Albertine disparue Vol 1 (of 2) - 12

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désir vient toujours d'un prestige préalable, comme il était advenu
pour Gilberte, pour la duchesse de Guermantes, ce furent dans ces
quartiers où avait autrefois vécu Albertine, les femmes de son milieu
que je recherchai et dont seules j'eusse pu désirer la présence. Même
sans rien pouvoir en apprendre, c'étaient les seules femmes vers
lesquelles je me sentais attiré, étant celles qu'Albertine avait
connues ou qu'elle aurait pu connaître, femmes de son milieu ou des
milieux où elle se plaisait, en un mot celles qui avaient pour moi le
prestige de lui ressembler ou d'être de celles qui lui eussent plu. Me
rappelant ainsi soit Albertine elle-même, soit le type pour lequel elle
avait sans doute une préférence, ces femmes éveillaient en moi un
sentiment cruel de jalousie ou de regret, qui plus tard quand mon
chagrin s'apaisa se mua en une curiosité non exempte de charme. Et
parmi ces dernières surtout les filles du peuple, à cause de cette
vie, si différente de celle que je connaissais, et qui est la leur.
Sans doute c'est seulement par la pensée qu'on possède des choses, et
on ne possède pas un tableau parce qu'on l'a dans sa salle à manger si
on ne sait pas le comprendre, ni un pays parce qu'on y réside sans
même le regarder. Mais enfin j'avais autrefois l'illusion de ressaisir
Balbec, quand à Paris Albertine venait me voir et que je la tenais dans
mes bras. De même je prenais un contact, bien étroit et furtif
d'ailleurs, avec la vie d'Albertine, l'atmosphère des ateliers, une
conversation de comptoir, l'âme des taudis, quand j'embrassais une
ouvrière. Andrée, ces autres femmes, tout cela par rapport à
Albertine--comme Albertine avait été elle-même par rapport à
Balbec--étaient de ces substituts de plaisirs se remplaçant l'un
l'autre, en dégradation successive, qui nous permettent de nous passer
de celui que nous ne pouvons plus atteindre, voyage à Balbec, ou amour
d'Albertine (comme le fait d'aller au Louvre voir un Titien qui y fut
jadis console de ne pouvoir aller à Venise), de ces plaisirs qui
séparés les uns des autres par des nuances indiscernables, font de
notre vie comme une suite de zones concentriques, contiguës,
harmoniques et dégradées, autour d'un désir premier qui a donné le
ton, éliminé ce qui ne se fond pas avec lui et répandu la teinte
maîtresse (comme cela m'était arrivé aussi par exemple pour la
duchesse de Guermantes et pour Gilberte). Andrée, ces femmes, étaient
pour le désir, que je savais ne plus pouvoir exaucer, d'avoir auprès
de moi Albertine, ce qu'un soir, avant que je connusse Albertine
autrement que de vue, avait été l'ensoleillement tortueux et frais
d'une grappe de raisin.
Associées maintenant au souvenir de mon amour, les particularités
physiques et sociales d'Albertine, malgré lesquelles je l'avais aimée,
orientaient au contraire mon désir vers ce qu'il eût autrefois le
moins naturellement choisi: des brunes de la petite bourgeoisie. Certes
ce qui commençait partiellement à renaître en moi, c'était cet
immense désir que mon amour pour Albertine n'avait pu assouvir, cet
immense désir de connaître la vie que j'éprouvais autrefois sur les
routes de Balbec, dans les rues de Paris, ce désir qui m'avait fait
tant souffrir quand, supposant qu'il existait aussi au cœur
d'Albertine, j'avais voulu la priver des moyens de le contenter avec
d'autres que moi. Maintenant que je pouvais supporter l'idée de son
désir, comme cette idée était aussitôt éveillée par le mien, ces
deux immenses appétits coïncidaient, j'aurais voulu que nous pussions
nous y livrer ensemble, je me disais: cette fille lui aurait plu, et par
ce brusque détour pensant à elle et à sa mort, je me sentais trop
triste pour pouvoir poursuivre plus loin mon désir. Comme autrefois le
côté de Méséglise et celui de Guermantes avaient établi les assises
de mon goût pour la campagne et m'eussent empêché de trouver un
charme profond dans un pays où il n'y aurait pas eu de vieille église,
de bleuets, de boutons d'or, c'est de même en les rattachant en moi à
un passé plein de charme que mon amour pour Albertine me faisait
exclusivement rechercher un certain genre de femmes; je recommençais,
comme avant de l'aimer, à avoir besoin d'harmoniques d'elle qui fussent
interchangeables avec mon souvenir devenu peu à peu moins exclusif. Je
n'aurais pu me plaire maintenant auprès d'une blonde et fière
duchesse, parce qu'elle n'eût éveillé en moi aucune des émotions qui
partaient d'Albertine, de mon désir d'elle, de la jalousie que j'avais
eue de ses amours, de mes souffrances, de sa mort. Car nos sensations
pour être fortes ont besoin de déclencher en nous quelque chose de
différent d'elles, un sentiment, qui ne pourra pas trouver dans le
plaisir de satisfaction mais qui s'ajoute au désir, l'enfle, le fait
s'accrocher désespérément au plaisir. Au fur et à mesure que l'amour
qu'avait éprouvé Albertine pour certaines femmes ne me faisait plus
souffrir, il rattachait ces femmes à mon passé, leur donnait quelque
chose de plus réel, comme aux boutons d'or, aux aubépines le souvenir
de Combray donnait plus de réalité qu'aux fleurs nouvelles. Même
d'Andrée, je ne me disais plus avec rage: «Albertine l'aimait», mais
au contraire pour m'expliquer à moi-même mon désir, d'un air
attendri: «Albertine l'aimait bien.» Je comprenais maintenant les
veufs qu'on croit consolés et qui prouvent au contraire qu'ils sont
inconsolables, parce qu'ils se remarient avec leur belle-sœur. Ainsi
mon amour finissant semblait rendre possible pour moi de nouvelles
amours, et Albertine, comme ces femmes longtemps aimées pour
elles-mêmes qui plus tard sentant le goût de leur amant s'affaiblir
conservent leur pouvoir en se contentant du rôle d'entremetteuses,
parait pour moi, comme la Pompadour pour Louis XV, de nouvelles
fillettes. Même autrefois, mon temps était divisé par périodes où
je désirais telle femme, ou telle autre. Quand les plaisirs violents
donnés par l'une étaient apaisés, je souhaitais celle qui donnait une
tendresse presque pure jusqu'à ce que le besoin de caresses plus
savantes ramenât le désir de la première. Maintenant ces alternances
avaient pris fin, ou du moins l'une des périodes se prolongeait
indéfiniment. Ce que j'aurais voulu, c'est que la nouvelle venue vînt
habiter chez moi, et me donnât le soir avant de me quitter un baiser
familial de sœur. De sorte que j'aurais pu croire--si je n'avais fait
l'expérience de la présence insupportable d'une autre--que je
regrettais plus un baiser que certaines lèvres, un plaisir qu'un amour,
une habitude qu'une personne. J'aurais voulu aussi que les nouvelles
venues pussent me jouer du Vinteuil comme Albertine, parler comme elle
avec moi d'Elstir. Tout cela était impossible. Leur amour ne vaudrait
pas le sien, pensais-je, soit qu'un amour auquel s'annexaient tous ces
épisodes, des visites aux musées, des soirées au concert, toute une
vie compliquée qui permet des correspondances, des conversations, un
flirt préliminaire aux relations elles-mêmes, une amitié grave
après, possède plus de ressources qu'un amour pour une femme qui ne
sait que se donner, comme un orchestre plus qu'un piano, soit que plus
profondément, mon besoin du même genre de tendresse que me donnait
Albertine, la tendresse d'une fille assez cultivée et qui fût en même
temps une sœur, ne fût--comme le besoin de femmes du même milieu
qu'Albertine--qu'une reviviscence du souvenir d'Albertine, du souvenir
de mon amour pour elle. Et une fois de plus j'éprouvais d'abord que le
souvenir n'est pas inventif, qu'il est impuissant à désirer rien
d'autre, même rien de mieux que ce que nous avons possédé, ensuite
qu'il est spirituel de sorte que la réalité ne peut lui fournir
l'état qu'il cherche, enfin que, s'appliquant à une personne morte, la
renaissance qu'il incarne est moins celle du besoin d'aimer auquel il
fait croire que celle du besoin de l'absente. De sorte que la
ressemblance avec Albertine, de la femme que j'avais choisie la
ressemblance même, si j'arrivais à l'obtenir, de sa tendresse avec
celle d'Albertine, ne me faisaient que mieux sentir l'absence de ce que
j'avais sans le savoir cherché de ce qui était indispensable pour que
renaquît mon bonheur, c'est-à-dire Albertine elle-même, le temps que
nous avions vécu ensemble, le passé à la recherche duquel j'étais
sans le savoir. Certes, par les jours clairs, Paris m'apparaissait
innombrablement fleuri de toutes les fillettes, non que je désirais,
mais qui plongeaient leurs racines dans l'obscurité du désir et des
soirées inconnues d'Albertine. C'était telle de celles dont elle
m'avait dit tout au début quand elle ne se méfiait pas de moi: «Elle
est ravissante cette petite, comme elle a de jolis cheveux.» Toutes les
curiosités que j'avais eues autrefois de sa vie quand je ne la
connaissais encore que de vue, et d'autre part tous mes désirs de la
vie se confondaient en cette seule curiosité, voir Albertine avec
d'autres femmes, peut-être parce qu'ainsi, elles parties, je serais
resté seul avec elle, le dernier et le maître. Et en voyant ses
hésitations, son incertitude en se demandant s'il valait la peine de
passer la soirée avec telle ou telle, sa satiété quand l'autre était
partie, peut-être sa déception, j'eusse éclairé, j'eusse ramené à
de justes proportions la jalousie que m'inspirait Albertine, parce que
la voyant ainsi les éprouver, j'aurais pris la mesure et découvert la
limite de ses plaisirs. De combien de plaisirs, de quelle douce vie elle
nous a privés, me disais-je, par cette farouche obstination à nier son
goût! Et comme une fois de plus je cherchais quelle avait pu être la
raison de cette obstination, tout d'un coup le souvenir me revint d'une
phrase que je lui avais dite à Balbec le jour où elle m'avait donné
un crayon. Comme je lui reprochais de ne pas m'avoir laissé
l'embrasser, je lui avais dit que je trouvais cela aussi naturel que je
trouvais ignoble qu'une femme eût des relations avec une autre femme.
Hélas, peut-être Albertine s'était-elle toujours rappelé cette
phrase imprudente.
Je ramenais avec moi les filles qui m'eussent le moins plu, je lissais
des bandeaux à la vierge, j'admirais un petit nez bien modelé, une
pâleur espagnole. Certes autrefois, même pour une femme que je ne
faisais qu'apercevoir sur une route de Balbec, dans une rue de Paris,
j'avais senti ce que mon désir avait d'individuel et que c'était le
fausser que de chercher à l'assouvir avec un autre objet. Mais la vie,
en me découvrant peu à peu la permanence de nos besoins, m'avait
appris que, faute d'un être, il faut se contenter d'un autre--et je
sentais que ce que j'avais demandé à Albertine, une autre, Mlle de
Stermaria, eût pu me le donner. Mais ç'avait été Albertine; et entre
la satisfaction de mes besoins de tendresse et les particularités de
son corps un entrelacement de souvenirs s'était fait tellement
inextricable que je ne pouvais plus arracher à un désir de tendresse
toute cette broderie des souvenirs du corps d'Albertine. Elle seule
pouvait me donner ce bonheur. L'idée de son unicité n'était plus un
_a priori_ métaphysique puisé dans ce qu'Albertine avait d'individuel,
comme jadis pour les passantes, mais un _a posteriori_ constitué par
l'imbrication contingente et indissoluble de mes souvenirs. Je ne
pouvais plus désirer une tendresse sans avoir besoin d'elle, sans
souffrir de son absence. Aussi la ressemblance même de la femme
choisie, de la tendresse demandée avec le bonheur que j'avais connu ne
me faisait que mieux sentir tout ce qui leur manquait pour qu'il pût
renaître. Ce même vide que je sentais dans ma chambre depuis
qu'Albertine était partie, et que j'avais cru combler en serrant des
femmes contre moi, je le retrouvais en elles. Elles ne m'avaient jamais
parlé, elles, de la musique de Vinteuil, des mémoires de Saint-Simon,
elles n'avaient pas mis un parfum trop fort pour venir me voir, elles
n'avaient pas joué à mêler leurs cils aux miens, toutes choses
importantes parce qu'elles permettent, semble-t-il, de rêver autour de
l'acte sexuel lui-même et de se donner l'illusion de l'amour, mais en
réalité parce qu'elles faisaient partie du souvenir d'Albertine et que
c'était elle que j'aurais voulu trouver. Ce que ces femmes avaient
d'Albertine me faisait mieux ressentir ce que d'elle il leur manquait et
qui était tout, et qui ne serait plus jamais puisque Albertine était
morte. Et ainsi mon amour pour Albertine qui m'avait attiré vers ces
femmes me les rendait indifférentes, et peut-être mon regret
d'Albertine et la persistance de ma jalousie qui avaient déjà
dépassé par leur durée mes prévisions les plus pessimistes
n'auraient sans doute jamais changé beaucoup, si leur existence,
isolée du reste de ma vie, avait seulement été soumise au jeu de mes
souvenirs, aux actions et réactions d'une psychologie applicable à des
états immobiles, et n'avait pas été entraînée vers un système plus
vaste où les âmes se meuvent dans le temps comme les corps dans
l'espace. Comme il y a une géométrie dans l'espace, il y a une
psychologie dans le temps, où les calculs d'une psychologie plane ne
seraient plus exacts parce qu'on n'y tiendrait pas compte du temps et
d'une des formes qu'il revêt, l'oubli; l'oubli dont je commençais à
sentir la force et qui est un si puissant instrument d'adaptation à la
réalité parce qu'il détruit peu à peu en nous le passé survivant
qui est en constante contradiction avec elle. Et j'aurais vraiment bien
pu deviner plus tôt qu'un jour je n'aimerais plus Albertine. Quand
j'avais compris, par la différence qu'il y avait entre ce que
l'importance de sa personne et de ses actions était pour moi et pour
les autres, que mon amour était moins un amour pour elle, qu'un amour
en moi, j'aurais pu déduire diverses conséquences de ce caractère
subjectif de mon amour et qu'étant un état mental, il pouvait
notamment survivre assez longtemps à la personne, mais aussi que
n'ayant avec cette personne aucun lien véritable, n'ayant aucun soutien
en dehors de soi, il devrait comme tout état mental, même les plus
durables, se trouver un jour hors d'usage, être «remplacé» et que ce
jour-là tout ce qui semblait m'attacher si doucement, indissolublement,
au souvenir d'Albertine n'existerait plus pour moi. C'est le malheur des
êtres de n'être pour nous que des planches de collections fort usables
dans notre pensée. Justement à cause de cela on fonde sur eux des
projets qui ont l'ardeur de la pensée; mais la pensée se fatigue, le
souvenir se détruit, le jour viendrait où je donnerais volontiers à
la première venue la chambre d'Albertine, comme j'avais sans aucun
chagrin donné à Albertine la bille d'agate ou d'autres présents de
Gilberte.
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