Candide, ou l'optimisme - 8

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horrible injustice. Mais je voudrais bien savoir pourquoi ma sœur est
dans la cuisine d'un souverain de Transylvanie réfugié chez les Turcs.
--Mais vous, mon cher Pangloss, dit Candide, comment se peut-il
que je vous revoie?--Il est vrai, dit Pangloss, que vous m'avez vu
pendre; je devais naturellement être brûlé; mais vous vous souvenez
qu'il plut à verse lorsqu'on allait me cuire: l'orage fut si violent
qu'on désespéra d'allumer le feu. Je fus pendu, parce qu'on ne put mieux
faire; un chirurgien acheta mon corps, m'emporta chez lui et me
disséqua. Il me fit d'abord une incision cruciale depuis le nombril
jusqu'à la clavicule.
On ne pouvait pas avoir été plus mal pendu que je l'avais été.
L'exécuteur des hautes œuvres de la sainte inquisition, lequel était
sous-diacre, brûlait à la vérité les gens à merveille, mais il n'était
pas accoutumé à pendre. La corde était mouillée et glissa mal; elle fut
mal nouée; enfin je respirais encore.
L'incision cruciale me fit jeter un si grand cri, que mon chirurgien
tomba à la renverse; et croyant qu'il disséquait le diable, il s'enfuit
en mourant de peur et tomba encore sur l'escalier en fuyant. Sa femme
accourut au bruit, d'un cabinet voisin: elle me vit sur la table étendu
avec mon incision cruciale; elle eut encore plus peur que son mari,
s'enfuit et tomba sur lui. Quand ils furent un peu revenus à eux,
j'entendis la chirurgienne qui disait au chirurgien:
«Mon bon, de quoi vous avisez-vous aussi de disséquer un hérétique?
ne savez-vous pas que le diable est toujours dans le corps de ces
gens-là? je vais vite chercher un prêtre pour l'exorciser.»
Je frémis à ce propos, et je ramassai le peu de forces qui me
restaient pour crier: «Avez pitié de moi!» Enfin le barbier portugais
s'enhardit: il recousit ma peau; sa femme même eut soin de moi; je fus
sur pied au bout de quinze jours. Le barbier me trouva une condition et
me fit laquais d'un chevalier de Malte qui allait à Venise; mais mon
maître n'ayant pas de quoi me payer, je me mis au service d'un marchand
vénitien, et je le suivis à Constantinople.
Un jour il me prit fantaisie d'entrer dans une mosquée; il n'y avait
qu'un vieux iman et une jeune dévote très jolie qui disait ses
patenôtres; sa gorge était toute découverte: elle avait entre ses deux
tétons un beau bouquet de tulipes, de roses, d'anémones, de renoncules,
d'hyacinthes et d'oreilles d'ours: elle laissa tomber son bouquet; je le
ramassai, et je le lui remis avec un empressement très respectueux.
Je fus si longtemps à le lui remettre que l'iman se mit en colère, et
voyant que j'étais chrétien, il cria à l'aide.
On me mena chez le cadi, qui me fit donner cent coups de latte sous
la plante des pieds et m'envoya aux galères. Je fus enchaîné précisément
dans la même galère et au même banc que M. le baron.
Il y avait dans cette galère quatre jeunes gens de Marseille, cinq
prêtres napolitains et deux moines de Corfou, qui nous dirent que de
pareilles aventures arrivaient tous les jours. M. le baron prétendait
qu'il avait essuyé une plus grande injustice que moi; je prétendais,
moi, qu'il était beaucoup plus permis de remettre un bouquet sur la
gorge d'une femme que d'être tout nu avec un icoglan. Nous disputions
sans cesse, et nous recevions vingt coups de nerf de bœuf par jour,
lorsque l'enchaînement des événements de cet univers vous a conduit
dans notre galère, et que vous nous avez rachetés.
--Eh bien! mon cher Pangloss, lui dit Candide, quand vous avez
été pendu, disséqué, roué de coups, et que vous avez ramé aux galères,
avez-vous toujours pensé que tout allait le mieux du monde?
--Je suis toujours de mon premier sentiment, répondit Pangloss,
car enfin je suis philosophe; et il ne me convient pas de me dédire,
Leibniz ne pouvant pas avoir tort, et l'harmonie préétablie étant
d'ailleurs la plus belle chose du monde, aussi bien que le plein
et la matière subtile.»

[Illustration 67]

[Illustration 68]


XXIX. COMMENT CANDIDE RETROUVA CUNÉGONDE ET LA VIEILLE.

Pendant que Candide, le baron, Pangloss, Martin et Cacambo contaient
leurs aventures, qu'ils raisonnaient sur les événements contingents ou
non contingents de cet univers, qu'ils disputaient sur les effets et les
causes, sur le mal moral et sur le mal physique, sur la liberté et la
nécessité, sur les consolations que l'on peut éprouver lorsqu'on est
aux galères en Turquie, ils abordèrent sur le rivage de la Propontide,
à la maison du prince de Transylvanie. Les premiers objets qui se
présentèrent furent Cunégonde et la vieille, qui étendaient des
serviettes sur des ficelles pour les faire sécher.
Le baron pâlit à cette vue. Le tendre amant Candide, en voyant sa
belle Cunégonde rembrunie, les veux éraillés, la gorge sèche, les joues
ridées, les bras rouges et écaillés, recula trois pas, saisi d'horreur,
et avança ensuite par bon procédé. Elle embrassa Candide et son frère;
on embrassa la vieille; Candide les racheta toutes deux.
Il y avait une petite métairie dans le voisinage; la vieille proposa à
Candide de s'en accommoder, en attendant que toute la troupe eût une
meilleure destinée. Cunégonde ne savait pas qu'elle était enlaidie;
personne ne l'en avait avertie: elle fit souvenir Candide de ses
promesses avec un ton si absolu, que le bon Candide n'osa pas la
refuser. Il signifia donc au baron qu'il allait se marier avec sa sœur.
«Je ne souffrirai jamais, dit le baron, une telle bassesse de sa part
et une telle insolence de la vôtre; cette infamie ne me sera jamais
reprochée: les enfants de ma sœur ne pourraient entrer dans les
chapitres d'Allemagne. Non, jamais ma sœur n'épousera qu'un
baron de l'empire.»
Cunégonde se jeta à ses pieds et les baigna de larmes; il fut
inflexible.
«Maître fou, lui dit Candide, je t'ai réchappé des galères, j'ai
payé ta rançon, j'ai payé celle de la sœur; elle lavait ici des écuelles;
elle est laide; j'ai la bonté d'en faire ma femme, et tu prétends
encore l'y opposer! je te retuerais si j'en croyais ma colère.
--Tu peux me tuer encore, dit le baron, mais tu n'épouseras
pas ma sœur de mon vivant.»

[Illustration 69]

[Illustration 70]


XXX. CONCLUSION

Candide, dans le fond de son cœur, n'avait aucune envie d'épouser
Cunégonde; mais l'impertinence extrême du baron le déterminait à
conclure le mariage, et Cunégonde le pressait si vivement qu'il ne
pouvait s'en dédire. Il consulta Pangloss, Martin et le fidéle Cacambo.
Pangloss fit un beau mémoire par lequel il prouvait que le baron n'avait
nul droit sur sa sœur, et qu'elle pouvait, selon toutes les lois de
l'empire, épouser Candide de la main gauche. Martin conclut à jeter le
baron dans la mer. Cacambo décida qu'il fallait le rendre au levante
patron et le remettre aux galères, après quoi on l'enverrait à Rome au
Père général par le premier vaisseau. L'avis fut trouvé fort bon; la
vieille l'approuva; on n'en dit rien à sa sœur; la chose fut exécutée
pour quelque argent, et l'on eut le plaisir d'attraper un jésuite et de
punir l'orgueil d'un baron allemand.
Il était tout naturel d'imaginer qu'après tant de désastres Candide,
marié avec sa maîtresse et vivant avec le philosophe Pangloss, le
philosophe Martin, le prudent Cacambo et la vieille, ayant d'ailleurs
rapporté tant de diamants de la patrie des anciens Incas, mènerait
la vie du monde la plus agréable: mais il fut tant friponné par les
juifs, qu'il ne lui resta plus rien que sa petite métairie; sa femme
devenant tous les jours plus laide, devint acariâtre et insupportable;
la vieille était infirme et fut encore de plus mauvaise humeur que
Cunégonde. Cacambo, qui travaillait au jardin et qui allait vendre des
légumes à Constantinople, était excédé de travail et maudissait sa
destinée. Pangloss était au désespoir de ne pas briller dans quelque
université d'Allemagne. Pour Martin, il était fermement persuadé
qu'on est également mal partout; il prenait les choses en patience.
Candide, Martin et Pangloss disputaient quelquefois de métaphysique
et de morale. Un voyait souvent passer sous les fenêtres de la métairie
des bateaux chargés d'effendis, de bachas, de cadis, qu'on envoyait
en exil à Lemnos, à Mitylène, à Erzeroum; on voyait venir d'autres
cadis, d'autres bachas, d'autres effendis, qui prenaient la place des
expulsés et qui étaient expulsés à leur tour; on voyait des têtes
proprement empaillées qu'on allait présenter à la sublime Porte. Ces
spectacles faisaient redoubler les dissertations; et quand on ne
disputait pas, l'ennui était si excessif que la vieille osa un jour leur
dire: «Je voudrais savoir lequel est le pire, ou d'être violée cent fois
par des pirates nègres, d'avoir une fesse coupée, de passer par les
baguettes chez les Bulgares, d'être fouetté et pendu dans un auto-da-fé,
d'être disséqué, de ramer aux galères, d'éprouver enfin toutes les
misères par lesquelles nous avons tous passé, ou bien de rester ici à
ne rien faire.--C'est une grande question,» dit Candide.
Ce discours fit naître de nouvelles réflexions, et Martin surtout
conclut que l'homme était né pour vivre dans les convulsions de
l'inquiétude ou dans la léthargie de l'ennui. Candide n'en convenait
pas; mais il n'assurait rien. Pangloss avouait qu'il avait toujours
horriblement souffert: mais ayant soutenu une fois que tout allait
à merveille, il le soutenait toujours et n'en croyait rien.
Une chose acheva de confirmer Martin dans ses détestables principes,
de faire hésiter plus que jamais Candide et d'embarrasser Pangloss.
C'est qu'ils virent un jour aborder dans leur métairie Paquette et le
frère Giroflée, qui étaient dans la plus extrême misère; ils avaient
bien vite mangé leurs trois mille piastres, s'étaient quittés, s'étaient
raccommodés, s'étaient brouillés, avaient été mis en prison, s'étaient
enfuis, et enfin frère Giroflée s'était fait Turc. Paquette continuait
son métier partout et n'y gagnait plus rien.
«--Je l'avais bien prévu, dit Martin à Candide, que vos présents
seraient bientôt dissipés et ne les rendraient que plus misérables.
Vous avez regorgé de millions de piastres, vous et Cacambo, et vous
n'êtes pas plus heureux que frère Giroflée et Paquette.--Ah! ah!
dit Pangloss à Paquette, le ciel vous ramène donc ici parmi nous, ma
pauvre enfant! savez-vous bien que vous m'avez coûté le bout du nez,
un œil et une oreille! Comme vous voilà faite! eh! qu'est-ce que ce
monde?» Cette nouvelle aventure les engagea à philosopher plus que
jamais.
Il y avait dans le voisinage un derviche très fameux qui passait pour
le meilleur philosophe de la Turquie; ils allèrent le consulter;
Pangloss porta la parole et lui dit:
«Maître, nous venons vous prier de nous dire pourquoi un aussi
étrange animal que l'homme a été formé.
--De quoi te mêles-tu? lui dit le derviche; est-ce là ton
affaire?--Mais, mon révérend père, dit Candide, il y a horriblement
de mal sur la terre.--Qu'importe, dit le derviche, qu'il y ait du
bien ou du mal? Quand Sa Hautesse envoie un vaisseau en Égypte,
s'embarrasse-t-elle si les souris qui sont dans le vaisseau sont
à leur aise ou non?--Que faut-il donc faire? dit Pangloss.--Te
taire, dit le derviche.--Je me flattais, dit Pangloss, de raisonner
un peu avec vous des effets et des causes, du meilleur des mondes
possibles, de l'origine du mal, de la nature de l'âme et de l'harmonie
préétablie.» Le derviche, à ces mots, leur ferma la porte au nez.
Pendant cette conversation, la nouvelle s'était répandue qu'on
venait d'étrangler à Constantinople deux vizirs du banc et le mufti,
et qu'on avait empalé plusieurs de leurs amis. Cette catastrophe faisait
partout un grand bruit pendant quelques heures. Pangloss, Candide et
Martin, en retournant à la petite métairie, rencontrèrent un bon
vieillard qui prenait le frais à sa porte sous un berceau d'orangers.
Pangloss, qui était aussi curieux que raisonneur, lui demanda comment
se nommait le mufti qu'on venait d'étrangler.
«Je n'en sais rien, répondit le bonhomme, et je n'ai jamais su le nom
d'aucun mufti ni d'aucun vizir. J'ignore absolument l'aventure dont
vous me parlez; je présume qu'en général ceux qui se mêlent des affaires
publiques périssent quelquefois misérablement, et qu'ils le méritent;
mais je ne m'informe jamais de ce qu'on fait à Constantinople; je me
contente d'y envoyer vendre les fruits du jardin que je cultive.»
Ayant dit ces mots, il fit entrer les étrangers dans sa maison; ses
deux filles et ses deux fils leur présentèrent plusieurs sortes de
sorbets qu'ils faisaient eux-mêmes, du kaïmak piqué d'écorces de cédrat
confit, des oranges, des citrons, des limons, des ananas, des pistaches,
du café de Moka qui n'était point mêlé avec le mauvais café de Batavia
et des îles. Après quoi les deux filles de ce bon musulman parfumèrent
les barbes de Candide, de Pangloss et de Martin.
«Vous devez avoir, dit Candide au Turc, une vaste et magnifique
terre?--Je n'ai que vingt arpents, répondit le Turc; je les cultive
avec mes enfants; le travail éloigne de nous trois grands maux: l'ennui,
le vice et le besoin.»
Candide, en retournant dans sa métairie, fit de profondes réflexions
sur le discours du Turc. Il dit à Pangloss et à Martin: «Ce bon vieillard
me paraît s'être fait un sort bien préférable à celui des six rois avec
qui nous avons eu l'honneur de souper.--Les grandeurs, dit
Pangloss, sont fort dangereuses, selon le rapport de tous les
philosophes, car enfin Églon, roi des Moabites, fut assassiné par
Aod; Absalon fut pendu par les cheveux et percé de trois dards; le roi
Nadab, fils de Jéroboam, fut tué par Baasa; le roi Éla, par Zambri;
Ochosias, par Jéhu; Athalie, par Joïada; les rois Joachim, Jéchonias,
Sédécias, furent esclaves. Vous savez comment périrent Crésus,
Astyage, Darius, Denis de Syracuse, Pyrrhus, Persée, Annibal, Jugurtha,
Arioviste, César, Pompée, Néron, Othon, Vitellius, Domitien, Richard II
d'Angleterre, Édouard II, Henri VI, Richard III, Marie Stuart, Charles
ler, les trois Henri de France, l'empereur Henri IV? Vous
savez....--Je sais aussi, dit Candide, qu'il faut cultiver notre
jardin.--Vous avez raison, dit Pangloss, car quand l'homme fut
mis dans le jardin d'Éden, il y fut mis _ut operaretur eum_, pour
qu'il travaillât, ce qui prouve que l'homme n'est pas né pour le
repos.--Travaillons sans raisonner, dit Martin: c'est le seul
moyen de rendre la vie supportable.»
Toute la petite société entra dans ce louable dessein; chacun se
mit à exercer ses talents. La petite terre rapporta beaucoup. Cunégonde
était, à la vérité, bien laide; mais elle devint une excellente
pâtissière; Paquette broda; la vieille eut soin du linge. Il n'y eut pas
jusqu'à frère Giroflée qui ne rendit service; il fut un très bon
menuisier, et même devint honnête homme, et Pangloss disait
quelquefois à Candide:
«Tous les événements sont enchaînés dans le meilleur des mondes
possible; car enfin, si vous n'aviez pas été chassé d'un beau château
à grands coups de pied dans le derrière pour l'amour de Mlle Cunégonde,
si vous n'aviez pas été mis à l'inquisition, si vous n'aviez pas couru
l'Amérique à pied, si vous n'aviez pas donné un bon coup d'épée au
baron, si vous n'aviez pas perdu tous vos moutons du bon pays
d'Eldorado, vous ne mangeriez pas ici des cédrats confits et des
pistaches.--Cela et bien dit, répondit Candide, mais il faut
cultiver note jardin.»

[Illustration 71]



COLLABORATEURS

Les dix compositions hors texte de cet ouvrage ont été gravées à
l'eau-forte par
D. MORDANT
Les soixante-deux vignettes ont été gravées sur bois par
JULES HUYOT
L'impression typographique a été exécutée sur les presses à bras de
A. LAHURE
Le tirage des eaux-fortes a été fait par les soins de la Maison
CH. WITTMANN
Le papier a été fabriqué par les _Papeteries du Marais._

Les encres on été fournies par la Maison CH. LORILLEUX.
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