Sganarelle, ou le Cocu imaginaire - 2

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- Célie -
Non, non, l'enfer n'a point de gêne
Qui ne soit pour ton crime une trop douce peine.

- Sganarelle -
Que voilà bien parler !

- Célie -
Avoir ainsi traité
Et la même innocence et la même bonté !

- Sganarelle -
(soupire haut.)
Haie !

- Célie -
Un coeur qui jamais n'a fait la moindre chose
À mériter l'affront où ton mépris l'expose !

- Sganarelle -
Il est vrai.

- Célie -
Qui bien loin... Mais c'est trop, et ce coeur
Ne saurait y songer sans mourir de douleur.

- Sganarelle -
Ne vous fâchez pas tant, ma très chère Madame,
Mon mal vous touche trop, et vous me percez l'âme.

- Célie -
Mais ne t'abuse pas jusqu'à te figurer
Qu'à des plaintes sans fruit j'en veuille demeurer :
Mon coeur, pour se venger, sait ce qu'il te faut faire,
Et j'y cours de ce pas ; rien ne m'en peut distraire.


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SCÈNE XVII. - Sganarelle.

- Sganarelle -
Que le ciel la préserve à jamais de danger !
Voyez quelle bonté de vouloir me venger !
En effet, son courroux, qu'excite ma disgrâce,
M'enseigne hautement ce qu'il faut que je fasse ;
Et l'on ne doit jamais souffrir, sans dire mot,
De semblables affronts, à moins qu'être un vrai sot.
Courons donc le chercher, ce pendard qui m'affronte :
Montrons notre courage à venger notre honte.
Vous apprendrez, maroufle, à rire à nos dépens,
Et, sans aucun respect, faire cocus les gens.
(Il revient après avoir fait quelques pas.)
Doucement, s'il vous plaît ; cet homme a bien la mine
D'avoir le sang bouillant et l'âme un peu mutine ;
Il pourrait bien, mettant affront dessus affront,
Charger de bois mon dos comme il a fait mon front.
Je hais de tout mon coeur les esprits colériques,
Et porte grand amour aux hommes pacifiques ;
Je ne suis point battant, de peur d'être battu,
Et l'humeur débonnaire est ma grande vertu.
Mais mon honneur me dit que d'une telle offense
Il faut absolument que je prenne vengeance :
Ma foi ! laissons-le dire autant qu'il lui plaira :
Au diantre qui pourtant rien du tout en fera !
Quand j'aurai fait le brave, et qu'un fer, pour ma peine,
M'aura d'un vilain coup transpercé la bedaine,
Que par la ville ira le bruit de mon trépas,
Dites-moi, mon honneur, en serez-vous plus gras ?
La bière est un séjour par trop mélancolique,
Et trop malsain pour ceux qui craignent la colique.
Et quant à moi, je trouve, ayant tout compassé,
Qu'il vaut mieux être encor cocu que trépassé :
Quel mal cela fait-il ? la jambe en devient-elle
Plus tortue, après tout, et la taille moins belle ?
Peste soit qui premier trouva l'invention
De s'affliger l'esprit de cette vision,
Et d'attacher l'honneur de l'homme le plus sage
Aux choses que peut faire une femme volage !
Puisqu'on tient, à bon droit, tout crime personnel,
Que fait là notre honneur pour être criminel ?
Des actions d'autrui l'on nous donne le blâme :
Si nos femmes sans nous ont un commerce infâme,
Il faut que tout le mal tombe sur notre dos :
Elles font la sottise, et nous sommes les sots.
C'est un vilain abus, et les gens de police
Nous devraient bien régler une telle injustice.
N'avons-nous pas assez des autres accidents
Qui nous viennent happer en dépit de nos dents ?
Les querelles, procès, faim, soif et maladie,
Troublent-ils pas assez le repos de la vie,
Sans s'aller de surcroît aviser sottement
De se faire un chagrin qui n'a nul fondement ?
Moquons-nous de cela, méprisons les alarmes,
Et mettons sous nos pieds les soupirs et les larmes.
Si ma femme a failli, qu'elle pleure bien fort ;
Mais pourquoi, moi, pleurer, puisque je n'ai point tort ?
En tout cas, ce qui peut m'ôter ma fâcherie,
C'est que je ne suis pas seul de ma confrérie.
Voir cajoler sa femme, et n'en témoigner rien,
Se pratique aujourd'hui par force gens de bien.
N'allons donc point chercher à faire une querelle
Pour un affront qui n'est que pure bagatelle.
L'on m'appellera sot, de ne me venger pas :
Mais je le serais fort, de courir au trépas.
(Mettant la main sur sa poitrine.)
Je me sens là pourtant remuer une bile
Qui veut me conseiller quelque action virile.
Oui, le courroux me prend ; c'est trop être poltron :
Je veux résolument me venger du larron.
Déjà, pour commencer, dans l'ardeur qui m'enflamme,
Je vais dire partout qu'il couche avec ma femme.


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SCÈNE XVIII. - Gorgibus, Célie, la suivante de Célie.

- Célie -
Oui, je veux bien subir une si juste loi,
Mon père, disposez de mes voeux et de moi ;
Faites, quand vous voudrez, signer cet hyménée :
À suivre mon devoir je suis déterminée ;
Je prétends gourmander mes propres sentiments,
Et me soumettre en tout à vos commandements.

- Gorgibus -
Ah ! voilà qui me plaît, de parler de la sorte.
Parbleu, si grande joie à l'heure me transporte,
Que mes jambes sur l'heure en caprioleraient (11),
Si nous n'étions point vus de gens qui s'en riraient !
Approche-toi de moi, viens çà ; que je t'embrasse.
Une telle action n'a pas mauvaise grâce ;
Un père, quand il veut, peut sa fille baiser,
Sans que l'on ait sujet de s'en scandaliser.
Va, le contentement de te voir si bien née
Me fera rajeunir de dix fois une année.


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SCÈNE XIX. - Célie, la suivante de Célie.

- La suivante -
Ce changement m'étonne.

- Célie -
Et lorsque tu sauras
Par quel motif j'agis, tu m'en estimeras.

- La suivante -
Cela pourrait bien être.

- Célie -
Apprends donc que Lélie
A pu blesser mon coeur par une perfidie ;
Qu'il était en ces lieux sans...

- La suivante -
Mais il vient à nous.


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SCÈNE XX. - Lélie, Célie, la suivante de Célie.

- Lélie -
Avant que pour jamais je m'éloigne de vous,
Je veux vous reprocher au moins en cette place...

- Célie -
Quoi ! me parler encore ! avez-vous cette audace ?

- Lélie -
Il est vrai qu'elle est grande ; et votre choix est tel,
Qu'à vous rien reprocher je serais criminel.
Vivez, vivez contente, et bravez ma mémoire,
Avec le digne époux qui vous comble de gloire.

- Célie -
Oui, traître, j'y veux vivre ; et mon plus grand désir,
Ce serait que ton coeur en eût du déplaisir.

- Lélie -
Qui rend donc contre moi ce courroux légitime ?

- Célie -
Quoi ? tu fais le surpris, et demandes ton crime ?


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SCÈNE XXI. - Célie, Lélie, Sganarelle, armé de pied en cap ;
la suivante de Célie.

- Sganarelle -
Guerre ! guerre mortelle à ce larron d'honneur
Qui, sans miséricorde, a souillé notre honneur !

- Célie -
(à Lélie, lui montrant Sganarelle.)
Tourne, tourne les yeux, sans me faire répondre.

- Lélie -
Ah ! je vois...

- Célie -
Cet objet suffit pour te confondre.

- Lélie -
Mais pour vous obliger bien plutôt à rougir.

- Sganarelle -
(à part.)
Ma colère à présent est en état d'agir ;
Dessus ses grands chevaux est monté mon courage (12),
Et si je le rencontre, on verra du carnage.
Oui, j'ai juré sa mort ; rien ne peut l'empêcher.
Où je le trouverai, je le veux dépêcher.
(Tirant son épée à demi, il approche de Lélie.)
Au beau milieu du coeur il faut que je lui donne...

- Lélie -
(se retournant.)
A qui donc en veut-on ?

- Sganarelle -
Je n'en veux à personne.

- Lélie -
Pourquoi ces armes-là ?

- Sganarelle -
C'est un habillement
Que j'ai pris pour la pluie.
(à part.)
Ah ! quel contentement
J'aurais à le tuer ! Prenons-en le courage.

- Lélie -
(se retournant encore.)
Hai ?

- Sganarelle -
Je ne parle pas.
(A part, après s'être donné des soufflets pour s'exciter.)
Ah ! poltron, dont j'enrage,
Lâche, vrai coeur de poule !

- Célie -
(à Lélie.)
Il t'en doit dire assez,
Cet objet dont tes yeux nous paraissent blessés.

- Lélie -
Oui, je connais par là que vous êtes coupable
De l'infidélité la plus inexcusable
Qui jamais d'un amant puisse outrager la foi.

- Sganarelle -
(à part.)
Que n'ai-je un peu de coeur !

- Célie -
Ah ! cesse devant moi,
Traître, de ce discours l'insolence cruelle !

- Sganarelle -
(à part.)
Sganarelle, tu vois qu'elle prend ta querelle !
Courage, mon enfant, sois un peu vigoureux.
Là, hardi ! tâche à faire un effort généreux,
En le tuant tandis qu'il tourne le derrière.

- Lélie -
(faisant deux ou trois pas sans dessein, fait retourner Sganarelle
qui s'approchait pour le tuer.)
Puisqu'un pareil discours émeut votre colère,
Je dois de votre coeur me montrer satisfait,
Et l'applaudir ici du beau choix qu'il a fait.

- Célie -
Oui, oui, mon choix est tel qu'on n'y peut rien reprendre.

- Lélie -
Allez, vous faites bien de le vouloir défendre.

- Sganarelle -
Sans doute, elle fait bien de défendre mes droits.
Cette action, Monsieur, n'est point selon les lois :
J'ai raison de m'en plaindre ; et, si je n'étais sage,
On verrait arriver un étrange carnage.

- Lélie -
D'où vous naît cette plainte, et quel chagrin brutal... ?

- Sganarelle -
Suffit. Vous savez bien où le bât me fait mal ;
Mais votre conscience et le soin de votre âme
Vous devraient mettre aux yeux que ma femme est ma femme :
Et vouloir, à ma barbe, en faire votre bien,
Que ce n'est pas du tout agir en bon chrétien.

- Lélie -
Un semblable soupçon est bas et ridicule.
Allez, dessus ce point n'ayez aucun scrupule :
Je sais qu'elle est à vous, et, bien loin de brûler...

- Célie -
Ah ! qu'ici tu sais bien, traître, dissimuler !

- Lélie -
Quoi ? me soupçonnez-vous d'avoir une pensée
De qui son âme ait lieu de se croire offensée ?
De cette lâcheté voulez-vous me noircir ?

- Célie -
Parle, parle à lui-même, il pourra t'éclaircir.

- Sganarelle -
(à Célie.)
Vous me défendez mieux que je ne saurais faire :
Et du biais qu'il faut vous prenez cette affaire.


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SCÈNE XXII. - Célie, Lélie, Sganarelle, la femme de Sganarelle,
la suivante de Célie.

- La femme de Sganarelle -
Je ne suis point d'humeur à vouloir contre vous
Faire éclater, Madame, un esprit trop jaloux ;
Mais je ne suis point dupe, et vois ce qui se passe :
Il est de certains feux de fort mauvaise grâce ;
Et votre âme devrait prendre un meilleur emploi,
Que de séduire un coeur qui doit n'être qu'à moi.

- Lélie -
La déclaration est assez ingénue.

- Sganarelle -
(à sa femme.)
L'on ne demandait pas, carogne, ta venue :
Tu la viens quereller lorsqu'elle me défend,
Et tu trembles de peur qu'on t'ôte ton galant.

- Célie -
Allez, ne croyez pas que l'on en ait envie.
(Se tournant vers Lélie.)
Tu vois si c'est mensonge ; et j'en suis fort ravie.

- Lélie -
Que me veut-on conter ?

- La suivante -
Ma foi, je ne sais pas
Quand on verra finir ce galimatias ;
Déjà depuis longtemps je tâche à le comprendre,
Et si, plus je l'écoute (13), et moins je puis l'entendre,
Je vois bien à la fin que je m'en dois mêler.
(Elle se met entre Lélie et sa maîtresse.)
Répondez-moi par ordre, et me laissez parler.
(A Lélie.)
Vous, qu'est-ce qu'à son coeur peut reprocher le vôtre ?

- Lélie -
Que l'infidèle a pu me quitter pour un autre ;
Que lorsque, sur le bruit de son hymen fatal,
J'accours tout transporté d'un amour sans égal,
Dont l'ardeur résistait à se croire oubliée,
Mon abord en ces lieux la trouve mariée.

- La suivante -
Mariée ! à qui donc ?

- Lélie -
(Montrant Sganarelle.)
A lui.

- La suivante -
Comment, à lui ?

- Lélie -
Oui-dà !

- La suivante -
Qui vous l'a dit ?

- Lélie -
C'est lui-même, aujourd'hui.

- La suivante -
(à Sganarelle.)
Est-il vrai ?

- Sganarelle -
Moi ? J'ai dit que c'était à ma femme,
Que j'étais marié.

- Lélie -
Dans un grand trouble d'âme,
Tantôt de mon portrait je vous ai vu saisi.

- Sganarelle -
Il est vrai : le voilà.

- Lélie -
(à Sganarelle.)
Vous m'avez dit aussi
Que celle aux mains de qui vous aviez pris ce gage
était liée à vous des noeuds du mariage.

- Sganarelle -
(montrant sa femme.)
Sans doute. Et je l'avais de ses mains arraché ;
Et n'eusse pas sans lui découvert son péché.

- La femme de Sganarelle -
Que me viens-tu conter par ta plainte importune ?
Je l'avais sous mes pieds rencontré par fortune ;
Et même, quand, après ton injuste courroux,
(Montrant Lélie.)
J'ai fait, dans sa faiblesse, entrer monsieur chez nous,
Je n'ai pas reconnu les traits de sa peinture.

- Célie -
C'est moi qui du portrait ai causé l'aventure ;
Et je l'ai laissé choir en cette pâmoison,
(À Sganarelle.)
Qui m'a fait par vos soins remettre à la maison.

- La suivante -
Vous voyez que sans moi vous y seriez encore,
Et vous aviez besoin de mon peu d'ellébore.

- Sganarelle -
(à part.)
Prendrons-nous tout ceci pour de l'argent comptant ?
Mon front l'a, sur mon âme, eu bien chaude pourtant.

- la femme de Sganarelle -
Ma crainte toutefois n'est pas trop dissipée,
Et, d'où que soit le mal, je crains d'être trompée.

- Sganarelle -
(à sa femme.)
Hé ! mutuellement, croyons-nous gens de bien ;
Je risque plus du mien que tu ne fais du tien.
Accepte sans façon le parti qu'on propose.

- la femme de Sganarelle -
Soit. Mais gare le bois si j'apprends quelque chose !

- Célie -
(à Lélie, après avoir parlé bas ensemble.)
Ah ! dieux ! s'il est ainsi, qu'est-ce donc que j'ai fait ?
Je dois de mon courroux appréhender l'effet.
Oui, vous croyant sans foi, j'ai pris pour ma vengeance
Le malheureux secours de mon obéissance ;
Et depuis un moment, mon coeur vient d'accepter
Un hymen que toujours j'eus lieu de rebuter.
J'ai promis à mon père ; et ce qui me désole...
Mais je le vois venir.

- Lélie -
Il me tiendra parole.


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SCÈNE XXIII. - Gorgibus, Célie, Lélie, Sganarelle, la femme de Sganarelle,
la suivante de Célie.

- Lélie -
Monsieur, vous me voyez en ces lieux de retour,
Brûlant des mêmes feux ; et mon ardent amour
Verra, comme je crois, la promesse accomplie
Qui me donna l'espoir de l'hymen de Célie.

- Gorgibus -
Monsieur, que je revois en ces lieux de retour,
Brûlant des mêmes feux, et dont l'ardente amour
Verra, que vous croyez, la promesse accomplie
Qui vous donne l'espoir de l'hymen de Célie,
Très humble serviteur à Votre seigneurie.

- Lélie -
Quoi ? Monsieur, est-ce ainsi qu'on trahit mon espoir ?

- Gorgibus -
Oui, Monsieur, c'est ainsi que je fais mon devoir :
Ma fille en suit les lois.

- Célie -
Mon devoir m'intéresse,
Mon père, à dégager vers lui votre promesse.

- Gorgibus -
Est-ce répondre en fille à mes commandements ?
Tu te démens bientôt de tes bons sentiments.
Pour Valère tantôt... Mais j'aperçois son père :
Il vient assurément pour conclure l'affaire.


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SCÈNE XXIV. - Villebrequin, Gorgibus, Célie, Lélie, Sganarelle,
la femme de Sganarelle, la suivante de Célie.

- Gorgibus -
Qui vous amène ici, seigneur Villebrequin ?

- Villebrequin -
Un secret important, que j'ai su ce matin,
Qui rompt absolument ma parole donnée.
Mon fils, dont votre fille acceptait l'hyménée,
Sous des liens cachés trompant les yeux de tous,
Vit depuis quatre mois avec Lise en époux,
Et, comme des parents le bien et la naissance
M'ôtent tout le pouvoir d'en casser l'alliance,
Je vous viens...

- Gorgibus -
Brisons là. Si, sans votre congé,
Valère votre fils ailleurs s'est engagé,
Je ne vous puis celer que ma fille Célie
Dès longtemps par moi-même est promise à Lélie ;
Et que, riche en vertus, son retour aujourd'hui
M'empêche d'agréer un autre époux que lui.

- Villebrequin -
Un tel choix me plaît fort.

- Lélie -
Et cette juste envie
D'un bonheur éternel va couronner ma vie.

- Gorgibus -
Allons choisir le jour pour se donner la foi.

- Sganarelle -
(seul.)
A-t-on mieux cru jamais être cocu que moi !
Vous voyez qu'en ce fait la plus forte apparence
Peut jeter dans l'esprit une fausse créance.
De cet exemple-ci ressouvenez-vous bien ;
Et, quand vous verriez tout, ne croyez jamais rien.

FIN DE SGANARELLE.

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Notes [from 1890 edition]

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(0) Ce personnage comique est une création de Molière, et le nom de
Sganarelle est resté au caractère qu'il représente : on disait les
"Sganarelles", comme on avait dit les "Jodelets", les "Gros-Renés",
etc.
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(1) "Clélie", roman de mademoiselle de Scudéry.
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(2) Ces deux ouvrages tenaient autrefois dans l'éducation de la
jeunesse la même place que les fables de la Fontaine y tiennent
aujourd'hui.
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(3) Livre de dévotion, par Louis de Grenade, dominicain espagnol,
mort en 1588. (B.)
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(4) "Si ferai bien, je meure". Ce qui veut dire "Oui, assurément je le
ferai bien". "Si" est un vieux mot que Molière emploie assez souvent,
et qu'on trouve même dans le "Tartufe". Nicot, dans son "Trésor de la
langue françoise", dit qu'il sert à renforcer le verbe qui le suit.
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(5) Nicot fait venir ce mot de l'espagnol "truhant", un "bateleur", un
"plaisanteur", un vagabond, et par induction, "canaille", "belistre",
"méchanceté", "malice".
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(6) "Marri" est un vieux mot ; il signifie "fâché", "chagrin". Le
piquant jeu de mots auquel il donne lieu ici est devenu proverbe parmi
tous les confrères de Sganarelle. (Lem.) Ce mot vient du latin barbare
"marritio", que Vossius interprète "douleur", "ressentiment d'un
affront reçu".
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(7) "Prendre la chèvre", pour "imiter la chèvre", animal vif,
impatient ; se fâcher de rien, prendre tout au pied de la lettre.
C'est le propre des esprits bourrus. Nous disons aujourd'hui "prendre
la mouche" à peu près dans le même sens.
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(8) "Avoir des visions cornues", c'est-à-dire, "avoir des idées
chimériques", "folles", "ridicules".
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(9) "Jocrisse", mot populaire qui renferme toute la peinture d'un
individu. Un jocrisse est en même temps sot, avare, laid, et
poltron. C'est un homme qui ferme les yeux sue les désordres de sa
femme, et s'abaisse aux plus petits détails du ménage.
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(10) "Ce n'est pas pour des prunes". Proverbialement, ce n'est pas
pour peu de chose.
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(11) Mot qui vient de l'italien "capriola". On disait autrefois
"caprioler" ; mais déjà, du temps de Richelet, le mot "cabrioler"
était plus usité.
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(12) Il faut chercher l'origine de ce proverbe dans les usages de
l'ancienne chevalerie. Les chevaliers avaient deux espèces de chevaux :
ceux qu'ils montaient habituellement étaient connus sous le nom de
"coursiers de palefroi" : c'étaient des chevaux d'une allure aisée et
d'une force ordinaire. Mais, les jours de bataille, on leur amenait
des chevaux d'une vigueur et d'une taille remarquable, que des écuyers
conduisaient à leur droite, d'où leur est venu le nom de "destriers".
Ces destriers étaient présentés aux chevaliers à l'heure même du
combat : c'était ce que l'on appelait alors "monter sur ses grands
chevaux". Depuis, par allusion à cet usage, on a dit "monter sur ses
grands chevaux", pour se mettre en colère, menacer, prendre un parti
vigoureux, montrer de la fierté, de l'arrogance, du courage.
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(13) "Et Si, plus je l'écoute". Nous avons déjà donné, p. 190 [Note (4)],
une explication de ce vieux mot, qui est employé ici pour "néanmoins",
"pourtant".
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