée, est une vérité;--je le sens. La Diffusion est une vérité;
je le vois. L'Irradiation, par laquelle seule ces deux vérités sont
conciliées, est conséquemment une vérité; je le perçois. _L'égalité_
de diffusion, d'abord déduite à _priori_ et ensuite confirmée par
l'inspection des phénomènes, est aussi une vérité;--je l'admets
pleinement. Jusqu'ici tout est clair autour de moi;--il n'y a pas de
nuages derrière lesquels puisse se cacher le secret, le grand secret
du _modus operandi_ de la gravitation;--mais ce secret est quelque
part aux environs, très-certainement, et n'y eût-il qu'un seul nuage
en vue, je serais tenu de soupçonner ce nuage.» Et justement, comme je
me dis cela, voilà qu'un nuage apparaît. Ce nuage est l'impossibilité
apparente de concilier ma vérité, _irradiation_ avec mon autre vérité,
_égalité de diffusion._ Je me dis alors: «Derrière cette impossibilité
_apparente_ doit se trouver ce que je cherche.» Je ne dis pas:
impossibilité _réelle;_ car une invincible foi dans mes vérités me
confirme qu'il n'y a là, après tout, qu'une simple difficulté; mais
je vais jusqu'à dire, avec une confiance opiniâtre, que, quand cette
difficulté sera résolue, nous trouverons, _enveloppée dans le procédé
de solution,_ la clef du secret que nous cherchons. De plus, je
_sens_ que nous ne découvrirons _qu'une seule_ solution possible de
la difficulté, et cela, pour cette raison que, s'il y en avait deux,
l'une des deux serait superflue, sans utilité, vide, ne contenant
aucune clef, puisqu'il n'est pas besoin d'une double clef pour ouvrir
un secret quelconque de la nature.
Et maintenant examinons:--les notions ordinaires, les notions
distinctes que nous pouvons avoir de l'irradiation, sont tirées du
mode tel que nous le voyons appliqué dans le cas de la Lumière. Là
nous trouvons une effusion _continue de courants lumineux, avec une
force que nous n'avons aucun droit de supposer variable._ Or, dans
n'importe quelle irradiation de cette nature, continue et d'une force
invariable, les régions voisines du centre doivent être inévitablement
plus remplies que les régions éloignées. Mais je n'ai supposé aucune
irradiation telle que celle-là. Je n'ai pas supposé une irradiation
_continue;_ par la simple raison qu'une telle supposition impliquerait
d'abord la nécessité d'adopter une conception que l'homme, ainsi que
je l'ai montré, ne peut pas adopter, et que l'examen du firmament
réfute, ainsi que je le démontrerai plus amplement,--la conception
d'un Univers sidéral absolument infini,--et impliquerait, en second
lieu, l'impossibilité de comprendre une réaction, c'est-à-dire la
gravitation, telle qu'elle existe maintenant, puisque, tant qu'une
action se continue, aucune réaction, naturellement, ne peut avoir
lieu. Donc, ma supposition, ou plutôt l'inévitable déduction tirée des
justes prémisses, était celle d'une irradiation _déterminée,_ d'une
irradiation finalement discontinuée.
Qu'il me soit permis maintenant de décrire le seul mode possible
selon lequel nous pouvons comprendre que la matière ait été répandue
à travers l'espace, de manière à remplir à la fois les conditions
d'irradiation et de distribution généralement égale.
Par commodité d'illustration, imaginons d'abord une sphère creuse, de
verre ou d'autre matière, occupant l'espace à travers lequel la matière
universelle a été également éparpillée, par le moyen de l'irradiation,
de la particule absolue, indépendante, inconditionnelle, placée au
centre de la sphère.
Un certain effort de la puissance expansive (que nous présumons
être la Volonté Divine),--en d'autres termes, une certaine _force,_
dont la mesure est la quantité de matière, c'est-à-dire le nombre
des atomes,--a émis, émet, par irradiation, ce nombre d'atomes, les
chassant hors du centre dans toutes les directions, leur proximité
réciproque diminuant à mesure qu'ils s'éloignent de ce centre, jusqu'à
ce que finalement ils se trouvent éparpillés sur la surface intérieure
de la sphère.
Quand les atomes ont atteint cette position, ou pendant qu'ils
tendaient à l'atteindre, un second exercice inférieur de la même
force,--une seconde force inférieure de la même nature,--émet de la
même manière, par irradiation, une seconde couche d'atomes qui va se
déposer sur la première; le nombre d'atomes, dans ce cas comme dans
le premier, étant la mesure de la force qui les a émis,--en d'autres
termes, la force étant précisément appropriée au dessein qu'elle
accomplit,--la force et le nombre d'atomes envoyés par cette force
étant directement proportionnels.
Quand cette seconde couche a atteint sa destination ou pendant qu'elle
s'en approche, un troisième exercice inférieur de la même force, ou une
troisième force inférieure de même nature,--le nombre des atomes émis
étant dans tous les cas la mesure de la force,--dépose une troisième
couche sur la seconde,--et ainsi de suite, jusqu'à ce que ces couches
concentriques, devenant de moins en moins vastes, atteignent finalement
le point central; et alors la matière diffusible, en même temps que la
force diffusive, se trouve épuisée.
Notre sphère est maintenant remplie, par le moyen de l'irradiation,
d'atomes également répartis. Les deux conditions nécessaires,
celles de l'irradiation et d'une diffusion égale, sont accomplies
par le _seul_ mode qui permette de concevoir la possibilité de leur
accomplissement simultané. C'est pour cette raison que j'ai l'espérance
de trouver maintenant, caché dans la condition présente des atomes
ainsi distribués à travers la sphère, le secret dont je suis en quête,
le principe si important du _modus operandi_ de la loi newtonienne.
Examinons donc la condition actuelle des atomes.
Ils sont placés dans une série de couches concentriques. Ils sont
également distribués à travers la sphère. Ils ont été irradiés vers ces
positions.
Les atomes étant également distribués, plus est grande la superficie
d'une de ces couches concentriques quelconques, plus grand sera le
nombre d'atomes distribués dans cette couche. En d'autres termes,
le nombre d'atomes situés sur la surface d'une de ces couches
concentriques quelconque est en proportion directe de l'étendue de
cette surface.
_Mais, dans toute série de sphères concentriques, les surfaces sont en
proportion directe des carrés des distances à partir du centre,_ ou,
plus brièvement, les surfaces des sphères sont entre elles comme les
carrés de leurs rayons.
Conséquemment, le nombre d'atomes, dans une couche quelconque, est en
proportion directe du carré de la distance qui sépare cette couche du
centre.
Mais le nombre des atomes dans une couche quelconque est la mesure
de la force qui a émis cette couche, c'est-à-dire qu'elle est en
proportion directe de la force.
Donc la force qui a irradié chaque couche est en proportion directe
du carré de la distance entre cette couche et le centre, ou, pour
généraliser, _la force de l'irradiation a eu lieu en proportion directe
des carrés des distances._
Or, la Réaction, autant que nous en pouvons connaître, c'est l'Action
inversée. Le principe général de la Gravitation étant, en premier lieu,
entendu comme la réaction d'un acte, comme l'expression d'un désir de
la part de la Matière, existant à l'état de diffusion, de retourner à
l'Unité d'où elle est issue, et en second lieu, l'esprit étant obligé
de déterminer le _caractère_ de ce désir, la manière selon laquelle il
doit naturellement se manifester,--étant, en d'autres termes, obligé
de concevoir une loi probable, ou _modus operandi,_ pour l'action
de retour, ne peut pas ne pas arriver à cette conclusion que la loi
de retour doit être précisément la réciproque de la loi d'émission.
Chacun du moins aura parfaitement le droit de considérer la chose
comme démontrée, jusqu'à ce que quelqu'un donne une raison plausible
qui affirme le contraire, jusqu'à ce qu'une autre loi de retour soit
imaginée que l'intelligence puisse adopter comme préférable.
Donc, la matière irradiée dans l'espace, avec une force qui varie
comme les carrés des distances, pourrait à _priori_ être supposée
retourner vers son centre d'irradiation avec une force variant _en
raison inverse_ des carrés des distances; et j'ai déjà montré que
tout principe qui expliquera pourquoi les atomes tendent, en raison
d'une loi quelconque, vers le centre général, doit être admis comme
expliquant en même temps, d'une manière suffisante, pourquoi, en
raison de la même loi, ils tendent l'un vers l'autre. Car, en fait, la
tendance vers le centre général n'est pas une tendance vers un centre
positif; elle a lieu vers ce point, seulement parce que chaque atome,
en se dirigeant vers un tel point, s'achemine directement vers son
centre réel et essentiel, qui est l'Unité,--l'Union absolue et finale
de toutes choses.
Cette considération ne présente à mon esprit aucune difficulté; mais
cela ne m'aveugle pas sur son obscurité possible pour les esprits moins
habitués à manier des abstractions, et en somme il serait peut-être bon
de considérer la proposition d'un ou deux autres points de vue.
La molécule absolue, indépendante, originellement créée par la Volition
Divine, doit avoir été dans une condition de _normalité_ positive ou
de perfection;--car toute imperfection implique rapport. Le bien est
positif; le mal est négatif; il n'est que la négation du bien, comme le
froid est la négation de la chaleur, l'obscurité, de la lumière. Pour
qu'une chose soit mauvaise, il faut qu'il y ait quelque autre chose
qui soit _comparable_ à ce qui est mauvais;--une condition à laquelle
cette chose mauvaise ne satisfait pas; une loi qu'elle viole; un être
qu'elle offense. Si cet être, cette loi, cette condition, relativement
auxquels la chose est mauvaise, n'existent pas, ou si, pour parler
plus strictement, il n'existe ni êtres, ni lois, ni conditions, alors
la chose ne peut pas être mauvaise et devra conséquemment être bonne.
Toute déviation de la normalité implique une tendance au retour. Une
différence d'avec ce qui est normal, droit, juste, ne peut avoir été
créée que parla nécessité de vaincre une difficulté. Et si la force
qui surmonte cette difficulté n'est pas infiniment continuée, la
tendance indestructible à ce retour pourra à la longue agir dans le
sens de sa satisfaction. La force retirée, la tendance agit. C'est
le principe de réaction, comme conséquence inévitable d'une action
finie. Pour employer une phraséologie dont on pardonnera l'affectation
apparente à cause de son énergie, nous pouvons dire que la Réaction est
le retour de _ce qui est et ne devrait pas être_ vers _ce qui était
originellement, et conséquemment devrait être;--_et j'ajoute que l'on
trouverait toujours la force _absolue_ de la Réaction en proportion
directe avec la réalité, la vérité, l'absolu du principe _originel,_
s'il était possible de mesurer celui-ci;--et conséquemment la plus
grande de toutes les réactions concevables doit être celle produite par
la tendance dont il est question ici,--la tendance à retourner vers
_l'absolu originel,_ vers le _suprême primitif._ La gravitation _doit
donc être la plus énergique de toutes les forces,--_idée obtenue _à
priori_ et largement confirmée par l'induction. Quel usage je ferai de
cette idée, on le verra par la suite.
Les atomes, ayant été répandus hors de leur condition normale d'Unité,
cherchent à retourner--vers quoi? Non pas, certainement, vers aucun
_point_ particulier; car il est clair que si, au moment de la
diffusion, tout l'Univers matériel avait été projeté collectivement à
une certaine distance du point d'irradiation, la tendance atomique vers
le centre de la sphère n'aurait pas été troublée le moins du monde;
les atomes n'auraient pas cherché le point de _l'espace absolu_ dont
ils étaient originairement issus. C'est simplement la _condition,_ et
non le point ou le lieu où cette condition a pris naissance, que les
atonies cherchent à rétablir;--ce qu'ils désirent, c'est simplement
_cette condition qui est leur normalité._ «Mais ils cherchent un
centre,--dira-t-on,--et un centre est un point.» C'est vrai; mais ils
cherchent ce point, non dans son caractère de point (car si toute la
sphère changeait de position, ils chercheraient également le centre, et
le centre serait alors un autre point), mais parce que, en raison de la
forme dans laquelle ils existent collectivement (qui est celle de la
sphère), c'est seulement par le point en question, qui est le centre
de la sphère, qu'ils peuvent atteindre leur véritable but, l'Unité.
Dans la direction du centre, chaque atome perçoit plus d'atomes que
dans toute autre direction. Chaque atome est poussé vers le centre,
parce que sur la ligne droite, qui s'étend de lui au centre et qui
continue au delà jusqu'à la circonférence, se trouve un plus grand
nombre d'atomes que sur toute autre ligne droite,--un plus grand nombre
d'objets qui le cherchent, lui, atome individuel,--un plus grand nombre
de satisfactions pour sa propre tendance à l'Unité,--en un mot, parce
que dans la direction du centre se trouve la plus grande possibilité
You have read 1 text from French literature.
Next - Eureka - 5
  • Parts
  • Eureka - 1
    Total number of words is 4412
    Total number of unique words is 1548
    30.7 of words are in the 2000 most common words
    41.7 of words are in the 5000 most common words
    47.6 of words are in the 8000 most common words
    Each bar represents the percentage of words per 1000 most common words.
  • Eureka - 2
    Total number of words is 4401
    Total number of unique words is 1411
    32.0 of words are in the 2000 most common words
    42.8 of words are in the 5000 most common words
    47.3 of words are in the 8000 most common words
    Each bar represents the percentage of words per 1000 most common words.
  • Eureka - 3
    Total number of words is 4273
    Total number of unique words is 1270
    28.8 of words are in the 2000 most common words
    38.5 of words are in the 5000 most common words
    43.9 of words are in the 8000 most common words
    Each bar represents the percentage of words per 1000 most common words.
  • Eureka - 4
    Total number of words is 4359
    Total number of unique words is 1221
    32.8 of words are in the 2000 most common words
    43.4 of words are in the 5000 most common words
    48.0 of words are in the 8000 most common words
    Each bar represents the percentage of words per 1000 most common words.
  • Eureka - 5
    Total number of words is 4355
    Total number of unique words is 1246
    31.3 of words are in the 2000 most common words
    40.3 of words are in the 5000 most common words
    45.2 of words are in the 8000 most common words
    Each bar represents the percentage of words per 1000 most common words.
  • Eureka - 6
    Total number of words is 4343
    Total number of unique words is 1372
    30.2 of words are in the 2000 most common words
    40.0 of words are in the 5000 most common words
    45.0 of words are in the 8000 most common words
    Each bar represents the percentage of words per 1000 most common words.
  • Eureka - 7
    Total number of words is 4420
    Total number of unique words is 1338
    30.1 of words are in the 2000 most common words
    42.1 of words are in the 5000 most common words
    46.9 of words are in the 8000 most common words
    Each bar represents the percentage of words per 1000 most common words.
  • Eureka - 8
    Total number of words is 4438
    Total number of unique words is 1319
    33.9 of words are in the 2000 most common words
    45.6 of words are in the 5000 most common words
    51.4 of words are in the 8000 most common words
    Each bar represents the percentage of words per 1000 most common words.
  • Eureka - 9
    Total number of words is 4271
    Total number of unique words is 1320
    31.1 of words are in the 2000 most common words
    40.2 of words are in the 5000 most common words
    44.9 of words are in the 8000 most common words
    Each bar represents the percentage of words per 1000 most common words.
  • Eureka - 10
    Total number of words is 1900
    Total number of unique words is 749
    37.3 of words are in the 2000 most common words
    47.8 of words are in the 5000 most common words
    51.8 of words are in the 8000 most common words
    Each bar represents the percentage of words per 1000 most common words.