Actes et Paroles, Volume 1 - 31

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soumettre a la censure; mais il devra etre membre de la societe des
auteurs dramatiques.--Personne, de cette maniere, ne restera en
dehors de la societe; personne, pas meme les nouveaux auteurs, car on
pourrait exiger pour l'entree dans la societe la composition et non la
representation d'une ou plusieurs pieces.
Le temps me manque ici pour dire ma pensee dans toute son etendue; je
la completerai ailleurs et dans quelque autre occasion. Je voudrais
qu'on organisat une corporation, non pas seulement de tous les auteurs
dramatiques, mais encore de tous les lettres. Tous les delits de
presse auraient leur repression dans les jugements des tribunaux
d'honneur de la corporation. Ne sent-on pas tous les jours
l'inefficacite de la repression par les cours d'assises?
Tout homme qui ecrirait et ferait publier quelque cuose serait
necessairement compris dans la corporation des gens de lettres. A la
place de l'anarchie qui existe maintenant parmi nous, vous auriez une
autorite; cette autorite servirait puissamment a la gloire et a la
tranquillite du pays.
Aucune tyrannie dans ce systeme; l'organisation. A chacun la liberte
entiere de la manifestation de la pensee, sauf a l'astreindre a une
condition prealable de garantie qu'il serait possible a tous de
remplir.
Les idees que je viens d'exprimer, j'y crois de toute la force de mon
ame; mais je pense en meme temps qu'elles ne sont pas encore mures.
Leur jour viendra, je le haterai pour ma part. Je prevois les
lenteurs. Je suis de ceux qui acceptent sans impatience la
collaboration du temps.
M. LE CONSEILLER DEFRESNE.--Ce que M. Victor Hugo et M. Souvestre
demandent, c'est tout bonnement l'etablissement d'une jurande ou
maitrise litteraire. Je ne dis pas cela pour les blamer. L'institution
qu'ils demandent serait une grande et utile institution; mais comme
eux, je pense qu'il n'y faut songer que pour un temps plus ou moins
eloigne.
M. VICTOR HUGO.--Les associations de l'avenir ne seront point celles
qu'ont vues nos peres. Les associations du passe etaient basees sur le
principe de l'autorite et faites pour le soutenir et l'organiser; les
associations de l'avenir organiseront et developperont la liberte.
Je voudrais voir desormais la loi organiser des groupes
d'individualites, pour aider, par ces associations, au progres
veritable de la liberte. La liberte jaillirait de ces associations et
rayonnerait sur tout le pays. II y aurait liberte d'enseignement avec
des conditions fortes imposees a ceux qui voudraient enseigner. Je
n'entends pas la liberte d'enseignement comme ce qu'on appelle le
parti catholique. Liberte de la parole avec des conditions imposees a
ceux qui en usent, liberte du theatre avec des conditions analogues;
voila comme j'entends la solution du probleme.
J'ajoute un detail qui complete les idees que j'ai emises sur
l'organisation de la liberte theatrale. Cette organisation, on ne
pourra guere la commencer serieusement que quand une reforme dans la
haute administration aura reuni dans une meme main tout ce qui se
rapporte a la protection que l'etat doit aux arts, aux creations de
l'intelligence; et cette main, je ne veux pas que ce soit celle d'un
directeur, mais celle d'un ministre. Le pilote de l'intelligence ne
saurait etre trop haut place. Voyez, a l'heure qu'il est, quel chaos!
Le ministre de la justice a l'imprimerie nationale; le ministre de
l'interieur, les theatres, les musees; le ministre de l'instruction
publique, les societes savantes; le ministre des cultes, les eglises;
le ministre des travaux publics, les grandes constructions nationales.
Tout cela devrait etre reuni.
Un meme esprit devrait coordonner dans un vaste systeme tout cet
ensemble et le feconder. Que peuvent maintenant toutes ces pensees
divergentes, qui tirent chacune de leur cote? Rien, qu'empecher tout
progres reel.
Ce ne sont point la des utopies, des reves. Il faut organiser.
L'autorite avait organise autrefois assez mal, car rien de
veritablement bon ne peut sortir d'elle seule. La liberte l'a debordee
et l'a vaincue a jamais. La liberte est un principe fecond; mais,
pour qu'elle produise ce qu'elle peut et doit produire, il faut
l'organiser.
Organisez donc dans le sens de la liberte, et non pas dans le sens
de l'autorite. La liberte, elle est maintenant necessaire. Pourquoi,
d'ailleurs, s'en effrayer? Nous avons la liberte du theatre depuis
dix-huit mois; quel grand danger a-t-elle fait courir a la France?
Et cependant elle existe maintenant sans etre entouree d'aucune des
garanties que je voudrais etablir. Il y a eu de ces pieces qu'on
appelle reactionnaires; savez-vous ce qui en est resulte? C'est que
beaucoup de gens qui n'etaient pas republicains avant ces pieces le
sont devenus apres. Beaucoup des amis de la liberte ne voulaient pas
de la republique, parce qu'ils croyaient que l'intolerance etait dans
la nature de ce gouvernement; ces hommes-la se sont reconcilies avec
la republique le jour ou ils ont vu qu'elle donnait un libre cours a
l'expression des opinions, et qu'on pouvait se moquer d'elle, qu'elle
etait bonne princesse, en un mot. Tel a ete l'effet des pieces
reactionnaires. La republique s'est fait honneur en les supportant.
Voyez maintenant ce qui arrive! La reaction contre la reaction
commence. Dernierement, on a represente une piece ultra-reactionnaire;
elle a ete sifflee. Et c'est dans ce moment que vous songeriez a vous
donner tort en retablissant la censure! Vous releveriez a l'instant
meme l'esprit d'opposition qui est au fond du caractere national!
Ce qui s'est passe pour la politique s'est passe aussi pour la morale.
En realite, il s'est joue depuis dix-huit mois moins de pieces
decolletees qu'il ne s'en jouait d'ordinaire sous l'empire de la
censure. Le public sait que le theatre est libre; il est plus
difficile. Voila la situation d'esprit ou est le public. Pourquoi donc
vouloir faire mal ce que la foule fait bien?
Laissez la la censure, organisez; mais, je vous le repete, organisez
la liberte.


ASSEMBLEE LEGISLATIVE
1849-1851

NOTE 10
PILLAGE DES IMPRIMERIES
Aux journees de juin 1848, Victor Hugo, apres avoir contribue a la
victoire, etait venu au secours des vaincus. Apres le 13 juin 1849, il
accepta le meme devoir. La majorite etait enivree par la colere, et
voulait fermer les yeux sur les violences de son triomphe, notamment
sur les imprimeries saccagees et pillees. Victor Hugo monta le 15 juin
a la tribune. L'incident fut bref, mais significatif. Le voici tel
qu'il est au _Moniteur_.

Permanence.--Seance du 15 juin 1849.
INTERPELLATION
La parole est a M. Victor Hugo.
M. VICTOR HUGO.--Messieurs, je demande a l'assemblee la permission
d'adresser une question a MM. les membres du cabinet.
Cette assemblee, dans sa moderation et dans sa sagesse, voudra
certainement que tous les actes de desordre soient reprimes, de
quelque part qu'ils viennent. S'il faut en croire les details publies,
des actes de violence regrettables auraient ete commis dans diverses
imprimeries. Ces actes constitueraient de veritables attentats contre
la legalite, la liberte et la propriete.
Je demande a M. le ministre de la justice, ou, en son absence, a MM.
les membres du cabinet presents, si des poursuites ont ete ordonnees,
si des informations sont commencees. (_Tres bien! tres bien!_)
PLUSIEURS MEMBRES.--Contre qui?
M. DUFAURE, _ministre de l'interieur_.--Messieurs, nous regrettons
aussi amerement que l'honorable orateur qui descend de la tribune les
actes a propos desquels il nous interpelle. Ils ont eu lieu, j'ose
l'affirmer, spontanement, au milieu des emotions de la journee du 13
juin.... (_Interruptions a gauche._)
Je dis qu'ils ont eu lieu spontanement, c'est a ce sujet que j'ai ete
interrompu. Rien n'avait prevenu l'autorite des actes de violence qui
devaient etre commis dans les bureaux de quelques presses de Paris; je
veux expliquer seulement comment l'autorite n'etait pas, n'a pas pu
etre prevenue, comment l'autorite n'a pas pu les empecher.
On a dit dans des journaux qu'un aide de camp du general Changarnier
avait preside a cette devastation. Je le nie hautement. Un aide de
camp du general Changarnier a paru sur les lieux pour reprimer
cet acte audacieux; il n'a pu le faire, tout ayant ete consomme;
d'ailleurs, on ne l'ecoutait pas. J'ajoute qu'aussitot que nous avons
ete prevenus de ces faits, ordre a ete donne de faire deux choses, de
constater les degats et d'en rechercher les auteurs. On les recherche
en ce moment, et je puis assurer a l'assemblee, qu'aussitot qu'ils
seront decouverts, le droit commun aura son empire, la loi recevra son
execution. (_Tres bien! Tres bien!_)
M. LE PRESIDENT.--L'incident est reserve.

A propos de cet incident, on lit dans le _Siecle_ du 17 juin 1848:
M. Victor Hugo etait tres vivement blame aujourd'hui par un grand
nombre de ses collegues pour la genereuse initiative qu'il a prise
hier en fletrissant du haut de la tribune les actes condamnables
commis contre plusieurs imprimeries de journaux.--Ce n'etait pas le
moment, lui disait-on, de parler de cela, et dans tous les cas ce
n'etait pas a nous a appeler sur ces actes l'attention publique; il
fallait laisser ce soin a un membre de l'autre cote, et la chose n'eut
pas eu le retentissement que votre parole lui a donne.
Nous etions loin de nous attendre a ce que l'honnete indignation
exprimee par M. Victor Hugo, et la loyale reponse de M. le ministre de
l'interieurpussent etre l'objet d'un blame meme indirect d'une partie
quelconque de l'assemblee. Nous pensions que le sentiment du juste,
le respect de la propriete devaient etre au-dessus de toutes les
miserables agitations de parti. Nous nous trompions.
M. Victor Hugo racontait lui-meme aujourd'hui dans l'un des groupes
qui se formaient ca et la dans les couloirs une reponse qu'il aurait
ete amene a faire a l'un de ces moderes excessifs.--Si je rencontrais
un tel dans la rue, je lui brulerais la cervelle, dit celui-la.--Vous
vous calomniez vous-meme, repondit M. Victor Hugo, vous vouliez dire
que vous feriez usage de votre arme contre lui, si vous l'aperceviez
sur une barricade.--Non, non! disait l'autre en insistant, dans la
rue, ici meme.--Monsieur, dit le poete indigne, vous etes le
meme homme qui a tue le general Brea!--Il est difficile de dire
l'impression profonde que ce mot a causee a tous les assistants,
a l'exception de celui qui venait de provoquer cette reponse
foudroyante.

NOTE 11
PROPOSITION MELUN.--ENQUETE SUR LA MISERE
Bureaux.--Juin 1849.
M. VICTOR HUGO.--J'appuie energiquement la proposition.
Messieurs, il est certain qu'a l'heure ou nous sommes, la misere pese
sur le peuple. Quelles sont les causes de cette misere? Les longues
agitations politiques, les lacunes de la prevoyance sociale,
l'imperfection des lois, les faux systemes, les chimeres poursuivies
et les realites delaissees, la faute des hommes, la force des choses.
Voila, messieurs, de quelles causes est sortie la misere. Cette
misere, cette immense souffrance publique, est aujourd'hui toute la
question sociale, toute la question politique. Elle engendre a la fois
le malaise materiel et la degradation intellectuelle; elle torture le
peuple par la faim et elle l'abrutit par l'ignorance.
Cette misere, je le repete, est aujourd'hui la question d'etat.
Il faut la combattre, il faut la dissoudre, il faut la detruire,
non-seulement parce que cela est humain, mais encore parce que cela
est sage. La meilleure habilete aujourd'hui, c'est la fraternite. Le
grand homme politique d'a present serait un grand homme chretien.
Reflechissez, en effet, messieurs.
Cette misere est la, sur la place publique. L'esprit d'anarchie passe
et s'en empare. Les partis violents, les hommes chimeriques, le
communisme, le terrorisme surviennent, trouvent la misere publique a
leur disposition, la saisissent et la precipitent contre la societe.
Avec de la souffrance, on a sitot fait de la haine! De la ces coups de
main redoutables ou ces effrayantes insurrections, le 15 mai, le 24
juin. De la ces revolutions inconnues et formidables qui arrivent,
portant dans leurs flancs le mystere de la misere.
Que faire donc en presence de ce danger? Je viens de vous le dire.
Oter la misere de la question. La combattre, la dissoudre, la
detruire.
Voulez-vous que les partis ne puissent pas s'emparer de la misere
publique? Emparez-vous-en. Ils s'en emparent pour faire le mal,
emparez-vous-en pour faire le bien. Il faut detruire le faux
socialisme par le vrai. C'est la votre mission.
Oui, il faut que l'assemblee nationale saisisse immediatement la
grande question des souffrances du peuple. Il faut qu'elle cherche
le remede, je dis plus, qu'elle le trouve! Il y a la une foule de
problemes qui veulent etre muris et medites. Il importe, a mon sens,
que l'assemblee nomme une grande commission centrale, permanente,
metropolitaine, a laquelle viendront aboutir toutes les recherches,
toutes les enquetes, tous les documents, toutes les solutions. Toutes
les specialites economiques, toutes les opinions meme, devront
etre representees dans cette commission, qui fera les travaux
preparatoires; et, a mesure qu'une idee praticable se degagera de ses
travaux, l'idee sera portee a l'assemblee qui en fera une loi. Le code
de l'assistance et de la prevoyance sociale se construira ainsi piece
a piece avec des solutions diverses, mais avec une pensee unique. Il
ne faut pas disperser les etudes; tout ce grand ensemble veut
etre coordonne. Il ne faut pas surtout separer l'assistance de la
prevoyance, il ne faut pas etudier a part les questions d'hospices,
d'hopitaux de refuges, etc. Il faut meler le travail a l'assistance,
ne rien laisser degenerer en aumone. Il y a aujourd'hui dans les
masses de la souffrance; mais il y a aussi de la dignite. Et c'est un
bien. Le travailleur veut etre traite, non comme un pauvre, mais comme
un citoyen. Secourez-les en les elevant.
C'est la, messieurs, le sens de la proposition de M. de Melun, et je
m'y associe avec empressement.
Un dernier mot. Vous venez de vaincre; maintenant savez-vous ce qu'il
faut que vous fassiez? Il faut, vous majorite, vous assemblee, montrer
votre coeur a la nation, venir en aide aux classes souffrantes par
toutes les lois possibles, sous toutes les formes, de toutes les
facons, ouvrir les ateliers et les ecoles, repandre la lumiere et
le bien-etre, multiplier les ameliorations materielles et morales,
diminuer les charges du pauvre, marquer chacune de vos journees par
une mesure utile et populaire; en un mot, dire a tous ces malheureux
egares qui ne vous connaissaient pas et qui vous jugeaient mal:--Nous
ne sommes pas vos vainqueurs, nous sommes vos freres.

NOTE 12
LA LOI SUR L'ENSEIGNEMENT
Bureaux.--Juin 1849.
M. VICTOR HUGO.--Je parle _sur_ la loi. Je l'approuve en ce qu'elle
contient un progres. Je la surveille en ce qu'elle peut contenir un
peril.
Le progres, le voici. Le projet installe dans l'enseignement deux
choses qui y sont nouvelles et qui sont bonnes, l'autorite de l'etat
et la liberte du pere de famille. Ce sont la deux sources vives et
fecondes d'impulsions utiles.
Le peril, je l'indiquerai tout a l'heure.
Messieurs, deux corporations redoutables, le clerge jusqu'a notre
revolution, depuis notre revolution, l'universite, ont successivement
domine l'instruction publique dans notre pays, je dirais presque ont
fait l'education de la France.
Universite et clerge ont rendu d'immenses services; mais, a cote de
ces grands services, il y a eu de grandes lacunes. Le clerge, dans sa
vive ardeur pour l'unite de la foi, avait fini par se meprendre, et en
etait venu,--ce fut la son tort du temps de nos peres,--a contrarier
la marche de l'intelligence humaine et a vouloir eteindre l'esprit
de progres qui est le flambeau meme de la France. L'universite,
excellente par ses methodes, illustre par ses services, mais enfermee
peut-etre dans des traditions trop etroites, n'a pas en elle-meme
cette largeur d'idees qui convient aux grandes epoques que nous
traversons, et n'a pas toujours fait penetrer dans l'enseignement
toute la lumiere possible. Elle a fini par devenir, elle aussi, un
clerge.
Les dernieres annees de la monarchie disparue ont vu une lutte
acharnee entre ces deux puissances, l'universite et l'eglise, qui se
disputaient l'esprit des generations nouvelles.
Messieurs, il est temps que cette guerre finisse et se change en
emulation. C'est la le sens, c'est la le but du projet actuel. Il
maintient l'universite dans l'enseignement, et il introduit l'eglise
par la meilleure de toutes les portes, par la porte de la
liberte. Comment ces deux puissances vont-elles se comporter? Se
reconcilieront-elles? De quelle facon vont-elles combiner leurs
influences? Comment vont-elles comprendre l'enseignement, c'est-a-dire
l'avenir? C'est la, messieurs, la question. Chacun de ces deux clerges
a ses tendances, tendances auxquelles il faut marquer une limite. Les
esprits ombrageux, et en matiere d'enseignement je suis de ce nombre,
pourraient craindre qu'avec l'universite seule l'instruction ne fut
pas assez religieuse, et qu'avec l'eglise seule l'instruction ne fut
pas assez nationale. Or religion et nationalite, ce sont la les deux
grands instincts des hommes, ce sont la les deux grands besoins de
l'avenir. Il faut donc, je parle en laique et en homme politique,
il faut au-dessus de l'eglise et de l'universite quelqu'un pour les
dominer, pour les conseiller, pour les encourager, pour les retenir,
pour les departager. Qui? l'etat.
L'etat, messieurs, c'est l'unite politique du pays, c'est la tradition
francaise, c'est la communaute historique et souveraine de tous les
citoyens, c'est la plus grande voix qui puisse parler en France,
c'est le pouvoir supreme, qui aie droit d'imposer a l'universite
l'enseignement religieux, et a l'eglise l'esprit national.
Le projet actuel installe l'etat au sommet de la loi. Le conseil
superieur d'enseignement, tel que le projet le compose, n'est pas
autre chose. C'est en cela qu'il me convient.
Je regrette diverses lacunes dans le projet, l'enseignement superieur
dont il n'est pas question, l'enseignement professionnel, qui
est destine a reclasser les masses aujourd'hui declassees. Nous
reviendrons sur ces graves questions.
Somme toute, tel qu'il est, en maintenant l'universite, en acceptant
le clerge, le projet fait l'enseignement libre et fait l'etat juge. Je
me reserve de l'examiner encore.
M. de Melun, qui soutint la predominance de l'eglise dans
l'enseignement, fut nomme commissaire par 20 voix contre 18 donnees a
M. Victor Hugo.

NOTE 13
DEMANDE EN AUTORISATION DE POURSUITES CONTRE LES REPRESENTANTS SOMMIER
ET RICHARDET
Bureaux.--31 juillet 1849.
M. VICTOR HUGO.--Messieurs, on invoque les idees d'ordre, le respect
de l'autorite qu'il faut raffermir, la protection que l'assemblee doit
au pouvoir, pour appuyer la demande en autorisation de poursuites.
J'invoque les memes idees pour la combattre.
Et en effet, messieurs, quelle est la question? La voici:
Un delit de presse aurait ete commis, il y a quatre mois, dans un
departement eloigne, dans une commune obscure, par un journal ignore.
Depuis cette epoque, les auteurs presumes de ce delit ont ete nommes
representants du peuple. Aujourd'hui on vous demande de les traduire
en justice.
De deux choses l'une: ou vous accorderez l'autorisation, ou vous la
refuserez. Examinons les deux cas.
Si vous accordez l'autorisation, de ce fait inconnu de la France,
oublie de la localite meme ou il s'est produit, vous faites un
evenement. Le fait etait mort, vous le ressuscitez; bien plus, vous
le grossissez du retentissement d'un proces, de l'eclat d'un debat
passionne, de la plaidoirie des avocats, des commentaires de
l'opposition et de la presse. Ce delit, commis dans le champ de foire
d'un village, vous le jetez sur toutes les places publiques de France.
Vous donnez au petit journal de province tous les grands journaux de
Paris pour porte-voix. Cet outrage au president de la republique, cet
article que vous jugez venimeux, vous le multipliez, vous le versez
dans tous les esprits, vous tirez l'offense a huit cent mille
exemplaires.
Le tout pour le plus grand avantage de l'ordre, pour le plus grand
respect du pouvoir et de l'autorite.
Si vous refusez l'autorisation, tout s'evanouit, tout s'eteint. Le
fait est mort, vous l'ensevelissez, voila tout.
Eh bien! messieurs, je vous le demande, qui est-ce qui comprend mieux
les interets de l'ordre et de l'autorite et le raffermissement du
pouvoir, de nos adversaires qui accordent l'autorisation, ou de nous
qui la refusons?
Cette question d'interet social videe et ecartee, permettez-moi de
m'elever a des considerations d'une autre nature.
Dans quelle situation etes-vous?
Vous etes une majorite immense, compacte, triomphante, en presence
d'une minorite vaincue et decimee. Je constate la situation et je la
livre a votre appreciation politique. Le 13 juin a cree pour vous ce
que vous appelez des necessites; en tout cas, ce sont des necessites
bien fatales et bien douloureuses. Le 13 juin est un fait
considerable, terrible, mysterieux, au fond duquel il vous importe,
dites-vous, que la justice penetre, que le jour se fasse. Il faut, en
effet, que le pays connaisse dans toute sa profondeur cet evenement
d'ou a failli sortir une revolution. Vous avez pu aider la justice.
Ce qu'elle vous a demande en fait de poursuites, vous avez pu le lui
accorder. Vous avez ete prodigues, c'est mon sentiment.
Mais enfin, de ce cote, tout est fini. Trente-huit representants,
c'est assez! c'est trop! Est-ce que le moment n'est pas venu d'etre
genereux? Est-ce qu'ici la generosite n'est pas de la sagesse? Quoi!
livrer encore deux representants, non plus pour les necessites de
l'instruction de juin, mais pour un fait ignore, prescrit, oublie!
Messieurs, je vous en conjure, moi qui ai toujours defendu l'ordre,
gardez-vous de tout ce qui semblerait violence, reaction, rancune,
parti-pris, coup de majorite! Il faut savoir se refuser a soi-meme les
dernieres satisfactions de la victoire. C'est a ce prix que, de la
situation de vainqueurs, on passe a la condition de gouvernants. Ne
soyez pas seulement une majorite nombreuse, soyez une majorite grande!
Tenez, voulez-vous rassurer pleinement le pays? prouvez-lui votre
force. Et savez-vous quelle est la meilleure preuve de la force? c'est
la mesure. Le jour ou l'opinion publique dira: Ils sont vraiment
moderes, la conscience des partis repondra: C'est qu'ils sont vraiment
forts!
Je refuse l'autorisation de poursuites.
M. Amable Dubois combattit M. Victor Hugo. M. Amable Dubois fut nomme
rapporteur par 14 voix contre 11 donnees a M. Victor Hugo.

NOTE 14.
DOTATION DE M. BONAPARTE.
Bureaux.--6 fevrier 1851.
En janvier 1851, immediatement apres le vote de defiance, M. Louis
Bonaparte tendit la main a cette assemblee qui venait de le frapper,
et lui demanda trois millions. C'etait une veritable dotation
princiere. L'assemblee debattit cette pretention, d'abord dans les
bureaux, puis en seance publique. La discussion publique ne dura qu'un
jour et fut peu remarquable. La discussion prealable des bureaux, qui
eut lieu le 6 fevrier, avait vivement excite l'attention publique, et,
quand la question arriva au grand jour, elle avait ete comme epuisee
par ce debat preliminaire.
Dans le 12e bureau particulierement, le debat fut vif et prolonge. A
deux heures et demie, malgre la seance commencee, la discussion durait
encore. Une grande partie des membres de l'assemblee, groupes derriere
les larges portes vitrees du 12e bureau, assistaient du dehors a
cette lutte ou furent successivement entendus MM. Leon Faucher,
Sainte-Beuve, auteur de la redaction de defiance, Michel (de Bourges)
et Victor Hugo.
M. Combarel de Leyval prit la parole le premier; M. Leon Faucher
et apres lui M. Bineau, tous deux anciens ministres de Bonaparte,
soutinrent vivement le projet de dotation. Le discours passionne de M.
Leon Faucher amena dans le debat M. Victor Hugo.
M. VICTOR HUGO.--Ce que dit M. Leon Faucher m'oblige a prendre
la parole. Je ne dirai qu'un mot. Je ne desire pas etre nomme
commissaire; je suis trop souffrant encore pour pouvoir aborder la
tribune, et mon intention n'etait pas de parler, meme ici.
Selon moi, l'assemblee, en votant la dotation il y a dix mois, a
commis une premiere faute; en la votant de nouveau aujourd'hui, elle
commettrait une seconde faute, plus grave encore.
Je n'invoque pas seulement ici l'interet du pays, les detresses
publiques, la necessite d'alleger le budget et non de l'aggraver;
j'invoque l'interet bien entendu de l'assemblee, j'invoque l'interet
meme du pouvoir executif, et je dis qu'a tous ces points de vue, aux
points de vue les plus restreints comme aux points de vue les plus
generaux, voter ce qu'on vous demande serait une faute considerable.
Et en effet, messieurs, depuis le vote de la premiere dotation, la
situation respective des deux pouvoirs a pris un aspect inattendu. On
etait en paix, on est en guerre. Un serieux conflit a eclate.
Ce conflit, au dire de ceux-la memes qui soutiennent le plus
energiquement le pouvoir executif, ce conflit est une cause de
desordre, de trouble, d'agitation dont souffrent tous les interets; ce
conflit a presque les proportions d'une calamite publique.
Or, messieurs, sondez ce conflit. Qu'y a-t-il au fond? La dotation.
Oui, sans la dotation, vous n'auriez pas eu les voyages, les
harangues, les revues, les banquets de sous-officiers meles aux
generaux, Satory, la place du Havre, la societe du Dix-Decembre, les
cris de _vive l'Empereur!_ et les coups de poing. Vous n'auriez pas
eu ces tentatives pretoriennes qui tendaient a donner a la republique
l'empire pour lendemain. Point d'argent, point d'empire.
Vous n'auriez pas eu tous ces faits etranges qui ont si profondement
inquiete le pays, et qui ont du irresistiblement eveiller le pouvoir
legislatif et amener le vote de ce qu'on a appele la coalition,
coalition qui n'est au fond qu'une juxtaposition.
Rappelez-vous ce vote, messieurs; les faits ont ete apportes devant
vous, vous les avez juges dans votre conscience, et vous avez
solennellement declare votre defiance.
La defiance du pouvoir legislatif contre le pouvoir executif!
Or, comment le pouvoir executif, votre subordonne apres tout, a-t-il
recu cet avertissement de l'assemblee souveraine?
Il n'en a tenu aucun compte. Il a mis a neant votre vote. Il a declare
excellent ce cabinet que vous aviez declare suspect. Resistance qui a
aggrave le conflit et qui a augmente votre defiance.
Et aujourd'hui que fait-il?
Il se tourne vers vous, et il vous demande les moyens d'achever quoi?
Ce qu'il avait commence. Il vous dit:--Vous vous defiez de moi. Soit!
payez toujours, je vais continuer.
Messieurs, en vous faisant de telles demandes, dans un tel moment, le
pouvoir executif ecoute peu sa dignite. Vous ecouterez la votre et
vous refuserez.
Ce qu'a dit M. Faucher des interets du pays, lorsqu'il a nomme
M. Bonaparte, est-il vrai? Moi qui vous parle, j'ai vote pour M.
Bonaparte. J'ai, dans la sphere de mon action, favorise son election.
J'ai donc le droit de dire quelques mots des sentiments de ceux qui
ont fait comme moi, et des miens propres. Eh bien! non, nous n'avons
pas vote pour Napoleon, en tant que Napoleon; nous avons vote pour
l'homme qui, muri par la prison politique, avait ecrit, en faveur des
classes pauvres, des livres remarquables. Nous avons vote pour lui,
enfin, parce qu'en face de tant de pretentions monarchiques nous
trouvions utile qu'un prince abdiquat ses titres en recevant du pays
les fonctions de president de la republique.
Et puis, remarquez encore ceci, ce prince, puisqu'on attache tant
d'importance a rappeler ce titre, etait un prince revolutionnaire, un
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