La Bible d'Amiens - 11

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racontées dans toute leur vérité, si aucun de nous pouvait voir clair
dans la noirceur. Mais nous ne pouvons jamais savoir la vérité sur le
péché; car sa nature est de tromper également le pécheur d'une part,
et le juge de l'autre. Diabolique, nous trompant si nous y succombons,
ou le condamnons; voici à ce sujet les facéties de Gibbon si vous vous
en souciez; mais j'extrais d'abord des paragraphes confus qui y
amènent, des phrases de louange que le sage de Lausanne n'accorde pas
d'ordinaire aussi généreusement qu'en cette circonstance à ceux de
ses héros qui ont confessé la puissance du christianisme.
45. «Clovis n'avait pas plus de quinze ans, quand, par la mort de son
père, il lui succéda comme chef de la tribu salienne. Les limites
étroites de son royaume s'arrêtaient à l'île des Bataves, avec les
anciens diocèses de Tournay et Arras; et au baptême de Clovis le
nombre de ses guerriers ne pouvait pas excéder 5.000. Les tribus de
même race que les Francs qui s'étaient installées le long de
l'Escaut, de la Meuse, de la Moselle et du Rhin, étaient gouvernées
par leurs rois autonomes de race mérovingienne, les égaux et les
alliés, et quelquefois les ennemis, du prince salique. Quand il avait
commencé la campagne, il n'avait ni or ni argent dans ses coffres, ni
vin ni blé dans ses magasins; mais il imita l'exemple de César qui
dans le même pays s'était enrichi à la pointe de l'épée, et avait
acheté des mercenaires avec les fruits de la conquête.
«L'esprit indompté des Barbares apprit à reconnaître les avantages
d'une discipline régulière. À la revue annuelle du mois de Mars,
leurs armes étaient exactement inspectées; et, quand ils traversaient
un territoire pacifique, il leur était défendu de toucher à un brin
d'herbe. La justice de Clovis était inexorable; et ceux de ses soldats
qui se montraient insouciants ou désobéissants étaient à l'instant
punis de mort. Il serait superflu de louer la valeur d'un Franc; mais la
valeur de Clovis était gouvernée par une prudence froide et
consommée. Dans toutes ses relations avec les hommes il faisait la
balance entre le poids de l'intérêt, de la passion et de l'opinion; et
ses mesures étaient tantôt en harmonie avec les usages sanguinaires
des Germains, tantôt modérées par le génie plus doux de Rome et du
christianisme.
46. «Mais le farouche conquérant de la Gaule était incapable de
discuter la valeur des preuves d'une religion qui repose sur
l'investigation laborieuse du témoignage historique et sur la
théologie spéculative. Il était encore plus incapable de ressentir la
douce influence de l'Évangile qui persuade et purifie le cœur d'un
véritable converti. Son règne ambitieux fut une violation perpétuelle
des devoirs moraux et chrétiens: ses mains furent tachées de sang dans
la paix comme dans la guerre; et, dès que Clovis se fût débarrassé
d'un synode de l'Église Gallicane, il assassina avec tranquillité tous
les princes de la race mérovingienne.»
47. C'est trop vrai[105]; mais d'abord c'est de la rhétorique--car nous
aurions besoin qu'on nous dise combien étaient tous les princes--en
second lieu nous devons remarquer qu'en admettant que Clovis ait à un
degré quelconque «étudié les Écritures» telles qu'elles étaient
présentées au monde occidental par saint Jérôme, il était à
présumer que lui, roi-soldat, penserait davantage à la mission de
Josué[106] et de Jéhu qu'à la patience du Christ, dont il songeait
plutôt à venger qu'à imiter la passion; et la crainte que les autres
rois francs lui succèdent, ou par envie du vaste royaume qu'il avait
agrandi l'attaquent et le détrônent, pouvait facilement lui
apparaître comme inspirée non par un danger personnel, mais par le
retour possible de la nation tout entière à l'idolâtrie. De plus,
dans les derniers temps, sa foi dans la protection divine accordée à
sa cause avait été ébranlée par la défaite que les Ostrogoths lui
avaient infligée devant Arles, et le léopard franc n'avait pas assez
complètement perdu ses taches[107] pour abandonner à un ennemi l'occasion
du premier bond.
48. Pour en finir, et nous plaçant au-dessus de ces questions de
personnes, les diverses formes de la cruauté et de la ruse--la
première, remarquez-le, provenant beaucoup d'un mépris de la
souffrance qui était une condition d'honneur pour les femmes aussi bien
que pour les hommes,--sont dans ces races barbares toujours fondées sur
leur amour de la gloire dans la guerre; ce qui ne peut être compris
qu'en se rapportant à ce qui reste de ces mêmes caractères dans les
castes les plus élevées des Indiens de l'Amérique du Nord; et, avant
d'exposer clairement pour finir les événements certains du règne de
Clovis jusqu'à la fin, le lecteur fera bien d'apprendre cette liste des
personnages du grand Drame, en prenant à cœur la signification du nom
de chacun, à cause à la fois de son influence probable sur l'esprit de
celui qui le portait, et comme une expression fatale de l'ensemble de
ses actes et de leurs conséquences pour les générations futures.
I. CLOVIS.--En forme franque, Hluodoveh[108]. «Glorieuse sainteté» ou
sacre. En latin _Chlodovisus_, quand il fut baptisé par saint Remi,
s'adoucissant à travers les siècles en _Lhodovisus, Ludovicus_, Louis.
II. ALBOFLEDA.--«Blanche fée domestique?» Sa plus jeune sœur épouse
Théodoric («Theudreich», le maître du peuple), le grand roi des
Ostrogoths.
III. CLOTILDE.--Hlod-hilda, «Glorieuse vierge de batailles». Sa femme.
«Hilda» signifiant d'abord bataille, pure; et devenant ensuite Reine
ou vierge de bataille. Christianisée en sainte Clotilde en France et
sainte Hilda du rocher de Whitby.
III. CLOTILDE.--Sa seule fille, morte pour la foi catholique, sous la
persécution arienne.
IV. CHILDEBERT, l'aîné des fils qu'il eut de Clotilde, le premier roi
franc à Paris. «Splendeur des Batailles», s'adoucissant en Hildebert,
et ensuite Hildebrant comme dans les Nibelung.
V. CHLODOMIR.--«Glorieuse Renommée». Son second fils du lit de
Clotilde.
VI. CLOTAIRE.--Son plus jeune fils du lit de Clotilde; de fait le
destructeur de la maison de son père. «Glorieux guerrier».
VII. CHLODOWALD.--Le plus jeune fils de Chlodomir. «Glorieux Pouvoir»,
plus tard, saint Cloud.
49. Je suivrai maintenant sans plus de détours, à travers sa lumière
et son ombre, la suite du règne de Clovis et de ses actes.
A. D. 481.--Couronné quand il n'avait que quinze ans. Cinq ans après
il provoque «dans l'esprit et presque dans le langage de la chevalerie
«le gouverneur romain Syagrius, qui se maintenait dans le district de
Reims et de Soissons: _Campum sibi præparari jussit_, il provoqua son
adversaire comme en champ clos» (Voyez la note et la référence de
Gibbon, chap. XXXVIII). L'abbaye bénédictine de Nogent fut dans la
suite bâtie sur le champ de bataille indiqué par un cercle de
sépulcres païens. «Clovis donne les terres adjacentes de Leuilly et
Coucy à l'église de Reims[109].»
A. D. 485.--La bataille de Soissons. Gibbon n'en donne pas la date: suit
la mort de Syagrius à la cour d'Alaric (le Jeune) en 486, prenez 485
pour la bataille.
30. A. D. 493.--Je ne puis trouver aucun récit des relations de Clovis
avec le roi des Burgondes, l'oncle de Clotilde, qui précédèrent ses
fiançailles avec la princesse orpheline. Son oncle, disent tous les
historiens, avait tué son père et sa mère et forcé sa sœur à
prendre le voile. On ne donne aucun motif, et on ne cite aucune source.
Clotilde elle-même fut poursuivie comme elle faisait route pour la
France[110] et la litière dans laquelle elle voyageait capturée avec
une partie de sa dot. Mais la princesse elle-même monta à cheval, se
dirigea avec une partie de son escorte vers la France, «ordonnant à
ses serviteurs de mettre le feu à toute chose appartenant à son oncle
et à ses sujets qu'ils pourraient rencontrer sur la route».
51. Le fait n'est pas raconté, habituellement, dans les dicts ou les
actes des saints; mais punir les rois en détruisant les propriétés de
leurs sujets est un usage de guerre trop accepté aujourd'hui pour
permettre à notre indignation d'être bien vive contre Clotilde qui
agissait sous l'empire de la douleur et de la colère. Les années de sa
jeunesse ne nous sont pas racontées: Clovis avait déjà vingt-sept ans
et avait pendant trois ans maintenu la foi de ses ancêtres contre toute
l'influence de sa reine.
52. A. D. 496.--Je n'ai pas dans le chapitre du début attaché tout à
fait assez d'importance à la bataille de Tolbiac, m'en occupant
simplement en tant qu'elle obligeait les Alamans à repasser le Rhin, et
établissait la puissance des Francs sur sa rive occidentale. Mais des
résultats infiniment plus vastes sont indiqués dans la courte phrase
par laquelle Gibbon clôt son récit de la bataille. «Après la
conquête des provinces de l'ouest, les Francs _seuls_ gardèrent leurs
anciennes possessions d'au delà du Rhin. Ils soumirent et
_civilisèrent_ graduellement les peuples dont ils avaient brisé la
résistance jusqu'à l'Elbe et aux montagnes de Bohème; et la _paix de
l'Europe_ fut assurée par la soumission de la Germanie.»
53. Car, dans le sud, Théodoric avait déjà «remis le sabre au
fourreau dans l'orgueil de sa victoire et la vigueur de son âge et son
règne qui continue pendant trente-trois ans fut consacré aux devoirs
du gouvernement civil». Même quand son beau-fils Alaric périt de la
main de Clovis à la bataille de Poitiers, Théodoric se contenta
d'arrêter la puissance des Francs à Arles, sans poursuivre son
succès, et de protéger son petit-fils en bas-âge, corrigeant en même
temps certains abus dans le gouvernement civil de l'Espagne. En sorte
que la souveraineté bienfaisante du grand Goth fut établie de la
Sicile au Danube et de Sirmium à l'Océan Atlantique.
54. Ainsi donc, à la fin du Ve siècle, vous avez une Europe divisée
simplement par la ligne de partage de ses eaux; et deux rois
chrétiens[111] régnant, avec un pouvoir entièrement bienfaisant et
sain--l'un au nord--l'autre au sud--le plus puissant et le plus digne
des deux mariés à la plus jeune sœur de l'autre: une sainte reine au
nord, une reine-mère catholique, pieuse et sincère, au sud. C'est là
une conjonction de circonstances assez mémorable dans l'histoire de la
terre et certes à méditer, si jamais dans le tourbillon de vos
voyages, ô lecteur, vous pouvez vous séparer pour une heure du bétail
parqué qu'on pousse sur le Rhin ou l'Adige et vous promener en paix,
passé la porte sud de Cologne, ou sur le pont de Fra-Giacondo à
Vérone.--Alors, arrêtez-vous et regardez dans l'air limpide au delà
du champ de bataille de Tolbiac, vers le bleu Drachenfels, ou, par la
plaine de St-Ambrogio vers les montagnes de Garde. Car là furent
remportées si vous voulez y penser sérieusement, les deux grandes
victoires du monde chrétien. Celle de Constantin donna seulement une
autre forme et une nouvelle couleur aux murs tombants de Rome; mais les
races Franque et Gothique, par ces conquêtes et sous ces gouvernements,
fondèrent les arts et établirent les lois qui donnèrent à toute
l'Europe future sa joie et sa vertu. Et il est charmant de voir comment,
d'aussi bonne heure, la chevalerie féodale avait déjà sa vie liée à
la noblesse de la femme.
Il n'y eut pas d'apparition à Tolbiac et la tradition n'a pas prétendu
depuis qu'il y en ait eu. Le roi pria simplement le Dieu de Clotilde. Le
matin de la bataille de Vérone, Théodoric visita la tente de sa mère
et de sa sœur «et demanda que pour la fête la plus brillante de sa
vie, elles le parassent des riches vêtements qu'elles avaient faits de
leurs propres mains».
55. Mais sur Clovis s'étendit encore une autre influence--plus grande
que celle de sa reine. Lorsque son royaume atteignit la Loire, la
bergère de Nanterre était déjà âgée;--elle n'était ni une vierge
porte-flambeau des batailles, comme Clotilde, ni un guide chevaleresque
de délivrance comme Jeanne; elle avait blanchi dans la douceur de la
sagesse et était maintenant «pleine de plus en plus d'une lumière
cristalline». Le père de Clovis l'avait connue; lui-même en avait
fait son amie, et quand il quitta Paris pour la plaine de Poitiers, il
fit le vœu que, s'il était victorieux, il bâtirait une église
chrétienne sur les collines de la Seine. Il revint victorieux et, avec
sainte Geneviève à son côté, s'arrêta sur l'emplacement des ruines
des Thermes Romains, juste au-dessus de l'«Ile» de Paris, pour
accomplir son vœu: et pour déterminer les limites des fondations de la
première église métropolitaine de la Chrétienté franque[112].
Le roi donne le branle à sa hache de guerre et la lança de toute sa
force.--Mesurant ainsi dans son vol la place de son propre tombeau, et
de celui de Clotilde, et de sainte Geneviève.
«Là ils reposèrent et reposent,--en âme,--ensemble. La colline tout
entière porte encore le nom de la patronne de Paris; une petite rue
obscure a gardé celui du Roi Conquérant.»

[Note 81: Sur saint Benoît, voir dans _Verona and other lectures_ les
deux chapitres qui devaient faire partie de _Nos pères nous ont dit_,
dans le VIe volume _Valle Crucis_, sur l'Angleterre. Et notamment les
pages 124-128 de Verona.--(Note du Traducteur.)]
[Note 82: Personnage des romans chevaleresques, introduit par Tennyson
dans _Idylles du roi._--(Note du Traducteur.)]
[Note 83: Miss Ingelow.--(Note de l'Auteur.)]
[Note 84: Après enquête je trouve dans la plaine entre Paris et
Sèvres.--(Note de l'Auteur.)]
[Note 85: On les montrerait encore à Nanterre sous les noms de Parc de
Sainte-Geneviève et de Clos de Sainte-Geneviève (abbé Vidieu, Sainte
Geneviève, _patronne de Paris_).--(Note du Traducteur.)]
[Note 86: Allusion à Michée, IV, 8.--(Note du Traducteur.)]
[Note 87: Voyez, d'une manière générale, toutes les descriptions que
Carlyle a eu occasion de donner de la terre prussienne et polonaise, ou
de l'extrémité des rivages de la Baltique.--(Note de l'Auteur.)]
[Note 88: Gigantesque--et pas encore fossile! Voyez la note de Gibbon
sur la mort de Théodebert: «le roi pointa sa lance--le taureau
_renversa un arbre sur sa tête_--il mourut le même jour» (VII, 255).
La corne d'Uri et son bouclier surmonté des hauts panaches du casque
allemand attestent la terreur qu'inspiraient ces troupeaux
d'aurochs.--(Note de l'Auteur.)]
[Note 89: Claudius, Aurélien, Probus, Constantius; et après le partage
de l'empire, à l'est Justinien. «L'empereur Justinien était né d'une
obscure race de barbares, les habitants d'un pays sauvage et désolé,
auquel les noms de Dardanie, de Dacie, et de Bulgarie ont été
successivement appliqués. Les noms de ces paysans Dardaniens sont
goths, et presque anglais, Justinien est une traduction de Uprauder
(upright); son père Sabatius (en langue greco-barbare, Stipes) était
appelé dans son village «Istock» (Stock). (Gibbon, commencement du
chap. XI et note.)--(Note de l'Auteur.)]
[Note 90: Personnage de l'_Antiquaire._--(Note du Traducteur.)]
[Note 91: Voir le _Childe Harold_ de Byron.--(Note du Traducteur.)]
[Note 92: Sur le confluent du Teess et de la Greta, voir les pages de
_Modern Painters_ où sont cités les vers de Walter Scott (_Modern
Painters_, III, IV, 16, § 36 et 37. Sur la Greta par Turner, voir
_Lectures on art_, § 170).--(Note du Traducteur.)]
[Note 93: Gibbon serre le sujet de plus près dans une phrase de son
XXIIe chapitre: «Les guerriers indépendants de Germanie _qui
considéraient la sincérité comme la plus noble de leurs vertus_ et la
liberté comme le plus précieux de leurs biens.» Il parle
spécialement de la tribu franque des Attuarii contre laquelle
l'empereur Julien eut à refortifier le Rhin de Clèves à Bâle. Mais
les premières lettres de l'empereur Jovien, après la mort de Julien
«déléguaient le commandement militaire de la Gaule et de l'Illyrie
(quel vaste commandement c'était, nous le verrons plus tard) à
Malarich, un _brave et fidèle_ officier de la nation des Francs»; et
ils restent les loyaux alliés de Rome dans sa dernière lutte avec
Alaric. Apparemment, pour le plaisir seul de varier d'une façon
captivante sa manière de dire et, en tout cas, sans donner à entendre
qu'il y eut une cause quelconque à un si grand changement dans le
caractère national, nous voyons M. Gibbon, dans son volume suivant,
adopter tout à coup les épithètes abusives de Procope et appeler les
Francs «une nation légère et perfide» (VII, 251). Les seuls motifs
discernables de cette définition inattendue sont qu'ils refusent de
vendre leur amitié ou leur alliance à Rome et Ravenne; et que dans son
invasion d'Italie le petit-fils de Clovis n'envoya pas préalablement
l'avis direct de la route qu'il se proposait de suivre, ni même ne
signifia entièrement ses intentions avant qu'il ne se fût assuré du
Pô à Pavie; dévoilant son plan ensuite avec une clarté suffisante,
en «attaquant presque au même instant les camps hostiles des Goths et
des Romains qui, au lieu d'unir leurs armes, fuirent avec une égale
précipitation».--(Note de l'Auteur.)]
[Note 94: Pour illustrer en détail ce mot, voyez «Val d'Arno»,
_Cours_ VIII; _Fors Clavigera_, lettres XLVI, 231, LXXVII, 137;--et
Chaucer, _le Roman de la rose_ (1212). À côté de lui (le chevalier
Arthur) «dansait dame Franchise». Les vers anglais sont cités et
commentés dans le premier cours de _Ariadne Florentina_ (§ 26); je
donne ici le français:
«Après tous ceulx estait Franchise
Que ne fut ne brune ne bise
Ains fut comme la neige blanche
_Courtoyse_> estait, _joyeuse_, et _franche_
Le nez avait long et tretis
Yeulx vers, riants; sourcils faitis,
Les cheveulx eut très blons et longs
Simple fut comme les coulons
Le cœur eut doux et débonnaire.
_Elle n'osait dire ni faire_
_Nulle riens que faire ne deust_.»
Et j'espère que mes lectrices ne confondront plus Franchise
avec Liberté.
(Note de l'Auteur.)]
[Note 95: Leur première mauvaise exultation, en Alsace, avait été
provoquée par les Romains eux-mêmes (ou du moins par Constantin dans
sa jalousie de Julien) qui y avaient employé «présents et promesses,
l'espoir du butin et la concession perpétuelle de tous les territoires
qu'ils seraient capables de conquérir» (Gibbon, chap. IX, 3-208). Chez
tout autre historien que Gibbon (qui n'a réellement aucune opinion
arrêtée sur aucun caractère ni sur aucune question, mais s'en tient
au truisme général que les pires hommes agissent quelquefois bien, et
les meilleurs souvent mal, loue quand il a besoin d'arrondir une phrase
et blâme quand il ne peut pas, sans cela, en terminer une autre),--nous
aurions été surpris d'entendre dire de la nation «qui mérita, prit
et garde le nom honorable d'hommes libres», que «ces voleurs
indisciplinés traitaient comme leurs ennemis naturels tous les sujets
de l'empire possédant une propriété qu'ils désiraient acquérir».
La première campagne de Julien qui rejette les Francs et les Allemands
au-delà du Rhin, mais accorde aux Francs Saliens, sous serment
solennel, les territoires situés dans les Pays-Bas, sera retracée une
autre fois.--(Note de l'Auteur.)]
[Note 96: Il s'agit pourtant de Ronsard.--(Note du Traducteur.)]
[Note 97: «Encounters, en quartiers».]
[Note 98: C'est, pour Ruskin, la caractéristique des mauvais écrivains
Cf. «N'ayez jamais la pensée que Milton emploie ces épithètes pour
remplir son vers, comme ferait un écrivain vide. Il a besoin de toutes,
et de pas une de plus que celles-ci.» (_Sesame and Liles, of Kings
Treasuries_, 21). Voir également plus loin.--(Note du Traducteur.)]
[Note 99: Allusion à l'Épître aux Éphésiens: «Ayez à vos reins la
vérité pour ceinture» (Saint Paul, Épître aux Éphésiens, VI, 14).
Saint Paul ne fait, d'ailleurs, ici, que reprendre une image d'Isaïe.
«Et la justice sera la ceinture de ses reins» (Isaïe, XI, 5). Voir
aussi saint Pierre: «Venez donc, ayant ceint les reins de votre
esprit.» (Ier Épître, I, 13.)--(Note du Traducteur.)]
[Note 100: Cf. Val d'Arno à propos d'une statue de la cathédrale de
Chartres et d'une peinture de l'abbaye de Westminster: «À Chartres et
à Westminster... le plus haut rang a pour signe distinctif la chevelure
flottante, etc. Si vous ne savez pas lire ces symboles vous n'avez plus
devant vous qu'une figure raide et sans intérêt» (Val d'Arno, VIII,
212). Il y a là, d'ailleurs, bien d'autres choses que cela--et qu'on
peut aimer sans savoir lire ces symboles--dans ces statues de Chartres.
Et Ruskin l'a lui-même montré dans des pages admirables (_les Deux
sentiers_, I, 33 et suivants) que j'ai citées plus loin, pages 260, 261
et 262, en note.--(Note du Traducteur.)]
[Note 101: On entrera plus avant dans la pensée de cette phrase en la
rapprochant de la fin du IIe chapitre des _Sept Lampes de
l'architecture_ (_Lampe de vérité_, p. 139 de la traduction Elwall):
«L'architecture du moyen âge s'écroula parce qu'elle avait perdu sa
puissance et perdu toute force de résistance, en manquant à ses
propres lois, en sacrifiant une seule vérité. Il nous est bon de nous
le rappeler en foulant l'emplacement nu de ses fondations et en
trébuchant sur ces pierres éparses. Ces squelettes brisés de murs
troués où mugissent et murmurent nos brises de mer, les jonchant
morceau par morceau et ossement par ossement, le long des mornes
promontoires, sur lesquels jadis les maisons de la Prière tenaient lieu
de phares,--ces voûtes grises et ces paisibles nefs sous lesquelles les
brebis de nos vallées paissent et se reposent dans l'herbe qui a
enseveli les autels--ces morceaux informes, qui ne sont point de la
terre, qui bombent nos champs d'étranges talus émaillés, ou arrêtent
le cours de nos torrents de pierres qui ne sont pas à eux, réclament
de nous d'autres pensées que celles qui déploreraient la rage qui les
dévasta ou la peur qui les délaissa. Ce ne fut ni le bandit, ni le
fanatique, ni le blasphémateur qui mirent là le sceau à leur œuvre
de destruction; guerre, courroux, terreur auraient pu se déchaîner et
les puissantes murailles se seraient de nouveau dressées et les
légères colonnes se seraient élancées de nouveau de dessous la main
du destructeur. Mais elles ne pouvaient surgir des ruines de leur propre
vérité violée.»--(Note du Traducteur.)]
[Note 102: «Ne laissez pas le soleil se coucher sur votre colère»
(saint Paul, Épître aux Éphésiens, IV, 26).--(Note du Traducteur.)]
[Note 103: Lire comme exemple l'article de M. Plinsoll sur les mines de
charbon.--(Note de l'Auteur.)]
[Note 104: Décapité en 1535, sur l'ordre de Henri VIII, pour avoir
refusé de prêter le serment de suprématie.--(Note du Traducteur.)]
[Note 105: Dans tout ce portrait de Clovis se fait jour, chez Ruskin,
une tendance à ne pas donner de la dureté une interprétation morale
trop défavorable, tendance qui existe aussi, il me semble, chez Carlyle
(voir dans Carlyle, _Cromwell_, etc.). En ceci, il y a, je crois, deux
choses. D'abord, une sorte de don historique ou sociologique qui sait
découvrir dans des actions en apparence identiques une intention morale
différente, selon le temps et la civilisation, et apparenter les formes
extrêmement diverses que revêt une même moralité ou immoralité à
travers les âges. Ce don existe à un très haut degré chez des
écrivains comme Ruskin, et plus encore chez George Eliot. Il existe
aussi chez M. Tarde. Deuxièmement une sorte de goût de l'imagination
assez naturel chez un lettré très bon pour la sauvagerie inculte. Ce
goût se reconnait même parfois jusque dans les lettres de Ruskin, à
une certaine affectation de dureté et de non-conformisme. Lire dans le
livre de M. de la Sizeranne, page 61, la réponse de Ruskin à un
révérend endetté: «Vous devriez mendier d'abord; je ne vous
défendrais pas de voler si cela était nécessaire. Mais n'achetez pas
de choses que vous ne puissiez payer. Et de toutes les espèces de
débiteurs les gens pieux qui bâtissent des églises sont, à mon avis,
les plus détestables fous. Et vous êtes, de tous, les plus absurdes,
etc., etc.»--(Note du Traducteur.)]
[Note 106: La légende s'empara plus tard de ce rapprochement et les
murs d'Angoulême, après la bataille de Poitiers, passent pour être
tombés aux sons des trompettes de Clovis. «Un miracle, dit Gibbon, qui
peut être réduit à la supposition que quelque ingénieur clérical
aura secrètement ruiné les fondations du rempart.» Je ne puis trop
souvent mettre nos honnêtes lecteurs en garde contre l'habitude moderne
de réduire toute histoire quelconque à la «supposition que», etc. La
légende est, sans doute, l'expansion naturelle et fidèle d'une
métaphore.--(Note de l'Auteur.)]
[Note 107: Allusion, me dit Robert d'Humières, à ce proverbe anglais:
«L'Ethiopien ne peut changer sa peau ni le léopard ses taches.»--(Note
du Traducteur.)]
[Note 108: Augustin Thierry, d'après la grammaire des langues
germaniques de Grimm donnait: «Hlodo-wig célèbre guerrier, Hildebert,
brillant dans les combats, Hlodo-mir chef célèbre».--Note du
Traducteur.]
[Note 109: Quand? car cette tradition, comme celle du vase, implique
l'amitié de Clovis et de saint Rémi, et un singulier respect de la
part du roi pour les chrétiens de Gaule, bien que lui-même ne fût pas
encore converti.--(Note de l'Auteur.)]
[Note 110: C'est une preuve curieuse de l'absence, chez les historiens
médiocres, du plus léger sens de l'intérêt véritable de la chose
qu'ils racontent, quelle qu'elle soit, que ni dans Gibbon, ni dans MM.
Bussey et Gaspey, ni dans la savante _Histoire des Villes de France_, je
ne puis trouver, dans les recherches les plus consciencieuses que me
permet de faire ma matinée d'hiver, quelle ville était en ce temps la
capitale de la Burgondie ou au moins dans laquelle de ses quatre
capitales nominales--Dijon, Besançon, Genève et Vienne--fut élevée
Clotilde. La probabilité me paraît en faveur de Vienne (appelée
toujours par MM. B. et G. «Vienna» avec l'espoir de quel profit pour
l'esprit de leurs lecteurs peu géographes, je ne puis le dire) surtout
parce qu'on dit que la mère de Clotilde a été «jetée dans le Rhône
avec une pierre au cou». L'auteur de l'introduction de la _Bourgogne_
dans l'_Histoire des Villes_ est si impatient d'avoir à donner son
petit coup de dent à ce qui peut, en quoi que ce soit, avoir rapport à
la religion, qu'il oublie entièrement l'existence de la première reine
de France, ne la nomme jamais, ni, comme tel, le lieu de sa naissance,
mais fournit seulement à l'instruction des jeunes étudiants ce
contingent bienfaisant que Gondebaud «plus politique que guerrier,
trouva au milieu de ses controverses théologiques avec Avitus, évêque
de _Vienne_, le temps de faire mourir ses trois frères et de recueillir
leur héritage».
Le seul grand fait que mes lecteurs auront tout avantage à se rappeler,
c'est que la Bourgogne, en ce temps-là, par quelque roi ou tribu
victorieuse que ses habitants puissent être soumis, comprend exactement
la totalité de la Suisse française, et même allemande, jusque
Vindonissa à l'est, la Reuss, de Vindonissa au Saint-Gothard, en
passant par Lucerne, étant sa limite effective à l'est; qu'à l'ouest,
il faut entendre par Bourgogne tout le Jura, et les plaines de la
Saône, et qu'au sud elle comprenait toute la Savoie et le Dauphiné.
Selon l'auteur de la Suisse historique, le messager de Clovis fut
d'abord envoyé à Clotilde, déguisé en mendiant, tandis qu'elle
distribuait des aumônes à la porte de Saint-Pierre à Genève, et
c'est de Dijon qu'elle partit et s'enfuit, en France, poursuivie par les
émissaires de son oncle.--(Note de l'Auteur).]
[Note 111: Clovis et Théodoric.--(Note du Traducteur.)]
[Note 112: La basilique de Saint-Pierre et Saint-Paul. Voir l'abbé
Vidieu, _Sainte Geneviève_, patronne de Paris.--(Note du Traducteur.)]


CHAPITRE III

LE DOMPTEUR DE LIONS

1. On a souvent proclamé dans ces derniers temps, comme une découverte
toute nouvelle, que l'homme est un produit des circonstances, et on
appelle avec insistance notre attention sur ce fait, dans l'espoir, si
séduisant aux yeux de certaines personnes, de pouvoir résoudre en une
succession de clapotements dans la boue ou de tourbillons de l'air, les
circonstances responsables de sa création. Mais le fait plus important
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