Actes et Paroles, Volume 1 - 11

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plus specialement le peuple, il y a la detresse generale de tout
le reste de la nation. Plus de confiance, plus de credit, plus
d'industrie, plus de commerce; la demande a cesse, les debouches se
ferment, les faillites se multiplient, les loyers et les fermages ne
se payent plus, tout a flechi a la fois; les familles riches sont
genees, les familles aisees sont pauvres, les familles pauvres sont
affamees.
A mon sens, le pouvoir revolutionnaire s'est mepris. J'accuse
les fausses mesures, j'accuse aussi et surtout la fatalite des
circonstances.
Le probleme social etait pose. Quant a moi, j'en comprenais ainsi la
solution: n'effrayer personne, rassurer tout le monde, appeler les
classes jusqu'ici desheritees, comme on les nomme, aux jouissances
sociales, a l'education, au bien-etre, a la consommation abondante, a
la vie a bon marche, a la propriete rendue facile....
PLUSIEURS MEMBRES.--Tres bien!
DE TOUTES PARTS.--Nous sommes d'accord, mais par quels moyens?
M. VICTOR HUGO.--En un mot, faire descendre la richesse. On a fait le
contraire; on a fait monter la misere.
Qu'est-il resulte de la? Une situation sombre ou tout ce qui n'est pas
en perdition est en peril, ou tout ce qui n'est pas en peril est
en question; une detresse generale, je le repete, dans laquelle la
detresse populaire n'est plus qu'une circonstance aggravante, qu'un
episode dechirant du grand naufrage.
Et ce qui ajoute encore a mon inexprimable douleur, c'est que d'autres
jouissent et profitent de nos calamites. Pendant que Paris se debat
dans ce paroxysme, que nos ennemis, ils se trompent! prennent pour
l'agonie, Londres est dans la joie, Londres est dans les fetes, le
commerce y a triple, le luxe, l'industrie, la richesse s'y sont
refugies. Oh! ceux qui agitent la rue, ceux qui jettent le peuple sur
la place publique, ceux qui poussent au desordre et a l'insurrection,
ceux qui font fuir les capitaux et fermer les boutiques, je puis bien
croire que ce sont de mauvais logiciens, mais je ne puis me resigner a
penser que ce sont decidement de mauvais francais, et je leur dis, et
je leur crie: En agitant Paris, en remuant les masses, en provoquant
le trouble et l'emeute, savez-vous ce que vous faites? Vous
construisez la force, la grandeur, la richesse, la puissance,
la prosperite et la preponderance de l'Angleterre. (_Mouvement
prolonge_.)
Oui, l'Angleterre, a l'heure ou nous sommes, s'assied en riant au bord
de l'abime ou la France tombe. (_Sensation_.) Oh! certes, les miseres
du peuple nous touchent; nous sommes de ceux qu'elles emeuvent le plus
douloureusement. Oui, les miseres du peuple nous touchent, mais
les miseres de la France nous touchent aussi! Nous avons une pitie
profonde pour l'ouvrier avarement et durement exploite, pour l'enfant
sans pain, pour la femme sans travail et sans appui, pour les familles
proletaires depuis si longtemps lamentables et accablees; mais nous
n'avons pas une pitie moins grande pour la patrie qui saigne sur la
croix des revolutions, pour la France, pour notre France sacree qui,
si cela durait, perdrait sa puissance, sa grandeur et sa lumiere, aux
yeux de l'univers. (_Tres bien!_) Il ne faut pas que cette agonie se
prolonge; il ne faut pas que la ruine et le desastre saisissent tour a
tour et renversent toutes les existences dans ce pays.
UNE VOIX.--Le moyen?
M. VICTOR HUGO.--Le moyen, je viens de le dire, le calme dans la rue,
l'union dans la cite, la force dans le gouvernement, la bonne volonte
dans le travail, la bonne foi dans tout. (_Oui! c'est vrai!_)
Il ne faut pas, dis-je, que cette agonie se prolonge; il ne faut pas
que toutes les existences soient tour a tour renversees. Et a qui cela
profiterait-il chez nous? Depuis quand la misere du riche est-elle
la richesse du pauvre? Dans un tel resultat je pourrais bien voir la
vengeance des classes longtemps souffrantes, je n'y verrais pas leur
bonheur. (_Tres bien!_)
Dans cette extremite, je m'adresse du plus profond et du plus sincere
de mon coeur aux philosophes initiateurs, aux penseurs democrates,
aux socialistes, et je leur dis: Vous comptez parmi vous des coeurs
genereux, des esprits puissants et bienveillants, vous voulez comme
nous le bien de la France et de l'humanite. Eh bien, aidez-nous!
aidez-nous! Il n'y a plus seulement la detresse des travailleurs, il y
a la detresse de tous. N'irritez pas la ou il faut concilier, n'armez
pas une misere contre une misere, n'ameutez pas un desespoir contre un
desespoir. (_Tres bien!_)
Prenez garde! deux fleaux sont a votre porte, deux monstres attendent
et rugissent la, dans les tenebres, derriere nous et derriere vous, la
guerre civile et la guerre servile (_agitation_), c'est-a-dire le lion
et le tigre; ne les dechainez pas! Au nom du ciel, aidez-nous!
Toutes les fois que vous ne mettez pas en question la famille et la
propriete, ces bases saintes sur lesquelles repose toute civilisation,
nous admettons avec vous les instincts nouveaux de l'humanite;
admettez avec nous les necessites momentanees des societes.
(_Mouvement_.)
M. FLOCON, _ministre de l'agriculture et du commerce_.--Dites les
necessites permanentes.
UNE VOIX.--Les necessites eternelles.
M. VICTOR HUGO.--J'entends dire les necessites eternelles. Mon
opinion, ce me semble, etait assez claire pour etre comprise. (_Oui!
oui!_) Il va sans dire que l'homme qui vous parle n'est pas un homme
qui nie et met en doute les necessites eternelles des societes.
J'invoque la necessite momentanee d'un peril immense et imminent, et
j'appelle autour de ce grand peril tous les bons citoyens, quelle que
soit leur nuance, quelle que soit leur couleur, tous ceux qui veulent
le bonheur de la France et la grandeur du pays, et je dis a ces
penseurs auxquels je m'adressais tout a l'heure: Puisque le peuple
croit en vous, puisque vous avez ce doux et cher bonheur d'etre aimes
et ecoutes de lui, oh! je vous en conjure, dites-lui de ne point se
hater vers la rupture et la colere, dites-lui de ne rien precipiter,
dites-lui de revenir a l'ordre, aux idees de travail et de paix, car
l'avenir est pour tous, car l'avenir est pour le peuple! Il ne faut
qu'un peu de patience et de fraternite; et il serait horrible que,
par une revolte d'equipage, la France, ce premier navire des nations,
sombrat en vue de ce port magnifique que nous apercevons tous dans la
lumiere et qui attend le genre humain. (_Tres bien! tres bien!_)

II
POUR LA LIBERTE DE LA PRESSE
CONTRE L'ARRESTATION DES ECRIVAINS

[Note: M. Crespel-Delatouche avait interpelle le gouvernement sur
la suppression de onze journaux frappes d'interdit le 25 juin, sur
l'arrestation et la detention au secret, dix jours durant, du
directeur de l'un des journaux supprimes, M. Emile de Girardin, etc.
Les mesures attaquees furent defendues par le ministre de la justice;
elles furent combattues par les representants Vesin, Valette, Dupont
(de Bussac), Germain Sarrut et Lenglet. Le general Cavaignac, apres le
discours de Victor Hugo, declara qu'il ne voulait entrer dans aucune
explication et qu'il laissait a l'assemblee le soin de le defendre
ou de l'accuser. L'assemblee declara la discussion close et passa a
l'ordre du jour. (Note de l'editeur.)]

M. VICTOR HUGO.--Je sens que l'assemblee est impatiente de clore le
debat, aussi ne dirai-je que quelques mots. (_Parlez! parlez!_)
Je suis de ceux qui pensent aujourd'hui plus que jamais, depuis hier
surtout, que le devoir d'un bon citoyen, dans les circonstances
actuelles, est de s'abstenir de tout ce qui peut affaiblir le pouvoir
dont l'ordre social a un tel besoin. (_Tres bien!_)
Je renonce donc a entrer dans ce que cette discussion pourrait avoir
d'irritant, et ce sacrifice m'est d'autant plus facile que j'ai le
meme but que vous, le meme but que le pouvoir executif; ce but que
vous comprenez, il peut se resumer en deux mots, armer l'ordre social
et desarmer ses ennemis. (_Adhesion_.)
Ma pensee est, vous le voyez, parfaitement claire, et je demande au
gouvernement la permission de lui adresser une question; car il est
resulte un doute dans mon esprit des paroles de M. le ministre de la
justice.
Sommes-nous dans l'etat de siege, ou sommes-nous dans la dictature?
C'est la, a mon sens, la question.
Si nous sommes dans l'etat de siege, les journaux supprimes ont le
droit de reparaitre en se conformant aux lois. Si nous sommes dans la
dictature, il en est autrement.
M. DEMOSTHENE OLLIVIER.--Qui donc aurait donne la dictature?
M. VICTOR HUGO.--Je demande au chef du pouvoir executif de
s'expliquer.
Quant a moi, je pense que la dictature a dure justement, legitimement,
par l'imperieuse necessite des circonstances, pendant quatre jours.
Ces quatre jours passes, l'etat de siege suffisait.
L'etat de siege, je le declare, est necessaire, mais l'etat de siege
est une situation legale et definie, et il me parait impossible de
conceder au pouvoir executif la dictature indefinie, lorsque vous
n'avez pretendu lui donner que l'etat de siege.
Maintenant, si le pouvoir executif ne croit pas l'autorite dont
l'assemblee l'a investi suffisante, qu'il le declare et que
l'assemblee avise. Quant a moi, dans une occasion ou il s'agit de la
premiere et de la plus essentielle de nos libertes, je ne manquerai
pas a la defense de cette liberte. Defendre aujourd'hui la societe,
demain la liberte, les defendre l'une avec l'autre, les defendre
l'une par l'autre, c'est ainsi que je comprends mon mandat comme
representant, mon droit comme citoyen et mon devoir comme ecrivain.
(_Mouvement_.)
Si le pouvoir donc desire etre investi d'une autorite dictatoriale,
qu'il le dise, et que l'assemblee decide.
LE GENERAL CAVAIGNAC, _chef du pouvoir executif, president du
conseil_.--Ne craignez rien, monsieur, je n'ai pas besoin de tant de
pouvoir; j'en ai assez, j'en ai trop de pouvoir; calmez vos craintes.
(_Marques d'approbation_.)
M. VICTOR HUGO.--Dans votre interet meme, permettez-moi de vous
le dire, a vous homme du pouvoir, moi homme de la pensee....
(_Interruption prolongee_.)
J'ai besoin d'expliquer une expression sur laquelle l'assemblee
pourrait se meprendre.
Quand je dis homme de la pensee, je veux dire homme de la presse, vous
l'avez tous compris. (_Oui! oui!_)
Eh bien, dans l'interet de l'avenir encore plus que dans l'interet du
present, quoique l'interet du present me preoccupe autant qu'aucun
de vous, croyez-le bien, je dis au pouvoir executif: Prenez garde!
l'immense autorite dont vous etes investi....
LE GENERAL CAVAIGNAC.--Mais non!
UN MEMBRE A GAUCHE.--Faites une proposition. (_Rumeurs diverses_.)
M. LE PRESIDENT.--Il est impossible de continuer a discuter si l'on se
livre a des interpellations particulieres.
M. VICTOR HUGO.--Que le pouvoir me permette de le lui dire,--je
reponds a l'interruption de l'honorable general Cavaignac,--dans les
circonstances actuelles, avec la puissance considerable dont il est
investi, qu'il prenne garde a la liberte de la presse, qu'il respecte
cette liberte! Que le pouvoir se souvienne que la liberte de la presse
est l'arme de cette civilisation que nous defendons ensemble.
La liberte de la presse etait avant vous, elle sera apres vous.
(_Agitation_.)
Voila ce que je voulais repondre a l'interruption de l'honorable
general Cavaignac.
Maintenant je demande au pouvoir de se prononcer sur la maniere dont
il entend user de l'autorite que nous lui avons confiee. Quant a moi,
je crois que les lois existantes, energiquement appliquees, suffisent.
Je n'adopte pas l'opinion de M. le ministre de la justice, qui semble
penser que nous nous trouvons dans une sorte d'interregne legal, et
qu'il faut attendre, pour user de la repression judiciaire, qu'une
nouvelle loi soit faite par vous. Si ma memoire ne me trompe pas, le
24 juin, l'honorable procureur general pres la cour d'appel de Paris a
declare obligatoire la loi sur la presse du 16 juillet 1828. Remarquez
cette contradiction. Y a-t-il pour la presse une legislation en
vigueur? Le procureur general dit oui, le ministre de la justice dit
non. (_Mouvement_.) Je suis de l'avis du procureur general.
La presse, a l'heure qu'il est, et jusqu'au vote d'une loi nouvelle,
est sous l'empire de la legislation de 1828. Dans ma pensee, si l'etat
de siege seul existe, si nous ne sommes pas en pleine dictature, les
journaux supprimes ont le droit de reparaitre en se conformant a cette
legislation. (_Agitation_.) Je pose la question ainsi et je demande
qu'on s'explique sur ce point. Je repete que c'est une question de
liberte, et j'ajoute que les questions de liberte doivent etre dans
une assemblee nationale, dans une assemblee populaire comme celle-ci,
traitees, je ne dis pas avec menagement, je dis avec respect.
(_Adhesion_.)
Quant aux journaux, je n'ai pas a m'expliquer sur leur compte, je n'ai
pas d'opinion a exprimer sur eux, cette opinion serait peut-etre pour
la plupart d'entre eux tres severe. Vous comprenez que plus elle est
severe, plus je dois la taire; je ne veux pas prendre la parole
pour les attaquer quand ils n'ont pas la parole pour se defendre.
(_Mouvement_.) Je me sers a regret de ces termes, _les journaux
supprimes_; l'expression _supprimes_ ne me parait ni juste, ni
politique; _suspendus_ etait le veritable mot dont le pouvoir executif
aurait du se servir. (_Signe d'assentiment de M. le ministre de la
justice_.) Je n'attaque pas en ce moment le pouvoir executif, je
le conseille. J'ai voulu et je veux rester dans les limites de la
discussion la plus moderee. Les discussions moderees sont les
discussions utiles. (_Tres bien!_)
J'aurais pu dire, remarquez-le, que le pouvoir avait attente a la
propriete, a la liberte de la pensee, a la liberte de la personne d'un
ecrivain; qu'il avait tenu cet ecrivain neuf jours au secret, onze
jours dans un etat de detention qui est reste inexplique. (_Mouvements
divers_.)
Je n'ai pas voulu entrer et je n'entrerai pas dans ce cote irritant,
je le repete, de la question. Je desire simplement obtenir une
explication, afin que les journaux puissent savoir, a l'issue de cette
seance, ce qu'ils peuvent attendre du pouvoir qui gouverne le pays.
Dans ma conviction, les laisser reparaitre sous l'empire rigide de la
loi, ce serait a la fois une mesure de vraie justice et une mesure de
bonne politique; de justice, cela n'a pas besoin d'etre demontre; de
bonne politique, car il est evident pour moi qu'en presence de l'etat
de siege, et sous la pression des circonstances actuelles, ces
journaux modereraient d'eux-memes la premiere explosion de leur
liberte. Or c'est cette explosion qu'il serait utile d'amortir dans
l'interet de la paix publique. L'ajourner, ce n'est que la rendre plus
dangereuse par la longueur meme de la compression. (_Mouvement_.)
Pesez ceci, messieurs.
Je demande formellement a l'honorable general Cavaignac de vouloir
bien nous dire s'il entend que les journaux interdits peuvent
reparaitre immediatement sous l'empire des lois existantes, ou s'ils
doivent, en attendant une legislation nouvelle, rester dans l'etat ou
ils sont, ni vivants ni morts, non pas seulement entraves par l'etat
de siege, mais confisques par la dictature. (_Mouvement prolonge_.)

III
L'ETAT DE SIEGE

[Note: Le representant Lichtenberger avait fait une proposition
relative a la levee de l'etat de siege avant la discussion sur le
projet de constitution. Le comite de la justice, par l'organe de
son rapporteur, disait qu'il n'y avait pas lieu de prendre en
consideration la proposition. Le representant Ledru-Rollin la
defendit, le representant Saureau la defendit egalement, le
representant Demanet parla dans le meme sens. Le general Cavaignac,
president du conseil, presenta dans ce debat des considerations a la
suite desquelles Victor Hugo demanda la parole. La discussion fut
close apres son discours. La proposition du representant Lichtenberger
ne fut pas adoptee. (_Note de l'editeur_.)]

2 septembre 1848.
M. VICTOR HUGO.--Au point ou la discussion est arrivee, il semblerait
utile de remettre la continuation dela discussion a lundi. (_Non! non!
Parlez! parlez!_) Je crois que l'assemblee ne voudra pas fermer la
discussion avant qu'elle soit epuisee. (_Non! non!_)
Je ne veux, dis-je, repondre qu'un mot au chef du pouvoir executif,
mais il me parait impossible de ne pas replacer la question sur son
veritable terrain.
Pour que la constitution soit sainement discutee, il faut deux
choses: que l'assemblee soit libre, et que la presse soit libre.
(_Interruption._)
Ceci est, a mon avis, le veritable point de la question; l'etat de
siege implique-t-il la suppression de la liberte de la presse? Le
pouvoir executif dit oui; je dis non. Qui a tort? Si l'assemblee
hesite a prononcer, l'histoire et l'avenir jugeront.
L'assemblee nationale a donne au pouvoir executif l'etat de siege pour
comprimer l'insurrection, et des lois pour reprimer la presse. Lorsque
le pouvoir executif confond l'etat de siege avec la suspension des
lois, il est dans une erreur profonde, et il importe qu'il soit
averti. (_A gauche: Tres bien!_)
Ce que nous avons a dire au pouvoir executif, le voici:
L'assemblee nationale a pretendu empecher la guerre civile, mais non
interdire la discussion; elle a voulu desarmer les bras, mais non
baillonner les consciences. (_Approbation a gauche._)
Pour pacifier la rue, vous avez l'etat de siege; pour contenir la
presse, vous avez les tribunaux. Mais ne vous servez pas de l'etat
de siege contre la presse; vous vous trompez d'arme, et, en croyant
defendre la societe, vous blessez la liberte. (_Mouvement._)
Vous combattez pour des principes sacres, pour l'ordre, pour la
famille, pour la propriete; nous vous suivrons, nous vous aiderons
dans le combat; mais nous voulons que vous combattiez avec les lois.
Une voix.--Qui, nous?
M. VICTOR HUGO.--Nous, l'assemblee tout entiere. (_A gauche: Tres
bien! tres bien!_)
Il m'est impossible de ne pas rappeler que la distinction a ete faite
plusieurs fois et comprise et accueillie par vous tous, entre l'etat
de siege et la suspension des lois.
L'etat de siege est un etat defini et legal, on l'a dit deja; la
suspension des lois est une situation monstrueuse dans laquelle la
chambre ne peut pas vouloir placer la France (_mouvement_), dans
laquelle une grande assemblee ne voudra jamais placer un grand peuple!
(_Nouveau mouvement_.)
Je ne puis admettre que le pouvoir executif comprenne ainsi son
mandat. Quant a moi, je le declare, j'ai pretendu lui donner l'etat
de siege, je l'ai arme de toute la force sociale pour la defense de
l'ordre, je lui ai donne toute la somme de pouvoir que mon mandat me
permettait de lui conferer; mais je ne lui ai pas donne la dictature,
mais je ne lui ai pas livre la liberte de la pensee, mais je n'ai pas
pretendu lui attribuer la censure et la confiscation! (_Approbation
sur plusieurs bancs. Reclamations sur d'autres_.) C'est la censure et
la confiscation qui, a l'heure qu'il est, pesent sur les organes de
la pensee publique. (_Oui! tres bien!_) C'est la une situation
incompatible avec la discussion de la constitution. Il importe, je le
repete, que la presse soit libre, et la liberte de la presse n'importe
pas moins a la bonte et a la duree de la constitution que la liberte
de l'assemblee elle-meme.
Pour moi, ces deux points sont indivisibles, sont inseparables, et je
n'admettrais pas que l'assemblee elle-meme fut suffisamment libre,
c'est-a-dire suffisamment eclairee (_exclamations_) si la presse
n'etait pas libre a cote d'elle, et si la liberte des opinions
exterieures ne melait pas sa lumiere a la liberte de vos
deliberations.
Je demande que M. le president du conseil vienne nous dire de quelle
facon il entend definitivement l'etat de siege (_Il l'a dit!_); que
l'on sache si M. le president du conseil entend par etat de siege
la suspension des lois. Quant a moi, qui crois l'etat de siege
necessaire, si cependant il etait defini de cette facon, je voterais
a l'instant meme contre son maintien, car je crois qu'a la pla
d'un peril passager, l'emeute, nous mettrions un immense malheur,
l'abaissement de la nation. (_Mouvement._) Que l'etat de siege soit
maintenu et que la loi soit respectee, voila ce que je demande, voila
ce que veut la societe qui entend conserver l'ordre, voila ce que veut
la conscience publique qui entend conserver la liberte. (_Aux voix! La
cloture!_)

IV
LA PEINE DE MORT

[Note: Ce discours fut prononce dans la discussion de l'article 5 du
projet de constitution. Cet article etait ainsi concu: _La peine de
mort est abolie en matiere politique_. Les representants Coquerel,
Koenig et Buvignier proposaient par amendement de rediger ainsi
cet article 5: _La peine de mort est abolie_. Dans la seance du 18
septembre cet amendement fut repousse par 498 voix contre 216.]

15 septembre 1848.
Je regrette que cette question, la premiere de toutes peut-etre,
arrive au milieu de vos deliberations presque a l'improviste, et
surprenne les orateurs non prepares.
Quant a moi, je dirai peu de mots, mais, ils partiront du sentiment
d'une conviction profonde et ancienne.
Vous venez de consacrer l'inviolabilite du domicile, nous vous
demandons de consacrer une inviolabilite plus haute et plus sainte
encore, l'inviolabilite de la vie humaine.
Messieurs, une constitution, et surtout une constitution faite par
la France et pour la France, est necessairement un pas dans la
civilisation. Si elle n'est point un pas dans la civilisation, elle
n'est rien. (_Tres bien! tres bien!_)
Eh bien, songez-y, qu'est-ce que la peine de mort? La peine de mort
est le signe special et eternel de la barbarie. (_Mouvement._) Partout
ou la peine de mort est prodiguee, la barbarie domine; partout ou la
peine de mort est rare, la civilisation regne. (_Sensation_.)
Messieurs, ce sont la des faits incontestables. L'adoucissement de
la penalite est un grand et serieux progres. Le dix-huitieme siecle,
c'est la une partie de sa gloire, a aboli la torture; le dix-neuvieme
siecle abolira la peine de mort. (_Vive adhesion. Oui! oui!_)
Vous ne l'abolirez pas peut-etre aujourd'hui; mais, n'en doutez
pas, demain vous l'abolirez, ou vos successeurs l'aboliront. (_Nous
l'abolirons!--Agitation._)
Vous ecrivez en tete du preambule de votre constitution: "En presence
de Dieu", et vous commenceriez par lui derober, a ce Dieu, ce droit
qui n'appartient qu'a lui, le droit de vie et de mort. (_Tres bien!
tres bien!_) Messieurs, il y a trois choses qui sont a Dieu et
qui n'appartiennent pas a l'homme: l'irrevocable, l'irreparable,
l'indissoluble. Malheur a l'homme s'il les introduit dans ses lois!
(_Mouvement_.) Tot ou tard elles font plier la societe sous leur
poids, elles derangent l'equilibre necessaire des lois et des moeurs,
elles otent a la justice humaine ses proportions; et alors il arrive
ceci, reflechissez-y, messieurs, que la loi epouvante la conscience.
(_Sensation_.)
Je suis monte a cette tribune pour vous dire un seul mot, un mot
decisif, selon moi; ce mot, le voici. (_Ecoutez! ecoutez!_)
Apres fevrier, le peuple eut une grande pensee, le lendemain du jour
ou il avait brule le trone, il voulut bruler l'echafaud. (_Tres
bien!--D'autres voix: Tres mal!_)
Ceux qui agissaient sur son esprit alors ne furent pas, je le regrette
profondement, a la hauteur de son grand coeur. (_A gauche: Tres
bien!_) On l'empecha d'executer cette idee sublime.
Eh bien, dans le premier article de la constitution que vous votez,
vous venez de consacrer la premiere pensee du peuple, vous avez
renverse le trone. Maintenant consacrez l'autre, renversez l'echafaud.
(_Applaudissements a gauche. Protestations a droite_.)
Je vote l'abolition pure, simple et definitive de la peine de mort.

V
POUR LA LIBERTE DE LA PRESSE ET CONTRE L'ETAT DE SIEGE

[Note: L'etat de siege fut leve le lendemain de ce discours.]

11 octobre 1848.
Si je monte a la tribune, malgre l'heure avancee, malgre les signes
d'impatience d'une partie de l'assemblee (_Non! non! Parlez!_), c'est
que je ne puis croire que, dans l'opinion de l'assemblee, la question
soit jugee. (_Non! elle ne l'est pas!_) En outre, l'assemblee
considerera le petit nombre d'orateurs qui soutiennent en ce moment la
liberte de la presse, et je ne doute pas que ces orateurs ne soient
proteges, dans cette discussion, par ce double respect que ne peuvent
manquer d'eveiller, dans une assemblee genereuse, un principe si grand
et une minorite si faible. (_Tres bien!_)
Je rappellerai a l'honorable ministre de la justice que le comite de
legislation avait emis le voeu que l'etat de siege fut leve, afin que
la presse fut ce que j'appelle mise en liberte.
M. ABBATUCCI.--Le comite n'a pas dit cela.
M. VICTOR HUGO.--Je n'irai pas aussi loin que votre comite de
legislation, et je dirai a M. le ministre de la justice qu'il serait,
a mon sens, d'une bonne politique d'alleger peu a peu l'etat de siege,
et de le rendre de jour en jour moins pesant, afin de preparer la
transition, et d'amener par degres insensibles l'heure ou l'etat
de siege pourrait etre leve sans danger. (_Adhesion sur plusieurs
bancs_.)
Maintenant, j'entre dans la question de la liberte de la presse, et
je dirai a M. le ministre de la justice que, depuis la derniere
discussion, cette question a pris des aspects nouveaux. Pour ma part,
plus nous avancons dans l'oeuvre de la constitution, plus je suis
frappe de l'inconvenient de discuter la constitution en l'absence de
la liberte de la presse. (_Bruit et interruptions diverses_.)
Je dis dans l'absence de la liberte de la presse, et je ne puis
caracteriser autrement une situation dans laquelle les journaux ne
sont point places et maintenus sous la surveillance et la sauvegarde
des lois, mais laisses a la discretion du pouvoir executif. (_C'est
vrai!_)
Eh bien, messieurs, je crains que, dans l'avenir, la constitution que
vous discutez ne soit moralement amoindrie. (_Denegation. Adhesion sur
plusieurs bancs_.)
M. DUPIN (de la Nievre).--Ce ne sera pas faute d'amendements et de
critiques.
M. VICTOR HUGO.--Vous avez pris, messieurs, deux resolutions graves
dans ces derniers temps; par l'une, a laquelle je ne me suis point
associe, vous avez soumis la republique a cette perilleuse epreuve
d'une assemblee unique; par l'autre, a laquelle je m'honore d'avoir
concouru, vous avez consacre la plenitude de la souverainete du
peuple, et vous avez laisse au pays le droit et le soin de choisir
l'homme qui doit diriger le gouvernement du pays. (_Rumeurs._) Eh
bien, messieurs, il importait dans ces deux occasions que l'opinion
publique, que l'opinion du dehors put prendre la parole, la prendre
hautement et librement, car c'etaient la, a coup sur, des questions
qui lui appartenaient. (_Tres bien!_) L'avenir, l'avenir immediat
de votre constitution amene d'autres questions graves. Il serait
malheureux qu'on put dire que, tandis que tous les interets du pays
elevent la voix pour reclamer ou pour se plaindre, la presse est
baillonnee. (_Agitation_.)
Messieurs, je dis que la liberte de la presse importe a la bonne
discussion de votre constitution. Je vais plus loin (_Ecoutez!
ecoutez!_), je dis que la liberte de la presse importe a la liberte
meme de l'assemblee. (_Tres bien!_) C'est la une verite....
(_Interruption_.)
LE PRESIDENT.--Ecoutez, messieurs, la question est des plus graves.
M. VICTOR HUGO.--Il me semble que, lorsque je cherche a demontrer a
l'assemblee que sa liberte, que sa dignite meme sont interessees a la
plenitude de la liberte de la presse, les interrupteurs pourraient
faire silence. (_Tres bien!_)
Je dis que la liberte de la presse importe a la liberte de cette
assemblee, et je vous demande la permission d'affirmer cette verite
comme on affirme une verite politique, en la generalisant.
Messieurs, la liberte de la presse est la garantie de la liberte des
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